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fumier

fumier [ fymje ] n. m.
XIIe var. femier; lat. pop. °femarium, de femus « fumier »
1Engrais naturel d'origine animale, mélange des litières et des déjections liquides et solides des chevaux, bestiaux, lapins, décomposé par la fermentation sous l'action de micro-organismes ( lisier, purin) . Fumier et compost. Fumier de cheval, de vache, de mouton. Fumier pailleux. Trou, fosse à fumier. Épandre du fumier sur un champ. 2. fumer. Tas de fumier. Allus. bibl. Job sur son fumier.
2Fig. Ce qui est sale, corrompu, répugnant. « Les plus hautes fleurs de la civilisation humaine ont poussé sur le fumier de la misère » (Bernanos ).
Fam. (très injurieux) Homme méprisable. ordure, salaud. C'est un beau fumier !

fumier nom masculin (latin populaire femarium, de femus, fumier, du latin classique fimus) Mélange plus ou moins fermenté de litières et de déjections animales, utilisé comme amendement et comme engrais organiques. Populaire. Personne vile, méprisable ; ordure (terme d'injure). ● fumier (citations) nom masculin (latin populaire femarium, de femus, fumier, du latin classique fimus) Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Les bourgeois, par une vanité ridicule, font de leurs filles un fumier pour les terres des gens de qualité. Maximes et pensées Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Qu'est-ce que la France, je vous le demande ? Un coq sur un fumier. Otez le fumier, le coq meurt. La Difficulté d'être Éditions du Rocher abbé Jacques Delille Clermont-Ferrand 1738-Paris 1813 Académie française, 1774 Le pré qui donne aux bœufs sa riante verdure, D'une grasse litière attend la fange impure, Et des sels du fumier se forment en secret Le parfum de la rose et le teint de l'œillet. Poème des Trois Règnes Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde, Et comme du fumier regarde tout le monde. Le Tartuffe, I, V, Orgon Edmond Rostand Marseille 1868-Paris 1918 Académie française, 1901 Si Job avait planté des fleurs sur son fumier, Il aurait eu les fleurs les plus belles du monde ! Les Musardises Lemerrefumier (expressions) nom masculin (latin populaire femarium, de femus, fumier, du latin classique fimus) Trouver une perle dans du fumier, rencontrer, au milieu de choses ou de gens méprisables, quelqu'un, quelque chose de grande valeur.

fumier
n. m.
d1./d Mélange de la litière et des déjections des bestiaux qu'on laisse fermenter et qu'on utilise comme engrais.
d2./d Fig., Fam., inj. Homme vil, abject.

⇒FUMIER, subst. masc.
A.— Mélange de litières et d'excréments des animaux (d'étable ou d'écurie), décomposé par la fermentation sous l'action de micro-organismes, et utilisé comme engrais. Fumier de cheval, de mouton, de vache; tas de fumier; trou, fosse à fumier; sortir le fumier; épandre, répandre du fumier. Le père (...) cultiverait bien les terres en les amendant avec les fumiers que lui donneraient ses écuries (BALZAC, Lys, 1836, p. 134). Je vis une écurie ouverte (...) la litière n'était plus en paille, mais en fumier (RENARD, Journal, 1893, p. 176). La forte odeur ammoniacale du fumier (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 234).
P. méton. Amas, tas de fumier. Sur le fumier, un coq chantait (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 119). Ils [les gens] ne sont pas pauvres, comme on voit vite à leurs maisons et à la grosseur des fumiers (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 22).
Locutions figurées
(Être) comme Job sur son fumier. (Être) réduit à la misère et à la souffrance la plus extrême. Je ne me sens guère portée à vivre sur le fumier de Job, s'écria Laure en affectant de plaisanter. — Pas assez peut-être, mon enfant, répondit le vieillard (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 168).
(Hardi) comme un coq sur son fumier. Sûr de soi parce qu'on est chez soi. (Dict. XIXe et XXe s.).
P. ext. Excréments, déchets, détritus d'animaux ou de végétaux en putréfaction pouvant servir d'engrais. Sous les citronniers les fleurs pourries faisaient un fumier jaune (FLAUB., Salammbô, 1863, p. 149) :
1. La maraîchère avait un marché passé avec la compagnie chargée du nettoyage des Halles; elle emportait, deux fois par semaine, une charretée de feuilles, prises à la fourche dans les tas d'ordures qui encombrent le carreau. C'était un excellent fumier.
ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 798.
B.— Au fig.
1. Littéraire
a) Ce qui est sale, corrompu et qui inspire le dégoût, la répugnance. Clérambard. — Mon fils est un cornichon, mais c'est aussi un tombereau d'impureté. Mon fils est un tas de fumier. Comme moi, d'ailleurs. Comme sa mère (AYMÉ, Cléramb., 1950, p. 94).
Trouver une perle dans un fumier. Trouver parmi des personnes ou des choses grossières ou méprisables quelqu'un ou quelque chose de très beau, d'une grande valeur. En remuant son fumier [de Villon], on y trouve plus d'une perle enfouie. Lui aussi, au milieu du jargon de la canaille, il a des mets pour les plus délicats (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 13).
b) Misère ou déchéance matérielle ou morale. Grosse garce, cria Pierre, c'est comme ça que tu me remercies de t'avoir tirée du fumier! (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 69) :
2. Les deux femmes se lancèrent dans leurs souvenirs (...) elles avaient un brusque besoin de remuer cette boue de leur jeunesse; et c'était toujours quand il y avait là des hommes, comme si elles cédaient à une rage de leur imposer le fumier où elles avaient grandi.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1365.
2. Vulg. [Terme d'injure] Personne qui ne mérite que du mépris. Synon. ordure, salaud. On en est à se traiter de cafard, de saloperie volante, de con bénit, de fils de vache, de bâtard, de fumier de lapin et de républicain de mes fesses (AYMÉ, Jument, 1933, p. 101). Ah! petit fumier! tu me défies? petit maquereau! petite ordure! (CÉLINE Mort à crédit, 1936, p. 386).
Prononc. et Orth. :[fymje]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1160-74 femiers (WACE, Rou, éd. J. Holden, III, 4917). Du b. lat. femarium proprement « tas de fumier », dér. du b. lat. femus « fumier » (IVe s. ds TLL s.v. fimum, 765, 79), altération, sous l'infl. du class. stercus -oris, neutre « excrément, fiente, fumier », du class. fimus, masc. (quelquefois neutre, prob. sous la même infl. : 1re moitié IVe s., ibid. 766. 10); de femus neutre est issu de l'a. fr. fiens (XIIe s. ds T.-L.); pour femier devenu fumier, v. fumer. Fréq. abs. littér. :806. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 642, b) 1 436; XXe s. : a) 1 964, b) 927. Bbg. BAIST (G.). Zur Lautgeschichte-Labialisierung des nebentonigen vokalischen R. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 94. — CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 594 — GOHIN 1903, p. 375.

fumier [fymje] n. m.
ÉTYM. V. 1175; femier, v. 1170; du lat. pop. femarium « tas de fumier », de femus « fumier », var. de fimus ou fimum.
A
1 Mélange des litières (paille, fourrage, etc.) et des déjections liquides et solides des chevaux et bestiaux, décomposé par la fermentation sous l'action de micro-organismes, et utilisé comme engrais. || Fumier de cheval, de vache, de mouton, le fumier d'une écurie, d'une étable (cit. 3). || Fumier pailleux. || Fumier en tas sur une plate-forme. || Trou, fosse à fumier. || Arrosage du fumier avec le purin. || Soins à donner aux fumiers. || Le fumier, engrais organique. || Principes fertilisants du fumier (azote, chaux, magnésie, potasse, etc.). || Épandre du fumier sur un champ. 2. Fumer. || Couches de terre mêlée de fumier. Terreau. || Brouette de fumier, civière (cit.) à fumier.
1 (…) il n'avait pu amender certains champs comme il l'aurait voulu, seul le marnage était peu coûteux, et personne autre que lui ne s'en préoccupait. Même histoire pour les fumiers, on n'employait que le fumier de ferme, qui était insuffisant : tous ses voisins se moquaient, à le voir essayer des engrais chimiques, dont la mauvaise qualité, du reste, donnait souvent raison aux rieurs.
Zola, la Terre, II, IV.
Par métonymie. Amas de fumier. || Un fumier dans une cour de ferme. || Job sur son fumier. — ☑ Loc. fig. (1690). Être comme Job sur son fumier, au dernier degré de la misère. — ☑ (1872). Une perle dans un fumier.
2 Le long des bâtiments s'étendait un large fumier, de la buée s'en élevait, et, parmi les poules et les dindons, picoraient dessus cinq ou six paons (…)
Flaubert, Mme Bovary, I, II.
3 (…) on ne retrouve plus, logé dans une ruine et étendu sur un grabat, pareil au fumier de Job, qu'un moribond couvert de plaies et de poux.
M. Jouhandeau, Chaminadour, Contes brefs, VI.
2 (1690). Excréments, détritus animaux et végétaux, ordures en putréfaction, pouvant servir d'engrais.
4 Il n'est aucun guano comparable en fertilité au détritus d'une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche notre fumier est or. Que fait-on de cet or fumier ? on le balaye à l'abîmer (…)
Hugo, les Misérables, V, II, I (→ Engrais, cit. 3).
5 Mais sa continuelle doléance était le manque de fumier : ni le crottin ni les balayages des quelques lapins et des quelques poules qu'elle élevait, ne lui donnaient assez. Elle en était venue à se servir de tout ce que son vieux et elle faisaient, de cet engrais humain si méprisé, qui soulève le dégoût, même dans les campagnes.
Zola, la Terre, II, III.
B
1 Par compar. (→ ci-dessous cit. 6), métaphore (→ cit. 7, 8, 9 et 10). Ce qui est sale, corrompu, répugnant (→ Avide, cit. 9; fleurir, cit. 10 et 24).
6 Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde,
Et comme du fumier regarde tout le monde.
Molière, Tartuffe, I, 5.
7 Les bourgeois, par une vanité ridicule, font de leurs filles un fumier pour les terres des gens de qualité.
Chamfort, Maximes et pensées, III.
8 Toute fleur est d'abord fumier, et la nature
Commence par manger sa propre nourriture.
Hugo, l'Année terrible, Février, V.
9 (…) avocat de province, joli homme de chef-lieu, gardant un équilibre de finaud entre tous les partis extrêmes, sorte de jésuite républicain et de champignon libéral de nature douteuse, comme il en pousse par centaine sur le fumier populaire du suffrage universel.
Maupassant, Bel- Ami, II, II.
10 Les plus hautes fleurs de la civilisation humaine ont poussé sur les fumiers de la misère.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 206.
Fig. Situation misérable et répugnante. || Tirer qqn du fumier. Ordure, ruisseau.
2 Fam. (injurieux). Homme méprisable. Ordure, salaud. || C'est un beau fumier. || Salaud, fumier ! || Bande de fumiers !REM. Ne semble pas s'employer en parlant d'une femme.
11 Tu parles de fumiers, ces cuistots-là…
R. Dorgelès, les Croix de bois, V.
12 (…) la conviction qui commençait à se faire jour en eux que les grands capitaines de toutes les armées du monde sont certainement les plus beaux fumiers de la création (…)
G. Chevallier, Clochemerle, 1934, p. 345.
Adj. m. || Il est drôlement fumier. || Il est encore plus fumier que toi.
DÉR. (Du sens A., 1.) Fumière.

Encyclopédie Universelle. 2012.