Akademik

entité

entité [ ɑ̃tite ] n. f.
• v. 1500; lat. entitas, de ens, entis, p. prés. de esse « être »
1Philos. Ce qui constitue l'essence d'un genre ou d'un individu. essence, nature.
2Philos. Objet considéré comme un être doué d'unité matérielle, alors que son existence objective n'est fondée que sur des rapports. Un fleuve, un courant d'air, une vague sont des entités. Une « entité aussi inexistante que la quadrature du cercle » (Proust). Entité rationnelle : abstraction. Cour. « l'État, cette entité monstrueuse qui fabrique des fonctionnaires » (R. Rolland).
3 Méd. Entité morbide : groupement constant de manifestations pathologiques formant un tout. ⇒ affection, complexe, maladie, syndrome.
⊗ CONTR. Chose.

entité nom féminin (bas latin entitas, -atis, du latin classique ens, entis, étant) Ensemble des propriétés constitutives d'un être, dans le langage philosophique. Ce que dénote un symbole. Chose considérée comme un être ayant son individualité : La société, l'État sont des entités.entité (expressions) nom féminin (bas latin entitas, -atis, du latin classique ens, entis, étant) Entité morbide, toute maladie à caractères fixes et déterminés constituant un tout bien individualisé (par exemple la pneumonie).

entité
n. f. PHILO
d1./d Ce qui constitue l'essence d'un être, d'une chose.
d2./d Objet de pensée qui existe en soi, en dehors de tout contexte.
d3./d (Belgique) Unité administrative formée par plusieurs communes qui ont fusionné.

⇒ENTITÉ, subst. fém.
A.— PHILOS. et LANG. CULTURELLE
1. Vieilli. Ce qui est essence, ce qui constitue l'essence de quelque chose. Synon. essence1 :
1. ... il y a (...) une vérité propre à chaque chose, qui lui appartient au même titre que son entité même. Communiquée à tout être par Dieu, elle en est inséparable, puisque les choses ne subsistent que parce que l'intellect divin les produit dans l'être.
GILSON, L'Esprit de la philos. médiév., 1932, p. 33.
Rare. [En parlant d'une pers.] Ce don de métamorphoser à sa vue toutes les choses et soi-même se confond à ce point avec l'entité véritable de Mme Bovary, que, sitôt qu'elle en est privée, elle meurt (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 36).
♦ [P. oppos. à existence concrète] :
2. Il [Mehlen] cessait d'être une entité, il acquérait une épaisseur, une matité; sous sa peau grise elle [Angèle] voyait enfin le sang circuler.
VIALAR, Les Faux-fuyants, 1953, p. 162.
Spéc., MÉD. Entité morbide. Maladie considérée dans son essence et comme une essence. Il est des médecins qui ne veulent pas admettre la médecine expérimentale, parce qu'elle détruit, pensent-ils, les entités morbides, qu'elle étouffe le vrai sens médical, qui considère les maladies comme des espèces immuables (BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 112).
2. P. ext., souvent avec une épithète péj. Pure abstraction que l'on considère comme réelle. Entités chimériques, fictives, verbales :
3. ... on voit poindre déjà une de ces abstractions généralisées, une de ces entités imaginaires qui ont fait si beau jeu à l'école nominaliste et ont tant nui à la réputation des universaux et aux véritables réalités.
COUSIN, Fragments philos., 1840, p. 150.
B.— Usuel. Chose réelle, existante mais représentable uniquement.
1. par une image. L'État, la Justice, la Patrie, la Société sont des entités.
2. par un concept. Une onde, le vent sont des entités :
4. L'Égypte est une avenue et cette avenue s'appelle le Nil; elle est une entité géographique et a, par conséquent, une politique naturelle. Il y a une entité géographique et politique qui s'appelle l'Irak. Il y a une petite entité qui s'appelle la Palestine.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 522.
Sans nuance péj. Être de raison auquel on accorde une existence purement logique. Entité mathématique. Des diverses sortes d'abstractions et d'entités. — Des idées mathématiques. — Des idées de genre et d'espèce (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 230).
Spéc., LING. :
5. Les signes dont la langue est composée ne sont pas des abstractions, mais des objets réels; ce sont eux et leurs rapports que la linguistique étudie; on peut les appeler les entités concrètes de cette science. (...) L'entité linguistique n'existe que par l'association du signifiant et du signifié; ...
SAUSSURE, Cours de ling. gén., 1916, p. 144.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. entitatif, ive. Qui concerne l'entité (cf. supra A 1). L'« espèce » humaine, si unique soit-elle par le palier entitatif où l'a portée la réflexion, n'a rien ébranlé dans la nature au moment de son apparition (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 203).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. Av. 1502 (O. DE ST GEL., Sej. d'honn., f° 70 v° ds GDF. Compl.). Empr. au lat. médiév. entitas, -atis (1233 ds LATHAM; lui-même de ens, -entis part. prés. de esse). Fréq. abs. littér. :267. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 49, b) 428; XXe s. : a) 296, b) 684.

entité [ɑ̃tite] n. f.
ÉTYM. V. 1500; lat. entitas, de ens, entis, p. prés. de esse « être ».
Didactique ou style soutenu.
1 Philos. Ce qui constitue l'essence d'un genre ou d'un individu. Essence, nature (simple).
1 Par la réalité objective d'une idée, j'entends l'entité ou l'être de la chose représentée par cette idée, en tant que cette entité est dans l'idée (…) Car tout ce que nous concevons comme étant dans les objets des idées, tout cela est objectivement ou par représentation dans les idées mêmes.
Descartes, Réponses aux 2es objections, Définitions, III.
Péj. Concept abstrait forgé par l'esprit et que l'on considère à tort comme un être réel ( Idée. → Dieu, cit. 16).
2 Appliquez le Contrat social, si bon vous semble, mais ne l'appliquez qu'aux hommes pour lesquels on l'a fabriqué. Ce sont des hommes abstraits, qui ne sont d'aucun siècle et d'aucun pays, pures entités écloses sous la baguette métaphysique. En effet, on les a formés en retranchant expressément toutes les différences qui séparent un homme d'un autre, un Français d'un Papou, un Anglais moderne d'un Breton contemporain de César, et l'on n'a gardé que la portion commune.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. III, p. 217.
3 (…) entité aussi inexistante que la quadrature du cercle (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 95.
2 Objet concret considéré comme un être doué d'unité matérielle et d'individualité, alors que son existence objective n'est fondée que sur des rapports. || Un fleuve, un courant d'air, une vague sont des entités.Par ext. || Entité rationnelle : création de la raison, abstraction à qui l'on ne reconnaît qu'une existence purement logique (→ Droit, cit. 66, 67).
4 (…) l'État cette entité monstrueuse qui fabrique des fonctionnaires, des hommes-machines.
R. Rolland, Jean-Christophe, Buisson ardent, I, p. 1285.
5 En Latins authentiques, nous considérons l'État comme une entité extérieure et supérieure à l'individu, éventuellement dangereuse pour lui.
André Siegfried, l'Âme des peuples, III, IV, p. 66.
3 Méd. || Entité morbide : groupement constant de manifestations pathologiques formant un tout. Affection, complexe, maladie, syndrome.
CONTR. Chose; existence.

Encyclopédie Universelle. 2012.