goberger (se) [ gɔbɛrʒe ] v. pron. <conjug. : 3> ♦ Fam. Prendre ses aises, bien se traiter, faire bombance. « tu vis là, chez moi, comme un chanoine, comme un coq en pâte, à te goberger » (Flaubert). Ils « se gobergeaient d'oursins » (Martin du Gard).
goberger (se) [gɔbɛʀʒe] v. pron. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1640, « se réjouir »; v. tr., XVe; du moy. franç. goberge « forfanterie » (déb. XIVe), de se gober « se vanter » (→ Gober et cf. les anc. gobe « orgueilleux », gobert « facétieux »); P. Guiraud suggère un composé de gobe « grosse gorge, jabot » (croisement de gobbo- et gobb- « enflé » → Gober et aussi gaber, jabot) avec dial. se berger « se bomber », d'où « bomber le jabot ».
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1 Ces « sentiments », par exemple, dont je me gobergeais et t'accablais, parlons-en. Encore une tare d'Européen, le sentiment. Cette traînée que laissent après eux une image, un visage, une rencontre et que nous appelons amour, haine, envie (…)
Régis Debray, l'Indésirable, p. 127.
2 (1648, Scarron). Prendre ses aises, se bien traiter, faire bombance (cit. 2). || Se goberger comme un coq (cit. 8) en pâte. ⇒ Prélasser (se). → Cantonner, cit. 1. || Domestiques qui se gobergent.
2 (Les avoués) se trouvent avoir gagné, en dormant dans leur lit, en se gobergeant à votre table, en se chauffant au coin du feu, cent, deux cents, trois cents, neuf cents francs (…)
Balzac, Code des gens honnêtes, in Œ. diverses, t. I, III, I, p. 135.
3 — Vous calomniez votre souverain, messire. — Je ne parle pas pour lui. Le pauvre homme, lui, c'est un bon gars. Ce seront ses baillis et les officiers de la cassette qui se gobergeront avec mes bons et beaux écus tournois d'or raffiné pur et sans alliage.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 58.
Encyclopédie Universelle. 2012.