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éperdu

éperdu, ue [ epɛrdy ] adj.
• 1160; p. p. de l'a. v. esperdre « perdre complètement » et fig. « se troubler »
1Qui a l'esprit profondément troublé par une émotion violente. affolé, agité, égaré, ému, troublé. « Je courais éperdu par toutes les chambres, me cognant aux meubles et aux instruments » (Lautréamont). Éperdu de bonheur, de joie. exalté, fou. Par ext. Regards éperdus.
2Très violent (sentiment). extrême, passionné, vif, violent. Un besoin éperdu de bonheur. Amour éperdu.
Par ext. Très rapide. Fuite éperdue. Un rythme éperdu. endiablé .
⊗ CONTR. 2. Calme , paisible.

éperdu, ue
adj.
d1./d En proie à une émotion profonde. éperdu de douleur.
d2./d Vif, intense, violent. Un désir éperdu de liberté.

⇒ÉPERDU, UE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de éperdre.
II.— Emploi adj.
A.— [En parlant d'un être vivant] Désemparé, profondément troublé par une vive émotion. Parfois, tout à coup, sans raison, prises de terreur, ces femmes s'enfuyaient éperdues (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 555) :
1. ... À ses regrets en vain la patrie est rendue,
L'orage a dispersé la couvée éperdue;
Ses frères sont partis; le nid vide est tombé;
En s'envolant, peut-être, un d'eux a succombé.
DESBORDES-VALMORE, Élégies, 1833, p. 130.
En partic., littér. Fou d'amour. Je n'aimerai que l'homme qui me tiendra éperdue et domptée sous son regard (...). Devenez cet homme et je serai à vous (FEUILLET, Onesta, 1848, p. 279).
Éperdu de qqc. En proie à. Je sortis et je restai éperdu d'étonnement (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 740).
B.— [En parlant d'un sentiment violent et de tout ce qui peut trahir ce sentiment] Un désir éperdu; des yeux éperdus. Il pleure avec des yeux éperdus (GIONO, Regain, 1930, p. 160) :
2. ... elle s'avança, les yeux pleins de larmes, les bras ouverts, dans une infinie pitié, un attendrissement éperdu dont elle tremblait toute.
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 401.
C.— Fou, sans ordre, irrationnel, ou irraisonné. La floraison éperdue des arbustes de la rive se détache en blanc cru sur le bleu profond d'en haut (LOTI, Inde sans Angl., 1903, p. 105) :
3. ... on entendit quelque chose de pesant et de dur tomber sur le pavé de la cour. Puis, une galopade éperdue dans l'escalier et les couloirs.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 284.
Rem. On rencontre ds la docum. a) La substantivation de l'animé. Les éperdus de tristesse, les éperdus de joie (cf. BLOY, Désesp., 1886, p. 109). b) La substantivation neutre. Dans l'éperdu de votre abandon (COURTELINE, Conv. Alceste, Voiture versée, 1898, I, p. 125).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. :1 412. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 136, b) 2 349; XXe s. : a) 4 141, b) 1 284.

éperdu, ue [epɛʀdy] adj.
ÉTYM. XIIe, esperdu; p. p. de l'anc. v. esperdre « perdre complètement », et au fig. « se troubler ». → Éperdre.
1 Qui a l'esprit profondément troublé par une émotion violente. Affolé, agité, égaré, ému. || Ils prirent la fuite tout éperdus. || Errer éperdu, dans la foule (→ Ahuri, cit. 3).Éperdu de… (le compl. désigne la cause de l'état). || Éperdu de bonheur, de joie. Exalté, fou. || Éperdu de désir (→ Affoler, cit. 2).
1 Quand d'un baiser d'amour votre bouche me baise, Je suis tout éperdu, tant le cœur me bat d'aise.
Ronsard, les Amours de Marie, XLIII.
2 Ah ! Comte, est-ce vous qui m'avez écrit la lettre que je viens de recevoir ? J'étais si étonnée en la lisant que j'en paraissais éperdue; je ne pouvais croire ce que je voyais.
Mme de Sévigné, 97, 9 juin 1669.
3 Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue (…)
Racine, Phèdre, I, 3.
4 (…) je courais éperdu par toutes les chambres, me cognant aux meubles et aux instruments.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, VI, p. 251.
5 (…) je tombai dans ses bras en sanglotant et (…) nous pleurâmes longuement, éperdus, dans les bras l'un de l'autre.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, III.
Spécialt (vieilli). Transporté d'amour. || L'amante éperdue (→ Démettre, cit. 3).
2 (D'un sentiment). Très violent. Extrême, passionné, vif. || Un amour, un désir éperdu.
6 En son éperdu besoin d'être heureuse, tendre, sensible et gémissante et sans fin courant après sa chimère (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 180.
Par ext. (en parlant du comportement, d'un geste). || Des regards, des yeux éperdus. Affolé, désespéré.
7 (…) et là, la tête droite, il pleure avec des yeux éperdus.
J. Giono, Regain, p. 158.
3 Spécialt. Extrêmement rapide (avec l'idée de trouble, d'émotion). || Un rythme éperdu. Endiablé, fou (→ Chanceler, cit. 4). || Une fuite éperdue. || « Une galopade éperdue dans l'escalier et le couloir » (Duhamel, in T. L. F.).
CONTR. Calme, froid, impassible, imperturbable, indifférent, paisible, stoïque.
DÉR. 1. et 2. Éperdument.

Encyclopédie Universelle. 2012.