expirer [ ɛkspire ] v. <conjug. : 1>
• XIIe; lat. exspirare
1 ♦ V. tr. Expulser des poumons (l'air inspiré, un corps gazeux). ⇒ exhaler. Expirer du gaz carbonique. « Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche » (France). ⇒ souffler. — Absolt Inspirez profondément, expirez lentement.
2 ♦ V. intr. Littér. (Personnes) Rendre le dernier soupir. ⇒ s'éteindre, mourir. Il est sur le point d'expirer (⇒ agoniser) . Le malade a expiré dans la nuit. Vx Il est expiré depuis l'aube. Elle expira dans les bras de sa fille.
♢ (Choses) Cesser d'être; prendre fin en diminuant, en s'affaiblissant. ⇒ disparaître, se dissiper, s'évanouir . « À son aspect la parole expira sur les lèvres des témoins » (Balzac). — Poét. « Les flots tranquilles viennent expirer au pied des canneliers en fleurs » (Chateaubriand).
3 ♦ V. intr. Arriver à son terme (temps prescrit, convention). ⇒ finir. Bail qui expire à la fin de l'année. Ce passeport expire le 1 er septembre (⇒ périmé) . Le délai a expiré hier, est expiré depuis hier.
⊗ CONTR. Aspirer, inspirer. Naître. Commencer.
● expirer verbe transitif (latin exspirare, de ex, hors de, et spirare, souffler) Rejeter au-dehors l'air contenu dans les voies respiratoires. ● expirer (synonymes) verbe transitif (latin exspirare, de ex, hors de, et spirare, souffler) Rejeter au-dehors l'air contenu dans les voies respiratoires.
Synonymes :
- exhaler
- souffler
Contraires :
- inspirer
● expirer
verbe intransitif
(de expirer)
(auxiliaire avoir) Rendre le dernier soupir, mourir.
(auxiliaire avoir) Littéraire. Aller en s'évanouissant, en s'affaiblissant : Lueur qui expire.
(auxiliaire avoir ou être) Littéraire. Cesser d'exister, disparaître, prendre fin : L'État expire.
(auxiliaire avoir ou être) Arriver à son terme : Bail qui est expiré depuis un mois.
● expirer (difficultés)
verbe intransitif
(de expirer)
Construction
1. Expirer v.i. se construit avec l'auxiliaire avoir pour exprimer l'action et avec l'auxiliaire être pour exprimer l'état : dans trente jours, le bail aura expiré depuis la veille ; le bail est maintenant expiré.
2. Expiré part. passé (= mort) est parfois employé comme adjectif dans la langue littéraire : « La mer roulait à mes pieds leurs cadavres d'hommes étrangers expirés loin de leur patrie »(Chateaubriand). « L'homme inerte, comme expiré dans un dernier hoquet »(E. Zola).
● expirer (synonymes)
verbe intransitif
(de expirer)
Rendre le dernier soupir, mourir.
Synonymes :
- décéder
- disparaître
- passer
- périr
- trépasser
Littéraire. Aller en s'évanouissant, en s'affaiblissant
Synonymes :
- s'éteindre
Littéraire. Cesser d'exister, disparaître, prendre fin
Synonymes :
- disparaître
- mourir
Arriver à son terme
Synonymes :
- cesser
- finir
expirer
v.
rI./r v. tr. Rejeter (l'air inspiré dans les poumons).
rII./r v. intr.
d1./d Rendre le dernier soupir, mourir. Il a expiré dans la nuit.
|| Par ext. S'évanouir, disparaître. La lueur expira peu à peu.
d2./d Arriver à son terme. Votre bail expire à la fin du mois.
⇒EXPIRER, verbe.
A.— Emploi trans. Expulser (un corps gazeux) des poumons. Expirer du gaz carbonique. Anton. aspirer, inspirer. Le mélange gazeux vicié que nous expirons est moins dense que l'air (SER, Phys. industr., 1890, p. 671). Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 307). Wandrille allumait savamment un cigare bagué (...) expirait doucement une fumée paresseuse (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 19).
♦ P. métaph. Laisser s'échapper (quelque chose). Synon. exhaler. Un œillet expirait ses pubères baisers Sous la trompe sans flair de l'éléphant de Jade (LAFORGUE, Complaintes, 1885, p. 96). L'être immense me gagne, et de mon cœur divin L'encens qui brûle expire une forme sans fin (VALÉRY, J. Parque, 1917, p. 108).
— Emploi pronom., rare. S'expulser. Je tire l'air par les narines, et, m'y étant combiné, il s'expire de moi mon souffle (CLAUDEL, Art poét., 1907, p. 141).
— Emploi abs., PHYSIOL. Restituer l'air qu'on a inspiré. Expirer profondément. Anton. aspirer, inspirer. Parfois le bègue expire totalement par le nez (BOUASSE, Instrum. à vent, 1930, p. 243) :
• 1. Le médecin apparut ganté de gants lourds, ocellé de lunettes énormes. La demoiselle fit avancer le bâti contre lequel s'appuyait le patient. (...) — De cette manière, disait-elle. Poings sur les hanches. Coudes en avant. (Dédaigneuse et sybilline) : respirez; n'expirez pas.
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 418.
B.— Emploi intrans.
1. [Le suj. désigne un animé] Littér. Rendre son dernier soupir. Il expira dans mes bras; le voilà qui expire (Ac.). (Quasi-)synon. décéder, s'éteindre, mourir, trépasser. « La vie m'est odieuse : j'ai tout perdu. Ah! dit-il, la mort vient trop tard ». Il expira, sa tête se pencha sur moi : je reçus son dernier soupir (DURAS, Édouard, 1825, p. 216). Le lendemain, une fluxion de poitrine se déclara. Huit jours plus tard, elle expirait (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Tombe, 1884, p. 967) :
• 2. Foulque décida de l'accompagner [Mélisende] en chassant, mais, comme il poursuivait un lièvre, son cheval buta et se renversa sur lui en lui écrasant le crâne. Le roi resta dans le coma et expira le soir du troisième jour.
GROUSSET, Croisades, 1939, p. 161.
♦ P. métaph. Le moteur toussa, puis expira. Longuement sollicité par le démarreur, il tourna enfin et le chauffeur le fit hurler à coups d'accélérateur (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1561).
— [Avec un compl. introduit par de exprimant la cause] Il partit au galop, et l'emporta jusqu'à ses tentes. En arrivant (...) le cheval expira de fatigue (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 16). Dix millions d'Anglais, sur quinze, sont obligés de travailler quatorze heures par jour, sous peine d'expirer de faim dans la rue (STENDHAL, Napoléon, t. 2, 1842, p. 221). Je suis le voisin immédiat d'une pauvre tuberculeuse (...) que j'enveloppe dans ma couverture pour ne pas la voir expirer de froid (BLOY, Journal, 1892, p. 63).
2. P. anal. et au fig. [Le suj. désigne un inanimé] S'affaiblir jusqu'à cesser d'être. Des rires qui expirent. Les sons expirèrent lentement (Ac.). Une table sur laquelle était un mauvais chandelier de cuivre où la veille avait expiré un bout de chandelle de la plus mauvaise espèce (BALZAC, Rech. absolu, 1834, p. 321). À la fin de chacun des psaumes, l'un des cierges expirait et sa fusée de fumée bleue s'évaporait encore dans le pourtour ajouré des arches (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 252).
a) [Avec un compl. locatif introduit par à, sur indiquant le lieu où se produit la disparition] Les flots expirent sur le sable. À sa vue, le reproche expira sur mes lèvres (Ac.). (Quasi-)synon. disparaître, mourir. Les leçons de l'histoire expirent au seuil de l'événement (BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 182). La Marne se prolonge et s'achève par l'Yser, qui est peut-être le chef-d'œuvre de Foch. L'idée stratégique allemande se brise à ce ruisseau, expire à Ypres (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 74) :
• 3. ... j'étais resté debout sur le seuil, n'osant pas faire de bruit, et je n'en entendais pas d'autre que celui de son haleine venant expirer sur ses lèvres, à intervalles intermittents et réguliers, comme un reflux, mais plus assoupi et plus doux.
PROUST, Prisonn., 1922, p. 71.
b) [Avec un compl. introduit par en exprimant un état; le suj. désigne un inanimé abstr.] S'affaiblir, cesser d'être en se transformant en quelque chose d'autre. Sa colère expirait en cris désespérés. Les poissons d'or font ombre au fond des réservoirs, Et les jets d'eau baissés expirent en murmures (RÉGNIER, Sites, 1887, p. 123). Parfois, une querelle s'enflammait parmi nous, les petits. Nous nous mettions à larmoyer, à ressasser nos griefs. (...) Parfois, la querelle expirait en radotages, en revendications rabâcheuses (DUHAMEL, Le Notaire du Havre, 1933, p. 63).
c) [Avec un compl. introduit par dans indiquant la manière dont s'effectue la disparition] Le parti absolutiste, enfin, (...) ne tardera pas d'expirer à la suite des autres, dans les convulsions de son agonie sanglante et liberticide (PROUDHON, Confess. révol., 1849, p. 335). Quand elle [la fumerolle] eut expiré dans un dernier flocon, il [Séverin] murmura avec indifférence : — C'est le premier d'ici que le nouveau curé enterre (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 271).
3. En partic. [Avec une idée de durée] Arriver à son terme. Son mandat expire dans trois jours. Son bail expire à la Saint-Jean (Ac.). (Quasi-)synon. se terminer, prendre fin. Aujourd'hui, 12 octobre, expire le délai que vous m'avez accordé pour faire copier et relire mon drame (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1875, p. 204) :
• 4. Les délais accordés pour la conclusion de l'armistice expirant demain à 11 heures, on a l'honneur de demander si MM. les plénipotentiaires allemands ont reçu l'acceptation par le chancelier allemand des conditions qui ont été communiquées ...
FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 302.
Prononc. et Orth. :[], (il) expire []. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié du XIIe s. espirer intrans. « respirer » (Psautier Cambridge, CXVIII, 131 ds T.-L.); ca 1176 trans. « exhaler (l'âme) » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1760); 2. fin XIIe s. intrans. « mourir » (Sermons de Saint Bernard, 98, 22 ds T.-L.); 3. 1330 expirer « cesser d'être, prendre fin (de ce qui a une durée déterminée) » (G. DE DIGULLEVILLE, Pèlerinage vie hum., 1774, ibid.); 4. 1700 trans. « expulser (l'air) des poumons » (DODART, Mémoire dans Académie royale des Sciences, p. 248). Empr. au lat. class. ex(s)pirare « rendre par le souffle, exhaler, expirer ». L'a. fr. espirer a rapidement disparu au profit d'expirer par suite de la confusion avec espirer « souffler, respirer » (début XIIe s. ds T.-L.), du lat. class. spirare « souffler, respirer, vivre ». Fréq. abs. littér. :1 216. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 338, b) 1 539; XXe s. : a) 1 300, b) 714. Bbg. GIR. t. 1 1834, pp. 90-91.
expirer [ɛkspiʀe] v.
ÉTYM. V. 1354; espirer, v. 1175 (éliminé par l'homonymie avec espirer « souffler »); lat. exspirare « souffler, respirer », de ex-, et spirare « souffler, respirer ».
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I V. tr. (1700). Physiol. Expulser des poumons (l'air inspiré). ⇒ Respirer. || L'air qu'on expire a perdu son oxygène et s'est chargé de gaz carbonique. — Au p. p. || L'air expiré. — Absolt. || Inspirez profondément, puis expirez ! ⇒ Souffler.
1 Le vent du Nord soulevait dans les rues des ondes de frimas. Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche (…)
France, Les dieux ont soif, XXIX.
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II V. intr.
1 (1580, Montaigne). Cour. (mais style soutenu). Rendre le dernier soupir. ⇒ Éteindre (s'), exhaler (son âme), mourir (→ Crucifix, cit. 1, Bossuet). || Il est sur le point d'expirer. ⇒ Agonie. || Elle expira dans les bras de sa fille. || Le malade a expiré dans la nuit, est expiré depuis l'aube.
2 Maint chef périt, mais héros expira (…)
La Fontaine, Fables, VII, 8.
3 Seigneur, le traître est expiré (…)
Racine, Esther, III, 8.
4 Ma mère, après avoir été jetée à soixante-douze ans dans des cachots, où elle vit périr une partie de ses enfants, expira dans un lieu obscur, sur un grabat où ses malheurs l'avaient reléguée.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, Préface (cf. Mémoires d'outre-tombe, t. II, éd. Biré, p. 402).
♦ Par anal. || Ces fleurs achèvent d'expirer (→ Étouffant, cit. 2).
2 (Sujet n. de chose). Cesser d'être; prendre fin. ⇒ Disparaître, dissiper (se), évanouir (s'). || Flamme qui expire. || Les sons expirèrent lentement (Académie). || Déclamer (cit. 2) en faisant expirer sa voix.
5 Je sentis le reproche expirer dans ma bouche (…)
Racine, Iphigénie, II, 1.
6 (…) sa beauté avait quelque chose de si noble et de si imposant, qu'à son aspect la parole expira sur les lèvres des témoins qui se crurent obligés de lui adresser un compliment (…)
Balzac, la Vendetta, Pl., t. I, p. 909.
7 Qu'importe de quoi parlent les lèvres, lorsqu'on écoute les cœurs se répondre ? (…) quand on est sûr de s'aimer, quand on a reconnu dans l'être chéri la fraternité qu'on y cherchait, quelle sérénité dans l'âme ! La parole expire d'elle-même; on sait d'avance ce qu'on va se dire; les âmes s'entendent, les lèvres se taisent. Oh ! quel silence ! quel oubli de tout !
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, VI.
♦ Poét. || Jours d'automne (cit. 5) où la nature expire. || Collines (cit. 2) qui vont expirer dans la plaine. || Vagues qui expirent sur le rivage.
8 Les flots tranquilles viennent expirer au pied des canneliers en fleurs.
9 (…) la lisière du bois allant expirer dans les sables (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 210.
3 (XIVe; en parlant de ce qui a une durée déterminée, d'un temps prescrit, d'une convention). Arriver à son terme. ⇒ Finir. || Bail qui expire à la Saint-Jean. || Les délais ont expiré hier, sont expirés depuis longtemps. || Ce passeport expire le 1er septembre. || Son mandat est presque expiré. || Votre abonnement expire à la fin du mois.
10 Demain la trève expire, et demain l'on t'arrête (…)
Voltaire, Mahomet, II, 6.
11 (…) son contrat de la saison (…) expirait ce soir-là même (…)
Loti, les Désenchantées, XLIII.
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CONTR. Aspirer, inspirer. — Naître, ressusciter, vivre. — Commencer.
DÉR. Expirant, expirateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.