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feindre

feindre [ fɛ̃dr ] v. tr. <conjug. : 52>
• 1080; lat. fingere « modeler »
1Vx Forger, imaginer ( fiction).
2Donner pour réel (un sentiment, une qualité que l'on n'a pas). 1. affecter , vieilli contrefaire, imiter , simuler. Feindre l'étonnement, l'innocence, l'indifférence, l'enthousiasme, la joie, la tristesse. « Il continuait de feindre l'évanouissement, les paupières closes, les jambes et les bras morts » (Zola). « Les hommes savent, mieux que les femmes, feindre la vertu » (Maurois).
♢ FEINDRE DE (et inf.) :faire semblant de, faire mine de. « Brigitte faisait la sourde, feignait de ne rien comprendre aux allusions » (F. Mauriac).
Absolt, littér. Cacher à autrui ce qu'on sent, ce qu'on pense, en déguisant ses sentiments. déguiser, dissimuler, mentir. Inutile de feindre.

feindre verbe transitif (latin fingere, façonner) Donner pour réel ce que l'on ne ressent pas, simuler un sentiment pour tromper ; affecter : Feindre la joie. Feindre de s'attendrir.feindre (citations) verbe transitif (latin fingere, façonner) Benjamin Constant de Rebecque Lausanne 1767-Paris 1830 Nous sommes des créatures tellement mobiles que les sentiments que nous feignons, nous finissons par les éprouver. Adolphe François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Il n'y a point de déguisement qui puisse longtemps cacher l'amour où il est, ni le feindre où il n'est pas. Maximes feindre (difficultés) verbe transitif (latin fingere, façonner) Conjugaison Comme craindre. Attention au groupe -gni- aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous feignions, (que) vous feigniez. ● feindre (homonymes) verbe transitif (latin fingere, façonner)feindre (synonymes) verbe transitif (latin fingere, façonner) Donner pour réel ce que l'on ne ressent pas, simuler...
Synonymes :
- affecter
- simuler

feindre
v. tr. Faire semblant d'éprouver (un sentiment). Feindre la joie.
Feindre de (+ inf.): faire semblant de. Feindre de sortir.
|| (S. comp.) Tromper en dissimulant ses sentiments. Savoir feindre.

⇒FEINDRE, verbe trans.
A.— 1. [Le compl. d'obj. exprime une manière d'être, un sentiment] Présenter comme réels des sentiments, des comportements qui n'existent qu'en apparence. Feindre un étourdissement, l'indifférence. Feindre une maladie, feindre la joie (Ac.). Synon. affecter, contrefaire, simuler. Je veux redoubler de légèreté, je veux vous traiter fort mal en apparence, feindre une rupture (BALZAC, Langeais, 1834, p. 264). Car ce n'est qu'un homme, capable de feindre une émotion sans doute, mais non de la dissimuler (COLETTE, Vagab., 1910, p. 165). Sans y prendre garde, elle leva des yeux interrogateurs. L'américaine feignait la mine honteuse des flagrants délits (RADIGUET, Bal, 1923, p. 48).
Emploi pronom.
Emploi pronom. réfl., rare, littér. Faire semblant d'être. Il y a un souffle sur ma chair, et je sens une horreur se feindre sur toute ma surface, hérissant la séparation du froid et du chaud (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 142).
Emploi pronom. passif. Être imitable. Et vous voulez me taire vos chagrins?... lui dis-je [à la comtesse] en essuyant mes larmes et avec cette voix qui ne se feint pas (BALZAC, Honorine, 1843, p. 370).
Spéc., MUS. Feindre une note. Altérer (une note) par un dièse ou un bémol. Quelquefois il est nécessaire de les feindre [des notes] pour éviter la mauvaise suite (JUMILHAC, Sc. et prat. plain chant, 1847, p. 132).
2. [Avec un compl. à l'inf. introd. par de] Faire semblant de (faire quelque chose). Feindre de ne pas connaître qqn. Feindre d'être gai, d'être en colère (Ac.). Synon. faire mine de. Elle était endormie ou feignait de l'être pour ne pas les troubler (LOTI, Pêch. d'Isl., 1886, p. 266). Elle éprouvait le besoin de se rapprocher de lui, de dire quelque chose. Christophe, qui le sentait, feignait de s'intéresser à ce qu'elle racontait (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 275) :
Seul, dans un coin, un gros homme feignait de lire un journal, mais épiait les gestes et les propos des autres clients.
— Regardez-moi cette belle tête de voyeur, fit Décugis.
ARLAND, Ordre, 1929, p. 137.
P. métaph. C'était l'instant où refluait la vague de feu, où la fièvre feignait d'abandonner son corps grelottant (MAURIAC, Génétrix, 1923, p. 330).
Emploi pronom. réfl. indir., rare. Se dissimuler à soi-même. Cela, que tu te feins d'ignorer, forme la trame de tes pensées et la substance de tes actes, de ton abstinence plutôt (ARNOUX, Seigneur, 1955, p. 110).
3. Emploi abs. Montrer à autrui ce qu'on ne pense ni ne ressent vraiment. Savoir feindre; avoir l'art de feindre. Synon. dissimuler. Avec toi, mon amour, je ne souhaitais pas suivre une politique sage. J'étais incapable de feindre, d'être prudente (MAUROIS, Climats, 1928, p. 247). Avec les autres, il lui fallait feindre et ruser (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1174).
ÉQUIT., vx. Feindre en marchant, feindre du pied. Boîter légèrement. Il est guéri de sa goutte mais il feint encore un peu du pied gauche (Ac. 1835, 1878). Ce cheval feint d'un pied (Ac. 1835, 1878).
B.— Rare. [Avec une prop. complétive introd. par que] Faire semblant de croire (quelque chose), faire comme si (quelque chose existait). Il se décida à sortir sa lettre et à la faire lire à l'ambassadeur, mais il lui recommanda la discrétion, car il feignait que Charlie fût jaloux afin de pouvoir faire croire qu'il était aimant (PROUST, Prisonn., 1922, p. 46).
Prononc. et Orth. :[], (il) feint []. Conjug. cf. étreindre, craindre. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. « faire paraître des sentiments, une manière d'être... qui n'ont que l'apparence, pour tromper autrui; faire semblant de »; a) ca 1100 pron. + attribut (Roland, éd. J. Bédier, 2275 : si se feinst mort) b) 1280 feindre que (Clef d'Amour, 508 ds T.-L.); c) 1600 feint part. passé adj. « factice (en partic. terme d'archit.) » (O. de Serres ds FEW t. 3, p. 553b); d) 1680 art vétér. (RICH.); 2. 1176-81 trans. « imaginer, inventer (quelque chose) » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3098 : Ceste mançonge voldra faindre). Du lat. class. fingere « façonner, pétrir, modeler; imaginer; inventer faussement ». Fréq. abs. littér. :1 278. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 320, b) 1 595; XXe s. : a) 2 035, b) 2 229. Bbg. PORTIER (E.). Essai de sém. : feindre, figurer, feinte, figure, fiction. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 183-201.

feindre [fɛ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. peindre.]
ÉTYM. 1080, v. pron., « s'imaginer; se croire »; du lat. fingere, proprt « modeler », par suite « façonner, représenter, imaginer, inventer ».
———
I
1 Vx. Former de toutes pièces. Forger, imaginer, inventer, supposer; et aussi fiction.
1 Il débite ses nouvelles, qui sont toutes les plus tristes et les plus désavantageuses que l'on pourrait feindre (…)
La Bruyère, les Caractères, X, 11.
2 Donner pour réel (un sentiment, une qualité que l'on n'a pas). Affecter, contrefaire, imiter, simuler. || Feindre une passion qu'on n'éprouve pas (→ Cacher, cit. 13; créature, cit. 9; déguisement, cit. 3). || Feindre l'étonnement, l'innocence, l'enthousiasme, la joie, le calme, l'indifférence. || Feindre une tristesse éplorée.fam. Ne pleurer que d'un œil. || Capable de feindre une émotion mais non de la dissimuler (cit. 6).
2 Et l'on dirait partout que, me sentant coupable,
Je feins pour qui m'accuse un zèle charitable (…)
Molière, Tartuffe, IV, 1.
3 (…) c'est une grand peine que de feindre de l'amour pour qui l'on n'en sent plus.
Marivaux, Arlequin poli par l'amour, 6.
4 Une telle terreur d'être assassiné, s'il bougeait, l'avait saisi, qu'il continuait de feindre l'évanouissement, les paupières closes, les jambes et les bras morts.
Zola, la Terre, IV, VI.
5 (…) les hommes savent, mieux que les femmes, feindre la vertu.
A. Maurois, Lélia, III, V.
Feindre de (et inf.) : faire semblant de, faire mine de. → Se donner des airs de. || Feindre de partir. || Feindre de ne pas entendre. || L'hypocrite feint d'être pieux. || Ce n'est qu'un comédien qui feint d'avoir de la peine pour nous attendrir. || Feindre de croire, d'ignorer, d'oublier une chose (→ Accorder, cit. 19; bon, cit. 71; corrompre, cit. 7; entendre, cit. 17; 2. politique, cit. 5).
REM. Feindre pouvait s'utiliser sans préposition à l'époque classique.
6 (…) bien que d'un beau semblant
On feigne de l'aimer, toutefois on lui porte,
En (au) lieu d'une amitié, une haine bien forte.
Ronsard, Second livre des hymnes, Épître à Charles.
7 Et je feins hardiment d'avoir reçu de vous
L'ordre qu'on me voit suivre et que je donne à tous.
Corneille, le Cid, IV, 3.
8 Celui qui feint d'envisager la mort sans effroi ment.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Lettre LVII.
9 Brigitte faisait la sourde, feignait de ne rien comprendre aux allusions (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, XVI.
Rare (avec une complétive introduite par que) :
9.1 Schacabac, feignant que le vin l'avait échauffé, contrefit l'homme ivre, leva la main et frappa le Barmecide à la tête (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. I, p. 470.
3 Absolt, littér. Cacher (à autrui) ce qu'on sent, ce qu'on pense en déguisant ses sentiments. Déguiser, dissimuler, mentir; → Donner le change. || Cet homme est passé maître, est expert dans l'art (cit. 14) de feindre. || Ne pas savoir feindre. || Inutile de feindre. Chiqué (faire du chiqué), grimacer. || Renonce à feindre ! || Cesse de feindre ! || Feindre pour obtenir qqch. de qqn. Abuser, tromper.
10 Ah, que ce cœur est double et sait bien l'art de feindre !
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
11 Il avait tellement pris le pli de feindre, pendant ces repas de famille, qu'il n'avait presque plus à se contraindre (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 185.
REM. Feindre à (vx) a signifié « avoir l'air, prêt à, mais ne pas s'y décider ». → Hésiter.
12 Nous feignons à vous aborder, de peur de vous interrompre.
Molière, l'Avare, I, 4.
REM. Sans être exclusivement littéraire, le verbe, dans ses emplois modernes, appartient à un usage soutenu.
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II V. intr. (1680). Vx. Boiter légèrement. || Feindre d'un pied. || Cheval qui feint.
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feint, feinte p. p. adj.
1 Vx. Qui est inventé de toutes pièces. Controuvé, faux, fictif, imaginaire.
13 Par de feintes raisons je m'en vais l'abuser (…)
Racine, Iphigénie, IV, 10.
14 (…) je fus introduit chez la feinte malade, qui était encore couchée.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XXV.
2 (V. 1361). Mod. Qui n'est pas véritable, sincère et vise généralement à tromper. Artificiel, commande (de), étudié, faux, simulé. || Une douleur feinte ( Attendrir, cit. 11). || Sa colère n'était pas feinte.Une réconciliation feinte. Plâtré. || Une feinte soumission (→ Artifice, cit. 6).
15 (…) cette maladie que vous voulez guérir est une feinte maladie (…) Lucinde n'a trouvé cette maladie que pour se délivrer d'un mariage dont elle était importunée.
Molière, le Médecin malgré lui, II, 5.
16 Et une émotion qui n'est pas feinte le fait zézayer davantage.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 128.
Vieilli. En parlant des personnes. Faux, pseudo-.
17 Le feint Ali Cogia, après une profonde révérence, informa le feint cadi du fait de point en point (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 319.
3 (1600). Imité pour la symétrie ou pour l'agrément. Postiche. || Porte, fenêtre, arcade feinte.N. m. Vx. || Le feint : peinture imitant exactement des moulures, des veines de bois poli, des marbres.
CONTR. Réel. — Authentique. — Sincère, véritable, vrai.
DÉR. Feinte, feintise.

Encyclopédie Universelle. 2012.