gondole [ gɔ̃dɔl ] n. f.
• 1549; gondele XIIIe; vénitien gondola; du gr. byzant. kontoura, de kontouros « à courte queue »
1 ♦ Barque vénitienne à un seul aviron, longue et plate, aux extrémités relevées et recourbées. ⇒ péotte. « une gondole creva le rideau de la pluie [...] onze mètres de long, un mètre cinquante de large, bois noir verni, petit bouquet de fleurs artificielles piqué sur le pont avant » (Tournier). Faire une promenade en gondole, sur une gondole.
2 ♦ Comm. Meuble servant à présenter la marchandise dans un magasin à libre-service. Tête de gondole, son extrémité (emplacement le plus visible). Approvisionner une gondole (⇒ gondolier, 2o) .
● gondole nom féminin (italien gondola) Barque vénitienne aux extrémités très effilées, dont l'avant se relève par un large fer en forme de hache, et pilotée au moyen d'un seul aviron, à tribord arrière. Meuble à plateaux superposés, utilisé dans les magasins en libre-service pour la présentation des produits et disposé le plus souvent à l'entrée des rayons ou près des caisses pour stimuler la vente : Tête de gondole. ● gondole (expressions) nom féminin (italien gondola) Siège en gondole, siège dont le dossier se creuse en portion de cylindre et se raccorde en une ligne incurvée continue aux accotoirs ou à la ceinture. (Ce type connut son apogée sous la Restauration.) Tête de gondole, partie antérieure d'une gondole de libre-service, servant à la présentation en masse d'articles de consommation courante.
gondole
n. f.
d1./d Barque vénitienne longue et plate à un seul aviron.
d2./d Long meuble à rayons superposés, utilisé dans les magasins en libre-service pour présenter les marchandises.
⇒GONDOLE, subst. fém.
A. — Barque longue et plate en usage à Venise, caractérisée par la nette courbure de son axe longitudinal, à la proue et à la poupe relevées et recourbées, et mue au moyen d'un seul aviron bordé à tribord arrière. Promenade en gondole. Les fiacres de Paris, les cabs de Londres, les gondoles de Venise, les caïks du Bosphore, les pousses de Shangaï (...). La grosse voiture américaine aplatit toutes ces singularités charmantes, comme un fer à repasser (COCTEAU, Maalesh, 1949, p. 140) :
• 1. [À Venise] Les cercueils des particuliers sont conduits à ce lugubre bazar dans des gondoles particulières et suivis d'un prêtre dans une autre gondole. Comme les gondoles ressemblent à des bières, elles conviennent à la cérémonie.
CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 353.
B. — [P. anal. de forme]
1. AMEUBLEMENT
— Le plus souvent en appos. Chaise, fauteuil gondole. Siège très en vogue sous la Restauration qui tient à la fois de la bergère et du cabriolet, au dossier incurvé et aux accotoirs se terminant par une large involution (d'apr. FONV. 1974). Les vastes canapés voisinent à côté de chaises légères à dossier ajouré ou de fauteuils gondoles aux courbes enveloppantes (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 159).
— Meuble à rayonnage présentant deux faces d'exposition, conçu pour une meilleure présentation et un accroissement de la vente des produits en libre service :
• 2. Les Françaises qui « vont faire leurs courses, leur liste à la main » sont des ménagères sérieuses et il est difficile de les retenir vraiment quelque part avant qu'elles n'aient terminé leurs provisions. Tout au plus la disposition des gondoles (petits présentoirs verticaux...) peut-elle leur suggérer « qu'il faudra revenir voir ça tout à l'heure ».
D. PONS ds Le Sauvage, nov. 1973, p. 57, col. 3.
2. ORFÈVR., vx. Petit vase à boire long et étroit, sans pied ni anse. Quatre gondoles d'argent dans lesquelles on avait versé de quatre vins différents (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 603).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1246 gondele « petite barque attachée au service d'un navire » (Propos. des comm. de Fr. à la comm. de Gênes, Doc. hist., II, 62 ds GDF. Compl.), attest. isolée; 1382-84 gondre (Compte du clos des galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p. 50); b) 1549 gondole « petite embarcation » (RABELAIS, Sciomachie, éd. Marty-Laveaux, t. III, p. 395); 1558 spéc. gondolle « petit bateau à la proue recourbée en usage à Venise » (DU BELLAY, Regrets, 133, éd. J. Jolliffe et M. A. Screech, p. 208); 2. 1589 gondolle « vase à boire de forme oblongue, sans pied ni anse » (Invent. de Catherine de Médicis, éd. E. Bonnaffé, 92); 3. 1784 ameubl. (Ventre de la duchesse de Saint-Aignan, 8 août ds HAVARD (H.), Dict. de l'ameubl., Paris, Librairies-Imprimeries Réunies : bergères, gondoles, fauteuils à bois dorés). Empr. à l'ital. gondola « petite embarcation » (dep. 2e moitié XIIIe s., Fr. da Barberino ds BATT.), d'orig. vénitienne (lat. médiev. gondula attesté à Venise en 1098 ds VIDOS, p. 430), empr., par l'intermédiaire d'une forme condura (également attestée à Venise au XIIIe s., v. H. et R. Kahane ds Rom. Philol. t. 5, p. 176), au gr. byz. « id. » (dep. mil. Xe s., traité de Constantin, ibid., p. 175), subst. fém. tiré du b. gr. « à queue courte, raccourci », composé du gr. « petit » et « queue »; l'accentuation de la voyelle initiale du mot ital. s'explique peut-être par la confusion de la finale avec le suff. dimin. -ola. Les formes 1 a sont empr. au génois gondola (cf. texte lat. médiév. de Gênes de 1246, original de la trad. fr. citée supra, ds VIDOS, p. 430), gondora (cf. texte lat. médiév. de 1441, ibid.). V. H. et R. Kahane ds Rom. Philol. t. 5, pp. 174-177; BL.-W5; EWFS2. Fréq. abs. littér. : 234. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 617, b) 285; XXe s. : a) 190, b) 204. Bbg. HOPE 1971, p. 199. - KEMNA 1901, pp. 195-196. - PRIGNIEL (M.). Le Mot guindal. Amis Lex. fr. Ét. lexicogr. 1976, t. 3, n° 14/15, p. 12. - QUEM. DDL t. 16. - RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 433. - VIDOS 1939, pp. 431-434.
gondole [gɔ̃dɔl] n. f.
ÉTYM. 1558, gondolle; gondele, 1246, « petite barque », puis gondre, 1382, gondole, 1546; vénitien gondola, lat. médiéval gondula, de condura (XIIIe), grec byzantin kontoura, de kontouros « à courte queue », de kontos « petit », et oura « queue » (→ -oure).
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1 Barque vénitienne à un seul aviron longue et plate, aux extrémités relevées et recourbées, remarquable par la nette courbure de son axe longitudinal. ⇒ Péotte. || Les gondoles des canaux de Venise (→ Canal, cit. 3; fond, cit. 19). || Promenade en gondole (→ Fête, cit. 13).
1 On va sur le canal (de Versailles) dans des gondoles, on y trouve de la musique, on revient à dix heures, on trouve la comédie, minuit sonne, on fait médianoche (…)
Mme de Sévigné, 563, 29 juil. 1676.
2 À six heures du matin ils (les gondoliers) arrivent à leurs gondoles attachées, la proue à la terre, à des poteaux. Alors ils commencent à gratter et laver leurs barchette aux Traghetti (stations), comme des dragons étrillent, brossent et épongent leurs chevaux au piquet. La chatouilleuse cavale marine s'agite, se tourmente aux mouvements de son cavalier qui puise de l'eau dans un vase de bois, la répand sur les flancs et dans l'intérieur de la nacelle (…) Puis il frotte les avirons, éclaircit les cuivres et les glaces du petit château noir; il épouste (époussette) les coussins, les tapis, et fourbit le fer taillant de la proue. Le tout ne se fait pas sans quelques mots d'humeur ou de tendresse, adressés dans le joli dialecte vénitien, à la gondole quinteuse ou docile.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, VII, 7.
2 (1589). Archéol. Long récipient à boire sans pied ni anse.
3 (1784). || Gondole, ou, par appos., chaise gondole, qui a un dossier incurvé dont les bords rejoignent par une courbe très basse l'avant du siège. || Les chaises gondoles sont typiques du style Premier Empire.
4 (XXe). Comm. (par anal. de forme). Comptoir de vente dont la forme (base légèrement rentrée, extrémités relevées) peut évoquer celle d'une gondole. || Gondole compartimentée pour recevoir la marchandise. || La vendeuse (⇒ 2. Gondolier) se tient à l'extérieur de la gondole et à l'intérieur de la bergerie. — Tête de gondole, extrémité d'une gondole (emplacement le plus visible, le plus recherché). — Appos. || Les produits tête de gondole, susceptibles d'être le mieux vendus (car les plus visibles).
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DÉR. Gondoler; (du sens 4) 2. gondolier.
Encyclopédie Universelle. 2012.