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imprécation

imprécation [ ɛ̃prekasjɔ̃ ] n. f.
• mil. XIVe; lat. imprecatio, de precari « prier »
Littér. Souhait de malheur contre qqn. anathème, malédiction. Lancer, proférer des imprécations contre qqn. Les imprécations de Camille, d'Agrippine. « les “fureurs”, “les imprécations”, voilà qui, dans Racine, paraît le plus humain » (F. Mauriac). ⊗ CONTR. Bénédiction.

imprécation nom féminin (latin imprecatio, -onis, de imprecari, prier) Littéraire. Malédiction proférée contre quelqu'un ; parole ou souhait appelant le malheur sur quelqu'un. ● imprécation (citations) nom féminin (latin imprecatio, -onis, de imprecari, prier) Coran Redoute l'imprécation de l'opprimé, car entre elle et Dieu ne s'interpose aucun voile. Coran, II, 139 imprécation (synonymes) nom féminin (latin imprecatio, -onis, de imprecari, prier) Littéraire. Malédiction proférée contre quelqu'un ; parole ou souhait appelant le malheur...
Synonymes :
- anathème
- exécration
- malédiction

imprécation
n. f. Litt. Malédiction. Proférer des imprécations.

IMPRÉCATION, subst. fém.
A. — ANTIQ. Prière solennelle appelant (sur l'ennemi, le coupable) la colère des divinités infernales (spécialement des furies). Un serment se fait au nom des furies avec des imprécations terribles (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 548) :
1. Chaque armée prononce contre l'armée ennemie une imprécation dans le genre de celle dont Macrobe nous a conservé la formule : « O Dieux, répandez l'effroi, la terreur, le mal parmi nos ennemis. Que ces hommes et quiconque habite leurs champs et leur ville, soient par vous privés de la lumière du soleil. Que cette ville et leurs champs, et leurs têtes et leurs personnes, vous soient dévoués. »
FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 263.
P. anal. Malédiction solennelle, proférée contre quelqu'un. Charger (qqn) d'imprécations. Nous avons marqué ce jour pour frapper d'une imprécation irrévocable les mauvais esprits de l'Écosse (NODIER, Trilby, 1822, p. 152).
[Dans l'antiq. gréco-latine] Catilina, chargé d'imprécations, fut obligé de sortir du Sénat, où il avait eu l'audace de paraître encore (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 228). Ces solitudes retentissent encore des imprécations d'Oreste et des cris de sa mère sous le couteau (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 141). Les imprécations des héros tragiques maudissant leur destin (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 44).
RHÉT. [P. réf. aux héros de l'Antiq.; en gén. au plur.] Ensemble d'invectives et de malédictions, chargées d'exprimer la fureur ou la soif de vengeance à leur paroxysme. Je conçois les imprécations de Camille [chez Corneille] comme une suite de cris rapidement articulés, et j'oserai le dire, monotones (MÉRIMÉE, Ét. litt. russe, t. 2, 1868, p. 251). Les « fureurs », les « imprécations », voilà qui, dans Racine, paraît le plus humain (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 110).
[Dans la tradition judéo-chrétienne] Un sarcophage chrétien des catacombes de Rome porte une formule d'imprécation dont j'ai appris avec le temps à comprendre le sens terrible (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 372) :
2. ... je songe aux deux victimes que ce même grand-prêtre consacrait à certains jours de l'année : l'une que l'on immolait sur l'autel, et l'autre, l'autre, l'émissaire, que l'on expédiait, chargée d'imprécations, dans les ténèbres extérieures.
CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 247.
B. — P. ext. Souhait de malheur, adressé à quelqu'un; p. ext. injure. Lancer, proférer, hurler, fulminer des imprécations; éclater, se répandre en imprécations; un flot d'imprécations. Je maudis Arabelle par une seule imprécation qui l'eût tuée si elle l'eût entendue (BALZAC, Lys, 1836, p. 237). C'est à je ne sais quel Portugais qu'il en a et vers lequel il jette ses imprécations ordurières (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 701). Seul, Vallès apporte dans la malédiction de l'art un ton d'imprécation qui l'authentifie (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 314).
Imprécation contre (qqn, qqc.). C'était une tempête d'imprécations contre le faisan qui rôtissait, contre les sauces dont l'odeur grasse ravageait leurs estomacs vides (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1440). Joséphine, indignée, se répandit en imprécations contre son père (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 216). Rien ne lui est plus étranger [à Maurice de Guérin] que les anathèmes et les imprécations de Vigny contre la nature (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 234).
Imprécation sur (qqn, qqc.). Quelles imprécations sur les théâtres! (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 77).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1355 antiq. « prière solennelle par laquelle on vouait aux dieux infernaux un coupable ou un ennemi » (P. BERSUIRE, Traduction de Tite-Live, ms. B.N. 20312 ter, f° 15 v° ds LITTRÉ); b) 1564 « souhait de malheur contre quelqu'un » (THIERRY). Empr. au lat. imprecatio attesté au sens de « malédiction » dès le 1er s. (TLL). Le b. lat. imprecatio « bénédiction » (ibid.) est à l'orig. du m. fr. imprecacion « fait d'appeler la bénédiction de Dieu sur soi-même » (1374, J. GOLEIN, Rationale divinorum officiorum de G. Durant [trad.] ds GDF.). Fréq. abs. littér. : 296. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 593, b) 373; XXe s. : a) 332, b) 353.

imprécation [ɛ̃pʀekɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1355, imprecacion « prière par laquelle on vouait qqn aux dieux de l'enfer »; lat. imprecatio, de im- (→ 2. In-), et precari « prier ».
1 Didact. (Antiq.). Prière solennelle appelant (sur qqn) la colère des divinités infernales, des furies.
Malédiction solennelle. || Les imprécations d'Oreste, des héros tragiques.
1 C'était une espèce d'imprécation parmi les Hébreux, de souhaiter à un homme que le sang d'un autre homme retombât sur lui.
Bourdaloue, Exhortation sur le jugement du peuple contre J.-C., II.
2 (…) les imprécations et les exécrations prononcées par les prêtres et par tous les autres ministres de la religion contre Alcibiade, et même contre ceux qui proposeraient de le rappeler (…)
Rollin, Hist. ancienne, t. IV, p. 17, in Littré.
2 (1564). Littér. Souhait de malheur (contre qqn). Anathème, exécration, malédiction. || Faire des imprécations, prononcer, proférer des imprécations. || « Que le diable l'emporte ! », « Malheur à toi ! », imprécations familières. || L'air retentit de leurs imprécations (→ Forclore, cit. 1). || Imprécations sacrilèges. Blasphème, jurement. || Lancer, proférer des imprécations contre qqn.
3 Le désespoir, les cris, les éternels reproches,Les imprécations d'une mère en fureur.
Voltaire, l'Orphelin de la Chine, II, 2.
4 Tandis qu'il parlait, une sombre colère couvait dans le cœur du moine; elle éclata en imprécations.
France, Thaïs, p. 202.
3 (Des sens 1 et 2). Hist. littér. Ensemble de malédictions proférées par un personnage, dans une tragédie. || Les imprécations d'Agrippine (→ Employer, cit. 5), dans Racine; de Camille, dans Corneille ( Anaphore, cit.).
5 Ces imprécations de Camille ont toujours été un beau morceau de déclamation et ont fait valoir toutes les actrices qui ont joué ce rôle.
Voltaire, Théâtre choisi de Corneille, p. 335.
6 Ce que certains jugent, dans la tragédie classique, comme le comble de l'artifice : les « fureurs », les « imprécations », voilà qui, dans Racine, paraît le plus humain (…)
F. Mauriac, Vie de Racine, p. 110.
CONTR. Bénédiction.
DÉR. Imprécateur, imprécatoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.