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gentillesse

gentillesse [ ʒɑ̃tijɛs ] n. f.
XIIIe; gentillece v. 1265; jantillesce « noblesse » v. 1175; de 2. gentil
1Rare Charme de ce qui est joli, gentil (2o). grâce.
2Vx Chose spirituelle. « Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ? » (Molière). Iron. Trait méchant, injure. « les gentillesses qu'on a débitées sur mon compte » (Rousseau).
3(XIXe) Cour. Qualité de qqn qui a de la bonne grâce, de l'empressement à être agréable, serviable. amabilité, aménité, complaisance, obligeance. Auriez-vous la gentillesse de m'aider ? « Il poussait même la gentillesse jusqu'à faire la conversation avec la servante » ( Henriot). Il l'a fait par gentillesse. Recevoir qqn avec gentillesse, beaucoup de gentillesse. Il abuse de votre gentillesse. bienveillance, bonté, générosité, indulgence.
4Une, des gentillesses. Action, parole pleine de gentillesse. attention, prévenance. Je vous remercie de toutes les gentillesses que vous avez eues pour moi. Faire une gentillesse à qqn. Faites-moi la gentillesse d'accepter.
⊗ CONTR. Méchanceté; dureté, grossièreté.

gentillesse nom féminin Littéraire. Caractère de quelqu'un qui est gentil, agréable, gracieux : La gentillesse de son visage d'enfant. Caractère de quelqu'un qui est d'une complaisance attentive et aimable ; bonté : Il a été avec moi d'une grande gentillesse. Action, parole aimable, gentille (surtout pluriel) : Dire des gentillesses à un ami. Ironique. Insulte, action mauvaise, injure (surtout pluriel) : Adversaires qui échangent des gentillesses.gentillesse (citations) nom féminin François Mauriac Bordeaux 1885-Paris 1970 Académie française, 1933 Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison. Le Nœud de vipères Grasset Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ? Amphitryon, I, 1, Sosie gentillesse (expressions) nom féminin Avoir la gentillesse de, accepter de faire quelque chose, par complaisance, amabilité. Faites-moi la gentillesse de, formule de politesse pour demander à quelqu'un de bien vouloir accéder à une demande. ● gentillesse (synonymes) nom féminin Caractère de quelqu'un qui est d'une complaisance attentive et aimable ;...
Synonymes :
- affabilité
- amabilité
- aménité
- bienveillance
- bonté
- complaisance
- délicatesse
- empressement
- obligeance
Contraires :
- dureté
- mauvaise grâce
- méchanceté
- rudesse
Action, parole aimable, gentille (surtout pluriel)
Synonymes :
- attentions
- compliment
- égards
- gracieuseté
- petits soins
- prévenance
Insulte, action mauvaise, injure (surtout pluriel)
Synonymes :
- méchanceté
- rosserie (familier)
- vilenie

gentillesse
n. f.
d1./d Qualité d'une personne gentille, obligeante.
d2./d Action, parole gentille. Faire, dire des gentillesses.

⇒GENTILLESSE, subst. fém.
A. — [Du point de vue perceptif, esthétique; correspond à gentil2 II A]
1. a) Vieilli. Caractère de ce qui est gracieux, charmant, agréable (à voir). Déjà le son de la voix, la gentillesse des manières avait produit leur effet (BALZAC, Employés, 1837, p. 194).
[En parlant du physique d'une pers.] Quand nous parlons de la « gentillesse » d'une femme, nous ne faisons peut-être que projeter hors de nous le plaisir que nous éprouvons à la voir (PROUST, Fugit., 1922, p. 496). Vous avez eu à treize ans une grâce, une gentillesse, une finesse, une intelligence que vous n'avez jamais retrouvées depuis (MONTHERL., Reine morte, 1942, I, 1er tabl., 3, p. 143) :
1. Elle avait d'ailleurs commencé par montrer une petite figure de chat très drôle; impossible de savoir ce qui sortirait de son minois trop fin, impossible de deviner si elle serait vilaine ou jolie; puis, bientôt, elle passa par une certaine gentillesse, et finit par devenir tout à fait mignonne et charmante sur ses huit ou dix ans.
LOTI, Rom. enf., 1890, p. 152.
[En parlant d'une partie du corps] Tout occupé à regarder les femmes sortir de l'eau, un petit pied l'avait frappé par sa gentillesse et sa mignardise (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Enf., 1882, p. 680).
P. anal. [En parlant d'un animal] Chaque matin j'admire à neuf la gentillesse de mon sansonnet (GIDE, Journal, 1914, p. 435).
[En parlant d'un lieu] La beauté, l'amabilité, la saine gentillesse de cette vallée de la Meuse sous le soleil (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907, p. 124).
Dans le domaine des arts. Nous serions alors ramenés tout doucement près du berceau de l'art français, où tout est gentillesse et naïveté (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 66)
P. méton. Objet gracieux, agréable à voir. Grange avait tracé à nouveau le jardin, arrangé un colombier, une volière et autres gentillesses (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 187).
b) Au fig. Tournure d'esprit agréable, charmante. Gentillesse d'esprit. Aussi, beaucoup de gens affirmaient-ils la pureté de ses relations avec le baron, en objectant l'âge du conseiller d'État, à qui l'on prêtait un goût platonique pour la gentillesse d'esprit (BALZAC, Cous. Bette, 1847, p. 142).
2. Avec une nuance dépréciative; spéc. dans le domaine des arts, de la littérature. Forme maniérée, mais sans grande valeur. L'auteur (...) confondant les gentillesses du style avec la pensée proprement dite (AMIEL, Journal, 1866, p. 130) :
2. On nous apprend à aimer le beau, l'agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l'esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs...
SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 3, 1856, p. 67.
En partic. Œuvre d'art charmante, mais de peu de valeur. Le prix que les amateurs attachent aujourd'hui aux gentillesses gravées et coloriées du dernier siècle prouve qu'une réaction a eu lieu dans le sens où le public en avait besoin (BAUDEL., Curios. esthét., 1867, p. 325).
B. — [Du point de vue social, moral]
1. [Correspond à gentil2 II B 2]. Au sing. Qualité, comportement habituel, fait de délicatesse, de prévenance. Geste, mot de gentillesse; faire preuve de gentillesse; témoigner de la gentillesse à qqn. Je faisais un grand effort de gentillesse envers Solange (MAUROIS, Climats, 1928, p. 209). Carlo s'est approché de moi et avec la plus grande gentillesse s'est inquiété de me voir triste (GREEN, Journal, 1935, p. 24). C'est seulement dans sa famille que je pus apprécier la grâce de Bernardino, sa gentillesse avec ses frères, son obligeance envers chacun (GIDE, Feuillets automne, 1949, p. 1112).
Être d'une gentillesse... Être très gentil. Ah, pour ces choses-là, il est d'une gentillesse... (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 814).
Avoir la gentillesse de + inf. Popelin a eu la gentillesse de m'envoyer un livre, et moi la grossièreté de ne pas l'en remercier (FLAUB., Corresp., 1879, p. 241). Il a la gentillesse de ne point me garder rancune de mes retraits (GIDE, Journal, 1937, p. 1274). Que mon contradicteur ait la gentillesse d'éclairer un peu sa lanterne (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 425).
Pousser la gentillesse jusqu'à + inf. Il poussa la gentillesse jusqu'à prévenir Karl de mon arrivée (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 164). À ce début d'été, il poussa même la gentillesse jusqu'à me demander si la compagnie d'Elsa, sa maîtresse actuelle, ne m'ennuierait pas pendant les vacances (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 14).
Abuser de la gentillesse (de qqn). Vous êtes un garçon trop honnête, vous n'abuserez pas de ma gentillesse (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 130).
Par gentillesse pour (qqn). À chaque séjour que nous faisions à Uzès (...) par gentillesse je crois pour ma mère (GIDE, Si le grain, 1924, p. 377).
P. anal. [En parlant d'un animal] :
3. À mon époque des rapaces, j'avais un aigle des Pyrénées, c'est un oiseau qui ne se nourrit que de serpents. Les serpents coûtent cher, et comme je ne pouvais pas en barboter au Jardin des Plantes, j'achetais de la viande bon marché, je la découpais en lanières. Je les agitais devant l'aigle, et lui, — par gentillesse, — il faisait semblant de s'y tromper, et il les mangeait avec gloutonnerie.
MALRAUX, Espoir, 1937, p. 468.
[P. méton. du compl.] La gentillesse de ses lettres (MAUROIS, Climats, 1928, p. 121). Derrière le petit cadeau il sentait la gentillesse de la pensée qu'on avait eue (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 56).
2. [Correspond à gentil2 II B 1] Souvent au plur. Parole, action qui manifeste la prévenance, la bienveillance, le sentiment amical (de quelqu'un). Les gentillesses de Jacqueline étaient dangereuses pour un homme qui ne se méfiait point (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1117). Certes, une personne comme ma grand'tante, par exemple, eût été incapable, avec aucun de nous, de ces gentillesses que j'avais entendu Bergotte prodiguer à Swann (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 571). Capable de toutes les perfidies et de toutes les gentillesses (GIDE, Journal, 1927, p. 844).
Dire, envoyer, faire une (des) gentillesse(s). Quand vous écrirez à Mme Pasca, envoyez-lui de ma part un tas de gentillesses (FLAUB., Corresp., 1872, p. 66). À tout hasard je multipliais les gentillesses que je pouvais lui faire (PROUST, Prisonn., 1922, p. 394). Le feu du fanal mettait son reflet dans l'eau, qui est sa sœur, pour lui faire une gentillesse (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 572). Vous comprenez, c'est pour vous dire une gentillesse, elle vous dit de vous soigner (AYMÉ, Jument, 1933, p. 99).
Par antiphrase, pop. Se dire des gentillesses. S'injurier.
Avoir des gentillesses (pour qqn). Elle eut pour tous ses enfants des paroles tendres, des gentillesses, de ces douces gâteries de mère qui dilatent les petits cœurs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1154). Je ne suis là que pour (...) les remercier de toutes les gentillesses qu'elles ont eues à mon égard (MONTHERL., Exil, 1929, II, 2, p. 49).
P. anal. [En parlant d'un animal] L'animal leva la tête vers son maître; puis, il grimpa sur lui, escalada ses épaules et, après mille caresses et mille gentillesses, se roula autour du cou du capitaine, comme un foulard (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 91).
Par antiphrase. Mauvais traitement. Si Versailles ne se dépêche pas, nous verrons la rage de la défaite se tourner en massacres, fusillades et autres gentillesses de ces doux amis de l'humanité (GONCOURT, Journal, 1871, p. 758). J'avoue que (...) j'ai en horreur cette honteuse parodie de l'amour, la prostitution, la traite des blanches et autres gentillesses de même ordre (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 231) :
4. Depuis un an (...) vous l'avez accusé de je ne sais combien de gentillesses qui vont de la simple escroquerie à la tentative de meurtre sur votre précieuse personne ou celle de votre mari, accusations ridicules et qui s'effondrent au premier témoignage entendu.
BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1403.
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1176 « noblesse de naissance » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 200); 1176-81 « noblesse de l'âme, des sentiments » (ID., Ch. au Lion, éd. M. Roques, 4078); 2. 1578 « acte, manière empreinte de grâce, de délicatesse » (H. ESTIENNE, Nouv. lang. fr. ital., p. 172 ds GDF. Compl.; cf. id., I, 238 ds HUG. où H. Estienne attribue l'évolution sém. à l'infl. ital.); 3. 1611 plur. « petits tours divertissants; bagatelles » (COTGR.); 1re moitié XVIIe s. « trait d'esprit agréable » (VOITURE, Lett., I ds LITTRÉ). Dér. de gentil2; suff. -esse; cf. le synon. a. fr. gentelise, gentilise (2e moitié XIIe s. ds T.-L.), suff. -ise, forme collatérale de -esse. Fréq. abs. littér. : 681. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 443, b) 754; XXe s. : a) 742, b) 1 667. Bbg. DUCH. Beauté. 1960, pp. 164-165. - VENCK. 1975, p. 267; pp. 278-279, 289-290.

gentillesse [ʒɑ̃tijɛs] n. f.
ÉTYM. XIIIe; gentillece, v. 1265; jantillesce, v. 1175 « noblesse »; de 2. gentil.
1 Vx ou archaïsme (médiéval). Noblesse.
2 Rare. Charme de ce qui est joli, gentil. || La gentillesse d'un petit enfant, d'un oiseau. Grâce, joliesse.
1 L'écureuil est un joli petit animal qui n'est qu'à demi sauvage, et qui, par sa gentillesse, par sa docilité, par l'innocence même de ses mœurs, mériterait d'être épargné (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, L'écureuil, Œ., t. II, p. 602.
Littér. Manières douces qui attirent la sympathie, l'indulgence. || Elle m'a demandé son pardon avec une telle gentillesse que je n'ai pas pu le lui refuser (→ Folâtrerie, cit. 2).
Vieilli. Agrément, charmes (d'une femme).
2 Ces messieurs me reprochaient mon indifférence pour le plus piquant de tous (les amusements de Venise), vantant la gentillesse des courtisanes vénitiennes, et disant qu'il n'y en avait point au monde qui les valussent.
Rousseau, les Confessions, VII.
3 a Vx. (Une, des gentillesses). Chose spirituelle, habile. || « Il a fait mille gentillesses devant nous. Il a dressé son chien à mille gentillesses » (Académie). || Dire des gentillesses. Finesse.REM. Dès 1680, Richelet notait à propos de gentillesse : « Ce mot, pour dire Jolies choses d'esprit, est un peu vieux, et il commence à n'être plus en usage ».
3 Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ?
Molière, Amphitryon, I, 1.
b (1687). Iron. Traits méchants, injures, mauvais traitements. || Toutes les gentillesses qu'on a débitées sur mon compte (→ Coureur, cit. 9, Rousseau). || Ces gentillesses que l'homme a inventées pour torturer ses semblables (→ Écorcher, cit. 2).
4 Cour. (Après 1850). Qualité d'une personne qui a de la bonne grâce, de l'empressement à être agréable à autrui (par marques de sympathie ou d'affection, des attentions délicates, des prévenances, etc.), le souci de lui épargner de la peine, du désagrément, de la contrariété. Amabilité, aménité, complaisance, délicatesse, douceur, grâce (bonne), obligeance. || Il est d'une extrême gentillesse. || Plaire par sa gentillesse.Avoir la gentillesse de… (et inf.). || Auriez-vous la gentillesse de m'aider à porter ce paquet ? || Il a eu la gentillesse de m'aider.Recevoir quelqu'un avec beaucoup de gentillesse. || Accueil plein de gentillesse. || Je vous remercie de votre gentillesse. || Il compte (cit. 33) sur votre gentillesse pour se faire pardonner, il abuse de votre gentillesse. Bienveillance, bonté, générosité, indulgence.
4 (…) sa nature (…) n'était pas la gentillesse qu'on croyait d'abord d'après ses délicates attentions (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 229 (→ Foncièrement, cit.).
5 Il (Alphonse Daudet) se montrait indulgent — peut-être, avec un discret sourire — pour l'ignorance d'autrui. Au sommet du succès et de la gloire, il restait simple et agréablement camarade. Mais cette bonté n'était pas fade et se gardait d'être dupe. Cette gentillesse n'allait pas sans fougue (…)
Georges Lecomte, Ma traversée (→ 1. Aller, cit. 59).
6 Ces messieurs ont la gentillesse d'emmener Fernande avec eux lorsqu'ils vont en promenade.
J. Green, Léviathan, I, VIII.
7 Il poussait même la gentillesse jusqu'à faire la conversation avec la servante de la prisonnière (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 135.
5 (1578). (Une, des gentillesses). Action, parole pleine de gentillesse. Attention, prévenance. || De sa part, c'était une gentillesse. || Il voulait me faire une gentillesse. || Je vous remercie de toutes les gentillesses que vous avez eues pour moi. || Il la comble de gentillesses. || Faites-moi la gentillesse d'accepter.
7.1 Vous êtes gentil de vous rappeler cela, me dit-elle d'un air tendre, car les femmes appellent gentillesse se souvenir de leur beauté comme les artistes admirer leurs œuvres.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1011.
8 La façon rogue, malgracieuse, dont il repousse, en son orgueil, la moindre gentillesse, la moindre attention, est véritablement d'un malotru.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 188.
CONTR. Grossièreté, rudesse. — Dureté, méchanceté.

Encyclopédie Universelle. 2012.