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espion

espion, ionne [ ɛspjɔ̃, jɔn ] n.
• 1380; it. spione, de spiare « épier »
1Vx Personne chargée d'épier les actions, les paroles d'autrui pour en faire un rapport. mouchard, sycophante. « À peine à cinquante pas du château, j'aperçois mon espion qui me suit » (Laclos).
Mod. Personne rétribuée appartenant à une police secrète non officielle. indicateur, mouton; arg. barbouze. Les espions de Richelieu, de Fouché.
2Personne chargée de recueillir clandestinement des documents, des renseignements secrets sur une puissance étrangère. 2. agent (secret), fam. sous-marin, 1. taupe; espionnage. Fausse identité d'un espion. Mata-Hari, espionne de la guerre de 1914. Espion servant deux puissances (cf. Agent double). Surveillance des espions. contre-espionnage.
En appos. Avion-espion, bateau-espion, chargé de missions de renseignement en territoire étranger.
3 N. m. (1834) Par anal. Petit miroir incliné qui sert à regarder sans être vu.

espion, espionne nom (ancien français espier, épier, avec l'influence de l'italien spione) Personne chargée de recueillir des renseignements dans un pays au bénéfice d'une puissance étrangère ; agent secret. Personne qui guette les actions de quelqu'un pour essayer de surprendre ses secrets : Il se croit entouré d'espions. Apposé à un nom (avec ou sans trait d'union), désigne ce qui est chargé de recueillir secrètement des renseignements sur un pays étranger : Satellite(-)espion.espion, espionne (citations) nom (ancien français espier, épier, avec l'influence de l'italien spione) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Jamais la police n'aura d'espions comparables à ceux qui se mettent au service de la haine. Les Paysans Giovanni Giacomo Casanova, dit Jean-Jacques Casanova de Seingalt Venise 1725-Dux, Bohême, 1798 Les seuls espions avoués sont les ambassadeurs. Mémoiresespion, espionne (difficultés) nom (ancien français espier, épier, avec l'influence de l'italien spione) Orthographe En fonction d'épithète, espion s'écrit sans trait d'union : un navire espion, un avion espion.

espion, onne
n. Personne chargée de recueillir clandestinement des renseignements sur une puissance étrangère.

⇒ESPION, IONNE, subst.
A.— Subst. masc. ou fém.
1. Personne chargée de recueillir clandestinement des renseignements au profit d'une puissance étrangère. Avoir des espions dans l'autre camp. Espion double. Synon. agent (secret); anton. contre-espion. À la guerre, on fusille les espions quand on les découvre (Ac.). Des femmes chez qui on allait en toute confiance avaient été reconnues être des filles publiques, des espionnes anglaises (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 520). Vous vous êtes étonnés, le 1er août 1914, de découvrir sur la France un réseau d'espions (GIRAUDOUX, Siegfried et Limous., 1922, p. 39) :
1. Il fallut donc prévenir de cette perte le directeur du laboratoire, (...) qui n'en fut pas spécialement ému, car il savait cet échantillon déjà à Moscou, après avoir été détourné par Alan Nunn May, un des physiciens anglais de l'équipe, le premier espion atomique...
GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 48.
2. P. ext. Individu chargé d'épier les paroles, faits et gestes de quelqu'un pour en faire rapport à un tiers. Il peut y avoir des espions. (Quasi-)synon. cafard, délateur, dénonciateur, mouchard. M. le commissaire anglais n'était autre chose que l'espion de nos affaires (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 244). Si le petit Tanbeau, qui s'était constitué espion volontaire des démarches de Julien, eût pu lui apprendre que toutes ces lettres (...) étaient jetées au hasard (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 416). Il faisait noir dans le cabinet. C'était là un poste de choix pour un espion. Car que faisais-je, là, sinon un métier d'espion? (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 105).
Spéc., vx, Personne rétribuée appartenant à une police secrète chargée de surveiller certaines personnes. Les espions de Richelieu. Synon. indicateur, limier, mouchard. — À partir d'aujourd'hui, vous le ferez épier (...) — Mes espions prendront note des moindres mots qu'il pourra prononcer (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 343) :
2. La police de Metternich avait ses listes noires, ses armées d'espions et d'agents provocateurs, qui poursuivaient sans pitié les émigrants...
ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1928, p. 591.
Rem. 1. Lorsque le compl. prép. de qui suit espion désigne un animé, celui-ci indique toujours la personne au profit de laquelle se fait l'espionnage. 2. La docum. atteste les composés navire(-) espion, satellite(-)espion, voiture(-)espion. Qui sert à espionner. Les futurs satellites-espions prendront des photographies selon un programme déterminé à l'avance (A. Ducrocq ds l'Express, 2 mai 1966, p. 91, col. 1). Les américains avaient eu un navire-espion analogue au « Pueblo », coulé au large d'Haïfa (Paris-Match, 3 févr. 1968, p. 24).
B.— Subst. masc., p. méton. Miroir incliné qui sert à observer sans être vu. [Le libraire peut] munir sa porte (...) d'un espion, ou miroir penché, reflétant le trottoir et les faits et gestes des chalands (HOGIER-GRISON, Monde où l'on vole, 1887, p. 239).
En appos. Aux croisées, miroirs espions où l'on voit de l'appartement ceux qui passent dans la rue (MICHELET, Journal, 1832, p. 107).
Rem. La docum. atteste le subst. fém. espionnite. Attitude psychologique consistant à voir partout des espions, à se croire systématiquement espionné. Espionnite aiguë; épidémie d'espionnite. Dans cette atmosphère d'espionnite, de complots et de crise morale, l'immixtion grandissante des militaires dans la vie politique américaine en a amené certains à se poser cette question inquiétante : « Et si l'armée intervenait pour régler la crise provoquée par l'affaire du Watergate? » (J.-F. Merle ds Le Nouvel Observateur, 13 avr. 1974, p. 38, col. 3).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694-1878 : le masc. seulement. Étymol. et Hist. Ca 1200 « individu qui se mêle aux ennemis pour les épier » (Chevalier cygne, éd. C. Hippeau, 2980), attest. isolée; 1380 (Trad. fr. de Végèce, éd. J. Camus ds Romania t. 25, p. 397), id.; 1509 (J. MAROT, Œuvres, éd. Coustelier, p. 113 ds BARB. Misc. 9, n° 15). Dér. de l'a. fr. espier (épier), suff. -on1. Le s, disparu de la prononc. dès le XIIIe s., a été rétabli début XVIe s., prob., à l'occasion des campagnes d'Italie, sous l'infl. de l'ital. spione « espion », attesté dep. le XIIIe s. (Jacopone da Todi ds TOMM.-BELL.), dér., avec suff. augm. -one, de spia « id. », déverbal de spiare « épier ». Espion a supplanté l'a. fr. espie (1er quart XIIe s. ds T.-L.; encore attesté sous la forme épie aux XVIIe-XVIIIe s., v. FEW t. 17, p. 175a), déverbal de espier. Fréq. abs. littér. : 657 (espionne : 39). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 485, b) 658; XXe s. : a) 876, b) 646. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 68 (s.v. espionnite). — HOPE 1971, p. 38, 149.

espion, onne [ɛspjɔ̃, ɔn] n.
ÉTYM. 1380; attestation isolée, 1200; de l'ital. spione, de spiare « épier »; a éliminé l'anc. franç. épie, de épier.
1 Vieilli. Personne chargée d'épier les actions, les paroles d'autrui pour en faire un rapport. Affidé, cafard, délateur, dénonciateur, mouchard, rapporteur (→ Compte, cit. 19). || Un espion vigilant. Argus.
1 Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un traître dont les yeux maudits assiègent toutes mes actions (…)
Molière, l'Avare, I, 3.
2 À peine à cinquante pas du château, j'aperçois mon espion qui me suit (…) N'a-t-il pas eu l'insolence de se couler derrière un buisson qui n'était pas à vingt pas de moi, et de s'y asseoir aussi ? J'ai été tenté un moment de lui envoyer mon coup de fusil, qui, quoique de petit plomb seulement, lui aurait donné une leçon suffisante sur les dangers de la curiosité (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XXI.
3 Comment croyez-vous pouvoir dérober un sentiment à des gens dont le métier est de deviner les mouvements les plus cachés des âmes, les ruses de la pauvreté, les calculs de l'indigence, et qui sont des espions honnêtes, chargés de la police du bon Dieu (…)
Balzac, l'Envers de l'histoire contemporaine, Pl., t. VII, p. 335.
Personne rétribuée appartenant à une police secrète non officielle. Indicateur, limier; mouche (vx), mouton (argot); barbouze (fam.). || Employer des espions à son service. || Aposter un espion. || Filature de qqn par un espion. || Inquisition d'un espion. || Les « yeux et les oreilles du Roi », espions du Grand-Roi dans l'ancienne Perse. || Les espions de Richelieu, de Fouché. || Espion rétribué sur des fonds secrets.
4 Faut-il des espions dans la monarchie ? Ce n'est pas la pratique ordinaire des bons princes.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, 23 (→ Espionnage, cit. 1).
5 L'espion, substantif énergique sous lequel se confondent toutes les nuances qui distinguent les gens de police (…)
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 525.
6 (…) quand on voulait dire des espions, on disait : « Ces mortels dont l'État gage la vigilance ». Vous sentez qu'une extrême politesse envers la corporation des espions a pu seule donner naissance à une périphrase aussi élégante, et que ceux de ces mortels qui, d'aventure, se trouvaient alors dans la salle en étaient assurément reconnaissants.
A. de Vigny, le More de Venise, Préface.
7 Espion de première qualité, qui avait tout observé, tout écouté, tout entendu et tout recueilli, croyant mourir; qui épiait même dans l'agonie, et qui, accoudé sur la première marche du sépulcre, avait pris des notes.
Hugo, les Misérables, V, III, IX.
8 À partir d'un certain moment, l'Institut de l'Enfance étant devenu suspect, la Cour donna ordre de le surveiller étroitement et d'y introduire des espions, ce qu'on appelait dès lors des mouches.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 13 mai 1850, t. II, p. 103.
2 Mod. Personne chargée de recueillir clandestinement des documents, des renseignements secrets sur une puissance étrangère. Agent (secret), taupe (fig.). || L'espion est par définition un étranger par rapport à la puissance sur laquelle il renseigne, celui qui sert la cause de l'ennemi de son pays étant un traître. Traître. || Déguisement, fausse identité d'un espion. || Mata Hari, espionne célèbre de la guerre de 1914. || Espion double (ou agent double) : celui qui sert à la fois deux puissances, trahissant l'une au profit de l'autre, ou les deux à son profit. || Surveillance des espions. Contre-espionnage. || Espion démasqué, brûlé. || Fusiller un espion. || Une fourmilière d'espions. || Parlez bas, méfiez-vous, il peut y avoir des espions (→ Les murs ont des oreilles, les oreilles ennemies nous écoutent).REM. Le Code pénal français actuel n'emploie plus le mot espion, mais agent (d'une puissance étrangère) [cf. art. 70-72, 80 et 81].
9 (…) ses ambassadeurs qu'ils prirent pour ce qu'ils étaient, c'est-à-dire pour des espions.
Bossuet, Disc. sur l'Histoire universelle, III, 3.
10 Wicquefort dit qu'un ambassadeur est quelquefois un espion distingué qui est sous la protection du droit des gens.
Encyclopédie (Diderot), artEspion.
11 Quiconque aura recélé ou aura fait recéler les espions ou les soldats ennemis envoyés à la découverte et qu'il aura connus pour tels, sera condamné à la peine de mort.
Code pénal, anc. art. 83.
3 N. m. Par anal. Petit miroir incliné qui sert à regarder sans être vu. || Espion d'une vitrine pour surveiller l'étalage, prévenir les vols.
4 En appos. || Avion-espion, bateau-, navire-espion, chargé de missions de renseignement en territoire étranger. || Satellite-espion.
DÉR. Espionite, espionner.

Encyclopédie Universelle. 2012.