1. foin [ fwɛ̃ ] n. m.
• XVe; fein XIIe; lat. fenum
1 ♦ Herbe des prairies fauchée ou coupée, destinée à la nourriture du bétail. ⇒ 1. fourrage. Faire les foins : couper l'herbe, l'étaler (⇒ fanage) , la mettre en lignes (⇒ andain) , en faire des bottes. Étaler, retourner les foins. Botte de foin. Anciennt Meule de foin. « La pénétrante odeur des foins coupés s'exhale » (Samain). — Loc. fig. Quand il n'y a plus de foin dans le râtelier : quand l'argent, les ressources manquent. Chercher une aiguille dans une botte de foin. Il est bête à manger du foin. Avoir du foin dans ses bottes. — Rhume des foins : coryza spasmodique qui affecte certains sujets allergiques, à l'époque de la floraison des graminées.
2 ♦ Par anal. Foin d'artichaut : poils soyeux qui garnissent le fond de l'artichaut.
3 ♦ Fam. Faire du foin : faire du scandale, du bruit; protester. « Et mon père ? il en ferait un foin » (Queneau).
foin 2. foin [ fwɛ̃ ] interj.
♦ Vieilli Marque le dédain, le mépris, le rejet. Foin des richesses ! « Foin de l'obsession ! » (Colette).
● Foin marque le dédain, le mépris, l'aversion : Foin de la richesse !
foin
n. m.
d1./d Herbe fauchée et séchée, destinée à nourrir le bétail.
d2./d Cette herbe avant qu'elle soit fauchée.
— Par ext. Faire les foins, la fenaison.
|| (Québec) Foin de grève: herbes des rivages.
|| Loc. être bête à manger du foin, très bête.
|| Rhume des foins: catarrhe aigu des muqueuses nasales survenant chez certains sujets allergiques lors de la floraison des graminées.
d3./d Par anal. Poils qui tapissent le fond d'un artichaut.
d4./d Fam. Faire du foin: faire du tapage; protester bruyamment.
— (Québec) Gagner beaucoup d'argent.
I.
⇒FOIN1, subst. masc.
A.— Herbe des prairies fauchée et séchée pour nourrir les animaux, en particulier le bétail. Botte, charretée de foin; grenier à foin; botteler, retourner, engranger le foin. Les plaines étaient couvertes de javelles et de meules de foin, dont l'odeur me portait à la tête sans m'enivrer (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 610). Cette poussière de foin traverse tout : la maille du bas, le joint du soulier, tout, et on en est partout gluante (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 48).
♦ Proverbe. Année de foin, année de rien (DG). Une année pluvieuse est favorable aux foins et nuisible aux autres récoltes.
— Au fig., fam. Avoir, mettre du foin dans ses bottes (cf. botte2 A 2 C). Chercher une aiguille dans une botte de foin (cf. aiguille I A 1 c). Être bête à manger du foin (cf. bête2 A 4 b). Vx. [P. allus. à l'habitude qu'on avait de mettre du foin aux cornes de certains taureaux pour signaler qu'ils étaient dangereux] Il a du foin aux cornes (LITTRÉ). C'est un homme puissant et méchant qu'il vaut mieux éviter.
B.— En partic., souvent au plur. Herbe sur pied, destinée à être fauchée et séchée. Une pièce de foin; couper, faire les foins; l'odeur du foin coupé. Dans le temps des foins, quelle joie que de se rouler sur le sommet du charroi, ou sur les miloches! (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 31) :
• 1. On fauche le foin chez nous en juin. C'est l'époque où les hautes graminées qui dominent le peuple dru des herbes passent du vert sombre au roux « queue de renard », signe de la maturité du foin.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 73.
♦ Au fig. et fam. Faire ses foins. Faire de bons profits (Ac. 1932).
— P. anal. Foin (d'artichaut). Poils soyeux qui tapissent le fond d'un artichaut et ne sont pas comestibles. Cf. MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 133.
— Spéc., MÉD., Fièvre, rhume des foins. Affection saisonnière d'origine allergique qui survient, chez certains sujets, pendant la période de floraison des graminées. Il est des hommes si nerveux que la coupe des foins leur donne la fièvre : une fièvre qui s'appelle la fièvre des foins (GONCOURT, Journal, 1881, p. 123). Le rhume des foins qui est dû en général à une sensibilisation aux pollens de graminées (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 732).
C.— Expr. pop. Faire du foin, faire un foin du diable. Faire du tapage, causer du scandale. Tout le monde en jase. Ça fait un foin du diable. Ils hurlent tous après Gélique. Ils disent qu'il faut la fouetter (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 135) :
• 2. ... un employé venait d'apparaître. Il dit :
— En v'là des pétardiers! ils sont deux et ils font du foin comme trente-six.
Interloqués, ils répondirent :
— Aussi, c'est qu'nous prenons l'train.
— Eh! reprit l'homme, est-ce une raison pour faire un chabanais pareil!
COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., 8, p. 191.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1re moitié du XIIe s. fein (Psautier d'Oxford, 71, 16, éd. F. Michel, p. 94); fin du XIIe s. fœns (Sermons de Saint Bernard [a. lorr.] p. 91, 17 ds T.-L.). Du lat. class. fœnum, « foin ». La forme foin pour fein est un doublet dial. de l'Est (Lorraine, Bourgogne), dont l'adoption a été facilitée par la nécessité d'éviter l'homonymie avec faim et par l'existence d'une alternance [/; /] dans de nombreux mots où la voyelle est précédée d'une consonne labiale (émoi, aboi, armoire, poêle; avoine, moins); cf. BOURCIEZ § 38 Rem. IV, § 60 Rem. I, FOUCHÉ pp. 376-377 et 753-755; POPE § 487; G. STRAKA, Les sons et les mots, p. 517 note 3. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 335. — HAUDRICOURT (A.). J.B. Monet de Lamarck, botaniste et lexicographe. In : Congrès internat. de ling. et philol. rom. 13-1971. Québec. Québec, 1976, t. 1, p. 714. — LEWIS (C. R.). A Purely traditional explanation for foin, moins, avoine. R. belge Philol. Hist. 1930, t. 9, pp. 801-813. — ORR (J.). Qq. étymol. scabreuses. In : Words and sounds. Oxford, 1953, pp. 225-243. — QUEM. DDL t. 6, 8.
II.
⇒FOIN2, interj.
Vieilli, littér. [Marque le dépit, le dégoût, le dédain] Madame, vous me proposeriez, vous-même, de changer, de... d'améliorer mon sort, que je serais capable de m'écrier : « Foin! et même : Vade retro! » (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 53).
— Foin de + subst. [Désignant une pers. ou une chose que l'on méprise, que l'on rejette] Foin des richesses! :
• On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants!
— On va sous les tilleuls verts de la promenade.
RIMBAUD, Poés., 1871, p. 71.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1579 interj. (LARIVEY Vefve, acte II, scène 7 ds Anc. théâtre fr., t. 5, p. 149). Orig. obsc. Soit altération de fi, soit issu de foin1 (cf. l'expr. de foin marquant le mépris, au XVIe s. ds HUG., à comparer avec l'expr. de paille).
STAT. — Foin1 et 2. Fréq. abs. littér. :958. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 767, b) 1 198; XXe s. : a) 2 077, b) 1 527.
1. foin [fwɛ̃] n. m.
ÉTYM. XVe; fain, fein, XIIe (foin est une forme dial.); du lat. fenum, même sens.
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1 Herbe des prairies fauchée et séchée pour la nourriture du bétail. ⇒ Fourrage. || Étaler, retourner le foin. ⇒ Faner (cit. 1), fenaison. || L'odeur du foin. || Charretée, fourchée de foin. || Foin bottelé (⇒ 1. Botte), amoncelé en tas (⇒ Barge, meule), engrangé (⇒ Fenil, grenier). || Bouchonner un cheval avec une poignée de foin.
1 Le foin est un excellent aliment pour tous les animaux de la ferme, mais il convient surtout pour les ruminants, bovins et ovins.
Omnium agricole, art. Foin.
2 Le long des prés déserts où le sentier dévale
La pénétrante odeur des foins coupés s'exhale.
Albert Samain, le Chariot d'or, Les roses dans la coupe, Soir sur la plaine.
3 Les greniers se sont emplis de foin. Chariots pesants, heurtés aux talus, cahotés aux ornières; que de fois vous me ramenâtes des champs couché sur les tas d'herbes sèches, parmi les rudes garçons faneurs !
Gide, les Nourritures terrestres, V, II.
♦ Mettre du foin dans les râteliers. ☑ Loc. fig. Quand il n'y a plus de foin dans les râteliers, plus d'argent (dans un ménage). — ☑ Il est bête à manger du foin, très bête (→ C'est un âne).
♦ ☑ Loc. Avoir du foin dans ses bottes. — ☑ Chercher une aiguille dans une botte de foin. ⇒ Aiguille (cit. 13 et supra).
2 Herbe sur pied destinée à être fauchée pour servir de fourrage. || Une pièce de foin. ⇒ Prairie, pré. || Foin abattu par un faucheur. ⇒ Andain, fauchée. || Seconde coupe de foin. ⇒ Regain.
4 On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,
De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux (…)
Nerval, Poésies, Odelettes, Le relais.
♦ Au plur. || Couper les foins. ⇒ Faucher (→ 2. Faux, cit. 2). || Faire les foins : couper (⇒ Fanage) et ramasser les foins (⇒ Faner, fenaison). || La saison des foins.
5 Au dehors, les foins blondissaient prêts à mûrir.
E. Fromentin, Dominique, III.
5.1 Il avait fait les foins avant cette conférence, et ce sont les foins qui l'ont tué, car le médecin lui avait défendu tout effort physique.
J. Green, Journal, Ce qui reste de jour, 3 août 1970.
♦ (1873, fièvre des foins). Méd. || Asthme, (cour.) rhume des foins : coryza spasmodique qui revient périodiquement chez certains sujets à l'époque de la floraison des graminées.
♦ ☑ Loc. prov. Année de foin, année de rien : les années pluvieuses sont bonnes pour les foins et nuisibles aux autres récoltes.
3 Par anal. || Foin d'artichaut : poils soyeux qui garnissent le fond de l'artichaut. || Enlever le foin d'un artichaut.
4 ☑ (1903). Fam. Faire du foin, du scandale, du bruit; protester. || Faire un foin du diable. || Il a fait un sacré foin quand il a appris sa mutation. — (Avec d'autres contextes que faire). || Quel foin, ici ! || Arrêtez ce foin.
6 M. du Bos pénètre dans le grenier de Goethe où il a fait un foin énorme, ouvrant les vieilles malles et sortant les habits à la française et les pantalons de casimir à pont, le tout à l'état de neuf et n'ayant jamais servi à rien.
Claudel, Journal, mai 1932.
7 C'est bien du bruit pour un seul mort, dit-il. On ne fait pas tant de foin que ça pour la vie humaine au Maroc.
Aragon, les Beaux Quartiers, XXVI.
8 — (…) je ne suis pas libre le soir en ce moment (…)
— Une copine voudrait pas vous remplacer pour une fois ?
— Pensez-vous. Et mon père ? Il en ferait un foin.
R. Queneau, Pierrot mon ami, L. de Poche, p. 76.
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DÉR. et COMP. V. Faner (du lat. fenum). — Abat-foin. — Sainfoin.
HOM. 2. Foin.
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2. foin [fwɛ̃] interj.
ÉTYM. XVIe; emploi iron. de 1. foin (dans une anc. expr.), ou altér. de fi !
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♦ Vieilli. Marque le dédain, le mépris, le dégoût. || Foin des richesses !
1 Foin du loup et de sa race.
La Fontaine, Fables, IV, 15.
2 (…) foin du plus parfait des mondes, si je n'en suis pas.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 433.
2.1 En vérité, s'il est un objectif, un non-moi, que je méprise au-delà même des expressions licites à la langue d'un mortel élégant, je puis bien dire que ce sont les « Belles-Lettres » et leurs suppôts ! — Foin !
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 41.
3 À force, je m'ennuierais avec mes fauves lilas. Foin de l'obsession. Mais il s'agit d'un escalier, d'un immeuble habité en vain pendant plus de trois ans.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 162.
4 plus jamais claudel. Autrement dit : foin de ce gymnaste mammouthéen du verbe, ferme appui du statu quo bourgeois, sous le masque tantôt d'une ferveur de pastourelle illuminée, tantôt d'un exotisme très mandarin colonial, tantôt d'une mystique de fort-en-thème.
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 167.
➪ tableau Principales interjections.
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HOM. 1. Foin.
Encyclopédie Universelle. 2012.