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enfanter

enfanter [ ɑ̃fɑ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1130; de enfant
Littér.
1Mettre au monde (un enfant). accoucher. « Dieu dit aussi à la femme : vous enfanterez dans la douleur » ( BIBLE ).
2Fig. Créer, produire. engendrer. « Le XIII e siècle a été la plus grande ère des cathédrales; c'est lui qui les a presque toutes enfantées » (Huysmans) .

enfanter verbe transitif Littéraire Mettre un enfant au monde ; accoucher. Produire, créer : Les grands hommes que la France a enfantés.enfanter (citations) verbe transitif Littéraire Bible À la femme, il dit : « Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. » Ancien Testament, Genèse III, 16 Dieu Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● enfanter (difficultés) verbe transitif Littéraire Emploi Au sens concret de « procréer », enfanter ne peut se dire que d'une femme. S'agissant d'un animal femelle, on dit mettre bas ; s'agissant d'un homme, on dit engendrer. Au sens figuré, « produire, créer », le verbe peut s'employer en parlant de personnes ou de choses : les symphonies que Beethoven a enfantées ; « les traditions avaient enfanté les symboles »(V. Hugo). Registre soutenu. ● enfanter (synonymes) verbe transitif Littéraire Mettre un enfant au monde ; accoucher.
Synonymes :
- accoucher
Produire, créer
Synonymes :
- engendrer

enfanter
v. tr.
d1./d Litt. Mettre un enfant au monde, accoucher.
d2./d Fig. Produire, créer, faire naître. Enfanter des projets, un ouvrage.

⇒ENFANTER, verbe trans.
Littéraire
A.— [Le suj. désigne gén. une femme]
1. Donner le jour à (un enfant), mettre au monde. Synon. usuel accoucher de. Un millier de femmes, aux cheveux épars, dépeignés par la course, (...) de femelles lasses d'enfanter des meurt-de-faim (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1435).
Emploi abs. En condamnant la femme à enfanter avec douleur, Dieu lui a donné une force invincible contre la peine (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 286). Regarder, dans les logis du quartier pauvre, travailler, agoniser, mourir les hommes, travailler, pleurer, enfanter les femmes, naître ou jouer les enfants (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 213).
P. ext. Enfanter à. Faire naître à. Les enfanter à la vie, à la religion, à la vertu, pour elle, ce n'était pas assez, elle voulait les enfanter aussi au bonheur (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 22).
2. P. anal.
a) [Le suj. et l'obj. désignent un animal femelle] Donner le jour à. Synon. usuel mettre bas.
Emploi abs. Pour la mère elle-même, dans la plupart des espèces d'insectes, la condamnation est la même. Elle aimera, enfantera, et bientôt elle en mourra (MICHELET, Insecte, 1857, p. 43). Nonoche [la chatte] aux trois couleurs avait enfanté l'avant-veille, Bijou, sa fille (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 81).
b) [Le suj. et l'obj. désignent une plante] Produire son fruit.
Emploi abs. Les germes circulent en se cherchant, et la vigne enfante (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 113).
3. Rare. [Le suj. désigne un homme] Faire un enfant (à une femme). Saclas, prince des ténèbres, pour enfermer les particules divines qu'il avait mangées, imagina la génération, et s'approchant de sa femme, il lui enfanta deux enfants, Adam et Ève (FLAUB., Tentation, 1849, p. 258).
B.— Au fig.
1. [Le suj. désigne une entité abstr. gén. personnifiée] Donner le jour à, faire naître. Synon. produire. La terre, dans sa fécondité première, enfanta les hommes (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 10). Les ruines de la ville qui enfanta Marseille (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 334). Nietzsche prétend que la France a un génie femelle : elle enfante les idées et ne les engendre pas (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1899, p. 350). Il faut aimer la couleur rouge, et les vins qu'enfante le Rhône sur ses bords sonores (TOULET, Almanach, 1920, p. 132).
Emploi pronom. réfl. Lui [le capital] (...) se nourrit, s'engraisse, s'enfante tout seul, dans une caisse (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 24).
2. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Avoir pour conséquence. Synon. causer, entraîner. Le crédit enfante une société inquiète (AMIEL, Journal, 1866, p. 241). Toutes les misères que la guerre nous enfante (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 109).
3. [Le suj. désigne une pers. ou son activité intellectuelle]
a) Produire, par son travail, une réalité jusque-là inexistante :
1. Ces champs, ces vignes, ces prés enfin, enfantés pour ainsi dire par ses mains, sortis de lui, non seulement de ses sueurs, mais encore de son esprit. Il les avait façonnés à son idée, à force de temps et de volonté. Les belles récoltes de maintenant étaient son ouvrage au moins autant que celui du soleil. Il tenait à sa terre comme à une créature humaine...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 155.
b) En partic., domaine de la création (littér.). Produire une œuvre (littéraire). Chaque tête enfantoit un projet et s'efforçoit de le faire adopter aux autres (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 25). Je renonce à t'enfanter, livre infécond (Ch. GUÉRIN, Cœur solit., 1904, p. 24).
Emploi abs. Du premier mot au dernier, Balzac travaille et enfante. C'est comme une épopée, un géant aperçu dans sa forge (ZOLA, Romanc. natur., Balzac, 1881, p. 24).
Emploi pronom. à sens passif. Je te confie le plus grand projet qui se soit enfanté depuis une suite d'années incalculable (MUSSET, Fantasio, 1834, II, 4, p. 237) :
2. Ne faut-il pas avoir tout senti pour tout rendre? Et sentir vivement, n'est-ce pas souffrir? Aussi les poésies ne s'enfantent-elles qu'après de pénibles voyages entrepris dans les vastes régions de la pensée et de la société.
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 104.
Rem. La docum. atteste a) Enfanté, ée, en emploi adj. On se trouve en présence de l'œuvre enfantée (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 509). b) Enfanteur, subst. masc., rare. Celui qui enfante. Shakespeare, enfanteur de monstres (ID., ibid., Maison, 1909, p. 998). c) Enfantrouver, verbe trans., p. plaisant. Abandonner un enfant, en faire un enfant trouvé. Il naissait là de petits êtres. Thérèse les enfantait, Jean-Jacques les enfantrouvait (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 791).
Prononc. et Orth. :[], (j')enfante []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1130-40 « mettre au monde » (WACE, Conception ND, 368 ds KELLER, p. 52a); début XIIIe s. fig. « faire naître, mettre au jour » (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, CXX, 2 ds T.-L.). Dér. de enfant; dés. -er. Fréq. abs. littér. :743. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 1717, b) 958; XXe s. : a) 783, b) 705. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 2. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 18.

enfanter [ɑ̃fɑ̃te] v. tr.
ÉTYM. V. 1130; de enfant.
1 Littér. Mettre au monde (un enfant). Accoucher (de), engendrer. || Ève enfanta Caïn et Abel.Absolt. || Une femme qui enfante pour la première fois, qui a enfanté plusieurs fois. suff. -pare (primipare, multipare).
1 Engendrer est relatif à la génération; enfanter, à l'enfant qui est mis au monde. De là la différence de sens entre ces deux mots : d'abord engendrer se dit également du mâle et de la femelle, de l'homme et de la femme; enfanter ne se dit que de la femme seule.
Littré, Dict., art. Enfanter.
2 À la femme, il dit : « Je multiplierai tes souffrances et spécialement celles de ta grossesse; tu enfanteras des fils dans la douleur (…) »
Bible (Crampon), Genèse, III, 16.
3 Pourquoi une vierge ne peut-elle enfanter ? une poule ne fait-elle pas des œufs sans coq ? qui les distingue par dehors d'avec les autres ?
Pascal, Pensées, III, 222.
4 Elle (la femme) doit aimer et enfanter, c'est là son devoir sacré.
Michelet, la Femme, p. 120.
5 Est-ce que tu sais ce que c'est que de se déchirer en deux et de mettre au dehors ce petit être qui crie ? Et la sage-femme m'a dit que je n'enfanterai plus.
Claudel, l'Annonce faite à Marie, III, 3.
(D'un animal). Littér. (et par métaphore humaine). Mettre bas.
5.1 (La chatte) Nonoche aux trois couleurs avait enfanté l'avant-veille, Bijou, sa fille.
Colette, la Maison de Claudine, p. 81.
REM. On trouve chez Flaubert un emploi anormal de enfanter avec le nom d'un homme pour sujet et la construction en à de faire (« il lui enfanta deux enfants », la Tentation de saint Antoine, Pl., p. 258).
Fig. La montagne enfanta une souris : les grands projets, les belles promesses n'ont abouti à rien. Accoucher (cit. 2).
6 Que produira l'auteur après tous ces grands cris ?
La montagne en travail enfante une souris.
Boileau, l'Art poétique, III.
Par métaphore (langue class.). Faire sortir de soi.
7 Ce peuple que la terre enfantait tout armé (…)
Corneille, Médée, I, 1.
2 (Déb. XIIIe). Littér. Créer, produire. || Une terre qui enfante des héros. Produire. || Le XIIIe siècle a enfanté presque toutes les cathédrales (cit. 4). || Enfanter une œuvre, un projet. Jour (mettre au), préparer.Au p. p. || Chimères (cit. 4) enfantées par l'imagination. Créer.Les maux qu'enfante la guerre. Engendrer, naître (faire).La colère enfante le crime, l'injustice enfante la révolte.
8 Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume
Peut tous les mois sans peine enfanter un volume !
Boileau, Satires, II.
9 Nous avons beau enfler nos conceptions, au delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses.
Pascal, Pensées, II, 72 (→ Atome, cit. 9).
10 Et quel affreux projet avez vous enfanté
Dont votre cœur encor doive être épouvanté ?
Racine, Phèdre, I, 3.
11 (…) une intelligence supérieure n'enfante pas le mal sans douleur, parce que ce n'est pas son fruit naturel, et qu'elle ne devait pas le porter.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 288.
12 C'est son passé même (de la France) qui doit enfanter son avenir.
Gide, Pages de journal, p. 51.
——————
s'enfanter v. pron.
|| Une œuvre considérable ne s'enfante pas en un jour.
DÉR. Enfantement.

Encyclopédie Universelle. 2012.