incendie [ ɛ̃sɑ̃di ] n. m.
• 1575; lat. incendium; cf. a. béarnais encendy (1570)
1 ♦ Grand feu qui se propage en causant des dégâts. ⇒ embrasement, 1. feu. Incendie involontaire, criminel. L'explosion a allumé, provoqué un incendie. Incendie qui éclate, se déclare, fait rage. Un incendie de forêt. Foyer d'incendie (cf. Départ de feu). Défense, protection, lutte contre l'incendie. Gicleur d'incendie. Portes coupe-feu pour éviter la propagation de l'incendie. ⇒ brasier. Les pompiers ont combattu, circonscrit, maîtrisé, éteint l'incendie (⇒aussi bombardier [d'eau], canadair, extincteur) . Assurance contre l'incendie.
2 ♦ Lumière rougeoyante éclairant une grande étendue. L'incendie du soleil couchant. « L'incendie augmente, l'orient paraît tout en flammes; à leur éclat on attend l'astre » (Rousseau).
3 ♦ Fig. Bouleversement, guerre. La Serbie « peut toujours être le brandon d'un incendie européen » (Aragon).
● incendie nom masculin (latin incendium, de incendere, embraser) Grand feu qui, en se propageant, cause des dégâts importants : Incendies de forêt. Littéraire. Lumière, lueur ardente, rougeoyante, qui illumine un vaste espace : Soleil couchant qui allume un incendie sur la mer. Littéraire. Bouleversement social de caractère violent, sédition, conflit armé, etc. : Des factieux toujours prêts à provoquer un incendie. ● incendie (citations) nom masculin (latin incendium, de incendere, embraser) Max Jacob Quimper 1876-Drancy 1944 Un incendie est une rose sur la queue ouverte d'un paon. Le Cornet à dés Gallimard ● incendie (synonymes) nom masculin (latin incendium, de incendere, embraser) Grand feu qui, en se propageant, cause des dégâts importants
Synonymes :
- brasier
- feu
- sinistre
Littéraire. Bouleversement social de caractère violent, sédition, conflit armé, etc.
Synonymes :
- déchaînement
incendie
n. m. Grand feu destructeur. Un incendie de forêt.
⇒INCENDIE, subst. masc.
Grand feu qui s'étend rapidement et occasionne des dégâts généralement importants. Synon. conflagration (littér., vieilli), embrasement. Violent incendie; incendie d'une maison; allumer un incendie. Des tourbillons de fumée enveloppaient la foule. Une flammèche, de temps à autre, passait sur le ciel noir. Bouvard contemplait l'incendie en pleurant doucement (FLAUB., Bouvard, 1880, p. 38). Du temps où elle était en bois, New-York a conservé la phobie de l'incendie. Partout des escaliers de sûreté, des panneaux ignifugés, des dégagements, des sorties de secours (MORAND, New-York, 1930, p. 214) :
• 1. Quel affreux et magnifique spectacle! la foudre met le feu dans les bois; l'incendie s'étend comme une chevelure de flammes; des colonnes d'étincelles et de fumées assiègent les nues, qui dégorgent leurs foudres dans le vaste embrâsement.
CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 216.
SYNT. Incendie d'un bâtiment, d'une ville, de forêt; immense incendie; incendie criminel; pompe à incendie; assurance, lutte, protection contre l'incendie; l'incendie de Londres, de Moscou, de Rome; l'incendie couve, se déclare, éclate, fait rage; provoquer un incendie; circonscrire, combattre, maîtriser un incendie.
— P. métaph. Un magnifique double pavot rouge (...) déployant les flammèches de son incendie au-dessus des jasmins étoilés et dominant la pluie incessante du pollen (BALZAC, Lys, 1836, p. 121).
A. — P. anal.
1. [Avec les vives lueurs du feu] Lumière intense qui se développe sur une grande étendue. Reflets d'incendie du soleil. La posada, un paon sur son toit, allumait ses vitres à l'incendie lointain du soleil couchant (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 174). La lumière elle-même semblait venir d'ailleurs que du ciel où le crépuscule jetait des couleurs d'incendie (GREEN, Moïra, 1950, p. 171) :
• 2. Bientôt tout le ciel, de l'est au nord, fut sous-tendu par une bande phosphorique d'un éclat intense. Cet incendie gagna peu à peu l'horizon entier, enflammant les nuages comme un amas de matières combustibles, et, bientôt reflété par les eaux miroitantes, il forma une immense sphère de feu...
VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 241.
2. [Avec les brûlures provoquées par le feu; en parlant d'un aliment trop épicé] Sensation d'irritation, de brûlure. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 574).
B. — Au fig.
1. Effervescence, explosion de passions, de sentiments violents. Il savait sans doute à quelles faiblesses j'étais sujet, et quel incendie pouvait allumer dans mon âme une excitation imprudente (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 162). Sauf dans le bref incendie d'une passion amoureuse, deux individus ne sauraient constituer un monde qui protège chacun d'entre eux contre le monde (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 254) :
• 3. Certes il arrive que la passion qui le brûle arrache à l'homme d'admirables cris; mais comment la connaîtrait-il, la subissant? Comment pourrions-nous embrasser du regard cet incendie, lui assigner sa vraie place, si nous nous débattons au milieu des flammes, si nous étouffons sous les décombres?
MAURIAC, Gds hommes, 1949, p. 204.
2. Bouleversement social violent, susceptible de troubler l'ordre établi. Cette impératrice voyait avec plaisir se former un orage dans le Midi de l'Europe; elle attisait volontiers un incendie qui pouvait lui devenir très favorable, sans qu'il lui en coûtât rien (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 945). Dans cette attente d'un envahissement des barbares (...) reparaissait sa foi absolue à une révolution prochaine, la vraie, celle des travailleurs, dont l'incendie embraserait la fin du siècle (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1589) :
• 4. « En juin 14, un jour d'été, brusquement, un incendie a éclaté au centre de l'Europe. Le foyer était en Autriche. Le bûcher avait été préparé avec soin à Vienne... » — « ...Mais », interrompit Studler, « l'étincelle était partie de Serbie! poussée par un violent, par un traîtreux vent du nord-est, qui venait tout droit de Pétersbourg! »
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 521.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1605 « grand feu qui se propage en causant des dégâts » (LE LOYER, Histoire des Spectres, VI, 15 ds HUG.); 2. 1671 « troubles excités par des factions; bouleversements importants qui affectent un ordre établi » (FLÉCHIER, La Vie du Cardinal J.-F. Commendon, livre 2, chap. 19 ds RICH. 1680); 3. 1762 « lumière rougeoyante éclairant une grande étendue » (ROUSSEAU, Émile, p. 431). Empr. au lat. class. incendium « embrasement, feu; ardeur (des sentiments, des passions) ». On trouve aussi en domaine occitan les subst. encendi « grand feu » (mil. XIe s., Chanson de Sainte Foy, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 308, 362) et encende (1560, J. POLDO D'ALBENAS, Antiquités de Nismes, p. 107, 108 ds DELB., Notes mss), ainsi que encendy (1570, Arch. Gir., 31, 167 ds R. Ling. rom. t. 20, p. 81) en a. gasc. Ces formes, qui ont maintenu l'accentuation lat., apparaissent à côté de incendy, attesté en a. gasc. (1570, Arch. Gir., 31, 167 ds R. Ling. rom. t. 20, p. 82), incendie (1575, Arch. Gir., 18, 519, loc. cit.), calque du lat. incendium. Fréq. abs. littér. : 1 587. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 923, b) 2 270; XXe s. : a) 2 544, b) 2 361.
incendie [ɛ̃sɑ̃di] n. m.
ÉTYM. 1575; lat. incendium, de incendere « allumer », de in- (→ 2. In-), et -candere « faire brûler, enflammer » (comparer à candere, marquant l'état; → Incandescent); cf. anc. béarnais incendy, 1570 (aussi encendy), et anc. provençal encendi, mil. XIe; le mot a été critiqué, au XVIIe, comme vulg. par rapport à embrasement.
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1 Grand feu qui se propage en causant des dégâts. ⇒ Embrasement, 1. feu (cit. 35 et 40); brasier, sinistre. || L'incendie d'une maison, d'une ville, d'une forêt. || L'incendie de Rome, allumé, dit-on, par Néron. || L'incendie de Moscou en 1813. || L'incendie de Londres (1666). || L'incendie de San Francisco (1906). || Incendies allumés par un bombardement. || Provoquer un incendie. || Incendie volontaire, criminel; crime (cit. 12) d'incendie (⇒ Incendiaire). || Incendie dû à l'imprudence. || Commencement d'incendie. || Incendie qui éclate, se déclare, fait rage. || Un violent incendie. || Le flamboiement (cit. 1), les brandons, les flammes d'un incendie (→ Aile, cit. 14; amiral, cit. 2). || Foyer d'incendie. || Le bâtiment est la proie de l'incendie, est consumé, réduit en cendres par l'incendie (→ Heure, cit. 12). || Destruction totale par l'incendie. ⇒ Combustion. || Dévastations, ravages causés par l'incendie. || Défense, protection contre l'incendie (⇒ Pompier, sapeur; avertisseur, bateau-pompe, bombardier (à eau), canadair (marque), extincteur, pare-feu, pompe). || Dispositif de projection de liquide contre l'incendie. ⇒ Sprinkler (anglic.). || Parois coupe-feu pour empêcher la propagation d'un incendie. || Borne, bouche d'incendie. || Piquet d'incendie. || Faire la chaîne dans un incendie. || Extinction (cit. 2) d'un incendie. || Les pompiers ont combattu, circonscrit (cit. 3), enrayé, éteint (cit. 1), maîtrisé l'incendie. || Incendies de forêts. || Bois endommagé par l'incendie. ⇒ Arsin. — Prévention des incendies. || Assurance contre l'incendie. || Responsabilité des locataires en cas d'incendie. || Consignes de sécurité à suivre en cas d'incendie.
1 Les torrents et les incendies nous ont fait découvrir que les terres contenaient des métaux.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XVIII, XV.
2 (…) on garde le souvenir des mauvais princes, comme on se souvient des inondations, des incendies et des pestes.
Voltaire, Hist. de Charles XII, Disc. sur l'hist…
3 On contient d'abord l'incendie (de Moscou); mais dans la seconde nuit il éclate de toutes parts; des globes lancés par des artifices crèvent, retombent en gerbes lumineuses sur les palais et les églises. Une bise violente pousse les étincelles et lance les flammèches sur le Kremlin (…) Les bouches des divers brasiers en dehors s'élargissent, se rapprochent, se touchent : la tour de l'Arsenal, comme un haut cierge, brûle au milieu d'un sanctuaire embrasé. Le Kremlin n'est plus qu'une île noire contre laquelle se brise une mer ondoyante de feu.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 216-217.
3.1 Puis, frottant une allumette qu'il tira de sa boîte, sans que sa main hésitât un instant, il porta la flamme dans un coin de la salle où étaient entassés des cartons d'épures et de légers modèles en bois de sapin.Puis il sortit.Un instant après, l'incendie, alimenté par toutes ces matières combustibles, projetait d'intenses flammes à travers les fenêtres de la salle. Aussitôt, la cloche d'alarme sonnait, un courant mettait en mouvement les carillons électriques des divers quartiers de Stahlstadt, et les pompiers, traînant leurs engins à vapeur, accouraient de toutes parts.
J. Verne, les Cinq cents Millions de la Bégum, IX, p. 154.
4 Des semaines se succédèrent sans que tombât une goutte d'eau. Bernard vivait dans la terreur de l'incendie (…) Cinq cents hectares avaient brûlé du côté de Louchats (…) Un jour, toute la forêt crépiterait alentour (…)
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, VIII.
5 Il se retourna : d'autres halos d'incendie rougeoyaient de-ci, de-là, sur Levallois, sur Puteaux peut-être (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 135.
2 a (XVIIIe). Lumière intense, rougeoyante, éclairant une grande étendue. || L'incendie du soleil couchant. || Ciel d'incendie (→ Barbelé, cit. 1).
6 Le lendemain, pour respirer le frais, on retourne au même lieu avant que le soleil se lève. On le voit s'annoncer de loin par les traits de feu qu'il lance au-devant de lui. L'incendie augmente, l'orient paraît tout en flammes; à leur éclat on attend l'astre longtemps avant qu'il se montre; à chaque instant on croit le voir paraître; on le voit enfin. Un point brillant part comme un éclair et remplit aussitôt tout l'espace; le voile des ténèbres s'efface et tombe.
Rousseau, Émile, III (1762).
7 Le soir, je distingue (…) dans le ciel, vers l'est, des reflets d'incendie, un pâle embrasement d'aurore : la grande ville est proche.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, III, p. 68.
b Sensation d'irritation. ⇒ Brûlure. || Le poivre, les piments lui mettaient un incendie dans le ventre.
3 (1671, sens b). Fig. a Explosion, flambée de sentiments violents, de passions ardentes. || L'incendie de la colère (→ Fumer, cit. 18).
8 L'incendie rôdait dans nos âmes. À tout moment l'étincelle pouvait jaillir et nous embraser. Nos silences couvaient des flammes étouffées dont le déchaînement ne tenait qu'à un fil. Nous étions tous les deux enveloppés de puissantes menaces.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 286.
b Bouleversement violent qui affecte l'ordre social, la paix. ⇒ Conflagration, guerre, révolution; → Fourniture, cit.
9 (…) si Paris apparaissait décidément le foyer où l'incendie général s'alimentait, la France serait derechef traitée en perturbatrice du monde.
Louis Madelin, Talleyrand, V, XXXVII.
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DÉR. Incendier.
Encyclopédie Universelle. 2012.