inévitable [ inevitabl ] adj.
• 1377; lat. inevitabilis
1 ♦ Qu'on ne peut éviter, qui se produit sans qu'on puisse l'empêcher. ⇒ certain, fatal, immanquable, inéluctable, obligatoire. « Si tous laissent les choses aller, la catastrophe est inévitable » (Martin du Gard). Conséquence, difficulté inévitable. ⇒ assuré, forcé, imparable, incontournable, nécessaire, obligé. — Il est inévitable qu'il en soit ainsi. — Subst. Accepter l'inévitable.
2 ♦ Par plais. Qui est toujours là; qu'il faut subir. ⇒ habituel, rituel, sempiternel. Le ministre et son inévitable cigare. ⇒ inséparable. « les sinuosités de l'inévitable moustache noire » (Balzac).
⊗ CONTR. Évitable. Éventuel.
● inévitable adjectif Qu'on ne peut éviter ; fatal, inéluctable : Cet accident était inévitable. Qu'on rencontre nécessairement : L'inévitable habitué des cocktails. ● inévitable (synonymes) adjectif Qu'on ne peut éviter ; fatal, inéluctable
Synonymes :
- fatal
- inéluctable
Contraires :
- éventuel
- évitable
- possible
- problématique
Qu'on rencontre nécessairement
Synonymes :
- obligé
● inévitable
nom masculin
Ce qu'on ne peut éviter : Et l'inévitable est arrivé.
inévitable
adj. Que l'on ne peut éviter. La mort est inévitable.
⇒INÉVITABLE, adj.
A. — Qu'on ne peut éviter; qui se produit nécessairement. Synon. certain, fatal, immanquable, inéluctable, nécessaire. Catastrophe, chute, dénouement, événement, évolution, fin, guerre, mort inévitable. Il est des lois inévitables, des heures fatales qui se déclarent pour nous en avançant. Nul n'y échappe (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 7). Un peuple ne vit pas sur une négation; il ne saurait se refuser, dans ses générations successives, au contact inévitable, fatal, humain, avec qui l'administre, le gouverne (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 228). Ce qui, hier encore, semblait impossible, odieux, est devenu inévitable, nécessaire, légitime! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 688).
♦ Il est inévitable que + subj. Il est inévitable que cet équilibre se rompe (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 277). Pour nous, l'amour ne pouvait aller qu'avec l'argent. Il était naturel, nécessaire, inévitable qu'Yves aimât une fille riche (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 261).
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Se résigner à l'inévitable. Nous nous résignons encore à l'inévitable, à ce qui frappe tous les humains (AMIEL, Journal, 1866, p. 316). Sa résignation fataliste qui prenait vite son parti de l'inévitable (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 383) :
• Il faudra dire ce qu'est subir, éprouver l'incoercible, l'inévitable, l'irrémédiable; de différentes façons l'existence nous est imposée : seule cette nécessité éprouvée en nous-même peut être appariée à la liberté de consentement, car seule une expérience intérieure peut être partielle au regard de la liberté et appeler un acte de volonté qui l'achève.
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 329.
B. — [Avec une intention plaisante; en parlant d'une pers. ou d'un inanimé concr.] Qu'on ne peut manquer de rencontrer ou de trouver. Synon. fatidique, immanquable, indispensable. Son inévitable compagnon; son inévitable chapeau, imperméable. L'inévitable Z, qui a été le joli cœur de la société (FLAUB., Corresp., 1877, p. 3). Autour d'elle, des amis et des amies : le vieil abonné à figure rose, le vieux général inévitable (RENARD, Journal, 1897, p. 444). Un buffet froid avec pâtés, puddings et l'inévitable agneau à la sauce menthe (MORAND, Londres, 1933, p. 200). V. billard ex. 2.
REM. Inévitée, adj. fém., hapax. Plus la première [éducation] a été grande, profonde, inévitée, ou du moins incorrigée par la seconde, plus elle doit laisser de sédiments dans les créations de l'esprit (BARBEY D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 102).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1694, 1718 : inevitable, ensuite -né-. Étymol. et Hist. 1377 « qu'on ne peut éviter » (ORESME, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 1968, p. 208, 50). Empr. sav. du lat. inevitabilis « inévitable ». Fréq. abs. littér. : 1 672. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 177, b) 1 627; XXe s. : a) 2 855, b) 2 663.
DÉR. Inévitabilité, subst. fém., rare. Caractère de ce qui est inévitable. Synon. inéluctabilité. Tels sont à la fois l'illogisme et l'inévitabilité de mes réactions (DU BOS, Journal, 1923, p. 217). L'idée de l'inévitabilité de la mort apparaît (Bergson, Deux sources, 1932, p. 144). — [inevitabilite]. — 1res attest. XVe s. [date du ms.] (Chron. et hist. saint. et prof., Ars 3515, f° 18 v° ds GDF.), attest. isolée, de nouv. 1731 [date d'éd.] (FÉNELON, LAMI, BOULAINVILLIERS, Réfut. de Spinoza, p. 138 ds LITTRÉ), 1802 (Nouv. dict. françois-allemand et allemand-françois, Bâle, Flick); dér. sav. de inévitable, suff. -(i)té.
inévitable [inevitabl] adj.
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1 Vx. Que l'on ne peut éviter (dans l'espace).
1 Et sa flèche inévitable et juste.
Clément Marot, Métamorphoses d'Ovide, II.
REM. Les emplois métaphoriques de ce sens spatial sont compris au sens 2. → ci-dessous, cit. 6.
2 Mod. Que l'on ne peut éviter (cit. 27), qui se produit sans qu'on puisse l'empêcher. ⇒ Certain (cit. 6), fatal, immanquable, inéluctable, obligatoire. || Le caractère inévitable de la fatalité. || La mort est inévitable (→ 1. Mort, cit. 7.1). || Catastrophe (cit. 5) inévitable. || Un piège inévitable (→ Attendre, cit. 3; aveugle, cit. 15). || La guerre est désormais inévitable (→ Entêter, cit. 10). || L'inévitable engourdissement (cit. 5) de la routine. || L'évolution (cit. 10) inévitable des esprits. || Conséquence, effet inévitable. ⇒ Assuré, forcé, nécessaire, obligé (→ Embarras, cit. 7). || Corollaires inévitables (→ Hérésie, cit. 8). — Il est inévitable que…, suivi du subj. (→ Avancement, cit. 5). || Je l'avais prédit : c'était inévitable ! Qu'on ne peut éviter de faire. || Une action (cit. 24) militaire est devenue inévitable. → Imposer (s'). || Opération inévitable, sinon urgente (→ Aigu, cit. 13). || Les petits cadeaux inévitables (→ Casuel, cit. 2).
2 (…) si (…) nous envisagions cet événement, non pas comme un effet du hasard (…) mais comme une suite indispensable, inévitable, juste, sainte (…) d'un arrêt et sa providence (…)
Pascal, Lettre à Mme Périer, 17 oct. 1651.
3 (…) une mort inévitable, qui nous menace à chaque instant (…)
Pascal, Pensées, III, 194 bis.
4 (…) la puissance divine justement irritée contre notre orgueil (…) ne fait de nous tous qu'une même cendre. Peut-on bâtir sur ces ruines ? Peut-on appuyer quelque grand dessein sur ce débris (destruction) inévitable des choses humaines ?
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre.
5 (…) tant de dépenses inévitables (…)
Racine, Mémoires pour relig., Port-Royal.
6 On s'égare un seul moment de la vie, on se détourne d'un seul pas de la droite route; aussitôt une pente inévitable nous entraîne et nous perd (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, III, Lettre XVIII.
7 (…) l'état social change; des institutions s'en vont, d'autres viennent; les sciences font des découvertes; les peuples, se mêlant, mêlent leurs idiomes : de là l'inévitable création d'une foule de termes.
Littré, Dict., Préface.
♦ N. m. || L'inévitable. || Se résigner, se soumettre à l'inévitable. || En venir, se résoudre à accepter l'inévitable.
8 Et ne semble-t-il pas que, dans l'inévitable même, nous puissions retarder quelque chose ?
Maeterlinck, le Trésor des humbles, X.
♦ Vieilli (adj.). || Inévitable à…
9 (…) une union étroite (…) où les dissonances même des malheurs inévitables à la condition humaine se résolvent dans l'harmonie.
A. Arnoux, Royaume des ombres, VI, p. 202.
3 Qu'on rencontre sans pouvoir l'éviter. a Vieilli. Habituel. || L'inévitable faiblesse (cit. 17) humaine. || L'humble (cit. 40) et inévitable réalité quotidienne.
b (1831). Mod. et plais. ⇒ Rituel, sempiternel; habituel. || Le ministre et son inévitable cigare. ⇒ Inséparable. || Don Quichotte flanqué de son inévitable Sancho Pança.
10 La pourpre de ses lèvres était rehaussée par les sinuosités de l'inévitable moustache noire.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 681.
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CONTR. Évitable. — Éventuel.
DÉR. Inévitabilité, inévitablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.