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grotte

grotte [ grɔt ] n. f.
• 1537; grote XIIIe; it. grotta, lat. crypta crypte
Cavité naturelle de grande taille dans le rocher, le flanc d'une montagne, etc. antre, caverne; spéléo-. Les stalactites et stalagmites d'une grotte. Grottes préhistoriques, ayant servi d'abri aux hominiens. Grottes à ossements. Grottes à peinture. Grotte marine. Par ext. Grotte artificielle.

grotte nom féminin (italien grotta, du latin crypta, crypte) Excavation naturelle ou artificielle, ouverte à la surface du sol, développée essentiellement dans les régions karstiques, où elle résulte de la dissolution du calcaire. Dans un jardin, fabrique construite en rochers laissés au naturel ou en appareil rustique, souvent ornée de coquillages, de congélations, parfois agrémentée de jeux d'eaux. (Mode importée d'Italie en France au XVIe s.)

grotte
n. f. Excavation profonde, naturelle ou creusée par l'homme, dans la roche.

⇒GROTTE, subst. fém.
A. — 1. Caverne naturelle dans un rocher — quelquefois souterraine ou sous-marine —, ou qui est creusée de main d'homme, et sert parfois de lieu d'habitation. Synon. région. baume2. Grotte funéraire, préhistorique; grotte marine; grotte fraîche, obscure, profonde; grotte miraculeuse, de la Nativité; grotte de Fingal, de Lascaux. De nombreuses grottes antiques, creusées par la nature ou par la main des hommes, servirent de retraite aux solitaires (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 1). Les eaux d'infiltration, en arrivant à l'air abandonnent une partie du calcaire qu'elles tiennent en dissolution et le déposent sur les parois des grottes sous forme de stalactites et de stalagmites (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 13) :
1. Les millions de haches éclatées trouvées dans les cavernes (...), les fresques découvertes sur les parois des grottes représentent évidemment la production d'une très longue série de siècles (...). L'art des troglodytes n'est pas fait de tâtonnements obscurs, il se développe avec une logique et un accroissement d'intelligence qu'on devine et dont on peut embrasser les grandes lignes...
FAURE, Hist. art, 1909, p. 26.
P. métaph. La rime éveille, par le son et l'écho, les génies engourdis dans la grotte de la conscience, prisonniers de l'oubli ou de l'indifférence (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 12).
2. P. anal. Abri de verdure, formé d'arbres entrelacés. Les vignes sauvages, les bignonias, les coloquintes (...) s'élancent de l'érable au tulipier, du tulipier à l'alcée, en formant mille grottes, mille voûtes, mille portiques (CHATEAUB., Génie, t. 2, 1803, p. 175) :
2. J'aimais surtout à m'arrêter sous les marronniers immenses quand ils étaient jaunis par l'automne. Que d'heures j'ai passées dans ces grottes mystérieuses et verdâtres à regarder au-dessus de ma tête les murmurantes cascades d'or pâle qui y versaient la fraîcheur et l'obscurité!
PROUST, Plais. et jours, 1896, p. 234.
B. — ARTS DÉCORATIFS. Construction artificielle, en forme de grotte, faite de roches rapportées, ornée de coquilles, de fleurs, de jets d'eau, réalisée dans un parc, un jardin (ou en intérieur, souvent sous forme miniaturisée). Synon. rocaille, grotte rustique. Grotte de Médicis, de Meudon. Un filet d'eau minuscule s'égouttait d'une grotte en rocaille (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1343). En dehors de la grotte des Tuileries dont on possède quelques débris, rien ne peut lui être attribué [à Bernard Palissy] avec certitude (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 24) :
3. ... jusqu'aux grottes incrustées de coquillages, et où sommeillent des amours d'un autre siècle, tout, en ce domaine antique, a gardé sa physionomie des vieux âges...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Jadis, 1883, p. 597.
Représentation de la grotte de Lourdes dans une église ou un lieu de pèlerinage. Une église romane qu'on avait rafistolée comme on avait pu. Il y avait de belles statues de plâtre (...). La grotte de Lourdes fut longtemps ce qu'Armand imagina de plus beau sur la terre, avec sa Vierge au manteau bleu (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 54).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1280 grote (Doc. en fr. des Arch. angevines de Naples, II, 154 d'apr. R. ARVEILLER ds R. Ling. rom. t. 35, p. 217); début XIVe s. (Geste des Chiprois, éd. G. Raynaud, p. 189), attest. isolées dans des textes italianisants; 2. [1537 grotte (trad. du Courtisan de CASTIGLIONE d'apr. DAUZAT 1973 et Lar. Lang. fr.)] 1555 grotte (RONSARD, Meslanges ds Œuvres, éd. P. Laumonnier, t. 6, p. 179, 46). Empr. deux fois à l'ital. grotta, attesté au sens de « cavité naturelle » dep. 1300-13 (DANTE, Enfer, ds BATT.; déjà attesté au mil. XIIIe s. au sens d'« escarpement », Novellino, ibid.), du lat. crypta « grotte » (cf. crypte); a supplanté l'a. m. fr. cro(u)te « caverne », attesté de ca 1223 (G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir. 28, 460) à 1671 (POMEY), encore attesté dans les dial. (v. FEW, t. 2, p. 1384b) et directement issu de crypta. Fréq. abs. littér. : 1 236. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 775, b) 1 929; XXe s. : a) 1 470, b) 969. Bbg. Archit. 1972, p. 180. - DAUZAT (A.). Notes étymologiques... Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 310-318. - HOPE 1971, p. 201. - KOHLM. 1901, p. 47. - QUEM. DDL t. 1, 6. - VIDOS (B.E.). Contribution à l'ét. du lex. français... Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 133-142. - WIND 1928, p. 39, 43, 149.- WIS (M.). Zur ältesten Geschichte von Grotte. Neuphilol. Mitt. 1963, t. 64, pp. 129-143.

grotte [gʀɔt] n. f.
ÉTYM. 1537; attestation isolée, 1280, in Arveiller; ital. grotta, du lat. crypta, prononcé crupta (→ Crypte); a remplacé l'anc. franç. croute, crote. → Grotesque.
1 Excavation, cavité naturelle de grande taille dans le rocher, le flanc d'une montagne, etc. Antre, 2. baume, caverne (cit. 3); spéléo-. || Grotte naturelle. || Grotte profonde, obscure. || Roche, rocher, montagne creusée de grottes (→ Aiguille, cit. 16). || Grotte marine (→ Coquillage, cit. 1). || Les stalactites et stalagmites d'une grotte (→ Colonnette, cit. 1). || Grotte ornée de feuillages, de fleurs (cit. 5; → Barnache, cit. 1; émailler, cit. 1). || Grotte miraculeuse. || La grotte de Lourdes (→ Abside, cit. 2). || Se réfugier, chercher asile (cit. 31) dans une grotte (→ Aussitôt, cit. 8). || Grottes préhistoriques, ayant servi d'abri aux hominiens. || Grottes à ossements. || Grottes à peinture.Grotte artificielle, creusée et non construite (→ ci-dessous, 3.).
1 Remplissez l'air de cris en vos grottes profondes;
Pleurez, Nymphes de Vaux, faites croître vos ondes (…)
La Fontaine, Élégies pour Fouquet.
2 (…) cette grotte était taillée dans le roc, en voûte pleine de rocailles et de coquilles; elle était tapissée d'une jeune vigne qui étendait ses branches souples également de tous côtés.
Fénelon, Télémaque, I.
2.1 Il existe en quelques parties du globe de ces cavernes immenses, sortes de cryptes naturelles qui datent de son époque géologique. Les unes sont envahies par les eaux de la mer; d'autres contiennent des lacs entiers dans leurs flancs. Telle la grotte de Fingal, dans l'île de Staffa, l'une des Hébrides, telles les grottes de Morgat, sur la baie de Douarnenez, en Bretagne, les grottes de Bonifacio, en Corse, celles du Lyse-Fjord, en Norvège, telle l'immense caverne du Mammouth, dans le Kentucky, haute de cinq cents pieds et longue de plus de vingt milles ! En plusieurs points du globe, la nature a creusé ces cryptes et les a conservées à l'admiration de l'homme.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 793-794 (1874).
3 C'était une porte cintrée et creusée à même le roc. Elle donnait sur une grotte. Dans cette grotte on avait taillé des murs bien lisses, une voûte en berceau et au fond, une petite abside.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 25.
4 La grotte de Lourdes fut longtemps ce qu'Armand imagina de plus beau sur la terre, avec sa Vierge au manteau bleu.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, IX.
2 Abri de verdure. || Arbustes entrelacés (cit. 2) qui forment des grottes.Grotte de verdure.
3 Construction artificielle de rocaille, ornée de divers éléments (→ aussi ci-dessus, cit. 2). || Grotte incrustée de coquillages, dans un parc.Spécialt. Représentation de la grotte de Lourdes, dans une église.

Encyclopédie Universelle. 2012.