immiscer (s') [ imise ] v. pron. <conjug. : 3>
• 1482; lat. immiscere, de miscere « mêler »
♦ S'ingérer, s'introduire mal à propos ou indûment (dans une affaire). ⇒ se fourrer, intervenir, se mêler. Pays qui s'immisce dans les affaires intérieures d'un autre État (⇒ immixtion, ingérence) . « s'immiscer sournoisement dans les choses qui ne le regardaient pas » (Courteline).
immiscer (s')
v. Pron. S'ingérer dans, se mêler mal à propos de. Vous vous immiscez dans une affaire qui ne vous regarde pas.
|| v. tr. Il l'a immiscé dans cette sombre histoire.
⇒IMMISCER, verbe trans.
A. — Emploi trans., rare. Mêler quelqu'un à. M. de Couaën s'était suffisamment entendu avec les personnages du parti; pour moi, je n'avais été immiscé à aucune relation directe (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 129).
Rem. Notons que le seul ex. répondant à cet emploi est au passif et qu'il est suivi de la prép. à.
B. — Emploi pronom. réfl. S'immiscer dans + subst.
1. [Le suj. désigne une pers.] S'introduire indûment dans ce qui est du ressort d'autrui :
• Son fort, pourtant, sa véritable spécialité, c'était s'immiscer sournoisement dans les choses qui ne le regardaient pas : la confiscation à son profit du travail de ses collègues.
COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 1er tabl., p. 45.
2. [Le suj. désigne une chose] S'introduire dans; pénétrer dans. C'est l'esprit de Babel, qu'une fois déjà le Seigneur avait dû terrasser... le vœu de fraternité universelle... D'un flot continu, d'orient en occident, l'idée s'immisce, au cours des siècles, dans toute l'Église, dans les couvents (ADAM, Enfant Aust., 1902, p. 207).
— DR. S'immiscer dans une succession. Faire acte de propriétaire sur les biens d'une succession. Celui qui s'est immiscé dans une succession n'y peut plus renoncer (Ac.).
Prononc. et Orth. : [im(m)ise]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1482 soy imiscer « s'ingérer (dans une affaire) » (Lettre de Louis XI au lieut. de Bourg., Arch. mun. Autun ds GDF. Compl.); 1599 trans. immiscer « mêler (quelqu'un dans une affaire) » (HORNKENS, Recueil de dict. ds FEW t. 4, p. 572b); 2. 1583 s'immiscer dr. (Coutumes de Calais, XXXVII ds Nouv. Coutumier Gén., t. I, p. 4). Empr. au lat. class. immiscere « mêler à », se immiscere « s'immiscer (dans quelque chose) ». Fréq. abs. littér. : 58.
immiscer [imise] v. tr. [CONJUG. placer.]
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♦ (1599). Rare. Mêler (qqn) à une affaire. || Pourquoi l'avez-vous immiscé dans cette affaire ? (P. Larousse). ⇒ Entrer (faire entrer), introduire.
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s'immiscer v. pron.
ÉTYM. (1482).
♦ Cour. (didact. ou style soutenu). S'intégrer, s'introduire mal à propos ou indûment (dans une affaire…). ⇒ Fourrer (se), ingérer (s'), intervenir, mêler (se), participer. || S'immiscer dans les affaires (cit. 22) de qqn, dans le privé, la vie privée de qqn. ⇒ Indiscret, indiscrétion (→ Défensive, cit. 5). || Pays qui s'immisce dans les affaires intérieures d'un autre État. ⇒ Immixtion.
1 Leurs usurpations administratives, la surveillance des subsistances, dans laquelle ils s'immisçaient, leur fournissaient mille occasions de faire planer sur le pouvoir une accusation terrible.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, III.
2 Son fort, pourtant, sa véritable spécialité, c'était de s'immiscer sournoisement dans les choses qui ne le regardaient pas (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1er tableau, III, p. 45.
♦ (1732). Dr. || S'immiscer dans une succession.
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immiscé, ée p. p. adj.
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3 (…) plus on percera les origines de l'esprit humain, plus on trouvera des merveilles, merveilles d'autant plus admirables qu'il n'est pas besoin pour les produire d'un Dieu-machine toujours immiscé dans la marche des choses (…)
Renan, l'Avenir de la science, Œuvres, t. III, XIV, p. 937.
Encyclopédie Universelle. 2012.