hideux, euse [ 'idø, øz ] adj.
• hisdos XIIe; → hideur
♦ D'une laideur repoussante, horrible. ⇒ affreux, laid. Corps, visage hideux. Monstre hideux. Chose hideuse à voir.
♢ (Abstrait) ⇒ ignoble, répugnant. La « hideuse banqueroute » (Mirabeau).
⊗ CONTR. 1. Beau.
hideux, euse
adj. Dont la laideur est horrible, repoussante. Visage, spectacle hideux.
|| (Abstrait) Vices hideux.
⇒HIDEUX, -EUSE, adj.
A. — Qui est horrible à voir, qui est d'une laideur repoussante. Synon. affreux, horrible, monstrueux. Corps, monstre, spectacle, visage hideux. À la lueur d'une lanterne, il entrevit deux figures étendues, l'une farouche, mutilée, hideuse, l'autre gracieuse et douce (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 232). Ces hideuses maladies de peaux dont souffrent à peu près tous les indigènes dans les régions voisines du Congo (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 883).
♦ Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ce qui est horrible à voir. On a recours à l'extraordinaire, au hideux et à l'horrible, pour réveiller le goût blasé de la multitude (DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 493).
— P. ext. Qui choque le bon goût; qui est particulièrement inesthétique et/ou disgracieux. Le hideux bonnet de coton, par lequel sont déshonorées les jolies figures des paysannes des environs de Bayeux (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 127). Les hideux hôtels plantés le long des rues (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 204).
B. — Au fig. Qui est particulièrement ignoble; qui suscite une violente répulsion. Synon. abject, infâme, monstrueux, répugnant. Mensonge, vice hideux; hypocrisie, misère hideuse. Dans nos hôpitaux, dans nos lazarets, tout ce que la misère, la maladie et le désespoir ont de plus hideux et de plus repoussant (J. DE MAISTRE, Constit., 1810, p. 66) :
• Je l'ai accusée des plus sales débauches... des passions les plus ignobles... ce fut quelque chose de hideux... il y a des moments où c'est en moi comme un besoin, comme une folie d'outrage.. une perversité qui me pousse à rendre irréparables des riens...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 53.
Prononc. et Orth. : [idø] init. asp., fém. [-ø:z]. ,,On doit aspirer l'h, malgré l'usage contraire autorisé par quelques auteurs`` (FÉR. 1768). Att. ds Ac. dep. 1694, avec la mention ,,H s'aspire``. Étymol. et Hist. Ca 1140 hydus « qui inspire l'horreur » (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 786). Issu du lat. class. hispidosus « hérissé » (v. hideur, l'hyp. de DIEZ) ou dér., avec suff. -eux, -euse de l'a. fr. hisde « horreur, frayeur » (v. hideur, l'hyp. de V. Günther). Fréq. abs. littér. : 1563. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2421, b) 3754; XXe s. : a) 2021, b) 1352.
hideux, euse ['idø, øz] adj.
ÉTYM. 1273; hisdos, hydus, déb. XIIe; du lat. hispidosus, dér. de hispidus « rude, hérissé » ou de l'anc. franç. hisde (→ Hideur), lui-même de hispidus (cf. Guiraud) ou de l'anc. haut all. egisida « horreur », avec aspiration initiale expressive.
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1 D'une laideur repoussante, horrible, qui procure une impression très désagréable (dégoût, peur…). ⇒ Laid; affreux, atroce, horrible, ignoble, ord (vx), repoussant. || Corps, visage hideux; monstre hideux (→ Aspect, cit. 2; court, cit. 5; croup, cit. 1; entaille, cit. 3; flamboiement, cit. 2; génie, cit. 6). || Un membre tuméfié, hideux. ⇒ Difforme. || Un spectre hideux (→ Chair, cit. 7). || La colère, la fureur le rend hideux. — (Choses). || Geste hideux (→ Agonisant, cit. 2). || Un strabisme hideux (→ Glousser, cit. 1). || Un bourrelet (cit. 2) hideux autour de la tête. || Quelque hideux que soit son ulcère (→ Rebuter, cit. 2). — Grimaces hideuses; hideuses grimaces. || Objet hideux; arme hideuse (→ Casse-tête, cit. 1). || Spectacle hideux. || Chose hideuse à voir (→ Concupiscence, cit. 4; enlaidir, cit. 5). — Ce tableau, ce dessin est absolument hideux. — Par métaphore. || La tête hideuse du despotisme (cit. 4).
1 (…) ôtez-moi cet objet;
Qu'il est hideux ! que sa rencontre
Me cause d'horreur et d'effroi !
La Fontaine, Fables, I, 15.
2 Sous les pieds des chevaux cette reine foulée (…)
Et de son corps hideux les membres déchirés (…)
Racine, Athalie, I, 1.
3 On s'en sert (de la media-luna, sorte de serpe) pour couper les jarrets de l'animal, que l'on achève alors sans aucun danger. Rien n'est plus ignoble et plus hideux : dès que le péril cesse, le dégoût arrive; ce n'est plus un combat, c'est une boucherie.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 272.
4 Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encore sur tes os décharnés ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, Rolla, IV.
5 (…) leurs traits inspiraient tant de répugnance, que je ne doutai pas un seul instant que je n'eusse devant les yeux les deux spécimens les plus hideux de la race humaine.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, IV, p. 158.
6 C'était un visage complètement inconnu, dur, hideux, empreint d'une haine si poignante qu'Édouard eut peur.
G. Duhamel, Salavin, III, XXVI.
2 (1694; abstrait). Qui provoque le dégoût moral. ⇒ Ignoble, répugnant. || La « hideuse banqueroute » (cit. 4, Mirabeau). || Hideuse supercherie (→ Enrôlement, cit. 1). || Un hideux spectacle (→ Escamotage, cit. 2). || Misères hideuses (→ Grouillant, cit. 1). || Vices hideux. || Certaines qualités, certaines vertus peuvent devenir hideuses (→ Grand, cit. 70).
7 (…) ce magistrat de hideuse mémoire (…)
Boileau, Satires, X.
8 Choulette y voulait exprimer la misère humaine, non point simple et touchante, telle que l'avaient pu sentir les hommes d'autrefois (…) mais hideuse et fardée (…)
France, le Lys rouge, VII.
9 L'égoïsme familial (…) à peine un peu moins hideux que l'égoïsme individuel.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, XII.
♦ Par exagér. ⇒ Affreux, horrible. || Son appartement est hideux; il a des meubles hideux. || Cette robe est hideuse. — REM. Sauf dans ce type d'emploi, hideux garde plus de force que affreux ou horrible.
10 Moi, je voulais faire de la chimie. Je n'ai aucune aptitude pour ce hideux métier de rond-de-cuir.
G. Duhamel, Salavin, I, II.
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CONTR. Beau.
DÉR. Hideusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.