Akademik

hallucination

hallucination [ a(l)lysinasjɔ̃ ] n. f.
• 1660; lat. hallucinatio
1Méd. Perception pathologique de faits, d'objets qui n'existent pas, de sensations en l'absence de tout stimulus extérieur. illusion, onirisme, rêve. Hallucinations visuelles ( mirage, vision) , auditives (cf. Entendre des voix), olfactives, cénesthésiques. Hallucinations hypnagogiques. Hallucinations dues aux toxiques (cocaïne, haschisch). psychédélique; hallucinogène. Les hallucinations des délires chroniques, des démences précoces. Hallucination collective. Par ext. « La perception extérieure est une hallucination vraie » (Taine).
2Cour. (par exagér.) Erreur des sens, illusion. J'ai cru le voir ici, je dois avoir des hallucinations. Être victime d'une hallucination (cf. fam. Avoir la berlue, halluciner).

hallucination nom féminin (latin hallucinatio, -onis) Perception d'un objet non réel. ● hallucination (expressions) nom féminin (latin hallucinatio, -onis) Familier. Avoir des hallucinations, voir quelque chose que les autres ne voient pas, avoir des visions. ● hallucination (synonymes) nom féminin (latin hallucinatio, -onis) Familier. Avoir des hallucinations
Synonymes :
- visions

hallucination
n. f. Perception dont le sujet a l'intime conviction qu'elle correspond à un objet réel alors que nul objet extérieur n'est propre à déclencher cette sensation. Hallucination visuelle, auditive.

⇒HALLUCINATION, subst. fém.
A. — PATHOL. Phénomène psychique par lequel un sujet en état de veille éprouve des perceptions ou des sensations sans qu'aucun objet extérieur les fasse naître et qui apparaît au cours de certaines maladies ou sous l'effet de la drogue. Hallucination auditive, gustative, olfactive, tactile, visuelle; hallucination hypnagogique, hypnotique; hallucination collective. Je n'eus jamais la moindre hallucination. J'eus beaucoup de visions d'objets et de figures dans la rêverie, presque jamais dans la frayeur; et même, dans ce dernier cas, je ne fus jamais dupe de moi-même (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 45). À Valenciennes, des paysans disent avoir vu de petits hommes sortir d'une soucoupe volante. Je note cela parce que cette hallucination donne un peu la couleur de notre temps (GREEN, Journal, 1954, p. 297) :
1. Les hallucinations commencent. Les objets extérieurs prennent des apparences monstrueuses. Ils se révèlent à vous sous des formes inconnues jusque-là. Puis ils se déforment, se transforment, et enfin ils entrent dans votre être, ou bien vous entrez en eux. Les équivoques les plus singulières, les transpositions d'idées les plus inexplicables ont lieu. Les sons ont une couleur, les couleurs ont une musique. Les notes musicales sont des nombres...
BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 338.
B. — Au fig. Synon. de illusion. Avoir des hallucinations. Les histoires vraisemblables ne méritent plus d'être racontées. Le naturalisme les a décriées au point de faire naître, chez tous les intellectuels, un besoin famélique d'hallucination littéraire (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 126) :
2. Et pour les êtres dont Flaubert a peuplé le monde de ses livres, ce monde fictif à l'apparence réelle, l'auteur s'est trouvé posséder cette faculté créatrice, donnée seulement à quelques-uns, la faculté de les créer un peu à l'instar de Dieu (...). Il me semble qu'un jour, en ce cimetière aux portes de la ville, où notre ami repose, quelque lecteur, encore sous l'hallucination attendrie et pieuse de sa lecture, cherchera distraitement aux alentours de la tombe de l'illustre écrivain, la pierre de Mme Bovary.
GONCOURT, Journal, 1890, p. 1265.
Prononc. et Orth. : [al(l)]. [ll] ds la majorité des dict. Quelques-uns (BARBEAU-RODHE 1930 et Pt ROB.) admettent [ll] ou [l]. Seuls PASSY 1914, DUB. et Lar. Lang. fr. transcrivent [l]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1660 méd. (La Pathologie de JEAN FERNEL, mise en françois par A. D. M. docteur en médecine ds Fr. mod. t. 14, p. 286); 1831 fig. « tout écart de l'imagination » (BALZAC, Sarrasine, p. 415 : Cependant les événements le surprirent quand il était encore sous le charme de cette printanière hallucination, aussi naïve que voluptueuse). Empr. au lat. imp. hallucinatio « méprise, hallucination ». Fréq. abs. littér. : 580. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 159, b) 1 214; XXe s. : a) 1 116, b) 1 008.

hallucination [a(l)lysinɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1660, in T. L. F.; lat. hallucinatio, de hallucinatus. → Halluciné, p. p. de hallucinari.
(1674). Méd. Perception pathologique de faits, d'objets qui n'existent pas, de sensations en l'absence de tout stimulus extérieur. Illusion. || De l'hallucination. Hallucinatoire.
REM. Selon les spécialistes, hallucination est pris dans une acception plus ou moins large, incluant ou non le rêve et l'« hallucination consciente » (→ Hallucinose). Dans le langage courant, on confond l'hallucination et l'illusion, que les psychologues distinguent.
1 S'il y a altération de ce que doit être normalement la sensation, nous dirons qu'il y a hallucination; s'il y a seulement altération de ce que doit être normalement l'interprétation perceptive de la sensation, nous dirons qu'il y a illusion.
A. Lalande, Voc. de la philosophie, Hallucination.
2 (Hallucination) « Perception sans objet » (Ball). Cette définition commode est cependant critiquable (…) Mieux vaudrait dire que l'on nomme hallucinatoire toute expérience psychologique interne qui amène un sujet à se comporter comme s'il éprouvait une sensation ou une perception alors que les conditions extérieures normales de cette sensation ou de cette perception ne se trouvent pas réalisées.
H. Ey, in Dr Porot, Manuel de psychiatrie, p. 183.
Hallucinations élémentaires (vagues, indifférenciées). || Hallucinations complexes, figurées, associées. || Hallucinations visuelles ( Fantasme, vision), auditives ( Voix : entendre des voix), olfactives ( Cacosmie), gustatives. || Hallucination négative (non perception d'un objet présent). || Hallucination spéculaire. Autoscopie. || Hallucinations cénesthésiques, musculaires, psychomotrices. || Hallucinations associées.Hallucinations physiologiques (visions du demi-sommeil : hallucinations hypnagogiques, hypnopompiques; aussi Cauchemar, rêve). || Hallucination par atteintes des centres nerveux. || Hallucinations du type onirique, causées par les toxiques (cocaïne, haschisch, mescaline, opium…), par l'épilepsie, certaines psychonévroses. || Hallucinations des délires chroniques, des démences précoces, des états maniaques, des névroses ( Aliénation, délire, folie).Hallucination collective.
3 Une nuance très importante distingue l'hallucination pure, telle que les médecins ont souvent occasion de l'étudier, de l'hallucination ou plutôt de la méprise des sens dans l'état mental occasionné par le haschisch. Dans le premier cas, l'hallucination est soudaine, parfaite et fatale; de plus, elle ne trouve pas de prétexte ni d'excuse dans le monde des objets extérieurs. Le malade voit une forme, entend des sons où il n'y en a pas. Dans le second cas, l'hallucination est progressive, presque volontaire (…) Enfin elle a un prétexte.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Poème du haschisch », III.
4 (…) c'est une lecture des plus curieuses, illuminée par la fantasmagorie de l'opium et la peinture des hallucinations les plus brillantes, les plus bizarres et les plus terribles produites par ce séduisant poison (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Baudelaire.
5 Je ne lui ai pas enlevé un pan de son pourpoint, comme il l'a dit. Simple hallucination hypnagogique causée par la frayeur.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, VI, p. 240.
Par extension :
6 (…) la perception extérieure est une hallucination vraie.
Taine, De l'intelligence, t. I, I, 3.
7 (…) les perceptions sont des « hallucinations vraies », des états du sujet projetés hors de lui (…)
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 70.
Avoir une, des hallucinations. || Être le jouet, la proie, la victime d'une hallucination (→ Exister, cit. 4; fléau, cit. 5). || Hallucination naissante (→ Fiction, cit. 6), qui éclipse la réalité (→ Éclipse, cit. 7). (1831, Balzac). Cour. Erreur des sens, illusion. Berlue, éblouissement. || J'ai cru le voir ici, je dois avoir des hallucinations.Les hallucinations d'un poète, d'un peintre. Vision. || Les hallucinations de Brueghel (→ Fantastique, cit. 4), de Goya, de Blake.
8 Les hallucinations dangereuses peuvent venir le jour; mais elles viennent surtout la nuit. Par conséquent, ne t'étonne pas des visions fantastiques que tes yeux semblent apercevoir.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I, p. 44.
9 Je m'habituai à l'hallucination simple : je voyais très franchement une mosquée à la place d'une usine (…)
Rimbaud, Une saison en enfer, Délires II.
10 (…) je me demandai anxieusement si je n'avais pas été le jouet d'une hallucination (…) Et j'allais croire à une vision, à une erreur de mes sens, quand je m'approchai de la fenêtre.
Maupassant, Clair de lune, Apparition.
11 En revanche, il éprouvait réellement et jusqu'à l'hallucination tous les sentiments qui avaient affecté Ashley Bell, dont le minutieux témoignage était noté de la main du poète dans ses cahiers.
A. Hermant, l'Aube ardente, IX.
12 Jean avait bien dit : « Bonjour, mon oncle ». Mais cette appellation offrant à l'esprit du baron quelque chose d'absurde, il la rejeta aussitôt soit dans l'hypothèse qu'il avait mal entendu, soit comme ces faits trop en désaccord avec la réalité pour pouvoir être admis et qui sont aussitôt rejetés comme une hallucination ou une étrangeté dont il vaut mieux ne pas tenir compte.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 715.
DÉR. et COMP. Hallucinatoire. Pseudo-hallucination. V. Hallucinose.

Encyclopédie Universelle. 2012.