faillir [ fajir ] v. intr. <conjug. : 2 ou archaïque Je faux, tu faux, il faut, nous faillons, vous faillez, ils faillent; je faillais, nous faillions; je faillis; je faudrai; je faudrais; que je faille; que je faillisse; faillant; failli; surtout inf., passé simple et temps composés>
• fin XIe; lat. pop. fallire « manquer, échouer », du lat. class. fallere « tromper, échapper à »; doublet de falloir jusqu'au XVe siècle
I ♦
1 ♦ Vx ou littér. FAILLIR À QQN : faire défaut, faire faute. ⇒ manquer. « Quand parfois le cœur me faut » (Duhamel). « Le cœur lui faillait » (Green).
2 ♦ Littér. FAILLIR À (qqch.; faire qqch.) :manquer à, négliger (ce que l'on doit faire). Faillir à son devoir, à faire son devoir. ⇒ se dérober, s'esquiver, manquer. « Il n'y faillirait pas » (F. Mauriac). « un devoir auquel elles n'osaient point faillir » (Loti).
3 ♦ Vieilli Commettre une faute, tomber dans l'erreur. ⇒ fauter, pécher, 1. tomber. « la raison et l'instinct de l'honneur l'empêchèrent de faillir » (Flaubert) .
II ♦ (XVIe)
1 ♦ Vx FAILLIR À, DE : n'être pas loin de, être sur le point de faire qqch.; y manquer de peu. « Elles faillirent à geler sur place » (La Varende).
2 ♦ Mod. et cour. FAILLIR (et inf.). J'ai failli tomber. ⇒ manquer (cf. Je suis presque tombé; il s'en est fallu de peu que...). J'ai failli attendre (attribué à Louis XIV),se dit lorsque l'on a attendu très peu de temps. Notre projet a failli échouer.
● faillir verbe transitif indirect (latin populaire fallire, du latin classique fallere, tromper) Littéraire Commettre une faute, manquer à son devoir. Être infidèle à une promesse, un engagement, etc. ● faillir (expressions) verbe transitif indirect (latin populaire fallire, du latin classique fallere, tromper) Littéraire Sans faillir, en allant jusqu'au bout de ce qu'on doit faire. ● faillir (homonymes) verbe transitif indirect (latin populaire fallire, du latin classique fallere, tromper) Littéraire ● faillir verbe intransitif Avoir failli + infinitif, avoir été sur le point de se produire ; avoir été sur le point de faire ou de subir quelque chose : L'accident a failli se produire. J'ai encore failli me tromper. ● faillir (difficultés) verbe intransitif Conjugaison Faillir a deux conjugaisons : je faillis, nous faillissons, sur le modèle de finir, et je faux, nous faillons. La plus employée est la première. Emploi Faillir est employé surtout à l'infinitif, au passé simple et aux temps composés. Les autres formes conjuguées sont rares. Construction 1. Faillir (+ infinitif), toujours à un temps du passé = être sur le point de.J'ai failli tomber. Remarque La construction avec à ou de est archaïque ou affectée : « J'ai encore failli de me tromper »(M. Proust). 2. Faillir à (+ substantif) = manquer à, ne pas tenir. Faillir à l'honneur, à sa parole. ● faillir (expressions) verbe intransitif Avoir failli + infinitif, avoir été sur le point de se produire ; avoir été sur le point de faire ou de subir quelque chose : L'accident a failli se produire. J'ai encore failli me tromper. ● faillir (homonymes) verbe intransitif ● faillir (synonymes) verbe intransitif Avoir failli
Synonymes :
- croire
- manquer
- penser
faillir
v. intr. (Le présent, je faux, tu faux, il faut, nous faillons, vous faillez, ils faillent, et l'imparfait, je faillais, etc., sont pratiquement inusités.)
d1./d Litt. Faillir à: manquer à (un devoir). Faillir à une promesse.
d2./d Faillir (+ inf.): manquer de, risquer de, être sur le point de. J'ai failli mourir. Cela a failli arriver.
I.
⇒FAILLIR1, verbe intrans.
I. A.— Céder, ne pas résister.
1. [Le suj. désigne une chose] Cet édifice a failli par le pied (Ac.).
— P. anal. Vite essoufflé, le gars avait perdu sa prodigieuse souplesse et faillait d'ailleurs par les jarrets autant que par les coudes (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 152).
2. [Le suj. désigne une pers.] Gabinius, conduit le dernier dans la curie (...), faillit comme les autres (MÉRIMÉE, Conjur. Catilina, 1844, p. 348) :
• 1. Oui, ton âme fut belle, ainsi que ton génie;
Elle ne faillit point devant la tyrannie,
Et chanta dans les fers l'hymne de liberté.
BARBIER, Iambes, 1840, p. 148.
B.— Manquer, faire faute, faire défaut. Je ne te faudrai point mon ami. Au lieu d'aller te mariner dans les Indes, il est beaucoup plus simple de naviguer de conserve avec moi dans les eaux de la Seine (BALZAC, Contrat mar., 1835, p. 353). Quelque chose de sa conscience d'honnête homme eût pu faillir dans les crises de la vie (GONCOURT, Journal, 1854, p. 128). Des sujets dont le loyalisme n'avait jamais failli (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 79) :
• 2. Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu'au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.
PÉGUY, Tapisserie N.-D., 1913, p. 678.
♦ Faillir à + subst. Inflexible dans sa logique, la guerre ne faut pas, dans l'application, à ses propres maximes (PROUDHON, Guerre et Paix, 1861, p. 493). Faillir à son devoir, à sa destinée. Il s'agit ici de ne point faillir aux espoirs qu'ont reportés sur moi des créatures désespérées (GIDE, Journal, 1934, p. 1210).
• 3. ... ne craignez-vous pas d'outrager le marquis et sa fille en mettant le pied sur ces terres? N'est-ce point faillir du même coup au culte de l'amitié et à la religion du malheur?
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 43.
Faillir à sa parole, à sa promesse. Ne pas tenir sa parole, sa promesse. Il s'était juré de ne pas faillir à sa promesse. Il n'y faillirait pas (MAURIAC, Galigaï, 1952, p. 116).
♦ Faillir à + inf. Je ne puis faillir à dire quelque chose en l'honneur des rois mages (RENAN, Feuilles dét., 1892, p. 76) :
• 4. ... je te prie, Philippe, que tu trouves des excuses à ces deux générations, dont l'une faillit à garder l'honneur et dont la seconde ne sut point le rétablir.
BARRÈS, Amit. fr. 1903, p. 211.
— Avoir une défaillance. Quand il revit ce visage altéré à peine et sa beauté encore reconnaissable à travers la mort, le cœur lui faillit (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1863-69, p. 48). Enfin nous arrivâmes, moi, le cœur faillant, lui joyeux et affairé comme un démon (GREEN, Autre sommeil, 1931, p. 93) :
• 5. — Lisez, lisez, monsieur, s'écria Adamas, assurez-vous bien...
— Je ne puis, dit le marquis, qui devint pâle, le cœur me faut! D'où vient ce papier?
SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 203.
— Loc., vx. À jour faillant. ,,Lorsque le jour est près de manquer`` (Ac. 1835). Arriver à jour faillant (Ac. 1835). À nuit faillie, à jour failli. Après la tombée du jour. On l'accusait (...) d'escalader, à nuit faillie, les fenêtres des métairies (FABRE, Xavière, 1890, p. 113) :
• 6. Et voilà qu'à l'entrée de Soisy, le bel orphelinat (...) donne à ces roulottiers l'idée de laisser là un de leurs petits brame-la-faim, la plus jeune, la fillette toute mignonne, tout angélique, que l'on dépose, au jour failli, sous le porche haussé d'une croix.
A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 289.
— Proverbe. Au bout de l'aune faut le drap.
C.— Au fig.
1. Tomber dans l'erreur, se tromper. Les plus doctes sont sujets à faillir (Ac. 1932). Dans cette haute magistrature, sur tous les points il [Renan] faillit. Il n'admit pas la preuve ontologique (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1898, p. 173).
2. Commettre une faute. Je crus (...) ne pouvoir faillir en obéissant à la reine (COURIER, Pamphlets pol., 1824, p. 71) :
• 7. ... De faveurs sans égales
J'ai joui, tout enfant, près du prince de Galles.
Chaque fois que...
Son altesse royale avait failli, j'avais
Le privilège...
De recevoir le fouet que méritait le prince.
HUGO, Cromwell, 1827, p. 145.
— Spéc., vieilli. [Le suj. désigne une femme] Succomber à la séduction, se laisser séduire. Si vous n'aviez pas failli vous-même, jamais je ne vous aurais parlé de ces choses, car j'aurais craint de vous salir (ZOLA, Renée, 1887, I, 2, p. 331) :
• 8. ... il n'était pas fâché de voir cette Blanchotte (...) et il se disait peut-être, au fond de sa pensée, qu'une jeunesse qui avait failli pouvait bien faillir encore.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Papa de Simon, 1879, p. 18.
II.— [En fonction d'auxil. suivi de l'inf., pour exprimer qu'un fait a été près de se produire] Être tout près de, sur le point de, manquer de.
A.— Vx. Faillir de/à + inf.
— Faillir de. À l'entrée de la nuit, nous faillîmes d'être arrêtés au village de Saint-Paternion (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 456).
— Faillir à Il a failli à me blesser; il a failli à être ministre; cet événement faillit à retarder notre départ (Ac. 1835, 1878).
B.— Usuel. Faillir + inf. Il se jeta tout effaré hors de sa chambre et faillit être renversé par maître Jolibois (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 24). Elle faillit dire quelque chose; mais se tut (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 501) :
• 9. ... il m'empoigna la taille et me donna, sur la nuque, un baiser qui faillit me décoiffer. — Tu es épatante... souffla-t-il... Ah! nom d'un chien! ... ce que tu sens bon...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 153.
Rem. 1. ,,Faillir n'est plus guère usité qu'à l'infinitif, au passé simple : je faillis, etc.; au futur : je faillirai, etc.; au conditionnel : je faillirais, etc.; et aux temps composés : j'ai failli, j'avais failli, etc.`` (GREV. 1969 § 701, p. 652). 2. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. failli, vx ou région. Lâche. Chante. Quiche, afin de fouetter les jus de navet de leurs veines, d'activer, leur cœur failli et mollasson! (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 113). [Gabrielle] — Tenez, t'nez encore (...) Faillis! L'alcool de cidre débordait. Ils [les ouvriers] ne burent pas (LA VARENDE, Indulg. plén., 1951, p. 155). Mar. Failli gars. Mauvais marin. Le navire était soûl; l'eau sur nous nous faisait nappe. — Aux pompes, faillis chiens! L'équipage fit — non — (CORBIÈRE, Am. Jaunes, 1873, p. 211). P. anal. [La vivandière :] Mais qui diable est-ce qui vous trahit, faillis soldats? (RICHEPIN, Chien, 1898, p. 4). 3. La plupart des dict. gén. enregistrent a) La loc. (en termes de blas.) chevrons faillis. Chevrons brisés dans leurs montants. b) Faillance, subst. fém., vx. Manque, absence (de quelque chose).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1040 « faire défaut (à quelqu'un) » d'une pers. (Alexis, éd. Chr. Storey, 495 : faldrat [futur]); 2. ca 1100 « manquer (à quelqu'un) » d'une chose (Roland, éd. J. Bédier, 2231 : Falt li le coer); 3. ca 1165 « manquer (à un devoir, un engagement), commettre une faute » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 15437). B. 1559 faillir à « manquer de peu » (AMYOT, Pyrrhus, 70 ds LITTRÉ : Evalcus [...] luy tira un coup d'espée, duquel il faillit à lui couper la main). Du lat. vulg. fallire, pour class. fallere « tromper, échapper à » d'où le sens de « manquer »; extension à l'inf. et au part. passé du rad. faill- régulier à l'ind. prés. (falliunt) et à l'imp. (falliebam). Bbg. BOULAN 1934, p. 30. — DARBELNET (J.). Survivances lex. en fr.-can. In : Congrès International de Linguistique et Philologie romanes. 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 2, p. 1136. — LABORIAT (J.). Faillir et ses frères. Déf. Lang. fr. 1973, n° 70, pp. 6-7. — LEICHT (H.). Morphologie und Semasiologie der französischen Verben faillir und falloir. Kiel, 1909, 63 p. — LEW. 1960, p. 65, 128 (s.v. faillance).
II.
⇒FAILLIR2, verbe intrans.
Faire faillite :
• Dans ces conjonctures, le banquier Du Tillet (...) conseilla fortement à Roguin de garder une poire pour la soif, en embarquant ses clients les plus riches dans une affaire où il pourrait se réserver de fortes sommes, s'il était contraint à faillir en recommençant le jeu de la banque.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 84.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1704 (Trév.). Inf. refait sur failli qui a été pris pour un part. passé.
STAT. — Faillir1 et 2. Fréq. abs. littér. :947. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 887, b) 1 746; XXe s. : a) 1 752, b) 1 276. Failli. Fréq. abs. littér. :1 193. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 200, b) 1 643; XXe s. : a) 2 388, b) 1 731.
faillir [fajiʀ] v. intr.
CONJUG. je faux, tu faux, il faut, nous faillons, vous faillez, ils faillent; je faillais, nous faillions; je faillis, je faudrai; je faudrais; que je faille; que je faillisse; faillant; failli.
ÉTYM. XIe; du lat. pop. fallire « manquer, faire défaut » (du lat. class. fallere « tromper, échapper à »), dédoublé aux XVe et XVIe s. en falloir (→ Falloir) et faillir, ce dernier par extension à toutes les formes du rad. avec l mouillé régulier au plur. du présent et à l'imparfait de l'indicatif.
REM. Dans l'usage actuel, faillir n'est plus guère employé qu'au passé simple (dans la langue écrite), au participe passé, et surtout à l'infinitif et aux temps composés. Les autres formes, et en particulier le présent de l'indicatif, le futur et le conditionnel (dont les 3e pers. du sing. sont communes à faillir et à falloir : il faut, il faudra, il faudrait) étaient déjà vieillies au XIXe s. C'est à cette époque que sont entrées dans l'usage les formes je faillirai, je faillirais au futur et au conditionnel (→ cit. 1). La tendance à conjuguer faillir tout entier sur finir, déjà notée par Littré (« … quelques grammairiens disent que ce verbe, dans le sens de faire faillite, se conjugue régulièrement sur finir : Quand un négociant faillit…; s'il faillissait… »), se recommande aujourd'hui de l'autorité de bons écrivains (cf. Grevisse, 701, 20).
1 Les trois personnes du présent au singulier, le futur et le conditionnel vieillissent, et c'est dommage; les personnes qui ont besoin du futur ou du conditionnel et qui en ignorent la véritable forme, les composent suivant la règle des verbes en ir, et disent : je faillirai, je faillirais; c'est un barbarisme, mais qui a chance de s'introduire et de devenir correct (…)
Littré, Dict., art. Faillir.
2 Ils ont failli, comme nous faillirons.
Flaubert, Correspondance, t. II, p. 192.
3 J'ai reçu (…) la charge de m'occuper de vous : que vous le vouliez ou non je n'y faillirai pas.
E. Estaunié, le Labyrinthe, p. 92.
4 Il s'était juré de ne pas faillir à sa promesse. Il n'y faillirait pas.
F. Mauriac, Galigaï, XV.
❖
———
1 Vx ou littér. || Faillir à qqn : faire défaut, faire faute. ⇒ Manquer; défaillir (vx). || La mémoire lui faillit. — REM. De nos jours, cette acception n'est plus employée que dans quelques tournures (Le cœur me faut; le cœur, le courage lui faillirent) et seulement dans la langue littéraire.
♦ Absolt, vx. || Tout faillit.
5 Quand les esprits, le sentiment,
Quand tout faillit en toi ?…
La Fontaine, Fables, VIII, 1.
6 On obtint de lui qu'il lirait au moins un discours de quatre lignes pour engager la Noblesse à se réunir au Tiers. Il le fit, mais en lisant, le cœur lui faillit, il se trouva mal.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, V, t. I, p. 158.
7 Et quand parfois le cœur me faut, je me tourne en pensée vers les ombres de mon jeune temps (…)
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XI.
8 Le cœur lui faillait.
♦ Vx. Être au bout, au terme. || Le jour commençait à faillir (Littré). ⇒ Décliner, tomber. — ☑ Prov. Au bout de l'aune faut le drap.
2 Littér. || Faillir à (qqch. : action, etc.); vx Faillir de (et inf.). Manquer à, négliger (ce que l'on doit faire). || Faillir à son devoir, à faire son devoir. ⇒ Dérober (se), esquiver (s'), manquer. || Je n'y faillirai pas (→ ci-dessus, cit. 3 et 4). || Faillir de faire quelque chose.
9 Deux jours après la commère ne faut
De mettre un fil (…)
La Fontaine, Gageure des trois commères.
10 (…) si je lui ai prêté de l'argent, il me le rendra bien (…) — Oui, attendez-vous à cela. — Assurément, ne me l'a-t-il pas dit ? — Oui, oui : il ne manquera pas d'y faillir.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
11 (…) prier pour les morts leur restait un devoir, auquel elles n'osaient point faillir (…)
Loti, les Désenchantées, III.
12 Quand on n'a, de sa vie, été bohème, pourquoi faillir sur la fin à ce qu'on professe le mieux ?
Colette, l'Étoile Vesper, p. 172.
3 Absolt, vieilli. Se tromper, être dans l'erreur. || Tout homme peut faillir.
♦ Vieilli ou littér. Commettre une faute, tomber dans l'erreur. ⇒ Abandonner (s'), broncher, fauter, pécher, tomber.
13 Quand le bras a failli, l'on en punit la tête.
Corneille, le Cid., II, 8.
14 (…) tout ce que l'on peut faire à force de faillir, c'est de mourir corrigé.
La Bruyère, les Caractères, XI, 60.
15 Jeune, si j'ai failli souvent (…)
Beaumarchais, la Mère coupable, V, 8.
16 Elle n'était pas innocente à la manière des demoiselles, — les animaux l'avaient instruite; — mais la raison et l'instinct de l'honneur l'empêchèrent de faillir.
Flaubert, Un cœur simple, II.
4 Absolt, vx. Faire faillite. — REM. Ce sens signalé par la plupart des dictionnaires semble inusité, sauf au participe passé substantivé. → Failli.
———
II (XVIe).
1 Vx. || Faillir à, de : n'être pas loin de, être sur le point de faire qqch.; y manquer de peu. — REM. Cette tournure est parfois employée de nos jours, par archaïsme.
17 (…) il m'arriva une petite vilaine aventure assez dégoûtante, et qui faillit même à finir fort mal pour moi.
Rousseau, les Confessions, II.
18 Elles faillirent à geler sur place.
2 Mod. et cour. || Faillir employé au passé simple et, plus couramment, au passé composé et suivi de l'infinitif indique qu'une action était sur le point de se produire. || J'ai failli tomber. ⇒ Presque (je suis presque tombé); falloir (il s'en est fallu de peu que…). || Il a failli lui arriver une curieuse aventure. || J'ai failli attendre, phrase qu'on prête à Louis XIV. || Il a failli s'évanouir (→ J'ai vu le moment où il allait s'évanouir). || Ils ont failli oublier. || La soupe a failli brûler (cit. 37).
19 On prétend qu'on faillit tout gâter en 1694 par l'ordre qu'on voulut mettre au blé.
20 En raison des conséquences dangereuses qu'elle avait failli avoir, l'agresseur fut gravement puni.
J. de Lacretelle, Silbermann, p. 99.
21 Que de fois elle a failli lui dire son secret !
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 165.
❖
CONTR. Résister, tenir. — Accomplir, faire. — Raison (avoir). — Réussir.
DÉR. 2. Faille. — (Du lat. médiéval dér. du franç.) Faillibilité, faillible. — V. Failli, faillite.
COMP. Défaillance, défaillir.
Encyclopédie Universelle. 2012.