glorifier [ glɔrifje ] v. tr. <conjug. : 7>
• déb. XIIe; lat. ecclés. glorificare
1 ♦ Honorer (qqn, qqch.) en proclamant ses mérites, sa gloire. ⇒ célébrer, exalter, 1. louer, magnifier. On l'a glorifié à l'égal d'un dieu. ⇒ déifier, diviniser. Glorifier une victoire, une révolution. « une pensée qui prône l'effort, qui glorifie l'effort » (Duhamel). ⇒ vanter. Poème qui glorifie les actions, les hauts faits de qqn. ⇒ chanter.
♢ SE GLORIFIER v. pron. réfl. Se faire gloire, tirer gloire de. ⇒ s'enorgueillir; se flatter, se louer, se vanter. Se glorifier de ses exploits.
⊗ CONTR. Avilir, déshonorer, humilier, rabaisser.
● glorifier verbe transitif (latin ecclésiastique glorificare, de gloria, gloire) Honorer quelqu'un en proclamant sa gloire ; célébrer : Glorifier ceux qui sont morts pour la patrie. Célébrer une action ; vanter, magnifier : Glorifier un exploit. ● glorifier (expressions) verbe transitif (latin ecclésiastique glorificare, de gloria, gloire) Glorifier Dieu, lui rendre gloire, le louer. ● glorifier (synonymes) verbe transitif (latin ecclésiastique glorificare, de gloria, gloire) Honorer quelqu'un en proclamant sa gloire ; célébrer
Synonymes :
- célébrer
- chanter
- exalter
- louanger
- vanter
Contraires :
- abaisser
- dénigrer
- diminuer
- écraser
- flétrir
- humilier
glorifier
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rendre gloire à, honorer, célébrer. Glorifier les grands hommes, les belles actions. Ant. flétrir.
d2./d RELIG Appeler à partager la béatitude céleste.
rII./r v. Pron. Se faire gloire de, tirer vanité de. Se glorifier de ses richesses.
⇒GLORIFIER, verbe trans.
A. — Emploi trans.
1. [Correspond à gloire I]
a) [Le suj. désigne une pers.] Proclamer la gloire (de quelqu'un) en louant ses mérites; célébrer avec éclat (un événement, une action particulièrement remarquable). Synon. louanger. Il termina par une péroraison émue où il remerciait et glorifiait le gouvernement libéral et juste, qui sait chercher le mérite parmi les humbles (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 326). Pour glorifier celle qui sauva la France (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913, p. 101). Après avoir glorifié l'action et les sacrifices de la résistance, j'invoquai la flamme du renouveau qui l'inspirait dans son combat (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 126).
— P. ext. Marquer une approbation chaleureuse à (quelqu'un). Les tribunes se mêlaient à la discussion, applaudissaient et glorifiaient, sifflaient et huaient les orateurs (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 230).
b) [Le suj. désigne une production de l'activité, de l'esprit hum.] Perpétuer la gloire d'une personne, transmettre à la postérité (un événement glorieux). Synon. célébrer. La statue qui glorifierait le haut baron de la nouvelle féodalité (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 434).
2. Littér. [Correspond à gloire III; le compl. désigne une réalité concr.] Mettre en valeur, rehausser d'un éclat particulier. La puissante lumière de l'été s'empare (...) du moindre objet, l'exhume, le glorifie ou le dissout (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 36).
3. [Correspond à gloire IV A]
a) [Le suj. désigne une pers.] Rendre gloire à (Dieu). Qu'elle [une œuvre de L. Bloy « Le salut par les juifs »] soit donc uniquement pour glorifier Dieu (BLOY, Journal, 1895, p. 212). Je Vous loue, je Vous bénis, je Vous glorifie, je Vous aime, je Vous rends grâce, Seigneur, non pas à cause de moi, mais à cause de Vous-même! (CLAUDEL, Messe là-bas, 1919, p. 489) :
• 1. ... l'homme ne naquit que pour la prière : glorifier Dieu ou l'implorer, ce fut sa seule mission ici-bas (...) mais le cri de gloire, d'admiration ou d'amour qu'il élève vers son créateur, en passant sur la terre, ne périt pas...
LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 55.
— P. ext. [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Exalter par de grandes louanges. Synon. magnifier. Ce prix [de l'Académie des sciences morales et politiques] (...) avait sans aucun doute en vue de glorifier le progrès (DELACROIX, Journal, 1854, p. 233). Si l'une [Béatrice] glorifie trop l'amour et le vaporise, l'autre [madame de Warens] le vulgarise un peu trop fréquemment (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t. 5, 1846-69, p. 387). Dans ces deux solennités vous glorifierez un même idéal, la civilisation française (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 168).
b) [Le suj. désigne Dieu] Élever à la gloire éternelle. Dieu glorifie les Saints (Ac.).
B. — Emploi pronom. [Correspond à gloire II]
1. Se glorifier de (qqc., qqn). Se faire gloire de quelque chose, tirer une légitime fierté de (quelque chose, de quelqu'un). Je suis la simplicité même, et je m'en glorifie (BALZAC, Corresp., 1822, p. 169). C'est un homme pauvre, qui se glorifie de sa pauvreté (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 50) :
• 2. ... moi, que tu hais, je me glorifie de toi, mauvais garçon, parce que tu rends témoignage à mon génie et que tu me fais honneur.
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 147.
— Se glorifier dans/en (qqc., qqn). Mettre son honneur dans/en quelque chose, quelqu'un. Il se glorifia dans sa résignation; il essaya de mépriser la colère du malheureux qu'il venait de quitter (SAND, Lélia, 1833, p. 299). La mère jouit de ce qu'il [son fils] est et de ce qu'il sera. Elle aime et se glorifie en lui (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 56). Dieu se glorifie dans ses saints, ses héros et ses martyrs. Il se glorifie aussi dans ses pauvres (BERNANOS, Dialog. ombres, 1928, 2e tabl., 8, p. 1601).
2. P. ext., péj. Se glorifier de (qqc., qqn). Tirer vanité de. Il n'y a que des niais qui puissent aimer à (...) se glorifier d'un cheval ou d'une voiture (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 390).
— Absol. Se vanter. Il aimait tant se glorifier qu'il était bien capable d'inventer des choses pareilles! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Masque, 1889, p. 1165). Il ne faut pas être si fier que ça. Il ne faut pas se glorifier (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 111). Enorgueillissez-vous de votre aptitude croissante à la perfection, glorifiez-vous, marchez en chantant vos louanges, jusqu'à ce que vous fassiez la culbute (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 541).
REM. 1. Glorifiant, -ante, adj., littér. Qui glorifie. De glorifiantes et laudatrices Lyres Chantèrent par delà les arbres de la plaine (RÉGNIER, Poèmes anc., 1890, p. 64). 2. Glorifié, -ée, adj. et subst. a) (Personnes) qui est l'objet de grandes louanges. Les Grecs (...) n'ont gravé sur le piédestal d'aucune de leurs statues d'athlètes les performances du bel humain glorifié (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 259). Et pourtant les illustres (...) les perpétués, les glorifiés (...) crurent eux-aussi [sic] dans leur mission (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 270). b) Relig. (Personne) qui jouit de la gloire éternelle. Dans le regard des martyrs brillait le reflet d'une âme aujourd'hui glorifiée (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 433). Saint Paul dit qu'il y aura, dans l'ordre ascendant, des prédestinés, des appelés, des justifiés, des glorifiés (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 210). 3. Glorifieur, adj. Hapax. Donnez-leur le silence et l'amour du mystère, O Dieu glorifieur du bienfait en secret (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 235). 4. Glorifiable, adj. Qui est digne d'être glorifié. (Ds LITTRÉ et ROB.).
Prononc. et Orth. : [], (il) glorifie []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. « proclamer la gloire de » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 24); 2. ca 1155 réfl. « se vanter de, tirer gloire de quelque chose » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12407); 3. ca 1170 « appeler à partager la gloire céleste » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, II, 30). Empr. au lat. chrét. glorificare (de gloria « gloire » et facere « faire ») « glorifier (Dieu); exalter, louer (Dieu ou une personne) ». Fréq. abs. littér. : 562. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 737, b) 713; XXe s. : a) 1 074, b) 730. Bbg. QUEM. DDL t. 6, 15 (s.v. glorifiant).
glorifier [glɔʀifje] v. tr.
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1 Honorer (qqn, qqch.) en proclamant les mérites, la gloire. ⇒ Gloire (rendre); célébrer, exalter, honorer, louanger, louer, magnifier. || Glorifier les héros, les morts de la guerre. || Glorifier la mémoire d'un grand homme. || On l'a glorifié à l'égal d'un dieu. ⇒ Adorer, apothéoser (vx), déifier, diviniser, élever. || Glorifier un chef politique par le culte de la personnalité. || Glorifier le corps humain (→ Étaler, cit. 47). || Glorifier une victoire, une révolution (→ Esprit, cit. 179). || Glorifier une vertu. ⇒ Vanter. || Poème qui glorifie les actions, les hauts faits de qqn. ⇒ Chanter.
1 Je suis si glorifiée en ce monde pour quelques bonnes intentions que je tiens de Dieu, que j'ai sujet de craindre d'être humiliée et confondue dans l'autre.
2 Ce qu'il disait là, ce n'était point par esprit chagrin, ni en qualité de vieillard qui dénigre le présent et se plaît à glorifier le passé (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 3 juin 1850, t. II, p. 166.
3 Ravissant; c'est un mot que je voudrais réinventer à neuf pour glorifier l'azur de cette matinée splendide.
Gide, Journal, 23 août 1923.
4 Anne inspecta d'un bref regard les tables, les murs où des chromos sans verres glorifiaient les prouesses de l'amiral Courbet (…)
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, p. 139.
5 Inconcevables contradictions d'une pensée qui prône l'effort, qui glorifie l'effort et songe à le supprimer.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XV.
2 Rendre gloire à (Dieu). ⇒ Louer; bénir (II.). → Artifice, cit. 1. || Glorifier Dieu, le nom de Dieu par ses prières, par une vie pieuse.
6 Veut-il par mon trépas que je le glorifie !
Racine, Esther, II, 8.
7 (…) ceux qui ont connu Dieu sans connaître leur misère ne l'ont pas glorifié, mais s'en sont glorifiés.
Pascal, Pensées, VII, 547.
8 Le monde entier te glorifie;
L'oiseau te chante sur son nid;Et pour une goutte de pluie
Des milliers d'êtres t'ont béni.
A. de Musset, l'Espoir en Dieu.
9 Comme ils fuyaient la gloire et cherchaient les supplices,
Les supplices enfin les ont glorifiés.
Corneille, Imitation de J.-C., I, 18.
10 (…) il viendra pour venger les humbles, en glorifiant dans leurs personnes l'humilité (…)
Bourdaloue, Sur le jugement dernier, Serm. 1er dim. avent.
4 (1928, Colette). Littér. (Sujet n. de chose). Rendre plus beau, glorieux (5). || La lumière glorifie les objets (→ Emparer, cit. 16, Colette).
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se glorifier v. pron.
ÉTYM. (V. 1155).
♦ Se faire gloire, tirer gloire de… ⇒ Applaudir (cit. 17), enorgueillir (s'); flatter (se), louer (se), piquer (se), prévaloir (se), targuer (se), vanter (se). → Enfler, cit. 29; entonner, cit. 5; envelopper, cit. 12. || Se glorifier de son nom. || Il se glorifie de tout ce qu'il fait. || Il a tort de s'en glorifier. || Ce pays se glorifie de son histoire, de ses grands hommes.
11 Orgueil, contrepesant toutes les misères : ou il cache ses misères; ou, s'il les découvre, il se glorifie de les connaître.
Pascal, Pensées, VI, 405.
12 Le même siècle qui se glorifie aujourd'hui d'avoir produit Auguste, ne se glorifie guère moins d'avoir produit Horace et Virgile.
Racine, Disc. à l'Académie.
13 Non seulement nous n'avons rien à regretter. Mais nous n'avons rien, nous n'avons rien fait dont nous n'ayons à nous glorifier. Dont nous ne puissions, dont nous ne devions nous glorifier.
Ch. Péguy, la République…, p. 237.
♦ (En parlant de Dieu). → Appartenir, cit. 20, Bossuet.
♦ (1835). || Se glorifier dans… : mettre sa gloire, son honneur en qqn, en qqch. || « Dieu se glorifie dans ses saints. Un père se glorifie dans ses enfants » (Littré et Académie).
14 Molière prêtait son âme à Alceste ou à Clitandre, non à Scapin ni à Mascarille. Mais Beaumarchais donne la sienne à Figaro et se glorifie en lui.
J. Lemaître, Impressions de théâtre, Beaumarchais, p. 133.
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CONTR. Abaisser, avilir, confondre, dénigrer, déshonorer, écraser, flétrir, humilier, rabaisser. — Damner.
DÉR. Glorifiable, glorifiant.
Encyclopédie Universelle. 2012.