essor [ esɔr ] n. m.
• v. 1175; de s'essorer « voler »
1 ♦ Littér. Élan d'un oiseau qui s'envole. « Entre l'éclosion des œufs et l'essor des oisillons, la tâche d'un couple de mésanges confond l'observateur » (Colette). ⇒ envol, envolée, 1. vol, volée. Cour. PRENDRE SON ESSOR : s'envoler. Fig. « Je prédis que la timide écolière prendra bientôt un essor propre à faire honneur à son maître » (Laclos). — « Il se livre à tout l'essor d'une imagination sans frein » (Sainte-Beuve ). ⇒ 1. élan, impulsion.
2 ♦ Développement hardi et fécond. Essor d'une entreprise. ⇒ croissance. Industrie en plein essor, qui prend un grand essor, un essor prodigieux. ⇒ activité, décollage, extension, prospérité. L'essor des arts. Donner un nouvel essor à une industrie.
⊗ CONTR. Baisse, déclin, ruine, stagnation.
● essor nom masculin (de s'essorer, du latin populaire exaurare, s'élancer dans l'air) Élan d'un oiseau dans l'air. Mouvement par lequel une entreprise, une activité, etc., se développent rapidement, progressent : L'industrie électronique est en plein essor. ● essor (expressions) nom masculin (de s'essorer, du latin populaire exaurare, s'élancer dans l'air) Prendre son essor, s'envoler, en parlant d'un oiseau ; commencer à se développer ; acquérir une certaine autonomie. ● essor (homonymes) nom masculin (de s'essorer, du latin populaire exaurare, s'élancer dans l'air) essore forme conjuguée du verbe essorer essorent forme conjuguée du verbe essorer essores forme conjuguée du verbe essorer ● essor (synonymes) nom masculin (de s'essorer, du latin populaire exaurare, s'élancer dans l'air) Élan d'un oiseau dans l'air.
Synonymes :
- envol
- envolée
Mouvement par lequel une entreprise, une activité, etc., se développent...
Synonymes :
- bond
- branle
- élan
- épanouissement
essor
n. m.
d1./d Action de s'envoler. L'oiseau prend son essor.
— Fig. Jeune homme qui prend son essor, qui s'émancipe. Libre essor. Syn. envol, élan.
d2./d Fig. Développement, progrès, extension. Une entreprise en plein essor.
⇒ESSOR, subst. masc.
A.— Vx. [Correspond à essorer A] Exposition à l'air libre.
— P. métaph. À retourner sept fois votre folle de langue dans sa jolie prison avant de la mettre à l'essor (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 261).
B.— [Correspond à essorer B] Mouvement de l'oiseau (ou de tout animal ailé) qui prend de l'élan pour l'envol ou dans le vol. L'essor des colombes, des fauvettes. Au départ des hirondelles, si la plus petite du nid ne vole pas encore, la mère lui donne ainsi l'essor sur ses propres ailes (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 95). Ses ailes imparfaites [de la reine] qui l'empêchent d'accompagner le grand essor que demande l'organe du faux-bourdon (MAETERLINCK, Vie abeilles, 1901, p. 193) :
• 1. Alors modifiant son vol et s'élevant tout droit, sans plus rien voir, dans un essor fou, l'oiseau monta, monta, Fuseline enfoncée dans son cœur comme une flèche de mort qu'il serrait de plus en plus furieusement dans les contractions frénétiques de son agonie.
PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 116.
♦ P. métaph. Enfin le mot roi fut attaché sous la dernière croisée de la maison : les applaudissements prirent essor (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 160). La phrase musicale, (...) dégagée d'éléments matériels (mesure, force), prend alors son essor dans les hauteurs du rythme libre (MOCQUEREAU, Nombre mus. grégor., 1927, p. 340).
— Au fig.
1. [En parlant d'une chose envisagée dans sa forme] Disposition qui donne l'impression d'un mouvement d'ascension. Le vaste essor touffu d'un rameau de chêne, sentinelle avancée dans le ciel (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 143).
2. [En parlant d'une chose ou d'une pers. envisagée dans son développement, son évolution]
a) [En parlant de l'homme, de ses facultés, de ses idées, etc.] Fait de se donner libre cours, de commencer à donner sa mesure et de s'acheminer vers un épanouissement. Essor intellectuel, moral. Donner essor à son imagination (cf. MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mouche, 1890, p. 1345). Que le diable emporte cette plume, ma belle amie, elle arrête l'essor de mon génie! (FLAUB., Corresp. 1874, p. 151). À quel point la catastrophe frappa le musicien en plein essor, le simple rapprochement de quelques dates le fera sentir (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 68). Le culte de l'héroïsme est le premier mythe sur lequel l'homme individuel a pris son essor (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 689) :
• 2. Cette verve n'était pas seulement celle d'un homme d'esprit, d'un Parisien, d'un artiste jeune, mais celle d'un homme heureux, d'un homme qui, réellement, à cette période du premier essor, vivait dans un perpétuel élan de joie intérieure.
MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXXV.
b) P. ext., en partic. dans le domaine social. Mouvement par lequel quelque chose se développe rapidement et progresse de façon soutenue. L'essor démographique, économique, industriel; l'essor du commerce et des techniques; l'essor d'une ville, d'un pays. Les entraves compriment l'essor de la production; le défaut de sûreté la supprime tout-à-fait (SAY, Écon. pol., 1832, p. 222). Il est possible de tirer des conclusions sur l'influence de l'essor discographique dans notre vie musicale (SAMUEL, Art mus. contemp., 1962, p. 637). L'essor du capitalisme libéral et l'énorme accroissement du volume du commerce international au XIXe siècle coïncident avec la stabilité de la monnaie (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 40).
Prononc. et Orth. :[]. Prononc. [(s)] ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, NOD. 1844, LITTRÉ [ss], DG, BARBEAU-RODHE 1930 et, à titre de var., ds WARN. 1968. Cf. essai. Ds Ac. 1718-1932. FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 2 1787 soulignent que ,,quelques-uns écrivent essort``, ce qui est une ,,faute grossière`` car on dit ,,s'essorer, prendre l'essor, et non pas s'essorter``. Étymol. et Hist. 1172-75 a l'essor « à l'air libre » (CHR. DE TROYES, Le Chev. de la charette, éd. M. Roques, 6631); av. 1188 fig. « élan » (Partonopeus de Blois, éd. Gildea, 7996). Déverbal de essorer. Fréq. abs. littér. :730. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 096, b) 1 706; XXe s. : a) 954, b) 680.
essor [esɔʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1175, Chrétien de Troyes; déverbal de essorer.
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1 Vx. Exposition à l'air (⇒ Essorer). — À l'essor : à l'air, au vent.
1 Les âmes donc tirent la pénitence De leurs vieux maux; Les unes haut pendues Sont parmi l'air à l'essor étendues (…)
Du Bellay, Énéide, VI.
2 Mod. Élan d'un oiseau qui s'envole. ⇒ Envol, envolée, vol, volée. (Rare, sauf dans prendre son essor). || Oiseau qui prend l'essor, son essor (→ Avant, cit. 26). Vén. || Plume d'essor, des ailes, chez un oiseau de proie.
2 (Les vautours) étant obligés de s'essayer et de s'efforcer à trois ou quatre reprises avant de pouvoir prendre leur plein essor.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Les vautours, in Œ., t. V.
3 Entre l'éclosion des œufs et l'essor des oisillons, la tâche d'un couple de mésanges confond l'observateur.
Colette, Histoires pour Bel-Gazou, p. 77.
♦ Poétiquement :
4 Et dès que son Dieu l'ordonne, Son âme, prenant l'essor, S'élève d'un vol rapide Vers la demeure où réside Son véritable trésor.
Racine, Cantique, II.
♦ Littér. || L'avion, la fusée prit son essor. ⇒ Envol.
♦ Fig. Départ, envol, épanouissement. || L'essor d'une génération (→ Activité, cit. 2). || Esprit timoré qui n'a pas pris son essor (→ Délicat, cit. 20). || Ce jeune homme prend enfin son essor, il s'émancipe, s'épanouit.
5 (…) une fois sortie de mes mains, les principes que je lui donne ne s'en développeront pas moins; et je prédis que la timide écolière prendra bientôt un essor propre à faire honneur à son maître.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CXV.
6 Dumouriez n'eut tout son essor, toute sa liberté d'esprit que parce qu'il se sentit protégé par Danton, couvert par sa grande popularité contre le soupçon et l'intrigue.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. IV, p. 356.
7 Mais j'ai reconquis ma dignité, j'ai retrouvé mon âme et repris mon essor.
Loti, les Désenchantées, IV, XXII, p. 148.
♦ Élan, impulsion, qui porte l'âme aux choses élevées, qui donne libre carrière à l'esprit. || Donner l'essor à sa plume, à son esprit, à son génie. || La promenade favorise l'essor de l'imagination. || Entraver l'essor de sa pensée.
8 Habitez, par l'essor d'un grand et beau génie, Les hautes régions de la philosophie (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
9 (…) osez prendre un plus grand essor : un tour d'imagination un peu hardi nous ouvre souvent des chemins pleins de lumière.
Vauvenargues, Réflexion sur divers sujets, X, p. 194.
10 Son âme toute royale (de Louis XIV) garde l'équilibre, même dans ses plus grands essors; ses élévations même ont quelque chose de modéré dans le principe.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Louis XIV, 19 janv. 1852.
11 Quand il est seul, il rêve, c'est-à-dire il se livre à tout l'essor d'une imagination sans frein, il voyage et vagabonde à travers l'espace sur l'hippogriffe ailé.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 128.
3 Développement important et fécond. || L'essor d'une entreprise. ⇒ Croissance (cit. 3). || La ville, la région a pris un grand essor, un essor prodigieux. ⇒ Activité, extension. || L'essor d'une ville-champignon. || Science dont on ne peut arrêter l'essor. ⇒ Progrès. || L'essor des arts, d'un genre littéraire (→ Attirance, cit. 3).
12 Un grand changement s'opère au dix-huitième siècle dans la condition du tiers état. Le bourgeois a travaillé, fabriqué, commercé, gagné, épargné, et tous les jours il s'enrichit davantage. On peut dater de Law ce grand essor des entreprises, du négoce, de la spéculation et des fortunes; arrêté par la guerre, il reprend plus vif et plus fort à chaque intervalle de paix.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. II, p. 165.
13 L'affaire, à mon avis — qui s'autorise de l'avis des experts — est appelée à prendre assez rapidement une extension, un essor considérables.
Gide, Robert, I, 5.
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CONTR. Baisse, déclin, ruine, stagnation.
Encyclopédie Universelle. 2012.