envieux, ieuse [ ɑ̃vjø, jøz ] adj. et n.
• XIIIe; invidius 1119; lat. invidiosus → envie
1 ♦ Qui éprouve de l'envie; qui est sujet à l'envie. ⇒ jaloux. Esprit, caractère envieux. Être envieux du bien d'autrui, de ce que les autres possèdent. ⇒ avide, cupide. « Tous les hommes étant, quoique fort envieux, Lâches et vils devant quiconque a la richesse » (Leconte de Lisle).
2 ♦ N. « Ces pauvres envieux, en raison de leur secrète misère, se rebiffent contre le mérite » (Chateaubriand). Faire des envieux : provoquer l'envie des autres. « On a bien attaqué cet homme [Hugo] parce qu'il est grand et qu'il a fait des envieux » (Flaubert). Vous allez faire des envieux ! (pour féliciter qqn).
3 ♦ Qui a le caractère de l'envie. Des regards envieux.
⊗ CONTR. Bienveillant, désintéressé, indifférent.
● envieux, envieuse adjectif (de envie, d'après le latin invidiosus, jaloux) Qui manifeste une envie, malveillante ou non, à l'égard de quelqu'un, qui éprouve du dépit à cause de quelque chose ; jaloux : Être envieux de la réussite de ses collègues. Qui manifeste, dénote l'envie : Un regard envieux. ● envieux, envieuse (synonymes) adjectif (de envie, d'après le latin invidiosus, jaloux) Qui manifeste une envie, malveillante ou non, à l'égard de...
Synonymes :
- jaloux
Contraires :
- indifférent
● envieux, envieuse
adjectif et nom
Qui manifeste de la jalousie, de l'envie : Les envieux lui reprocheront cette nomination.
● envieux, envieuse (citations)
adjectif et nom
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière
Paris 1622-Paris 1673
La vertu dans le monde est toujours poursuivie,
Les envieux mourront, mais non jamais l'envie.
Le Tartuffe, V, 3, Mme Pernelle
● envieux, envieuse (expressions)
adjectif et nom
Faire des envieux, obtenir un avantage qui suscite la convoitise ou la malveillance.
envieux, euse
adj. et n. m. Qui éprouve, dénote un sentiment d'envie (sens 1).
|| Subst. Les envieux.
⇒ENVIEUX, EUSE, adj.
Gén. péj. Qui éprouve de l'envie.
A.— Qui s'afflige de la réussite, du bonheur d'autrui. Être envieux de la fortune, du mérite de qqn. Je suis non envieux mais heureux de ton bonheur (LAMART., Corresp., 1833, p. 360). — Mais je te l'ai dit, répondit M. Verdurin, c'est le raté, le petit individu envieux de tout ce qui est un peu grand (PROUST, Swann, 1913, p. 266) :
• 1. J'ai été souvent envieux : de la richesse, de la beauté, de la gloire, que je voyais autour de moi; ...
ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 259.
— Spéc. Qui garde pour soi, jaloux. Gand était assez riche pour acheter la collection Schamps, (...) cachée dans ces envieux manoirs, qui ont absorbé, anéanti pour le monde tant de Rembrandt (MICHELET, Journal, 1846, p. 648).
— Rare. Admiratif. Hier encore ils vivaient comme des hommes. Et nous les examinions émerveillés, envieux, comme des voyageurs débarquant des pays fabuleux (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 7).
B.— Qui manifeste de la haine, de la méchanceté. Une âme, une nature envieuse. On sait que les eunuques sont (...) envieux et méchans, parce qu'ils sont malheureux (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 326). On assure même que cela tient chez moi aux motifs les plus flatteurs : je suis envieux, jaloux, aigri (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, t. 2, 1943, p. 180) :
• 2. Jamais elle ne s'était souciée de cultiver l'amitié de jeunes filles de son âge, imaginant qu'elles étaient envieuses d'elle, prêtes à lui porter un mauvais tour, ...
ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 321.
— Emploi subst. Un envieux n'a jamais de repos (Ac.). La cabale, le fiel des envieux. Déjà la position d'Armand lui avait fait des envieux, des jaloux, des ennemis (BALZAC, Langeais, 1834, p. 258). Communément l'envieux se dit que l'autre a de la chance et que lui-même n'en a point (ALAIN, Propos, 1935, p. 1288).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-ø]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1120-50 envïos (Gd mal fit Adam, I, 115 ds T.-L.). Dér. de envie d'apr. le lat. class. invidiosus « qui envie; qui jalouse ». Fréq. abs. littér. :470. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 842, b) 1 111; XXe s. : a) 530, b) 365.
DÉR. Envieusement, adj. Avec envie. Quant au vil peuple des camarades restées en bas debout, qui nous dévisage envieusement (...) nous le dédaignons (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 297). — []. — 1re attest. XVe s. [ms.] (COURCY, Hist. de Grece, Ars. 3689, f° 231b ds GDF.); de envieux, suff. -(e)ment2. — Fréq. abs. littér. : 2.
envieux, euse [ɑ̃vjø, øz] adj. et n.
ÉTYM. Fin XIIe; envios, av. 1150; du lat. invidiosus, de invidia. → Envie.
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1 Adj. Qui éprouve de l'envie, qui est sujet à l'envie. ⇒ Jaloux. || Être né envieux (→ Capon, cit. 1). || Esprit, caractère envieux. || Gens jaloux et envieux. || Un critique envieux et méchant (⇒ Zoïle).
♦ Envieux de (qqch.). || Être envieux du bien d'autrui, de ce que les autres possèdent. ⇒ Avide, cupide.
1 Envieux l'un de l'autre, ils mènent tout par brigues (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
2 Envieuse (la grenouille) s'étend, et s'enfle, et se travaille Pour égaler l'animal (le bœuf) en grosseur.
La Fontaine, Fables, I, 3.
3 On est jaloux de ce qu'on possède, et envieux de ce que possèdent les autres (…) quand ces deux mots sont relatifs à ce que possèdent les autres, envieux dit plus que jaloux : le premier marque une disposition habituelle et de caractère (…)
Encyclopédie (d'Alembert), art. Envieux.
4 Tous les hommes étant, quoique fort envieux,
Lâches et vils devant quiconque a la richesse,
Ton or taché de sang éblouira leurs yeux !
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Le lévrier de Magnus », III.
4.1 Orgueilleux, gourmand, coléreux, Duperrier restait pétri de charité chrétienne et gardait un sentiment élevé de ses devoirs d'homme et d'époux. Voyant le ciel sans réaction en face de ses accès de colère, il prit la résolution d'être envieux.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La grâce », p. 92.
2 N. || Un envieux, une envieuse. || Les envieux (→ Compte, cit. 19; creux, cit. 12). || En dépit des envieux. || Faire des envieux.
5 Et foy que devant mon Prince
Désormais plus ne me pince
Le caquet des envieux.
Ronsard, Odes, V, 5.
6 Jamais un envieux ne pardonne au mérite.
Corneille, Suréna, V, 3.
7 Les envieux mourront, mais non jamais l'envie.
Molière, Tartuffe, V, 3.
8 Il était rongé de fiel et bouffi d'orgueil (…) N'ayant jamais pu réussir dans le monde, il se vengeait par en médire (…) Cet homme, qu'on appelait l'Envieux dans Babylone, voulut perdre Zadig, parce qu'on l'appelait l'Heureux.
Voltaire, Zadig, IV.
9 Ces pauvres envieux, en raison de leur secrète misère, se rebiffent contre le mérite (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 142.
10 On a bien attaqué cet homme (Hugo) parce qu'il est grand et qu'il a fait des envieux.
Flaubert, Correspondance, 22, 13 sept. 1838.
11 Il y a des envieux qui paraissent tellement accablés de votre bonheur qu'ils vous inspirent presque la velléité de les plaindre.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, p. 215.
3 Qui a le caractère de l'envie. || Des regards envieux.
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CONTR. Bienveillant, désintéressé, indifférent.
DÉR. Envieusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.