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gémir

gémir [ ʒemir ] v. intr. <conjug. : 2>
• v. 1170; lat. gemere 1. geindre
1Exprimer une sensation intense, souffrance, plaisir, d'une voix plaintive et par des sons inarticulés. crier, 1. geindre, se lamenter, se plaindre. « À chaque pas elle s'arrêtait, gémissait, geignant » (Jouhandeau). Gémir de douleur, de plaisir. Voix qui gémit et pleure. Par ext. Manifester sa douleur, son infortune, par des plaintes. se plaindre, pleurer. « Gémir, pleurer, prier est également lâche » (Vigny).
2Faire entendre un cri, un chant plaintif. Le ramier gémit.
3(Choses) Émettre un son prolongé et plaintif. Le vent gémit dans les arbres. « La porte de fer gémissait » (Cocteau). « L'orchestre, en sourdine, grince, gémit, tremblote » (Loti).
4Fig. Éprouver des tourments; être accablé, opprimé. souffrir. Gémir sous l'oppression, la tyrannie. « Ceux qui cherchent en gémissant » (Pascal).
5Trans. Littér. Faire entendre en gémissant. Gémir une plainte. Elle gémit qu'elle a mal aux pieds.

gémir verbe intransitif (latin populaire gemire, du latin classique gemere, se plaindre) Exhaler sa peine, sa douleur, par des sons plaintifs, inarticulés, par des plaintes : Un malade qui gémit (de douleur). Littéraire. Faire entendre un cri, un son plaintif : Le vent gémit dans les arbres. Littéraire. Souffrir écrasé par une oppression, une torture, etc. : Gémir sous la tyrannie.gémir (citations) verbe intransitif (latin populaire gemire, du latin classique gemere, se plaindre) Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Je blâme également, et ceux qui prennent parti de louer l'homme, et ceux qui le prennent de le blâmer, et ceux qui le prennent de se divertir ; et je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant. Pensées, 421 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. Les Destinées, la Mort du loup gémir (synonymes) verbe intransitif (latin populaire gemire, du latin classique gemere, se plaindre) Exhaler sa peine, sa douleur, par des sons plaintifs, inarticulés...
Synonymes :
- crier
- geindre
- pleurer
- se lamenter
- se plaindre

gémir
v. intr.
d1./d Exprimer la douleur par des plaintes faibles et inarticulées. Blessé qui gémit.
|| Fig. Gémir sous le poids des malheurs. Gémir sur (de) son sort.
d2./d Donner de la voix, en parlant de certains oiseaux au cri plaintif. La colombe gémit.
d3./d Par ext. Produire un son comparable à un gémissement. Le vent gémit dans la cheminée.

⇒GÉMIR, verbe
I. — Emploi intrans.
A. — 1. Qqn gémit. Pousser un, des cri(s) étouffé(s) et plaintif(s) exprimant une douleur ou un malaise physique. On me mena coucher, et toute la nuit je ne fis que gémir et soupirer dans mon sommeil (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 299). Elle gémissait à petits coups, comme ça... Heu... heu... c'était de douleur, non, de l'essoufflement plutôt (BERNANOS, Crime, 1935, p. 779) :
1. Nous entendîmes soudain mon oncle s'agiter et gémir, sa respiration était oppressée et sifflante, on eût dit par moments un râle saccadé et plaintif. Je sautai du lit et m'approchai : son front, ses mains étaient brûlants.
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 336.
P. anal.
a) [Le suj. désigne un oiseau] Émettre un cri plaintif. La tourterelle, la colombe gémit. Le loriot siffle, le ramier gémit, l'hirondelle gazouille (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 170). Les oiseaux émettaient leurs cris, tandis que, faiblement, noirs dans le haut azur, des charognards gémissaient, en planant (MARAN, Batouala, 1925, p. 34).
b) [Le suj. désigne une chose] Émettre un son continu ou discontinu, assourdi et rappelant une plainte humaine. Les ressorts, les arbres gémissent. Le vent du soir gémit sous ces saules pleureurs (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p. 104). La poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi (SAINT-EXUP., Pt Prince, 1943, p. 482) :
2. « Enfin, à la mer. Là seulement on est un peu tranquille. » (...) c'est le bruit des lames qui tapent contre les tôles et les font vibrer. Les chaînes des ancres, dans le puits, se tassent peu à peu avec des heurts sourds, et le navire neuf s'étire, craque, gémit, les cloisons de bois se fendent, la peinture s'écaille.
PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 38.
Vieilli, loc. fig. Faire gémir la presse. Faire beaucoup imprimer. Il faut s'indépendantiser, et je n'ai que cet ignoble moyen-là : salir du papier et faire gémir la presse (BALZAC, Corresp., 1821, p. 112).
♦ [Le suj. désigne un instrument de mus., une production mus.] Retentir avec l'accent d'une plainte ou en évoquant une plainte humaine. Du matin au soir, retentit le tambour, gémit la flûte des sorciers jeteurs de sorts (LOTI, Maroc, 1889, p. 13). L'accompagnement gémit, le hautbois se lamente (PIRRO, J.-S. Bach, 1919, p. 112).
Au fig. Mais dans sa douce voix la plaine gémissait Et d'un regret profond l'accent se révélait (M. DE GUÉRIN, Poésies, 1839, p. 54). En prononçant ces deux mots d'une tristesse sans bornes, il semble qu'on entende gémir le grand cri de désolation de l'humanité à travers les âges et son sanglot infini que jamais rien n'apaise (BAINVILLE, Exilés, 1874, p. 3).
2. Rare. Qqn gémit de qqc. [Le compl. prép. désigne un affect] Pousser un, des cri(s) étouffé(s) exprimant un affect très intense. Gémir de plaisir, de volupté. Des rappels brutaux le faisaient se jeter hors de sa couche, gémir de fureur et de douleur, crier, blasphémer (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 475) :
3. ... pendant une représentation du Chapeau de paille d'Italie, j'écoutais les réflexions de deux vieilles dames assises derrière moi. (...) elles étaient fort enthousiastes et gémissaient de bonheur à presque toutes les répliques.
GREEN, Journal, 1939, p. 168.
B. — P. ext. [Avec une valeur dépréc.]
1. Qqn gémit. Se plaindre sans cesse. Synon. se lamenter. On est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et (...) on n'a plus qu'à crier, — pas à gémir, non, pas à se plaindre, — à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire (ANOUILH, Antig., 1946, p. 166) :
4. Zola (...) continue à gémir; et comme on lui dit qu'il n'a pas à se plaindre, qu'il a fait un assez beau chemin pour un homme qui n'a pas encore ses trente-cinq ans : « Eh bien, voulez-vous que je vous parle, là, du fond du cœur? » s'exclame Zola (...). Je ne serai jamais décoré, je ne serai jamais de l'Académie, je n'aurai jamais une de ces distinctions qui affirment mon talent. Près du public, je serai toujours un paria, oui, un paria! »
GONCOURT, Journal, 1875, p. 1033.
2. [Construit avec un compl. prép.] Se plaindre à propos de (quelque chose).
Gémir de qqc. Elle (...) gémissait du velours qu'elle n'avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 124). Vous gémissez du moindre malaise, et vous vous moquez de moi s'il m'arrive de me plaindre de quoi que ce soit (COCTEAU, Par. terr., 1938, I, 6, p. 214).
Gémir sur qqc. Le bon paysan ne gémit pas sur les chardons; il les coupe (ALAIN, Propos, 1913, p. 158). Je propose quelque chose pour sortir du marasme, au lieu de continuer à gémir sur ce marasme et sur l'ennui, l'inertie et la sottise de tout (ARTAUD, Théâtre et double, 1938, p. 100) :
5. Elle gémissait tout le jour sur le temps, les événements et les hommes : « On n'aurait rien à manger, si ça continuait comme ça. Il n'y avait presque plus de bon monde. Il n'y avait plus de saisons. Toujours trop d'eau, trop de sécheresse, trop de soleil et trop de vent. »
DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 104.
Gémir de ce que + prop. Il me rappela Kean lorsqu'il jouait cette scène de Shakespeare où Richard III gémit de ce qu'une sorcière a jeté un sort sur son bras (VIGNY, Journ. poète, 1842, p. 1167). Elle, si dure aux plus rudes souffrances, gémissait de ce qu'elle avait dû renifler, assurant que cela lui « plumait le nez », et qu'on ne savait plus où vivre (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 66).
C. — Vieilli, littér. [Sans valeur dépréc.]
1. Qqn gémit. Éprouver une douleur morale (présentée comme intense). Synon. souffrir. Tel mari semble heureux, qui dans le fond de l'ame, gémit (COLLIN D'HARL., Vieux célib., 1792, I, 8, p. 25). Il [le philanthrope] gémit en voyant que l'ouvrier, non-seulement ne prévoit pas la vieillesse, mais qu'il ne prévoit pas même les accidens, la maladie, les infirmités (SAY, Écon. pol., 1832, p. 377) :
6. ... les décrets de l'Assemblée Nationale seront anéantis, et il ne restera à la nation d'autre fruit de ses longs et pénibles efforts, de ses combats, de ses victoires, que la cruelle nécessité d'obéir en esclave, de gémir en silence, et d'être livrée à ses tyrans.
MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 114.
En partic. [Avec un compl. locatif fig.] Gémir sous le poids de qqc. Le peuple gémissait sous la triple tyrannie des rois, des chefs guerriers et des prêtres (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 95). La source unique de tous les maux dont nous cherchons le remède, c'est la servitude dans laquelle le catholicisme gémit (LAMENNAIS, L'Avenir, 1830-31, p. 223).
2. [Construit avec un compl. prép.] Ressentir avec douleur.
Gémir de qqc. L'homme moral, l'homme dont la raison est éclairée, gémit de la nécessité de vivre (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 164).
Gémir de + inf., de ce que + prop. Il faut que tu sois bien peu sensible à sa sublimité [de la vertu], pour ne pas gémir de la voir professer par des bouches aussi mensongeres! (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 171) :
7. ... Richard et Lusignan se précipitent à leur rencontre, Philippe-Auguste les suit; Bérengère gémit de ce que la dignité de son sexe et de son rang ne lui permet pas de les accompagner, et de savoir un moment plus tôt si elle va retrouver sa sœur.
COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 28.
II. — Emploi trans.
A. — [Le compl. d'obj. désigne une production langagière] Prononcer en se plaignant, d'une manière gémissante. L'une sort du matin et chante avec l'aurore, L'autre gémit le soir un triste et long adieu (LAMART., Harm., 1830, p. 359). On lui passa vivement une guitare, et il gémit une romance intitulée Le Frère de l'Albanaise (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 94) :
8. Il gémissait tout haut des bribes de phrases : « Gnia plus de respect! Plus de reconnaissance! À quoi bon se décarcasser. Toujours l'ingratitude... » Le paquet bouclé, tant bien que mal, il vint se placer dans l'ouverture de la porte et s'écria d'une voix larmoyante : — Mon cher monsieur, vous me direz quand même au revoir.
DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 95.
P. métaph. Une phrase plaintive (largo sostenuto), est gémie par les violoncelles (PROD'HOMME, Cycle Berlioz, 1896, p. 78).
Rem. On relève une attest. d'emploi pronom. passif. Ce qui se murmure ou se gémit dans les extrêmes de la passion (...), ce sont paroles qui ne se peuvent résoudre en idées claires (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 16).
B. — Rare. [Construit avec une prop. complétive] Dire en se plaignant, d'une manière gémissante. L'été il est là à gémir qu'il va mourir (GIONO, Regain, 1930, p. 229). Les femmes commencèrent à gémir qu'elles avaient mal aux pieds (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 62).
[Empl. pour introd. un discours direct ou en incise] La voix recommença à gémir : — Grâce! Sire! Je vous jure que c'est Monsieur le cardinal d'Angers qui a fait la trahison, et non pas moi (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 495). Je manque de courage, gémit-il. Je devrais te parler, mais je ne peux pas. J'ai peur de toi (GREEN, Moïra, 1950, p. 82).
Rem. 1. On relève dans la docum. a) Qq. emplois du sens class. Retentir, résonner. Sous les coups redoublés nos cuirasses gémissent; De nos casques d'airain mille flammes jaillissent (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 106). Écoutons la plage gémir, Le flot qui bat, le ciel qui tonne (SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, p. 53). b) Diverses constr. prép. ) [Prép. indiquant un but] Je ne forme plus (...) les images douces vers lesquelles j'aurais pu gémir. Le soleil a séché en moi la source des larmes (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 240). Nos deux peuples cherchent passionnément à se rejoindre, gémissent après la paix (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 393). ) [Prép. contre] S'il y avait autant de générosité et de noblesse au monde que de bouches pour gémir contre l'égoïsme et la dépravation! (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 502). c) Un emploi subst. masc. de gémir. Je pensais (...) de temps en temps à ce gémir de marmouset qu'il m'avait semblé entendre de nuit (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 106). 2. Les accept. I A et I B supra sont proches des accept. I A et I B de geindre. V. ce mot et la rem. en fin d'article.
Prononc. et Orth. : [], (il) gémit [zemi]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1170 « exprimer sa peine d'une voix plaintive » (Vie d'Edouard le Confesseur, 1792 ds DEAF, s. v. gemir, 453, 22). Empr. au lat. class. gemere « gémir, se plaindre; déplorer » (d'où l'a. fr. giembre, v. geindre) avec changement de conjugaison. Fréq. abs. littér. : 2 184. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 562, b) 2 356; XXe s. : a) 3 590, b) 2 823.
DÉR. Gémisseur, -euse, adj. et subst. (Celui, celle) qui gémit, se plaint sans cesse. Des estropiés, des gémisseurs, des crieurs (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 303). Adj. Qui se manifeste par des gémissements. L'adjointe s'approcha des bancs, harcelée par ce mot crié sur tous les tons, archi-aigus, gémisseurs, rageurs : — Madame! Madame! (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 19). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1464 (J. LAGADEUC, Catholicon, éd. Auffret de Quoetqueueran, Bibl. de Quimper ds GDF. : gémisseur, gemosus), ex. isolé; 1775-76 (RESTIF DE LA BRETONNE, Paysan perverti d'apr. S. MERCIER, Néol., t. 1, 1801, p. 295 : ceux qui prennent le rôle de gémisseur sur les abus), rare, devenu terme de méd. au XIXe s. (délire des gémisseurs, LITTRÉ); du part. prés. de gémir, suff. -eur2.

gémir [ʒemiʀ] v.
ÉTYM. V. 1170; du lat. gemere. → Geindre.
———
I V. intr.
1 Exprimer un sentiment intense, spécialt, sa souffrance, d'une voix plaintive et par des sons inarticulés. Crier, geindre, lamenter (se), plaindre (se); gémissement. || Blessés gémissant sur un champ de bataille, sur des lits d'hôpitaux (→ Concerté, cit. 2). || Mère qui gémit devant le cadavre de son enfant. || Voix qui gémit et pleure. || Gémir plaintivement, lamentablement. || Gémir faiblement, doucement.Gémir de douleur, de plaisir.
1 Le mulet, en se défendant, Se sent percer de coups : il gémit, il soupire (…)
La Fontaine, Fables, I, 4.
2 À chaque pas, elle s'arrêtait, gémissant, geignant.
M. Jouhandeau, Chaminadour, VII, La grande Sophie, I.
3 Dans sa chambre, la Slaoui se roulait sur son lit et se mordait les poings. Tantôt, elle gémissait et se lamentait à la mode arabe, tantôt elle se frappait la poitrine et lacérait ses vêtements.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVIII.
4 (Le malade) dont les exclamations n'avaient pas cessé, à l'autre bout de la pièce, précipita le rythme de sa plainte jusqu'à en faire, lui aussi, un vrai cri, pendant que les autres gémissaient de plus en plus fort.
Camus, la Peste, p. 236.
Manifester sa douleur, son infortune par des plaintes. Plaindre (se), pleurer. || Il est tout le temps en train de gémir. || Gémir pour attirer la pitié. || Gémir sur un cercueil.
5 Gémir, pleurer, prier est également lâche (…)
A. de Vigny, les Destinées, « Mort du loup », III (→ Énergiquement, cit.).
6 M. Lheureux revint à la charge, et, tour à tour menaçant et gémissant, manœuvra de telle façon que Bovary finit par souscrire un billet à six mois d'échéance.
Flaubert, Mme Bovary, II, XIV.
7 Les femmes gémissaient, dit-il, mais sous prétexte de gémir sur Patrocle, c'était sur son propre malheur que chacune pleurait.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, I, p. 29.
Gémir de qqch., à cause de qqch. || Gémir de ce que… (et proposition).
2 (V. 1530, Marot; en parlant de certains oiseaux). Faire entendre un cri, un chant plaintif. || La colombe (cit. 3), le ramier, la tourterelle gémissent.
3 Par ext. (Sujet n. de chose). a Émettre un son, une sorte de murmure prolongé et plaintif. || Le vent gémit dans les arbres (→ 1. Bise, cit. 4). || Le vent fait gémir les agrès (cit. 1), les troncs d'arbres (→ Fier, cit. 6), les toitures (→ Bouleverser, cit. 20). || Coques de navire qui se heurtent et gémissent (→ Amarrer, cit. 4). || Porte qui gémit, grince quand on l'ouvre.
8 Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé (…)
Lamartine, Premières méditations, « Le lac » (→ Embaumer, cit. 4).
9 Laissons le vent gémir et le flot murmurer.
Lamartine, Harmonies, « Le premier regret ».
10 Une grande tempête faisait trembler les mansardes et gémir les clochers (…)
Baudelaire, la Fanfarlo, p. 390.
11 L'orchestre, en sourdine, grince, gémit, tremblote (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XXXIV.
12 (…) de vieilles guimbardes de wagons qui s'arrêtent toutes les dix minutes, avec une secousse dont gémissent les freins, et les reins (…)
Colette, Belles saisons, p. 163.
13 La porte de fer gémissait (…)
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 18.
Gémir en s'affaissant sous le poids de quelque chose. || Ressorts, coussins qui s'affaissent en gémissant.
14 Et son corps, ramassé dans sa courte grosseur,
Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur (…)
Boileau, le Lutrin, I.
Loc. (Av. 1816). Faire gémir la presse : faire beaucoup imprimer (→ Application, cit. 4, Balzac).
b Vx (langue class.). Gronder, résonner. || « Les coups des terribles marteaux (…) faisaient gémir les profondes cavernes… » (Fénelon). → Enclume, cit. 2.
15 La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde (…)
Voltaire, la Henriade, VIII.
4 (1660, Corneille; sujet n. de personne). Éprouver des tourments; être accablé, opprimé. Souffrir (→ Enchaîner, cit. 5; fléau, cit. 3). || Gémir de son sort. || Gémir sous l'oppression, la tyrannie (→ Courber, cit. 15). || Gémir sous le poids, sous le faix des ans (→ Courber, cit. 25). || Vieux cheval gémissant au timon d'un fiacre. Peiner (→ Étalon, cit. 1, Buffon) || « Ceux qui cherchent (cit. 9) en gémissant » (Pascal).
16 Tous les grands peuples, écrasés par leurs propres masses, gémissent, ou comme vous dans l'anarchie, ou sous les oppresseurs subalternes (…)
Rousseau, Considérations sur le gouvern. de Pologne, V.
17 Je gémis, opprimée, et ton fils est esclave !
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Les Érinnyes », II, II.
18 Là, Balzac traverse sa crise, qui donne un accent dramatique à cette partie des Lettres à l'Étrangère, où on le voit, gémissant, harassé d'écrire, épuisé, s'avouant vaincu et près de déserter sa tâche héroïque.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 348.
———
II V. tr.
1 (V. 1540; « déplorer », v. 1220). Littér., rare. Faire entendre en gémissant. || Gémir une plainte.
19 L'oreille n'entend rien qu'une vague plaintive (…) Ou la voix des zéphirs, Ou les sons cadencés que gémit Philomèle (le rossignol).
Lamartine, Nouvelles méditations, « Chant d'amour ».
2 Dire en gémissant.En incise : J'ai mal, gémit-il.Gémir que… || « Ces femmes commencèrent à gémir qu'elles avaient mal aux pieds » (R. Vailland, in T. L. F.).
20 Rouletabille ne laissait échapper aucun de ces mouvements, cependant que La Candeur gémissait dans son gilet :
Et dire que j'ignore encore ce que nous sommes venus faire ici ! (…) Je ne sais pas ce que tu manigances mais ils sont ici 300 000 ! Qu'est-ce que tu veux que nous fassions à deux contre 300 000 !
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 149.
DÉR. Gémissant, gémissement, gémisseur.

Encyclopédie Universelle. 2012.