fondre [ fɔ̃dr ] v. <conjug. : 41> I ♦ V. tr.
1 ♦ Rendre liquide (un corps solide ou pâteux) par l'action de la chaleur. ⇒ liquéfier; fusion. Le soleil a fondu la neige. Corps que l'on fond aisément (⇒ fusible) . Fondre un métal, du minerai (⇒ fonderie, 1. fonte) .
♢ Fig. Attendrir, diminuer. « ces bonnes paroles, qui semblaient lui tomber du ciel, venaient fondre sa dureté » (Barrès).
2 ♦ Fabriquer avec une matière fondue. ⇒ mouler. Fondre une cloche, une statue. « Le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu » (Madelin).
3 ♦ Fig. Combiner intimement de manière à former un tout. ⇒ amalgamer, fusionner, incorporer. Fondre un ouvrage dans, avec un autre. « un romancier qui fond ensemble divers éléments empruntés à la réalité pour créer un personnage imaginaire » (Proust).
♢ (1752) Peint. Joindre (des couleurs, des tons) en graduant les nuances. ⇒ adoucir, 2. dégrader, mélanger, mêler. P. p. adj. « Tous les tons y sont fondus, fusionnés, pour une couleur neuve » (A. Gide).
II ♦ V. intr.
A ♦
1 ♦ Entrer en fusion, passer de l'état solide à l'état liquide par l'effet de la chaleur. ⇒ se liquéfier. La neige commence à fondre. Faire fondre du beurre au bain-marie. Le fer fond à 1 510 degrés.
♢ Loc. fig. Fondre en pleurs, en larmes.
2 ♦ Se dissoudre dans un liquide. Laisser fondre le sucre dans son café. — Par anal. Fondre dans la bouche : être très tendre, se manger sans mâcher. ⇒ fondant.
3 ♦ Fig. Diminuer rapidement. ⇒ disparaître. Fondre comme neige au soleil. Loc. L'argent lui fond dans les mains. « l'escouade avait fondu à vue d'œil » (Cendrars). « toute son angoisse et sa fatigue avaient fondu dans le sommeil » (Martin du Gard).
♢ Spécialt (Personnes) Maigrir. « Le pauvre petit avait fondu pendant sa maladie, il avait l'air d'un pauvre poulet déplumé » (Sarraute).
4 ♦ S'attendrir. J'ai fondu devant sa gentillesse. ⇒fam. craquer.
B ♦
1 ♦ (XIIe) Vx S'affaisser, s'écrouler. ⇒ s'effondrer. « et la terre fondra, et on tombera en regardant le ciel » (Pascal).
2 ♦ (v. 1375 fauconn.) FONDRE SUR : s'abattre avec impétuosité, avec violence sur. ⇒ s'abattre, assaillir, foncer, se jeter, se précipiter, 1. tomber. L'aigle fond sur sa proie. « Cette redoutable cavalerie qu'on voit fondre sur l'ennemi avec la vitesse d'un aigle » (Bossuet). — Fig. « Sans les malheurs qui fondirent bientôt sur moi, j'aurais graduellement perdu mes bonnes qualités » (Balzac).
III ♦ SE FONDRE v. pron.
1 ♦ Vx Se liquéfier, se dissoudre. — Par hyperb. « Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau ! » (P. Corneille).
2 ♦ Mod. Se réunir, s'unir en un tout. ⇒ se confondre, fusionner, se mêler, se rejoindre. « tous les bruits se fondaient en un seul bourdonnement » (Flaubert). « les différences sociales, voire individuelles, se fondent à distance dans l'uniformité d'une époque » (Proust).
♢ Silhouette qui se fond dans la brume. ⇒ disparaître, se dissiper, s'évanouir. Nous tentions de nous fondre dans la masse, la foule. Fig. Ça se fond dans la masse, ce n'est guère perçu.
⊗ CONTR. Coaguler, congeler, figer. 1. Détacher, diviser, séparer. Durcir. Augmenter, grossir.
⊗ HOM. Fond :font (1. faire); fondent :fondent; fondrai :fonderai (fonder).
● fondre verbe transitif (latin fundere, se répandre) Amener une matière solide à l'état liquide par la chaleur : Fondre du beurre dans la poêle. Faire prendre une certaine forme à un métal après l'avoir amené à l'état liquide ; couler, mouler : Fondre de l'or en lingot. Fondre une cloche. Dissoudre une matière solide dans un liquide : Fondre du sucre dans de l'eau. Mêler plusieurs choses de façon à former un seul tout : Fondre deux sociétés en une seule. ● fondre (difficultés) verbe transitif (latin fundere, se répandre) Conjugaison Attention aux conjugaisons de ces deux verbes, qui présentent des formes communes, notamment les personnes du pluriel de l'indicatif présent (nous fondons, vous fondez, ils fondent), l'ensemble des formes de l'indicatif imparfait (je fondais, tu fondais, etc.) et du subjonctif présent (que je fonde, que tu fondes, etc.). 1. Fonder : comme chanter. 2. Fondre : comme vendre. ● fondre (expressions) verbe transitif (latin fundere, se répandre) Fondre les couleurs, exécuter le passage des unes aux autres par dégradés, sans heurts. ● fondre (homonymes) verbe transitif (latin fundere, se répandre) ● fondre (synonymes) verbe transitif (latin fundere, se répandre) Amener une matière solide à l'état liquide par la chaleur
Contraires :
- figer
Dissoudre une matière solide dans un liquide
Synonymes :
- délayer
- liquéfier
Mêler plusieurs choses de façon à former un seul tout
Synonymes :
Contraires :
Fondre les couleurs
Synonymes :
- dégrader
● fondre
verbe intransitif
Devenir liquide sous l'effet de la chaleur, se liquéfier : La neige fond au soleil.
Diminuer de volume, perdre de son eau à la cuisson, en parlant d'un aliment : Laisser fondre l'oseille sur feu doux.
Se dissoudre dans un liquide : Le sucre fond dans le café.
Familier. Perdre du poids, maigrir : J'ai fondu de cinq kilos.
Diminuer rapidement, se réduire à rien : L'argent lui fond entre les mains.
S'attendrir d'un coup, devenir plein d'indulgence sous l'effet de la tendresse, de l'émotion : Homme autoritaire qui fond devant sa petite-fille.
● fondre
verbe transitif indirect
(de fondre)
Se précipiter, s'abattre sur quelque chose, un être vivant, pour les attaquer : L'aigle fond sur sa proie.
En parlant de quelque chose de néfaste, atteindre brutalement quelqu'un : Les malheurs ont fondu sur nous.
● fondre (expressions)
verbe intransitif
Fondre dans la bouche, être bien mûr ou très tendre, en parlant d'un aliment.
Fondre en larmes, en pleurs, éclater en sanglots.
● fondre (homonymes)
verbe intransitif
● fondre (synonymes)
verbe intransitif
Devenir liquide sous l'effet de la chaleur, se liquéfier
Synonymes :
- se liquéfier
Diminuer rapidement, se réduire à rien
Synonymes :
- se volatiliser (familier)
● fondre (homonymes)
verbe transitif indirect
(de fondre)
● fondre (synonymes)
verbe transitif indirect
(de fondre)
Se précipiter, s'abattre sur quelque chose, un être vivant, pour les...
Synonymes :
- foncer
- piquer
- se jeter
- se précipiter
- se ruer
- s'élancer
Contraires :
- fuir
- s'éloigner
En parlant de quelque chose de néfaste, atteindre brutalement quelqu'un
Synonymes :
- tomber
fondre
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rendre liquide (une matière solide) par l'action de la chaleur. Fondre du métal.
d2./d Fabriquer (un objet) avec du métal fondu et moulé. Fondre un canon.
d3./d Fig. Combiner (des éléments) en un tout. Fondre deux ouvrages en un seul. Fondre des couleurs.
rII./r v. intr.
d1./d Entrer en fusion, devenir liquide, sous l'effet de la chaleur (corps solide). La neige fond.
d2./d Se dissoudre. Le sucre fond dans l'eau.
|| Fig. Fondre en larmes: se mettre à pleurer très fort.
d3./d Disparaître rapidement (biens). Sa fortune a fondu en quelques années.
— Par ext. Sa colère a fondu bien vite.
d4./d Fam. (Personnes) Maigrir. Son régime l'a fait fondre.
d5./d Fondre sur une proie, se précipiter sur elle.
|| Fig. Le malheur a fondu sur nous.
I.
⇒FONDRE1, verbe trans. et intrans.
A.— 1. Qqn fond qqc. + prép.
a) [Le suj. désigne une pers.; le compl. prép. un agent physique] Soumettre (un corps solide) à l'action d'une source de chaleur afin de (le) liquéfier. Résumé succinct de l'affinage sur sole. — Les charges peuvent être de composition quelconque. On commence par fondre la masse à une température élevée (BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 76).
♦ P. métaph. Faire disparaître. Il s'agit de fondre les contradictions au feu du désir et de l'amour, et de faire tomber les murs de la mort (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 126).
— [Sans compl. prép.] :
• 1. Pour fondre la gangue, il a fallu dépenser de l'énergie; une partie de cette énergie a été consommée pour élever la température, chaleur latente, une partie a été consommée pour obtenir le passage de l'état solide à l'état liquide : c'est la chaleur de fusion.
CLÉRET DE LANVAGANT, Ciments et bétons, 1953, p. 37.
b) Qqc. fond qqc. [Le suj. désigne un agent physique]
) Amollir, liquéfier en chauffant. La grève fut atteinte par le fluide électrique, qui fondit le sable et le vitrifia (VERNE, Île myst., 1874, p. 291). Cf. carapace B, citat. de Moselly.
) P. anal., littér. Faire diminuer de volume, amaigrir. Les larmes avaient fondu ses joues. Hervieu, qui est là, maigri, diminué, fondu par une attaque de goutte (GONCOURT, Journal, 1895, p. 727).
c) Au fig.
) Attendrir, amollir. Elle avait tout ce qui peut toucher, fondre le cœur (MICHELET, Journal, 1849-60, p. 591). Mais la puberté avait fondu sa dureté et comme feutré les brusqueries un peu sombres de sa dixième année (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 51) :
• 2. ... j'écoute avec volupté ces notes perlées qui s'échappent en cadence à travers les ondes élastiques de l'atmosphère. La perception ne transmet à mon ouïe qu'une impression d'une douceur à fondre les nerfs et la pensée...
LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 181.
) Loc. fig., littér. Fondre la, les glaces. Faire disparaître la froideur. Si jamais les malheureux colons peuvent parvenir à fondre les glaces qu'on leur oppose depuis la Révolution (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 327). Tu m'as fait entrevoir un idéal de fraternité qui a fondu la glace de mon cœur (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 338).
— P. métaph. :
• 3. Un feu de bois brûlait dans le salon. La vue de cette cheminée éveilla chez Séryeuse des souvenirs de campagne. Les flammes fondaient la glace qu'il sentait le prendre.
RADIGUET, Bal, 1923, p. 65.
2. Qqc. fond. [Le suj. désigne un corps solide] Devenir liquide sous l'effet de la chaleur.
a) [Correspond à I A 1 a] Il était tout à elle, lorsqu'un bruit d'eau qui se sauve arriva de la cuisine où le miel fondait au bain-marie (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 139). On enduit la pièce d'un mélange de sels (...) on la porte ensuite au feu de charbon de bois. Quand le mélange commence à fondre et à couler, on le replonge rapidement dans l'eau froide (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 27).
— En périphrase factitive. Faites fondre dans une casserole un peu de beurre (Gdes heures cuis. fr., Grimod de la Reynière, 1838, p. 156). Sur un feu ardent on fera fondre 1000 parties de plomb très pur (MEYER, Art émail Limoges, 1895, p. 52).
— Emploi pronom. passif. Le fer ne peut se fondre à un feu ordinaire; il ne peut pas se couler comme l'or (Arts et litt., 1935, p. 2203).
b) [Correspond à I A 1 b] Sur le raidillon, la neige fondait par endroits (CAMUS, Exil et roy., 1957, p. 1619) :
• 4. Mais tous les marronniers étaient en fleurs, le goudron fondait sous mes pieds, je sentais à travers ma robe la douce brûlure du soleil.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 320.
c) Au fig.
) Diminuer progressivement, de manière sensible. Notre troupe fondait à vue d'œil (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 288).
— En partic. [Le suj. désigne un bien matériel] Je tremble, lorsque je vois l'argent fondre ainsi dans ses mains (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 931).
) Fondre à vue d'œil. Maigrir rapidement.
) Qqn fond de qqc. [Le compl. prép. désigne un affect] Se sentir transformer, dans son être profond, sous l'effet de. Fondre de pitié et d'angoisse. Savoir cela, (...) c'est assez déjà pour fondre de volupté comme la cire devant un brasier (BLOY, Journal, 1900, p. 260) :
• 5. Elle pleurait. Elle fondait. Son cœur se fondait.
Son corps se fondait.
Elle fondait de bonté.
De charité.
Il n'y avait que sa tête qui ne fondait pas.
PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 105.
— Emploi pronom. Toute sa chair se fondait d'horreur et de volupté (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 283).
B.— 1. Qqn fond qqc. en
a) Transformer (un corps solide), sous l'action de la chaleur, en :
• 6. ... la quantité de monnaie d'argent qui, frappée en espèces, valait 3 livres 17 sous 10 1/2 deniers sterling, pouvait, si elle était fondue en lingots, se vendre 4 livres sterling contre de la monnaie d'or.
SAY, Écon. pol., 1832, p. 260.
— [Sans compl. prép. et p. méton. de l'obj.] Fabriquer quelque chose au moyen d'un métal fondu. Fondre des canons. Maël fondit pour elle une clochette d'airain et, quand elle fut achevée, il la bénit et la jeta dans la mer (FRANCE, Île ping., 1908, p. 18). Certains ébénistes (...) pouvaient par mesure d'exception dessiner, modeler ou fondre les bronzes destinés aux meubles qu'ils fabriquaient (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 94).
♦ Loc. fig., fam. et vx. Fondre la cloche. ,,Prendre une dernière résolution sur une affaire, la terminer, la conclure`` (Ac. 1798). Tout liquider, tout vendre, transiger sur tout, enfin fondre la cloche au profit des créanciers (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 359).
b) Au fig. Réunir deux ou plusieurs éléments en un tout. Fondre un ouvrage avec un autre, dans un autre. Le deuxième et le troisième actes sont fondus en un seul (FLAUB., Corresp., 1873, p. 95). Fondre les amants en un seul être, quand la distinction entre le moi et le tu est condition de leur amour (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 218) :
• 7. Ô énergie de mon Seigneur, Force irrésistible et vivante, parce que, de nous deux, Vous êtes le plus fort infiniment, c'est à Vous que revient le rôle de me brûler dans l'union qui doit nous fondre ensemble.
TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 96.
— [Sans compl. prép.] La mort de Napoléon (...) servit d'ailleurs à fondre encore plus intimement les Républicains et les Bonapartistes (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 154).
♦ PEINT. Fondre des couleurs. Faire passer graduellement des couleurs de l'une à l'autre. Avec les martres et les brosses ordinaires, on arrive à une dureté, à une difficulté de fondre les couleurs qui est presque inévitable (DELACROIX, Journal, 1853, p. 11).
2. a) Qqc. fond en. [Le suj. désigne un corps solide]
— Se transformer (sous l'effet de la chaleur) en. La glace coule et fond en eau (COCTEAU, Fin Potomak, 1940, p. 124).
— P. hyperb. Fondre en eau. Pleuvoir abondamment. Soudain, une averse croula, le ciel entier fondit en eau (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 286).
b) Au fig. [Le suj. désigne une pers., un trait physique ou moral] Se transformer en. Je me suis senti fondre en délices et en amoureuses rêveries! (FLAUB., Corresp., 1838, p. 36). Un mot si cocassement inhabituel dans sa bouche que mon trouble extrême faillit fondre en un éclat de rire (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 223).
— Emploi pronom. réfl. Dejoie venait se fondre en gratitude (ZOLA, Argent, 1891, p. 280).
— P. hyperb.
♦ Fondre en larmes, en pleurs. Pleurer abondamment. Que mes yeux se fondent en pleurs comme ceux d'une femme, si jamais je parle (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 220). Elle était tout près de moi, et dans cette brusque intimité il y avait tant de chaleur que je fondis en larmes comme neige au soleil (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 306). Je me mordais les lèvres pour ne pas fondre en larmes (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 515).
♦ Fondre en eau, en sueur (vx). Suer abondamment. Puis il se tut, épongea son visage qui fondait en eau (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 145).
II.— [Le subst. correspondant est dissolution]
A.— Qqn/qqc. fond qqc. (dans qqc.). [Le compl. prép. désigne un liquide] Dissoudre (dans ou grâce à un liquide). Fondre du sucre dans de l'eau (ROB.). Le sel n'est pas suffisamment fondu (Lar. Lang. fr.). On se servira plutôt de la pierre à cautère (...) afin que ce caustique puisse fondre les callosités (GEOFFROY, Méd. pratique, 1800, p. 292).
♦ Loc. fig. Fondre dans la masse. Faire disparaître en confondant avec. Même sa forme physique, médiocre et banale, ne lui était pas une limite, le fondait dans la masse (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 224).
B.— Qqc. fond dans qqc.
1. [Le suj. désigne un corps soluble] Se dissoudre dans :
• 8. Garcia pensa à la Gran Via d'autrefois (...) avec (...) ses cafés (...) ses tiges de sucre qui fondaient comme du givre dans les verres d'eau, à côté du chocolat à la cannelle.
MALRAUX, Espoir, 1937, p. 689.
— Emploi pronom. Comment ces solides ont-ils pu se fondre dans la masse liquide pour former avec elle un fluide homogène? (METZGER, Genèse sc. cristaux, 1918, p. 156).
— [Sans compl. prép.] Il but, presque d'un trait, sans attendre que le sucre fût fondu, un grand verre d'absinthe (BENOIT, Atlant., 1919, p. 26).
♦ En périphrase factitive. Quand on veut employer la colle, on la fait fondre sur le feu avec un peu d'eau (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 114).
2. P. anal. Se dissoudre dans la bouche; être tendre au palais. Fondre dans la bouche. Les petits pois Vous fondaient dans la bouche comme des grêlons, tout sucre! (CLAUDEL, Violaine, 1re version, 1892, I, p. 501).
3. Au fig. Disparaître en se confondant avec.
— En périphrase factitive. Nous faisons fondre les différences qualitatives dans l'homogénéité de l'espace qui les sous-tend (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 217).
— Emploi pronom. Luizzi (...) se retourna (...) vers cette femme qui était là à côté de lui. Il lui sembla qu'elle se fondait dans l'air comme une légère vapeur (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 357) :
• 9. Il y eut un instant où les cimes givrées des arbres se fondirent dans sa blancheur [du ciel], et puis elles furent blanches de nouveau, et brillantes, à cause du bleu tout frais qui s'éployait là-haut.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 185.
♦ Se fondre dans la masse. Ne pas se distinguer des autres; être ou entrer dans l'anonymat. On a beau (...) chercher à se fondre dans la masse et s'y plaire — on n'en demeure pas moins un être à part (GIDE, Journal, 1937, p. 1264).
Prononc. et Orth. :[], (il) fond []. Noter les formes homophones et homogr. communes à fondre et à fonder : nous fondons, vous fondez, ils fondent; je fondais, nous fondions; que je fonde, que nous fondions; fondant. Étymol. et Hist. A. Ca 1050 intrans. « être détruit, renversé, s'effondrer » (Alexis, éd. Chr. Storey, 298). B. 1. a) Ca 1121 trans. « répandre, verser » (Voyage de Saint-Brendan, éd. E. G. R. Waters, 896 : fundent lermes); ca 1165 intrans. « couler » (B. DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 16484 : Lermes li fondent sor la face); ca 1223 fondre en larmes (G. DE COINCI, Miracles, éd. V. F. Kœnig, t. 1, p. 127, 1273); b) début XIVe s. « se laisser attendrir, s'épancher » (Dits de l'âme, éd. E. Bechmann A 9 e ds Z. rom. Philol. t. 13, p. 59 : un coer fondant); 2. 1174-76 trans. « fabriquer au moyen d'une matière en fusion » (G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Saint Thomas, éd. E. Walberg, 2183); 3. a) ca 1190 trans. « rendre liquide » (MARIE DE FRANCE, Purgatoire de Saint Patrice, éd. T. A. Jenkins, 1100 : Divers metals sur els fundeient); 1676 part. prés. subst. masc. émaux (FÉLIBIEN, p. 423); 1708 métall. (FONTENELLE, Hist. du renouvellement de l'Ac. royale des Sc., p. 93 ds Trév. Suppl. 1752); 1735 part. passé subst. fém. art. culin. (Cuisinier mod., IV, 220 ds QUEM. DDL t. 2 : fondue de fromage aux truffes fraîches); b) 1re moitié XIIIe s. [ms. de 1254] intrans. « devenir liquide » (Romances et Pastourelles, éd. K. Bartsch, I, 46, 1, p. 47 : glace funt); 1865 part. prés. subst. masc. « sorte de friandise » (LITTRÉ); 4. a) XIIIe s. trans. « mêler ensemble » (Digestes, ms. Montpellier H 47, f° 84 d ds GDF. Compl.); b) 1685 part. passé spéc. peint. (FÉLIBIEN, Entretiens..., t. II, p. 239 ds BRUNOT t. 6, p. 738, note 6 : les couleurs [...] paroissent noyées et fonduës); 1851 peint. le fondu (BARBEY D'AUREVILLY, Vieille maîtresse, I, II ds ROB.); 1908 cin. fondu (Babin ds L'illustration, 4 avr., p. 238 ds GIRAUD, p. 181); 1922 cin. fondu enchaîné (Cinéa, 27 janv., ibid.); 5. a) fin XIVe s. intrans. « maigrir » (J. FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, I, 37, p. 71); b) 1575 trans. « réduire, faire diminuer de volume » (A. PARÉ, Œuvres, 1. V, chap. 23, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 361b); 6. 1580 intrans. « se dissoudre (dans un liquide) » (MONTAIGNE, Essais, 1. II, chap. 12, éd. A. Thibaudet, p. 522 : le sel fondu par ce moyen). C. Ca 1195 intrans. « s'abattre, se précipiter (sur) » (AMBROISE, Guerre sainte, 1624 ds T.-L.). Du lat. fundere « verser, répandre; fondre (un métal, une statue); disperser, renverser, abattre ». Bbg. UREN (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 210.
II.
⇒FONDRE2, verbe intrans.
Fondre sur qqn/qqc. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] S'abattre précipitamment sur. Synon. se jeter, se précipiter, se ruer, tomber. Il fondit dessus comme un aigle sur sa proie (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 305). Il fondait l'épée haute sur le baron (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 407).
— Emploi abs. L'orage fondit tout à coup (Ac. 1835-1932).
— Au fig. — Père céleste, conjure, conjure les malheurs qui peuvent fondre sur notre famille (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 150).
Prononc. et Orth. V. fondre1. Étymol. et Hist. V. fondre1.
STAT. — Fondre1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 568. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 593, b) 3 858; XXe s. : a) 4 233, b) 3 254.
fondre [fɔ̃dʀ] v. [CONJUG. rendre.]
ÉTYM. V. 1050, intrans., « être détruit, s'effondrer »; du lat. fundere « répandre, faire couler ».
❖
———
I V. tr.
1 Rendre liquide (un corps solide ou pâteux) par l'action de la chaleur. ⇒ Liquéfier. || Corps que l'on fond aisément (⇒ Fusible), difficilement (⇒ Infusible, réfractaire). || Fondre du beurre, de la cire. || Le soleil a fondu la neige. — ☑ Loc. fig. Fondre la glace (→ Ardeur, cit. 19). — Fondre un métal, du minerai. ⇒ Fonte; fonderie, forge. || Fondre de l'argenterie pour en faire des lingots. || Fondre un alliage pour séparer les métaux. ⇒ Liquation. || Fondre de la silice pour en faire du verre. ⇒ Vitrifier.
1 (…) il faut, pour fondre le verre, un feu très violent dont le degré est si éloigné des degrés de chaleur que reçoit le verre dans nos expériences sur le refroidissement, qu'il ne peut influencer sur ceux-ci.
Buffon, Introd. à l'Histoire des minéraux, II, Œ., t. IX, p. 164.
1.1 Quenu aidé d'Auguste et de Léon, emballait les saucissons, préparait les jambons, fondait les saindoux (…)
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 127.
♦ Par métaphore :
2 La volupté même, cette chaîne de diamant qui lie tous les êtres, ce feu dévorant qui fond les rochers et les métaux de l'âme et les fait retomber en pleurs, comme le feu matériel fait fondre le fer et le granit, toute-puissante qu'elle est, n'a jamais pu me dompter ou m'attendrir.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, III.
♦ Fig. Attendrir, amollir. ⇒ Diminuer, effacer.
3 (…) je ne sais quoi de divin semblait fondre son cœur au dedans de lui.
Fénelon, Télémaque, XIV.
4 (…) soudain ces bonnes paroles, qui semblaient lui tomber du ciel venaient fondre sa dureté.
M. Barrès, la Colline inspirée, III.
2 Fabriquer (un objet) avec une matière fondue à cet effet. ⇒ Jeter (en moule), mouler. || Fondre une cloche, un canon (→ Capitulation, cit. 1), une statue. || « Le boulet (cit. 2) qui me tuera n'est pas encore fondu » (Napoléon). || Fondre des caractères d'imprimerie.
3 (1580). Dissoudre (une substance) dans un liquide. || Fondre du sucre dans de l'eau pour faire un sirop. || Fondre du sel.
4 (1748). Fig. Combiner intimement de manière à former un tout. ⇒ Amalgamer, fusionner, grouper, incorporer, refondre, réunir. || Fondre un ouvrage dans, avec un autre. || Fondre plusieurs paragraphes en un seul, deux lois en une.
5 (…) on y avait fondu (dans ces lois) les anciens règlements faits par le sénat, le peuple et les censeurs.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXIII, 21.
6 Malibran, aussi grande tragédienne que grande cantatrice, la grâce, l'audace, l'originalité, la poésie, le génie fondus ensemble dans une organisation passionnée.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 450.
7 (…) un romancier qui fond ensemble divers éléments empruntés à la réalité pour créer un personnage imaginaire.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 183.
5 (1752). Peint. Joindre (des couleurs, des tons) en graduant les nuances, en ménageant le passage de l'une à l'autre. ⇒ Adoucir, dégrader (2.), mélanger, mêler, unir.
8 (…) non seulement la nature a réuni sur le plumage du paon toutes les couleurs du ciel et de la terre pour en faire le chef-d'œuvre de sa magnificence, elle les a encore mêlées, assorties, nuancées, fondues de son inimitable pinceau.
Buffon, le Paon, Œ., t. V, p. 389.
9 La tête du jeune homme de gauche, dans le Concert de Giorgione est d'une substance merveilleuse. Tous les tons y sont fondus, fusionnés, pour une couleur neuve, inconnue, unique à chaque endroit de la toile (…)
Gide, Journal, 16 déc. 1895.
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II V. intr.
1 (Sujet n. de chose). Entrer en fusion, passer à l'état liquide par l'effet de la chaleur. ⇒ Liquéfier (se). || Température de fusion à laquelle fond un corps. || Faire fondre du beurre, de la cire. || Bougie (cit. 2) qui fond en grésillant. ⇒ Brûler. || Faire fondre la glace. ⇒ Déglacer. || La neige commence à fondre. || Corps réfractaire qui ne fond qu'à de très hautes températures. — Fusible qui interrompt le circuit électrique en fondant.
10 Le givre fondait et l'herbe mouillée brillait comme humectée de rosée.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, p. 96.
♦ Fondre en (qqch.) : se transformer en. || La glace fond en eau. — ☑ Loc. fig. (Sujet n. de personne). Fondre en pleurs, en larmes, en eau (vieilli) : répandre beaucoup de larmes (→ Amoureusement, cit. 1). ☑ Fondre en sueur, en eau (vieilli) ou, absolt, fondre : avoir très chaud et transpirer abondamment. — Le ciel fond en eau (vieilli) : il pleut à verse.
11 Elle fondit en pleurs aussitôt, en prévoyant la cruelle réprimande qui l'attendait au logis.
Balzac, Pierrette, Pl., t. III, p. 703.
11.1 Le criminel, fût-il couvert de crimes commis avec préméditation et férocité, eût-il coupé plusieurs personnes en petits morceaux dans le cours de sa carrière, Mlle Malicorne arrive toujours à faire mollir le ministère public et à tirer des pleurs des jurés les plus récalcitrants. Les gendarmes et les municipaux fondent en eau et le criminel lui-même, gêné par ses menottes, prie de temps en temps un de ses gardiens de lui essuyer sa paupière humide.
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 101.
♦ Fondre : être pénétré d'un sentiment de tendresse (⇒ Attendrir [s']), d'une émotion douce. || Fondre de sympathie, de plaisir. — REM. Cet emploi remplace le pron. se fondre, 2., qui a vieilli.
2 (Sujet n. de personne). Maigrir beaucoup. || Le malade fond à vue d'œil. || Elle a bien fondu (→ Épaissir, cit. 4).
12 (…) cette idée de votre maigreur (…) de ce visage fondu (…) voilà ce que mon cœur ne peut soutenir.
Mme de Sévigné, 612, 11 juin 1677.
12.1 (…) sa jaquette (…) était deux fois trop grande… Le pauvre petit avait fondu pendant sa maladie, il avait l'air d'un pauvre poulet déplumé…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 38.
3 (Sujet n. de chose). Diminuer rapidement. ⇒ Disparaître. || Brumes qui s'amincissent (cit. 3) et fondent. ⇒ Dissiper (se). ☑ Loc. fam. L'argent lui fond dans les mains. → Couler des doigts. ☑ Fondre comme neige au soleil. || Richesses qui fondent plus vite qu'on ne les amasse.
♦ Par compar. (sens 1.) :
13 (…) Voyait, l'un après l'autre, en cet horrible gouffre Fondre ces régiments de granit et d'acier.
Comme fond une cire au souffle d'un brasier.
Hugo, les Châtiments, Expiation, II.
♦ (Sujet abstrait). || Un seul regard a fait fondre sa résolution (→ Enjôleur, cit. 2). || Ressentiment qui fond peu à peu.
14 (…) toute son angoisse et sa fatigue avaient fondu dans le sommeil.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 203.
4 (1580). Se dissoudre dans un liquide. || Laisser fondre le sucre dans son café. || Délayer du lait en poudre pour le faire fondre. || Comprimé soluble qui fond dans l'eau. ⇒ Désagréger (se). || Faire fondre les couleurs incorporées au verre en fusion pour obtenir une teinte uniforme. ⇒ Parfondre.
15 (…) la succession est un fait incontestable même dans le monde matériel (…) Si je veux me préparer un verre d'eau sucrée, j'ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde (…) Le temps que j'ai à attendre (…) coïncide avec mon impatience, c'est-à-dire avec une certaine portion de ma durée à moi.
H. Bergson, l'Évolution créatrice, p. 9.
♦ Par anal. || Fondre dans la bouche : être très tendre, se manger sans être mâché. ⇒ Fondant.
16 C'était une galette aux pommes de terre, chaude et dorée, dont la croûte était tendre, parce qu'ils n'avaient plus beaucoup de dents et dont la miette, pleine de beurre, fondait dans la bouche et y ruisselait.
Ch.-L. Philippe, Père Perdrix, I, II.
1 (XIIe, jusqu'au XVIIIe, par attr. d'effondrer). Vx. Sujet n. de chose. S'affaisser, s'écrouler. ⇒ Abîmer (s'), disparaître (→ Appui, cit. 15).
17 On dirige sa vue en haut, mais on s'appuie sur le sable : et la terre fondra, et on tombera en regardant le ciel.
Pascal, Pensées, VII, 488.
2 (V. 1375; t. de fauconn., répandu au XVIe). Sujet n. d'être animé ou de chose assimilée à un animé. || Fondre sur (1354) : s'abattre avec impétuosité, avec violence sur quelqu'un ou quelque chose. ⇒ Abattre (s', cit. 2), assaillir, attaquer, jeter (se), lancer (se), tomber. || Aigle (cit. 2), épervier qui descend (cit. 1) et fond sur sa proie. || Les projectiles fondent sur eux comme la grêle (→ Armer, cit. 9; coup, cit. 7; faucher, cit. 5). || Les policiers fondirent sur les bandits. Absolt. || L'orage fondit tout à coup.
18 Cette redoutable cavalerie qu'on voit fondre sur l'ennemi avec la vitesse d'un aigle.
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
19 (…) les deux compagnies (…) fondirent sur la longue colonne de la cavalerie ennemie comme deux vautours sur les flancs d'un serpent, et, faisant une large et sanglante trouée, passèrent au travers (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, X.
20 (…) le vieux vigneron, épouvanté déjà par les progrès de la maison Cointet, fondit de Marsac sur la place du Mûrier avec la rapidité du corbeau qui a flairé les cadavres d'un champ de bataille.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 479.
♦ Fig. || Catastrophe naturelle qui fond sur un pays. || Tous les maux ont fondu sur lui à la fois (→ Calamité, cit. 2).
21 Vous n'entendrez partout qu'injurieux brocards
Et sur vous et sur lui fondre de toutes parts.
Boileau, Épîtres, X.
22 Sans les malheurs qui fondirent bientôt sur moi, j'aurais graduellement perdu mes bonnes qualités (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 483.
23 Alors, les offres de service, les assurances d'amitié, les protestations de dévouement viennent fondre de toutes parts sur Raoul, qui n'a rien entendu des exclamations précédentes, et ne sait à quoi attribuer les obséquieux hommages dont on l'accable.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 75.
24 L'événement n'approche pas avec la lenteur des limaces : il fond, il tombe du ciel, il est semblable au vautour. Il m'aveugle et me déchire.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 15 oct.
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se fondre. v. pron.
ÉTYM. (XVIe). REM. L'usage actuel tend à substituer, dans le cas d'un sujet isolé, la forme intransitive à la forme pronominale.
1 Se liquéfier. || La cire (cit. 5) se fond au feu. || Métal qui se fond facilement (→ Écouler, cit. 2). || Minéraux, laves qui se fondent à la chaleur. ⇒ Vitrifier (se).
♦ Par hyperbole. Vx. → ci-dessus, II.
25 Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau !
La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau.
Corneille, le Cid, III, 3.
2 (1609). Fig. et littér. Devenir tendre, sans force, sans résistance. ⇒ Mollir. || Cœur qui se fond de pitié. || Sa chair se fondait de volupté (→ Couteau, cit. 17).
26 Les cœurs que l'on croyait de glace
Se fondent tous à leur abord.
La Fontaine, Joconde.
27 Le cœur des mères se fond en douces caresses, en gâteries, en mille soins utiles et inutiles.
Michelet, la Femme, p. 447.
28 (…) nous nous embrassâmes, nos lèvres se rencontrèrent, et je sentis tout mon être se fondre en volupté.
France, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, Pl., t. VIII, p. 103.
3 Vieilli. Se dissoudre.
29 Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence,
Dans une bouche où sa forme se meurt.
Valéry, Poésies, « Le cimetière marin ».
4 (1770). Se réunir, s'unir en un tout (⇒ Fusion). || Maison de commerce qui se fond dans, avec une telle autre. || Courants marins qui se fondent. ⇒ Confondre, mêler, rejoindre. || Individualités qui gravitent les unes autour des autres sans se fondre (→ Cavalier, cit. 9). || Les immigrés se fondent rapidement dans le creuset américain. ⇒ Assimiler.
30 Un brouillard lumineux flottait au delà, sur les toits; tous les bruits se fondaient en un seul bourdonnement; un vent léger soufflait.
Flaubert, l'Éducation sentimentale.
31 (…) les différences sociales, voire individuelles, se fondent à distance dans l'uniformité d'une époque.
Proust, À la recherche du temps perdu.
32 La France est un illustre exemple d'une telle composition. Sa terre, qui est diverse comme le peuple qui l'habite, est « une » par l'heureux assemblage de sa diversité, comme est « une » la nation en laquelle tant de races sont venues se fondre au cours des âges.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 256.
5 Peint. (en parlant de couleurs, de tons). Se mélanger, se mêler. || Teintes qui s'éteignent (cit. 28) et se fondent.
33 Les reflets sur ses bords (de la cloche) se fondaient mollement. Au fond tout était noir.
Hugo, les Chants du crépuscule, XXXII.
34 Tout le reste de la tête, noyé et comme vaporisé dans une ombre bleuâtre qui ressemblait à la lueur d'un clair de lune allemand, se fondait, s'évanouissait, s'idéalisait, comme le souvenir d'un rêve (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 307.
6 (XVIIe). Disparaître, se dissiper. || Silhouette qui se fond dans la brume. ⇒ Évanouir (s'). || Se fondre dans la foule (→ Atteinte, cit. 2). ☑ Se fondre dans la masse : passer inaperçu. Fam. || Il s'est fondu; il n'a pas pu se fondre, en parlant de quelqu'un qui a brusquement disparu. — (Sujet n. de chose). || Cette fortune s'est fondue entre ses doigts. ⇒ Réduire (se). — (Abstrait). || Rancune qui se fond dans un baiser (→ Étreindre, cit. 10).
35 À l'époque de la vie où chez les autres hommes les aspérités se fondent et les angles s'émoussent, le caractère du vieux gentilhomme était encore devenu plus agressif que par le passé.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 918.
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fondu, ue p. p. adj. et n. Voir à l'ordre alphabétique.
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CONTR. Cailler, coaguler, condenser, congeler, figer, solidifier. — Forger. — Désunir. — Détacher, diviser, séparer. — Durcir. — Croquer. — Augmenter, multiplier, produire, renforcer. — Grossir, fuir.
DÉR. Fondant, fonderie, 1. fondeur, fondeuse, fondoir, fondu, fondue, fonte, fontis.
COMP. Morfondre, parfondre, refondre. — (Du p. p.) Surfondu.
Encyclopédie Universelle. 2012.