interférence [ ɛ̃tɛrferɑ̃s ] n. f.
• 1793; angl. interference → interférer
1 ♦ (1842) Phys. Phénomène résultant de la superposition de vibrations cohérentes de même nature et de même fréquence. Interférence des rayons lumineux, des ondes sonores. Franges, ordre d'interférence.
2 ♦ (déb. XXe) Intervention contradictoire, immixtion; conjonction de faits. Interférence des phénomènes politiques et économiques.
● interférence nom féminin (anglais interference) Phénomène qui résulte de la superposition d'ondes de même nature et de fréquences égales (ou voisines), et qui se manifeste par une variation dans l'espace ou dans le temps de l'amplitude de la résultante des ondes. Rencontre, conjonction de deux séries de phénomènes distincts : Interférence de la situation économique et de la crise politique. Rencontre de deux courants de perturbations, qui provoque une aggravation du mauvais temps. Dans le domaine de la mémoire, influence, en principe négative, de la mise en mémoire d'un matériel sur la mise en mémoire ou la conservation d'un autre matériel, présenté antérieurement (interférence rétroactive) ou postérieurement (interférence proactive). ● interférence (synonymes) nom féminin (anglais interference) Rencontre, conjonction de deux séries de phénomènes distincts
Synonymes :
interférence
n. f.
d1./d PHYS Phénomène qui résulte de la superposition de deux mouvements vibratoires de fréquence et d'amplitude voisines.
d2./d Fig. Fait d'interférer. Il y a interférence entre le politique et le social.
|| LING En situation de contact entre deux langues (bilinguisme, apprentissage), phénomène résultant de l'application dans l'une d'elles de règles (phonétiques, phonologiques, grammaticales, etc.) propres à l'autre.
⇒INTERFÉRENCE, subst. fém.
I. A. — PHYS. Phénomène résultant de la superposition de deux ou de plusieurs mouvements vibratoires de même nature, de fréquence identique ou voisine. Interférences lumineuses, sonores, acoustiques; interférence de rayons lumineux, d'ondes électroniques; champ d'interférence. L'un des plus brillants phénomènes d'interférence de l'optique, est celui des anneaux colorés de Newton; on sait que c'est à lui que les bulles de savon doivent leurs riches couleurs, et qu'il est produit par l'interférence des rayons réfléchis sur les deux surfaces d'une lame mince (H. POINCARÉ, Théorie Maxwell, 1899, p. 69). Les phénomènes d'interférence les plus connus sont les phénomènes de battement, les ondes stationnaires, les franges d'interférence (anneaux de Newton) (QUILLET 1965).
♦ P. métaph. Les nœuds et les interférences de ces abstractions [ordre, justice, etc.] se manifestent plus clairement si l'on décompose le semblant d'idée « liberté » en ses différentes espèces (VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p. 64).
— Franges d'interférence(s). Ensembles des points d'amplitude maximale et des points d'amplitude minimale obtenus par l'interférence de deux ou de plusieurs mouvements vibratoires (v. frange B 3 b). Chaque fois que nous observons des franges d'interférences, nous sommes conduits à attribuer un caractère vibratoire au phénomène physique qui les produit (LAMIRAND, JOYAL, Sc. phys., Classe de philos., Paris, Masson, 1954, p. 116). Considérons (...) une plaque photographique sur laquelle l'arrivée de photons ou d'électrons a provoqué l'apparition de franges d'interférences ou d'un diagramme de diffraction (L. DE BROGLIE, Bases interprét. mécan. ondul., 1963, p. 6).
B. — P. anal.
1. MÉD. ,,Inhibition du développement d'un virus par un autre virus, ou d'une maladie virale par une autre infection virale`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Le phénomène d'interférence peut être d'auto-interférence quand il s'agit des deux mêmes virus; d'homo-interférence lorsque les virus sont homologues ou d'hétéro-interférence lorsque les virus sont hétérologues (VILLEMIN 1975).
2. MÉTÉOR. Superposition de deux courants de perturbation entraînant des aggravations ou des atténuations de la perturbation. Les interférences observables en Europe occidentale se produisent le plus souvent entre le front polaire et le pseudo-front méditerranéen (DELC. t. 4 1928).
C. — Au fig. Rencontre de deux ou de plusieurs phénomènes qui agissent conjointement, souvent pour se modifier, se renforcer ou se contrarier. Lorsque deux mécanismes interfèrent, se heurtent, il en résulte une forme « accidentelle » et la notion d'accident a, par là, une vraie valeur, indépendante de l'impression humaine. Mais il y a dans le monde, des « heurts » d'un autre ordre, des interférences plus subtiles, des dissonances plutôt, des antipathies entre des êtres (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 81). Les bizarres interférences entre la lumière et le silence qui hâtent, maintenant, en moi l'oubli du temps qui s'écoule (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 236) :
• 1. ... je m'habituai à considérer que ma vie intellectuelle — incarnée par mon père — et ma vie spirituelle — dirigée par ma mère — étaient deux domaines radicalement hétérogènes, entre lesquels ne pouvait se produire aucune interférence. La sainteté était d'un autre ordre que l'intelligence...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 44.
— LING. Phénomène résultant du contact de deux ou plusieurs langues et se manifestant par l'emploi, dans une langue, d'éléments propres à une autre langue. L'emprunt et le calque sont souvent dus, à l'origine, à des interférences. Mais l'interférence reste individuelle et involontaire (...). Un Allemand parlant français pourra donner au mot français la mort le genre masculin du mot allemand correspondant Tod (interférence morphologique) (Ling. 1972).
II. — Intervention (d'une personne ou d'une chose); immixtion, ingérence. Je lui ai fait observer qu'il était assez simple que l'empereur ayant une maison, qu'il n'avait pas demandée, il n'y voulût pas de son gré aucune interférence étrangère (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 506). J'étais la seule maison de paysan qui vous accueillît au fond comme un autre paysan. Sans aucune interférence de respect ni d'hospitalité, sans l'ombre d'une interférence (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 695) :
• 2. Savez-vous que j'ai, moi, des devoirs envers la France et, qu'en vertu de ces devoirs, je ne puis admettre l'interférence d'aucune puissance étrangère dans l'exercice des pouvoirs français?
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 116.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. 1819 phys. (ARAGO et FRESNEL, Mémoire sur l'action que les rayons de lumière polarisée exercent les uns sur les autres in Ann. de chim. et phys., t. X, pp. 288 et sqq. ds QUEM. DDL t. 20); 2. 1823 « intervention, immixtion, ingérence » (LAS CASES, loc. cit. ). Empr. à l'angl. interference attesté dep. 1783 au sens de « intervention, immixtion » et dep. 1802 comme terme de sc. phys. (Th. Young ds NED), ce terme étant dér. du verbe to interfere (v. interférer), interprété comme un composé à partir du lat. ferre, d'où la formation de interférence sur le modèle de mots du type de différence. Fréq. abs. littér. : 112.
DÉR. Interférentiel, -elle, adj. Qui est relatif aux interférences. Microscope, réfractomètre interférentiel; photographie interférentielle. Les mesures interférentielles avaient montré que beaucoup de raies spectrales avaient une structure « hyperfine » (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 251). — [], fém. [-]. Var. -ciel (v. AYMÉ, Brûlebois, 1926, p. 173) serait la seule graphie souhaitable, le mot de base étant interférence (cf. THIM. Princ. 1967, p. 29). — 1re attest. 1872 (LITTRÉ Add.); de interférence sur le modèle de mots comme différentiel.
BBG. — QUEM. DDL t. 20.
interférence [ɛ̃tɛʀfeʀɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1819; angl. interference (1783 « intervention »; → ci-dessous, 2; en sciences, 1802, Thomas Young), de to interfere, 1773, dans cet emploi, lord Monboddo; → Interférer.
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1 Sc. a (1819, Arago, in D. D. L.). Phys. Superposition de deux phénomènes vibratoires de même longueur d'ondes lorsque celles-ci sont en phase ou en opposition de phase; effet de cette superposition. || Interférences lumineuses. || Franges d'interférence : bandes alternativement brillantes et obscures résultant de l'interférence de deux radiations lumineuses. — Interférences sonores. || Les battements produits par deux sons de fréquences voisines résultent de l'interférence des ondes sonores.
b Météor. Superposition de plusieurs courants.
c Méd. Inhibition d'une infection (d'un virus) par une autre infection (un autre virus).
1 Si je cessais de souffrir par Mlle Vinteuil quand je souffrais par Léa, ces deux bourreaux de ma journée, c'est soit par l'infirmité de mon esprit à se représenter à la fois trop de scènes, soit par l'interférence de mes émotions nerveuses, dont ma jalousie n'était que l'écho.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 164.
♦ Ling. Sociol. Phénomène résultant du contact entre deux usages sociaux.
2 De plus, l'espèce de rivalité franco-britannique créée sur place par les interférences et les pressions de vos représentants est nuisible à l'effort de guerre des Nations Unies (…)
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. II, p. 22.
3 L'interférence d'Alger et de Paris, c'est le fait tragique des jours que nous vivons.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 70.
Encyclopédie Universelle. 2012.