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hommage

hommage [ ɔmaʒ ] n. m.
• 1160; de homme
1Féod. Acte par lequel le vassal se déclarait l'homme (II, 3o) de son seigneur, en lui promettant une fidélité (foi, féodal) et un dévouement absolus. La cérémonie symbolique de l'hommage était suivie de l'aveu. Jurer foi et hommage. Hommage lige.
2Acte de courtoisie, preuve de dévouement d'un homme à une femme. Au plur. (dans le sens affaibli d'une formule de politesse) civilité, compliment, 2. devoir, respect. Présentez mes hommages à votre épouse. « Se découvrant pour présenter ses hommages à la duchesse » (Proust). Daignez agréer, Madame, mes respectueux hommages.
Témoignage d'intérêt galant, sexuel. J'ai connu « pas mal d'hommages [...] mais qui n'avaient rien de respectueux » (Colette).
3(Dans des loc.) Marque de vénération, de soumission respectueuse. culte. Rendre hommage à Dieu ( adorer) . Témoignage de respect, d'admiration, de reconnaissance ( honorer). Rendre hommage au mérite, au talent, à la vertu. saluer. Rendre un dernier hommage à qqn, lors de ses obsèques. Discours en hommage aux victimes de la guerre.
4Don respectueux, offrande. Hommage de l'éditeur, de l'auteur. « j'allai, sans façon, offrir l'hommage de mon respect au roi » (Chateaubriand). expression, témoignage.

hommage nom masculin (de homme) Don qui exprime le respect, l'admiration, la reconnaissance de quelqu'un ; marque de respect : Agréez cet hommage de ma sincère admiration. Acte par lequel le vassal se reconnaissait l'homme de son seigneur. (L'hommage était suivi du serment de foi.) ● hommage (expressions) nom masculin (de homme) Faire l'hommage d'un livre, dédier un livre à quelqu'un ou lui offrir un exemplaire dédicacé. Hommage de l'éditeur, livre distribué gratuitement par une maison d'édition. Rendre hommage à quelqu'un, à quelque chose, saluer avec respect, proclamer hautement leur valeur, leur mérite, les reconnaître avec gratitude ou estime. Rendre un dernier hommage à quelqu'un, saluer sa disparition par une cérémonie, l'évocation de sa vie, de son œuvre, etc. ● hommage (synonymes) nom masculin (de homme) Don qui exprime le respect, l'admiration, la reconnaissance de quelqu'un ;...
Synonymes :
- considération
- égards
- estime

hommage
n. m.
d1./d HIST Acte par lequel le vassal se reconnaissait homme lige du suzerain dont il allait recevoir un fief.
d2./d Acte, marque de soumission, de vénération, de respect. Je rends hommage à votre loyauté.
Plur. Présenter ses hommages à une dame, lui présenter respectueusement ses civilités.
d3./d Offrande faite à qqn en signe de respect, de considération. Hommage d'un livre par l'auteur, par l'éditeur, se dit d'un livre offert par l'auteur, par l'éditeur.

⇒HOMMAGE, subst. masc.
A. — FÉOD. Promesse de fidélité et de dévouement absolu d'un vassal envers son seigneur. Recevoir l'hommage d'un vassal; jurer, rendre foi et hommage. On fit grand accueil au duc de Juliers; il prêta foi et hommage pour la seigneurie de Vierzon qu'on lui rendit, et il redevint homme du roi (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 392).
Hommage lige. Hommage qui liait le vassal au seigneur quant à leurs personnes, et en vertu duquel le seigneur pouvait employer son vassal comme il le voulait (d'apr. BOUILLET 1859). Raymond se rendit donc de sa personne au camp impérial et là, suivant les rites féodaux, agenouillé devant l'empereur, « lui fit hommage lige de ses mains » (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 154).
B. — P. anal. Marque de vénération, de soumission. Rendre hommage à Dieu, aux dieux :
1. Lucien prétend que les Indiens, en rendant leurs hommages au Soleil, se tournaient vers l'Orient, et que, gardant un profond silence, ils formaient une espèce de danse imitative du mouvement de cet astre.
DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 26.
P. ext. Marque, témoignage de respect, de reconnaissance, de gratitude envers quelqu'un ou quelque chose. Le souvenir de l'activité de la vie était le plus bel hommage que l'on crût devoir rendre aux morts (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 37). Cette inquiétude fut dissipée par les hommages sans nombre que mon père reçut à Saint-Ouen. Toute la France vint le voir (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 85) :
2. Il s'éteignit deux jours après. Et personne, en dehors de quelques douzaines d'artistes, ne le sut. Et c'était bien ainsi. Il avait toujours dédaigné l'hommage et méprisé ceux qui s'abaissent pour le surprendre ou le forcer.
FAURE, Hist. art, 1921, p. 214.
SYNT. Bel, éclatant, juste hommage; hommage funèbre; hommage à l'innocence, à la légitimité, à la timidité; hommage aux ancêtres; obtenir plein hommage; assaillir qqn de respects et d'hommages; rendre un hommage éclatant, impartial à qqn; rendre hommage à la bonté, au drapeau, à la justice, au progrès, à la vertu.
Au plur. [Dans une formule de politesse] Distribuer, présenter ses hommages; mettre ses hommages aux pieds de qqn; hommages respectueux. Agréez mes souvenirs pleins de bienveillance, et les respectueux hommages que je suis heureux de pouvoir vous offrir directement (BALZAC, Corresp., 1834, p. 486). Veuillez présenter mes hommages à Madame votre mère et croire à ma sincère affection (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1839, p. 48).
Au sing., rare. Je ne demanderois que l'honneur de pouvoir vous présenter souvent mon hommage et mes respects (BALZAC, Annette, t. 2, 1824, p. 68).
En partic.
Rendre hommage à la vérité. La proclamer hautement :
3. Qu'il se tût seulement, et la plus belle carrière attendait le plus jeune lieutenant-colonel de l'armée. Il comprit, mais refusa de s'avilir et rendit publiquement hommage à la vérité. De ce jour, il fut perdu.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 30.
Rendre à qqn l'hommage de qqc. Reconnaître qu'on a une dette morale envers quelqu'un, lui témoigner publiquement de la reconnaissance :
4. Lorsque vers la fin du Prince de Hombourg, le Prince, dos au public, s'adresse à l'Électeur qui se trouve au fond de la scène, mêlé aux autres personnages : « Vois, tu m'as rendu la vie! », il s'efface ainsi lui-même et il appelle l'Électeur à la lumière, non seulement pour lui rendre l'hommage de son propre héroïsme, mais encore pour le proposer à une commune reconnaissance.
SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 145.
Rendre un dernier hommage à qqn. Témoigner une dernière fois son respect, sa reconnaissance, sa gratitude à un défunt. Je ne doutai pas qu'il ne fût question d'un article nécrologique dans lequel la tendre veuve désirait qu'on rendît un dernier hommage à l'époux dont elle pleurait la perte (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 41).
C. — Le plus souvent au plur. Soins empressés, marque de dévouement qu'un homme témoigne à une femme. Accueillir, recevoir les hommages de qqn; décerner, dédaigner, recueillir des hommages; être entourée d'affections et d'hommages; femme accoutumée aux hommages. Elle avait vingt-trois ans; déjà à la cour depuis longtemps, elle avait éconduit les hommages du plus haut parage (STENDHAL, Amour, 1822, p. 53). Ce noble dévoûment qui la portait à se dérober aux hommages des jeunes hommes pour soutenir les pas d'un vieillard (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 104).
P. euphém. [En parlant de relations charnelles] Brook s'était imaginé que Judith, pour laquelle depuis longtemps il se sentait un faible, s'estimerait grandement honorée d'accepter ses hommages. Mais la bizarre fille, tout avilie et prostituée qu'elle fût, gardait de singulières fiertés, l'âpre amour de son indépendance. Brook s'était vu piteusement mis en déroute (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 379).
D. — Don, offrande. Je suis toujours heureux de déposer à vos pieds l'hommage d'une amitié, blessée quelquefois, toujours entière (HUGO, Corresp., 1833, p. 527). Le soir du neuvième jour il reçut, en hommage d'auteur, un petit livre qui venait de paraître, d'un confrère qu'il admirait et détestait (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1366) :
5. Je vous ai fait l'honneur de vous recevoir à ma table. Plein de gratitude, vous vous êtes honoré vous-même en me faisant hommage de quelques vêtements, sans la facture. Nous voilà quittes.
BLOY, Journal, 1896, p. 233.
Hommage d'un auteur, d'un éditeur. Parmi les objets de peu de valeur vendus chez moi, il y avait des livres non coupés, hommages des auteurs, avec leurs lettres non décachetées (HUGO, Corresp., 1852, p. 111).
[Dans des formules de politesse] Offrir, présenter l'hommage de son profond respect et de sa reconnaissance à qqn. Daignez agréer ceci comme un hommage de ma reconnaissance (Ac.). Recevez, monsieur le Comte, l'hommage bien sincère de mon respectueux attachement, et conservez-moi un peu de part dans votre souvenir (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1897). Je vous prie, Général, d'avoir la bonté de me répondre et d'accepter l'hommage de ma considération la plus distinguée (FLAUB., Corresp., 1863, p. 94). Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévouement (J.O., Décret rel. organ. état-major arm., 1890, p. 2234).
REM. 1. Hommagé, -ée, adj., dr. féod. Qui est tenu en hommage. Terre hommagée (Ac.). 2. Hommager, subst. masc., dr. féod. Celui qui devait l'hommage. Emploi adj. Vassal hommager (Ac.).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. V. homme. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 homage « devoir que le vassal était tenu de rendre à son seigneur » (Eneas, 3858 ds T.-L.); 2. ca 1165 « marque de déférence, de courtoisie » ici, adressée à une femme (B. DE STE-MAURE, Troie, 13585 ds T.-L.); mil. XVe s. rendre hommage (J. RÉGNIER, Fortunes et adversités, éd. E. Droz, 2946, p. 105 ds IGLF : Graces luy en rendz et hommage); 2e moitié XVe s. faire hommage de qqc. ici, p. iron., en parlant d'un coup (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 226, 41795); 1644 au plur. (CORNEILLE, Pompée, III, 2 ds LITTRÉ : Grâces à ma victoire, on me rend des hommages). Dér. de homme (au sens B 4); suff. -age. Fréq. abs. littér. : 2 200. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 779, b) 2 834; XXe s. : a) 1 957, b) 2 582. Bbg. GANSHOF (F.L.). Note sur l'apparition du nom de l'hommage... In : [Mél. Kallen (G.)]. Bonn, 1957, pp. 29-41. - HOLLYMAN 1957, p. 120; pp. 142-143.

hommage [ɔmaʒ] n. m.
ÉTYM. V. 1160, homage; de homme, et suff. -age.
1 Hist. Acte par lequel le vassal se déclarait l'homme de son seigneur, en lui promettant une fidélité et un dévouement absolus. || La cérémonie symbolique de l'hommage était suivie de l'aveu (cit. 1). || Jurer foi et hommage à qqn. Foi (infra cit. 5). → Féal, cit. 2. || Rendre foi et hommage à qqn. || Fief tenu à charge de foi et hommage. || Recevoir foi et hommage (→ Fief, cit. 1). || Amortir, remettre l'hommage : dégager le vassal de ses engagements.Hommage lige, hommage simple, dit hommage plain ou plan.
1 On attendait (…) Monsieur de Lorraine, pour rendre au Roi son hommage lige du duché de Bar (…)
Saint-Simon, Mémoires, I, XLVII.
2 (…) ces hommes qui prêtaient foi et hommage à leur Dieu, leur dame et leur roi.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, I, II, II.
3 (…) le vassal se lie au seigneur par un acte solennel, car on ne naît pas vassal, on le devient, et il faut le devenir pour pouvoir jouir du fief. C'est pourquoi la cérémonie qui crée le vasselage s'est conservée à travers les siècles : elle servait à constater le droit du seigneur (…) Le futur vassal se présente devant le futur seigneur, nu-tête et sans armes. Il s'agenouille devant lui, met ses mains dans les mains du seigneur et déclare qu'il devient son homme. Le seigneur lui donne un baiser sur la bouche et le relève. Telle est la cérémonie de l'hommage. Elle est accompagnée d'un serment : le vassal jure, la main sur des reliques ou sur l'Évangile, de rester fidèle au seigneur, c'est-à-dire de remplir les devoirs de vassal. C'est la foi ou féauté. L'hommage et la foi sont deux actes distincts; l'un est un engagement, l'autre un serment; mais, comme il n'y a pas d'hommage sans foi, on a fini par les confondre.
Lavisse et Rambaud, Hist. générale du IVe s. à nos jours, Le régime féodal, t. II, p. 37-38.
4 On en vint, au XIIe siècle, à distinguer l'hommage lige, qui obligeait le vassal à servir sans limite, de l'hommage plain, que le vassal prêtait debout et armé, et qui ne l'engageait qu'à un service limité.
Lavisse et Rambaud, Hist. générale du IVe s. à nos jours, t. II, p. 42.
5 L'hommage est toujours dû en principe au fief dominant, qui est souvent en ruine au XVIe siècle, et, au XVIIe siècle, il est de mauvais ton, Mme de Sévigné l'atteste, d'exiger de son vassal l'hommage personnel et les formalités humiliantes et devenues ridicules qui l'accompagnent.
Fr. Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., éd. Dalloz, no 1069.
Fig. et vieilli. || Rendre hommage d'une chose à qqn, en faire gloire avec reconnaissance à celui de qui on la tient. || Offrir à Dieu l'hommage de la création (cit. 7).
6 Il vient en apporter la nouvelle (de ce grand succès) en ces lieux,
Et par un sacrifice en rendre hommage aux dieux.
Corneille, Polyeucte, I, 4.
Rendre hommage à la vérité, la reconnaître en la proclamant hautement.
2 a (1668). Vieilli ou iron. (sauf dans quelques expressions). Acte de courtoisie par lequel un homme témoigne à une femme qu'il est prêt à se faire son chevalier servant, à lui donner des preuves de dévouement, de zèle. || Recevoir plus d'un hommage. || L'hommage de qqn, d'un homme à une femme, son hommage.Vx. || Rendre son hommage à une dame.Mod. || Rendre hommage à une femme (→ Galanterie, cit. 11).
7 Je crains d'être fâcheux par l'ardeur qui m'engage
À vous rendre aujourd'hui, Madame, mon hommage (…)
Molière, les Femmes savantes, III, 3.
8 Hé bien ! rappelez-vous le temps où vous me rendîtes vos premiers soins : jamais hommage ne me flatta autant; je vous désirais avant de vous avoir vu.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LXXXI.
9 Je me suis dit : « Mais il m'aime… il m'aime ! » J'avais peur de m'en assurer, cependant. Votre réserve était si charmante, que j'en jouissais comme d'un hommage involontaire et continu.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, VI.
10 Le poète (troubadour) a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fidélité, comme on fait à un suzerain.
D. de Rougemont, l'Amour et l'Occident, p. 70.
11 (…) ce gros homme sait rendre hommage à une femme, sait prendre à l'égard d'une femme une attitude qu'elle, Germaine, juge conforme à la fonction masculine.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 129.
b (XVIIe). Plus cour. Plur. || Des hommages, actes, paroles par lesquels un homme donne à une femme un témoignage d'appréciation (notamment érotique, galante). Adoration (cit. 6), flatterie, soin (→ Embûche, cit. 2; fadeur, cit. 6). || Des hommages assidus (cit. 8). || Femme flattée (cit. 19) de recevoir des hommages, avide d'hommages (→ Encensement, cit. 2). || Conquérir une femme à force d'hommages (→ Arme, cit. 34).
12 (…) comme la beauté est le partage de notre sexe, vous ne sauriez ne nous point aimer, sans nous dérober les hommages qui nous sont dus, et commettre une offense dont nous devons toutes nous ressentir.
Molière, la Princesse d'Élide, III, 4.
13 (…) je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige.
Molière, Dom Juan, I, 2.
14 J'ai connu, depuis trois ans, pas mal d'hommages, si j'ose dire, mais qui n'avaient rien de respectueux. Et mon vieux bourgeoisisme, qui veille, s'épanouit en secret, comme s'ils ne demandaient pas, ces hommages-ci — tout masqués de respect qu'ils veulent être, — la même chose, toujours la même chose (…)
Colette, la Vagabonde, p. 61.
15 C'étaient des hommes de ce genre qui lui faisaient des compliments sur son visage, sur sa taille. Parbleu ! Un laideron aussi complaisant qu'elle eût recueilli les mêmes hommages.
J. Green, Léviathan, I, IX.
16 Et les bonnes façons de ce galant homme, droit et adroit (…) devaient agréer à la princesse entre tant d'hommages, parfois plus désinvoltes et plus débraillés que les siens.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 395.
c Spécialt. Fait, pour un homme, d'avoir des rapports sexuels avec (une femme), considéré comme un hommage. Honorer (A., 4.).
17 Après le souper, tour à tour enfant et raisonnable, folâtre et sensible, quelquefois même libertine, je me plaisais à le considérer comme un Sultan au milieu de son sérail, dont j'étais tour à tour les favorites différentes. En effet, ses hommages réitérés, quoique toujours reçus par la même femme, le furent toujours par une maîtresse nouvelle.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre X.
d (1694). Dans le sens très affaibli d'une simple formule de politesse. Civilité, compliment, devoir, respect. || Adresser, présenter (cit. 9) ses hommages à qqn. || Daignez agréer, Madame, mes très respectueux hommages. || Je dépose mes hommages à vos pieds.
18 J'offre mes vieux hommages à Madame Lacroix (…)
Sainte-Beuve, Correspondance, 1274, 9 déc. 1841, t. IV, p. 183.
19 (…) se découvrant pour présenter ses hommages à la duchesse, avec une si ample révolution du chapeau haut de forme dans sa main gantée de blanc (…) qu'on s'étonnait que ce ne fût pas un feutre à plume de l'Ancien Régime (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 155.
Ellipt. || Mes hommages, Madame.
3 (Fin XIIe). Littér. ou style soutenu. Marque de vénération, de soumission respectueuse. Culte (cit. 9).(Souvent avec le v. rendre et sans déterminant). || Rendre hommage à Dieu ( Adorer), à sa grandeur (→ Frère, cit. 20), aux faux dieux (→ Fornication, cit. 3). || Les hommages rendus à une reine (→ Autant, cit. 38), à un seigneur. Baisemain. || Devoir un hommage, (vx) devoir hommage à qqn. || Apporter, donner des hommages.
20 Reconnaissons, amis, la céleste puissance :
Allons lui rendre hommage (…)
Corneille, Héraclius, V, 7.
21 Il verra le sénat m'apporter ses hommages (…)
Racine, Bérénice, I, 5.
22 Aux feux inanimés dont se parent les cieux
Il rend de profanes hommages.
Racine, Esther, II, 8.
23 L'hommage particulier que je mets à ses pieds (de Sa Majesté) pour les hautes bontés dont elle m'honore.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, t. VI, in Littré.
24 Chaque heure a son tribut, son encens, son hommage,
Qu'elle apporte en mourant aux pieds de Jéhovah (…)
Lamartine, Harmonies, II, XVII.
25 Ne vous dois-je point hommage ? n'êtes-vous pas le maître céans, ne relevant que de Dieu seul, comme le Roi de France lui-même et l'Empereur Charlemagne ?
Claudel, l'Annonce faite à Marie, II, 2.
(Av. 1648). Témoignage de respect, d'admiration, de piété, de reconnaissance. Tribut. || Un hommage chaleureux, éclatant (→ Étriqué, cit. 9), sincère, spontané, vibrant. || Un piètre, triste hommage (→ Flatter, cit. 49).Entourer qqn d'hommages flatteurs, obséquieux… (→ Fondre, cit. 23). || Fuir, mépriser, repousser les hommages. — ☑ Rendre hommage. || Rendre hommage à qqn. Honorer (→ Applaudissement, cit. 8). || Rendre hommage au mérite, au talent, à la vertu. Saluer.(Avec le déterminant). || La foule rendit un suprême et émouvant hommage à la dépouille mortelle du grand homme. Devoir.
26 (…) l'hypocrisie est une bonne chose : c'est comme on dit, un hommage que le vice rend à la vertu.
Voltaire, Politique et Législation, t. II, XVI.
27 J'ai mieux aimé vous donner quelque légère idée du génie de Pétrarque (…) que de vous répéter ce que tant d'autres ont dit des honneurs qu'on lui offrit à Paris, de ceux qu'il reçut à Rome, de ce triomphe au Capitole en 1341; célèbre hommage que l'étonnement de son siècle payait à son génie alors unique (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, LXXXII.
28 (…) le silence des vivants est un hommage pour les morts; ils durent, et nous passons.
Mme de Staël, Corinne, II, III.
29 Une inscription, en cette langue millénaire que les étrangers ne réussissent jamais à bien entendre, indique que c'est là un hommage du pays basque au dernier de ses bardes.
Loti, Figures et Choses…, À Loyola, I.
Spécialt (dans la langue courtoise et précieuse du XVIIe). || Rendre hommage aux agréments (cit. 5), aux appas (cit. 17), aux attraits (cit. 18) d'une femme, les célébrer hautement.
30 Et, si je rends hommage aux brillants de leurs yeux.
De leur esprit aussi j'honore les lumières.
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
En hommage (peut s'employer aussi aux sens 1 et 2) : en signe d'hommage. || Cérémonie en hommage aux déportés, aux morts d'une guerre.Rare. || À l'hommage. || Cérémonie à l'hommage de…
4 (1651). Vieilli. Don respectueux, offrande (→ Étrenne, cit. 2). || Faire l'hommage de son livre à qqn, lui en faire l'hommage, lui en faire hommage, le lui dédier, lui offrir un exemplaire (généralement dédicacé). Dédicacer, dédier.|| « Daignez agréer ceci comme un hommage de ma reconnaissance » (Académie). Expression, témoignage.
31 Que ce serait pour vous un hommage trop bas
Que le rebut d'un cœur qui ne vous valait pas (…)
Molière, le Misanthrope, V, 3.
32 (…) j'allai, sans façon, offrir l'hommage de mon respect au roi abdicataire de Sardaigne.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 252.
33 (…) faites-en hommage (de ces petites choses) aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez.
Baudelaire, le Spleen de Paris, « Le joujou du pauvre ».
Spécialt (poét.). || Les hommages d'un cœur (cit. 5), ce par quoi il s'exprime, s'offre.
34 Oui, si parmi les cœurs soumis à votre empire,
Vos yeux ont discerné les hommages du mien (…)
Voltaire, Zaïre, I, 2.
CONTR. Raillerie (→ Assombrir, cit. 8).
DÉR. Hommager.

Encyclopédie Universelle. 2012.