esquisser [ ɛskise ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1651; esquicher 1567; it. schizzare → esquisse
1 ♦ Représenter, faire en esquisse. ⇒ crayonner, croquer, dessiner, ébaucher, pocher, tracer. Esquisser un portrait, un paysage. Esquisser en quelques traits, à grands traits. — P. p. adj. Détail à peine esquissé. ⇒ indiquer.
2 ♦ Par ext. Fixer le plan, les grands traits de (une œuvre littéraire). Esquisser les caractères d'un roman. — Décrire à grands traits, sans aller au fond des choses. Esquisser le tableau d'une époque.
3 ♦ (fin XIXe) Fig. Commencer à faire. ⇒ amorcer, ébaucher. Esquisser un sourire, une moue, un geste, un mouvement de recul. « Antoine esquissa un geste évasif, vaguement incrédule » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Accomplir, achever.
● esquisser verbe transitif (italien schizzare) Réaliser l'esquisse de quelque chose : Esquisser un portrait. Tracer le plan d'une œuvre à grands traits, en donner un premier aperçu, décrire sans approfondir : Esquisser l'intrigue d'un roman. Commencer un geste, un mouvement sans l'achever : Esquisser un pas de danse. ● esquisser (synonymes) verbe transitif (italien schizzare) Réaliser l' esquisse de quelque chose
Synonymes :
- croquer
Tracer le plan d'une œuvre à grands traits, en donner...
Synonymes :
- ébaucher
Commencer un geste, un mouvement sans l'achever
Synonymes :
- amorcer
- ébaucher
esquisser
v. tr.
d1./d Faire l'esquisse de.
d2./d Fig. Commencer à faire. Esquisser un sourire.
⇒ESQUISSER, verbe trans.
A.— B.-A. Représenter en esquisse (une œuvre destinée à être menée à bonne fin). Esquisser un paysage, un portrait, un tableau; esquisser à grands traits. Synon. croquer, ébaucher. Lorsqu'il dessinait un ciel, après avoir esquissé les plans et les formes des nuages, il en notait rapidement les teintes fugitives sur son tableau (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 161). L'artiste esquissa successivement les têtes les plus diverses, des têtes d'anges, de vierges avec des auréoles, de guerriers romains coiffés de leur casque, d'enfants blonds et roses (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 172) :
• 1. Le beau visage que je lui avais proposé d'esquisser sur la toile, dans sa chambre, alors qu'il écrivait Le Temps retrouvé, (...) — ce second portrait de lui, il me serait refusé de l'exécuter d'après son masque mortuaire...
BLANCHE, Modèles, 1928, p. 138.
— Emploi pronom. à sens passif. Ces escaliers commençaient à se remplir d'ombre et (...) déjà, dans les tournants, dans les coins s'esquissaient ces formes imaginaires de revenants ou de bêtes (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 45).
— P. métaph. L'état d'intime béatitude qui s'esquissait dès mardi matin, qui s'affirme tout à fait depuis hier matin (DU BOS, Journal, 1928, p. 96).
B.— P. anal.
1. Tracer un plan sommaire, jeter les bases d'une œuvre littéraire ou musicale. Esquisser les caractères, l'intrigue d'une pièce, d'un roman. Synon. ébaucher. Il y a vingt-deux ans, je viens de le dire, que j'esquissais à Londres les « Natchez » et « Atala » (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 254). À Paris, durant les sessions de la Chambre, je puis tant bien que mal esquisser un plan et amasser des matériaux (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1912, p. 364) :
• 2. ... j'ai, après ma leçon de géographie à ma nièce, empoigné ma Bovary et j'ai esquissé trois pages dans mon après-midi, que je viens de récrire ce soir. Le mouvement en est furieux et plein. J'y découvrirai sans doute mille répétitions de mots qu'il faudra ôter.
FLAUB., Corresp., 1853, p. 235.
2. Donner un aperçu général sur un sujet, une matière. Esquisser le tableau d'une époque. Entraîné par les événements, nous n'avons pas eu le temps d'esquisser la race comique des courtisans qui pullulent à la cour de Parme (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 465). L'Institut de Saint-Sulpice a exercé sur moi une telle influence (...) que je suis obligé d'en esquisser rapidement l'histoire (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 200) :
• 3. Nous serons ainsi conduits à esquisser les notions fondamentales de connaissance, d'amour, de liberté et de moralité, dans leur rapport à la fin de l'homme, qui est de vivre en société avec Dieu.
GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 22.
C.— Au fig. Commencer une action, un geste, en général sans l'accomplir entièrement. Esquisser un mouvement, un signe. Synon. amorcer, ébaucher. Il [le chapelain] se baisse, se relève, esquisse les signes de croix, les génuflexions, raccourcit tous ses gestes (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 171). Un sourire, d'abord esquissé comme avec souffrance, s'épanouit graduellement jusqu'à illuminer les yeux, le front, toute la face, d'un rayonnement ingénu (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 257) :
• 4. Il y a donc un rapport entre l'expression naturelle de l'acte, et la fin plus ou moins intentionnelle qu'il se propose. Le langage des émotions est l'ébauche spontanée des mouvements propres à contenter les besoins ou à parer les dangers; un geste esquisse souvent tout un drame en action.
BLONDEL, Action, 1893, p. 209.
Rem. On rencontre chez E. et J. de Goncourt le néol. esquisseur, subst. masc., à valeur péj. Artiste incapable d'aller au-delà de l'esquisse, d'achever un tableau. Des esquisseurs, des faiseurs de taches, et encore des taches qui ne sont pas de leur invention, des taches volées à Goya (Journal, 1888, p. 784).
Prononc. et Orth. :[], (j')esquisse []. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1567 esquicher (PHILIBERT DELORME, Le Premier tome de l'archit., Epistre dedicatoire : esquicher les bastiments qu'il vous plaist commander estre faicts); 1651 esquisser (FREART DE CHAMBRAY, Traité de la peinture de L. de Vinci, p. 18 ds BRUNOT t. 6, 2, p. 727, note 5). Empr. à l'ital. schizzare « ébaucher » (dep. 1555, Mattio Franzezi ds TOMM.-BELL.), dér. de schizzo « ébauche » (esquisse). Fréq. abs. littér. : 692. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 591, b) 617; XXe s. : a) 959, b) 1 526. Bbg. HOPE 1971, p. 149, 192.
esquisser [ɛskise] v. tr.
ÉTYM. 1651; esquicher, 1567; de l'ital. schizzare. → Esquisse.
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1 Représenter, faire en esquisse. ⇒ Crayonner, croquer, dessiner, ébaucher, pocher, tracer. || Esquisser un portrait, un paysage. || Esquisser qqch. à traits légers (⇒ Indiquer), à grands traits. — Esquisser un buste avec de la terre glaise.
2 (1752). Fixer le plan, les grands traits de (une œuvre littéraire). || Esquisser le plan d'un roman, l'action, les caractères d'un drame.
1 Content d'avoir grossièrement esquissé mon plan, je revins aux situations de détail que j'avais tracées.
Rousseau, les Confessions, IX.
2 L'auteur (…) a esquissé dans la solitude une sorte de poème d'une certaine étendue où se réverbère le problème unique, l'Être, sous sa triple face : l'Humanité, le Mal, l'Infini (…)
Hugo, la Légende des siècles, Préface, sept. 1857.
♦ Décrire à grands traits, sans aller dans le détail ou sans faire d'analyse approfondie. || Esquisser le tableau d'une époque. || Esquisser un portrait.
3 Gœthe est un esprit universel et, peut-être, le premier génie poétique qui ait existé dans le genre vague qui esquisse sans achever.
B. Constant, Journal intime, p. 179.
4 Il y a là une foule de faits, de noms, de documents, de portraits même, tantôt dessinés au complet, tantôt seulement esquissés, suivant que ses recherches et ses trouvailles l'ont permis à l'auteur (…)
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XXXVII, p. 200.
3 (Fin XIXe). Commencer à faire. ⇒ Amorcer (cit. 5), ébaucher. || Esquisser un sourire, une moue. || Esquisser un geste, un signe (→ Amuser, cit. 17; diriger, cit. 8). || Esquisser un air au piano (→ Doigt, cit. 11). || Esquisser une attaque, un mouvement de recul.
5 Orimas ! Orimas ! disent-ils en joignant les mains et en esquissant des génuflexions pour mieux se faire comprendre.
Loti, Mme Chrysanthème, XL, p. 203.
6 Reconnaître un objet usuel consiste surtout à savoir s'en servir (…) Mais savoir s'en servir, c'est déjà esquisser les mouvements qui s'y adaptent, c'est prendre une certaine attitude (…)
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 101.
7 Antoine esquissa un geste évasif, vaguement incrédule.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 55.
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Encyclopédie Universelle. 2012.