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étoffer

étoffer [ etɔfe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1352; estoffer « rembourrer (un meuble, un collier) » v. 1190; frq. °stopfôn
1Vx Rendre plus ample en utilisant plus d'étoffe. Étoffer un jupon.
2(XVIe) Mod. Enrichir. Étoffer un ouvrage, lui fournir une matière plus abondante, plus riche. ⇒ nourrir. « vous l'étofferiez [cette dissertation], vous la poliriez, vous l'augmenteriez » (Bayle). Étoffer un personnage, lui donner une personnalité plus riche, plus complexe (en écrivant ou en jouant le rôle). « vous devez profiter des moindres phrases pour étoffer le personnage » (A. Gide).
3S'ÉTOFFERv. pron.(1882) S'élargir, prendre de la carrure. Il s'est étoffé depuis qu'il fait du sport.
⊗ CONTR. Appauvrir. Maigrir.

étoffer verbe transitif (ancien français estofer, du francique stopfôn, rembourrer) Utiliser suffisamment d'étoffe dans la confection d'un vêtement ou d'un élément de l'ameublement pour donner un effet d'ampleur. Donner à un texte, à un personnage, etc., plus de force, de richesse, d'ampleur : Étoffer un roman en corsant l'action. Donner des formes plus rondes à quelqu'un, à son corps ; développer : Ce séjour à la montagne l'a un peu étoffé. Permettre à quelqu'un d'acquérir du poids, de l'expérience, d'affermir sa personnalité ; épanouir : Ce poste de responsable l'a étoffé. En sculpture, donner plus d'ampleur à une figure par un jeu de draperies. ● étoffer (expressions) verbe transitif (ancien français estofer, du francique stopfôn, rembourrer) Étoffer un paysage, en peinture, y introduire des personnages ou des animaux. ● étoffer (synonymes) verbe transitif (ancien français estofer, du francique stopfôn, rembourrer) Donner à un texte, à un personnage, etc., plus de...
Synonymes :
- développer
- enrichir
- meubler
- nourrir
Contraires :
- abréger
- écourter
- raccourcir
- résumer
- simplifier
Permettre à quelqu'un d'acquérir du poids, de l'expérience, d'affermir sa...
Synonymes :
- épanouir

étoffer
v.
d1./d v. tr. Développer, donner de l'ampleur à. étoffer une argumentation.
d2./d v. Pron. (Personnes) Devenir plus fort, plus robuste. Adolescent qui s'est étoffé.

⇒ÉTOFFER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Confectionner, garnir (quelque chose) en employant toute l'étoffe nécessaire. La couturière n'a pas bien étoffé cette robe (Ac. 1878-1932).
2. P. ext. Rendre (quelque chose) plus volumineux, plus important en nombre ou en proportions. Embarquer ces volontaires sur des bateaux, (...) puis (...) les diriger vers le front, où ils étofferaient nos unités (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 449). Chez l'un d'eux, Thomas Moore, j'ai fait l'apprentissage de mon premier métier; il avait alors des favoris gris qui étoffaient un visage maigre et grave (CHARDONNE, Ciel, 1959, p. 37).
Spécialement
B.-A. Étoffer une statue. Lui donner plus d'ampleur, en l'agrémentant de draperies flottantes. Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr.
ART CULIN. Étoffer un poisson, une volaille. Les garnir de farce. L'oiseau ainsi préparé, il s'agit de l'étoffer (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 346).
3. Au fig. Rendre (quelque chose) plus important, lui donner plus de matière, de force, d'intensité. Rien ne me gêne autant que la renommée d'un paysage (pour l'œuvre d'art, il n'en va pas de même : l'admiration l'étoffe et l'épaissit...) (GIDE, Journal, 1946, p. 288). Les parfums remplissent l'air immobile et semblent étoffer le silence (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 184).
Spécialement
♦ [En parlant d'un son, en partic. du timbre de la voix] Lui donner plus de puissance. L'exercice commençait (...). Tout cela eût été bien ridicule, sans cette basse profonde du canon, cet accompagnement continuel qui donnait de l'aisance et de l'ampleur à nos manœuvres, étoffait les commandements trop grêles (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p. 162). Les fraîches voix de ces choristes invisibles, qu'à certaines représentations de gala on fait soutenir et étoffer la voix fatiguée d'un vieux ténor (PROUST, Chron., 1922, p. 92).
♦ [En parlant d'une œuvre littér. ou musicale] La rendre plus dense, plus riche; lui donner plus d'ampleur. Je devrais étoffer certaines répliques du « Cousin », un peu trop rapides (RENARD, Journal, 1908, p. 1209). Dans l'instrumentation du quatuor, Génin affectionne l'usage de pédales graves dont il étoffe la partie du deuxième violon (LA LAURENCIE, Éc. violon, 1923, p. 418) :
... les chroniqueurs, par contre, désireux de dépasser le journalisme, donneraient volontiers deux litres de leur sang pour être, de leur vivant, élevés à la dignité d'historiens. C'est pourquoi ils étoffent et étayent les faits quotidiens de considérations générales.
MORAND, Chroniques homme maigre, 1941, p. 150.
Étoffer un personnage. Lui conférer plus de caractère, plus d'importance. Je ne parle jamais d'Évariste, je ne le dilapide, je ne l'éparpille pas; je l'étoffe depuis près d'un demi-siècle; il a acquis une densité prodigieuse (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 305).
B.— Emploi pronom.
1. [En parlant du corps] Devenir plus gros, plus important dans ses proportions. Achetés petits, d'une apparence de sangliers presque, ils [les porcs] ne tardent pas en s'étoffant à se charger de viande (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 218). Je grandis, je grossis, je m'étoffais à tel point que Marcelline me retrouve (L. DE VILMORIN, Lettre ds taxi, 1958, p. 87).
2. [En parlant d'un ensemble de pers. ou de choses] Devenir plus fourni. Voici l'assiégeant, un petit groupe qui s'étoffe vite (ARNOUX, Algorithme, 1948 p. 214).
Au fig. Il [Gilles de Rais] fut despotique et violent, faible pourtant lorsque les louanges de ses parasites s'étoffèrent (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 96).
Prononc. et Orth. :[], (j')étoffe []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 estoffer « fournir de ce qui est nécessaire, équiper » (G. DE COINCI, II Dout. 34, 1061 ds Miracles de Nostre-Dame, éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 481); 2. 1352 « garnir de tout ce qui est nécessaire pour donner de l'ampleur; augmenter la commodité, l'ornement » (Comptes de l'argenterie des rois de France, éd. L.-Cl. Douët d'Arcq, p. 158); 3. 1755 étoffé « qui a des formes amples (d'un animal) » (BUFFON, Hist. nat., t. 5, p. 205). Du frq. stopfôn « mettre, fourrer, enfoncer dans » cf. l'a. h. all. stopfôn « id. » (GRAFF t. 6, col. 658); de ce sens est issu celui de « fournir de, équiper ». Fréq. abs. littér. :30.
DÉR. Étoffement, subst. masc. a) Assemblage d'étoffes. De vieilles petites créatures, sèches et ratatinées, emballées dans un étoffement carré de grosses étoffes de laine (GONCOURT, Journal, 1856, p. 258). b) B.-A. Action d'étoffer, de donner de l'ampleur aux draperies. Le peintre de très charmants tableaux, le dessinateur de modes [Watteau le fils], qui, dans une toilette de femme, a apporté une espèce de style grandiose, et qui (...) étonne par l'ampleur de ses étoffements superbes (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, 1881, p. 176). []. 1re attest. 1856 (GONCOURT, loc. cit.); du rad. de étoffer, suff. -ment1. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — QUEM. DDL t. 3 (s.v. étoffement). — ROG. 1965, p. 34, 74.

étoffer [etɔfe] v. tr.
ÉTYM. 1352; estoffer « rembourrer (un meuble, un collier) », v. 1190; francique stopfôn « rembourrer ».
1 Vx. Confectionner, façonner en employant toute l'étoffe, toute la matière nécessaire. || Étoffer un jupon.
Fig. Fournir de ce qui est nécessaire. Équiper, orner.
2 (XVIe). Mod. Faire plus abondant, plus riche. Enrichir. || Étoffer un ouvrage, lui fournir une matière plus abondante, plus riche. Nourrir. || Étoffer un récit. Corser.
1 Le philosophe Chrysippus mêlait à ses livres, non les passages seulement, mais des ouvrages entiers d'autres auteurs (…) Si j'étoffais l'un de mes discours de ces riches dépouilles, il éclairerait par trop la bêtise des autres.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
2 Mon avis serait que vous travaillassiez à ceci (une dissertation sur le système de Leibniz) comme à une dissertation qui paraîtrait à part; vous l'étofferiez, vous la poliriez, vous l'augmenteriez, comme il vous semblerait à propos.
Bayle, Lettre à des Maizeaux, 22 oct. 1700, in Littré.
(Sculpt.). || Étoffer une statue, lui donner plus d'ampleur.(Peint.). || Étoffer un paysage : ajouter au sujet principal des éléments secondaires pour l'enrichir.
Cuis. Farcir.Étoffer une crème, lui donner plus de consistance.
Fig. (littér.). || Étoffer un personnage, lui donner une personnalité plus riche, plus complexe (→ Cerner, cit. 3).
3 (…) vous devez profiter des moindres phrases pour étoffer le personnage. Le rôle de Phèdre n'est pas tout d'une pièce; c'est un rôle épais, divers, complexe et riche de contradictions que vous devez toutes faire valoir (…)
Gide, Attendu que…, p. 186.
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s'étoffer v. pron.
(Personnes). S'élargir, prendre de la carrure. Grossir. || Il s'est étoffé depuis qu'il fait du sport.(Choses). S'enrichir, devenir consistant. || Son texte s'étoffe d'une édition à l'autre.
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étoffé, ée p. p. adj.
1 Où on n'a pas épargné l'étoffe, la matière. || Une robe très étoffée. Ample.
Fig. (Vx). Orné, garni.
2 (XVIIIe). Vieilli. Qui a des formes amples (corps des hommes et des animaux). || Un cheval étoffé (→ 2. Barbe, cit. 2). || Cet enfant est très étoffé pour son âge.
4 Une belle demoiselle plus grande que madame M… de deux doigts, plus jeune, plus étoffée.
Voltaire, Lettres en vers et en prose, 176, in Littré.
(Sculpt.). || Statue bien étoffée (→ ci-dessus, infra cit. 2).
3 (1680). Qui a des qualités de force, d'ampleur (style). || Roman étoffé, description étoffée. Riche.
4 (XVIIIe). || Voix étoffée, pleine, étendue. Ample, puissante.
5 (…) une belle voix de basse, étoffée et mordante, qui remplissait l'oreille et sonnait au cœur.
Rousseau, les Confessions, V.
DÉR. Étoffement.

Encyclopédie Universelle. 2012.