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embraser

embraser [ ɑ̃braze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1160; de en- et braise
Littér.
1Enflammer, incendier. « Un feu sournois qui rampe sous la brande embrase un pin » (F. Mauriac).
2Par anal. Rendre très chaud. brûler. « Une puissante chaleur embrase les champs » (Bosco).
3Éclairer vivement, illuminer. Ciel qu'embrase le soleil couchant. Pronom. « Le sable s'embrase au soir et paraît de cendre au matin » (A. Gide).
4Fig. Emplir d'une passion ardente. enflammer, exalter, exciter. « Elle m'a tout à coup embrasé d'amour » (Lesage).
⊗ CONTR. Éteindre. Apaiser, refroidir.

embraser verbe transitif (de braise) Littéraire Mettre quelque chose en feu, l'incendier : Les bombardements ont embrasé ces quartiers. Chauffer très vivement quelque chose, le rendre brûlant : Le soleil d'août embrase la campagne. Illuminer un lieu de lueurs rouges : Le soleil couchant embrase le ciel. Enflammer quelqu'un d'ardeur, l'exalter ; mettre en effervescence. ● embraser (synonymes) verbe transitif (de braise) Littéraire Chauffer très vivement quelque chose, le rendre brÛlant
Synonymes :
- brûler
- surchauffer
Enflammer quelqu'un d'ardeur, l'exalter ; mettre en effervescence.
Synonymes :
- allumer
- enfiévrer
- enflammer

embraser
v. tr. Litt.
d1./d Mettre en feu, mettre le feu à.
|| v. Pron. La paille s'embrasa en quelques instants.
d2./d Par ext. échauffer extrêmement.
Pp. adj. L'air embrasé par un soleil de plomb.
d3./d Fig. Illuminer, donner l'aspect d'un grand incendie à. Le soleil embrasait le couchant.
d4./d Fig. Répandre sa violence destructrice, meurtrière sur (une région, une population). La guerre a embrasé une partie du Moyen-Orient.
d5./d Fig. Exalter, remplir de ferveur. L'amour embrasait son coeur.
|| v. Pron. Son coeur s'est embrasé.

⇒EMBRASER, verbe trans.
A.— 1. Vieilli. Mettre en braise, mettre en feu. Embraser un fagot, des bûches; embraser et consumer. La servante avait coutume, en lui embrasant la cheminée, de l'arracher doucement à ce dernier sommeil (BALZAC, Curé Tours, 1832, p. 192). La région industrielle de la Ruhr fut embrasée par les bombes incendiaires et réduite en ruines par des projectiles (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 285) :
1. ... il roulait de ses mains fines et féminines des cigarettes qu'il embrasait vivement, à peine pincées par le milieu entre ses doigts minces...
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 218.
2. P. anal.
a) [P. anal. avec la chaleur provoquée par le feu] Rendre brûlant. Les chaudes régions qu'embrase un vent de feu (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 244). La chaleur qui sans éclat brûlait la peau et embrasait l'air (GIONO, Hussard, 1951, p. 90).
b) [P. anal. avec la lumière qui rayonne du feu] Rendre très lumineux, éclatant (avec des teintes souvent couleur de feu). Embraser l'horizon, un monument. Synon. éclairer, illuminer. Là-bas, tout là-bas, une grande lueur embrase le ciel et rougeoie par intermittences (CENDRARS, Or, 1925, p. 226). Le soleil commençait d'embraser les collines caillouteuses (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 174) :
2. ... les premiers feux du jour, qui coloraient le glacier, embrasaient aussi d'un reflet splendide le visage imposant du prêtre.
SAND, Lélia, 1833, p. 76.
c) Emploi pronom. [En parlant du visage] Se colorer d'une vive rougeur. Son teint d'enfant sanguin [de Jacques] s'embrase et pâlit tour à tour (COLETTE, Ingénue libert., 1909, p. 183).
B.— Au fig. Emplir d'une passion ardente, d'une grande exaltation.
1. [En parlant des sens] Embraser la colère de qqn. Il [Léo] la regardait [Marthe], étonné de n'avoir plus de désirs pour cette femme qui l'embrasait jadis (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 150). Elle [Maroussia] redevenait cette fille dont le seul contact m'embrasait et me fouettait les sens (CARCO, Vérotchka, 1923, p. 84) :
3. ... elle simulait quelqu'une de ces actions honteuses (...) Elle embrasait ainsi tous les spectateurs du feu de la luxure...
FRANCE, Thaïs, 1890, p. 13.
Emploi pronom. Ses yeux se chargèrent de volupté, ses sens s'embrasèrent (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 475).
2. [En parlant de l'esprit] Frère Rabelais (...) ressentait cette ardeur de savoir et de comprendre qui embrasait alors l'élite des esprits (FRANCE, Rabelais, 1924, p. 11). L'amour de Dieu qui embrasait leur cœur (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 179) :
4. ... le goût de la liberté les embrasa d'un bout à l'autre du territoire comme un incendie.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 724.
Emploi pronom. Ce garçon admirablement doué, en qui s'embrasait le génie du commerce (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 515).
3. [En parlant des rapports entre des groupes, des peuples] Si les vieilles bandes bretonnes étaient venues, la guerre, éveillée par cette résistance héroïque eût embrasé la Vendée (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 23). Pourrais-je douter, d'ailleurs, qu'au lendemain du conflit qui embrase la terre, la passion de s'affranchir soulèvera des lames de fond? (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 182).
Emploi pronom. Les premières guerres civiles dont allait s'embraser toute la dernière moitié du siècle (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 9, 1851-62, p. 152).
Prononc. et Orth. :[], embrase []. Mais [-] ds DUB. et Lar. Lang. fr. [] post. est analogique dans l'inf., avec celui de la forme accentuée. Cet [] post. s'explique par l'orig. sav. du verbe. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 adj. embrasé « allumé, qui brûle » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 290); ca 1160 embraser « brûler » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 9633); 2. 1174-76 embrasé « excité, attisé » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 5714 ds T.-L.); fin XIIe s. embreser « emplir d'une passion » (Sermons St Bernard, 69, 41 ds T.-L.); 3. 1er quart XIIIe s. « rendre très chaud, lumineux » (Livre de Lancelot du lac, éd. M. O. Sommer, I, 12). Dér. de braise; préf. em-(en-); dés. -er. Fréq. abs. littér. :357. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 771, b) 396; XXe s. : a) 480, b) 357. Bbg. COHEN 1946, p. 37.

1. embraser [ɑ̃bʀaze] v. tr.
ÉTYM. 1100; de em- (en-), braise, et suff. verbal.
Littéraire ou style soutenu.
1 Vx. Mettre en feu. Allumer, enflammer, incendier. || Embraser des charbons, un fagot, des bûches. || Feu qui embrase la forêt (→ Brande, cit. 2).
1 Peut-être dans nos ports nous le verrons descendre,
Tel qu'on a vu son père embraser nos vaisseaux (…)
Racine, Andromaque, I, 2.
2 Rendre très chaud. Brûler, chauffer. || Le soleil embrase l'air (→ Chaleur, cit. 2).
2 Malheureuse la terre de malédiction que ces trois fleuves de feu embrasent plutôt qu'ils n'arrosent !
Pascal, Pensées, VII, 458.
3 Une chaleur pénétrante brûlait nos yeux; un air dévorant, des cendres étincelantes, des flammes détachées embrasaient notre respiration courte, sèche, haletante et déjà presque suffoquée par la fumée (…)
Ph. P. Ségur, Hist. de Napoléon, VIII, 7.
3 Rendre très lumineux. Éclairer, illuminer. || Ciel qu'embrase le soleil couchant.
4 Un beau soleil couchant, empourprant le taudis,
Embrasait la fenêtre et le plafond (…)
Hugo, les Contemplations, III, XVIII.
4 Fig. et littér. Livrer à la ruine, au désordre, à la guerre. Brûler, détruire, ravager.
5 Embrasez par nos mains le couchant et l'aurore (…)
Racine, Mithridate, III, 1.
5 Fig. et littér. Emplir d'une passion ardente. Agiter, allumer, échauffer, enflammer, exalter, exciter, passionner (→ Ardeur, cit. 10). || L'amour embrase les cœurs (cit. 78).(Avec un compl. second). || Embraser qqn d'amour.Embraser les convoitises, les désirs. Attiser.
6 (…) elle m'a tout à coup embrasé d'amour; la foudre est moins prompte que le trait qu'elle a lancé dans mon cœur.
A. R. Lesage, Gil Blas, X, VIII.
7 (…) voilà d'où se répandit dans mes premiers livres ce feu vraiment céleste qui m'embrasait, et dont pendant quarante ans il ne s'était pas échappé la moindre étincelle, parce qu'il n'était pas encore allumé.
Rousseau, les Confessions, IX.
8 Pour l'embraser du feu dont je suis dévoré (…)
Lamartine, Harmonies, III, 3.
9 (Thaïs) embrasait ainsi tous les spectateurs du feu de la luxure (…)
France, Thaïs, p. 11.
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s'embraser v. pron.
1 Vx. Prendre feu. Brûler. || Poutre qui s'embrase. || Le phosphore s'embrase facilement. || Feu prêt à s'embraser (→ Cendre, cit. 6).
2 S'illuminer, s'éclairer d'une lueur vive.
10 Le couchant s'embrasa, des étincelles tremblaient sur la rivière; puis le ciel et l'eau s'éteignirent; une brise fraîche s'éleva dans la verdure sombre.
France, Jocaste, XI, Œ., t. II, p. 109.
11 Le sable se veloute délicatement dans l'ombre; s'embrase au soir et paraît de cendre au matin.
Gide, les Nourritures terrestres, p. 173.
3 Se passionner, s'exalter. || S'embraser d'amour (→ Brûlant, cit. 10).
12 Si votre cœur ainsi s'embrase en un moment (…)
Corneille, le Menteur, I, 3.
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embrasé, ée p. p. adj.
1 Mis en feu. || Poutre embrasée. || Vaisseaux embrasés (→ Brûlot, cit. 1).
2 Rendu brûlant. || Air, vent, souffle embrasé. Brûlant, chaud (→ Carré, cit. 4).
13 Je défie votre Provence d'être plus embrasée que ce pays (…)
Mme de Sévigné, 552, 26 juin 1676.
14 Ils (des laboureurs) relevaient tant bien que mal leurs reins faussés, et découvraient de grands fronts frisés de cheveux courts, bizarrement blancs, dans un visage embrasé de soleil.
E. Fromentin, Dominique, p. 29.
3 Par anal. Éclatant de lumière. || Ciel, horizon embrasé.
4 Fig. Soumis à une passion extrême. || Cœur embrasé d'amour (→ Amant, cit. 9). Ardent. || Être embrasé de colère.
15 (…) l'ardeur dont je suis embrasée ?
Racine, Phèdre, III, 3.
CONTR. Éteindre. — Amortir, apaiser, freiner, modérer, refroidir.
DÉR. Embrasement.
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2. embraser [ɑ̃bʀaze] v. tr.
ÉTYM. XVIe; peut-être de 1. embraser au sens de « mettre le feu au canon, à la charge du canon », puis « élargir ». → Embrasure.
Vx. Ébraser (en termes d'architecture).
DÉR. Embrasure.

Encyclopédie Universelle. 2012.