interpeller [ ɛ̃tɛrpəle ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1352; lat. interpellare « interrompre, 1. sommer »
1 ♦ Adresser la parole brusquement à (qqn) pour interroger, insulter. ⇒ apostropher, appeler. Les jeunes gens « interpellant les filles » (Aragon). Pronom. « tout le monde se rencontrait, s'interpellait et conversait » (Camus).
2 ♦ Dr. pén. Questionner (qqn) sur son identité, en parlant de la police.
3 ♦ (Sujet chose) Susciter un écho, un intérêt chez (qqn). La misère nous interpelle. — Très iron. Ça m'interpelle quelque part. — On écrirait mieux interpeler <conjug. : 4> .
● interpeller verbe transitif (latin interpellare, interrompre) Adresser vivement ou soudainement la parole à quelqu'un pour lui demander ou lui dire quelque chose : Interpeller un élève distrait. Poser un certain nombre de questions à quelqu'un, vérifier son identité, au cours d'un interrogatoire ou d'une opération de police, etc. : Les agents interpellèrent les consommateurs du bar. En parlant d'un fait, contraindre quelqu'un à en prendre conscience, à réagir : La misère de certaines populations nous interpelle. Faire une interpellation. ● interpeller (difficultés) verbe transitif (latin interpellare, interrompre) Conjugaison Avec deux l à toutes les personnes (à la différence d'appeler) : j'interpelle, nous interpellons. ● interpeller (synonymes) verbe transitif (latin interpellare, interrompre) Adresser vivement ou soudainement la parole à quelqu'un pour lui...
Synonymes :
- héler
Poser un certain nombre de questions à quelqu'un, vérifier son...
Synonymes :
- sommer
En parlant d'un fait, contraindre quelqu'un à en prendre conscience...
Synonymes :
- parler
- remuer
interpeller
v. tr. Adresser la parole à (qqn) pour lui demander qqch, pour le sommer de s'expliquer. Interpeller grossièrement qqn.
|| Mod., fig. Cet état de fait l'interpelle, force son attention, le préoccupe.
⇒INTERPELLER, verbe trans.
A. — 1. Qqn interpelle qqn. Appeler quelqu'un; lui adresser la parole (d'une manière brusque) pour attirer son attention, lui demander quelque chose ou l'insulter. On s'excusait près des morts de ne pouvoir les honorer comme le prescrivaient les rites (...); on les interpellait, on leur demandait ce qu'ils désiraient (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 57). La conversation étant tombée sur la mode, M. de Plouguern, par malice, interpella Clorinde au sujet de la nouvelle forme des chapeaux (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 164) :
• 1. Je trouvai, à la sortie, une espèce de cocher à face rubiconde et bourrue, qui m'interpella :
— C'est-y vous qu'êtes la nouvelle femme de chambre de M. Rabour?
— Oui, c'est moi.
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 15.
♦ Emploi pronom. réciproque. Les combattants se connaissaient tous par leurs noms. Ils s'interpellaient de loin à la façon des héros d'Homère (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 266). Ils [les domestiques, mécontents] flânaient, s'interpellaient l'un l'autre et s'excitaient à quitter le travail (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 303).
— P. métaph. Par-dessus la petite ville, le clocher avec ses trois cloches interpelle le cimetière : Ô morts, nous pensons à vous (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1912, p. 418).
2. P. anal.
a) Qqn interpelle qqc./qqn (littér.). Adresser un message à. Synon. interroger. Homme (...), Quelle manie, atome en proie aux purgatoires, As-tu d'interpeller les cieux? (HUGO, Religions et religion, 1880, p. 207) :
• 2. Au temps des Grecs, (...) la fatalité régnait sur les hauteurs. Mais elle était inaccessible et nul n'osait l'interroger. Aujourd'hui, c'est elle qu'on interpelle (...). On ne s'arrête plus aux effets du malheur, mais au malheur lui-même, et l'on veut savoir son essence et ses lois.
MAETERL., Trésor humbles, 1896, p. 188.
— [P. méton. du suj.] Mais à qui n'est-il pas arrivé (...) d'être soudainement interpellé par la voix d'un souvenir qui se dresse souvent trop tard (BALZAC, Contrat mar., 1835, p. 284).
b) Qqn, qqc. interpelle qqn. Provoquer l'attention de; exiger une réponse, une prise de position de. La détresse morale des personnes âgées nous interpelle à tout instant (Lar. Lang. fr.).
— [P. méton de l'obj.] Assurant les grévistes de la faim de son soutien fraternel, il ajoute : « Geste spectaculaire et vain, dira-t-on peut-être. Non, s'ils réussissent à interpeller nos consciences (...) » (L'Express, 27 juill. 1970, p. 39, col. 3).
B. — Spécialement
1. DR. PÉNAL. Poser (à un individu) une ou des questions précises au cours d'une enquête, d'un contrôle de police et éventuellement mettre en état d'arrestation. Le 30 mai 1979, une opération de grande envergure avait eu lieu au parc départemental de Nanterre : la police avait interpellé, à titre préventif, une cinquantaine de jeunes, dont certains n'avaient pas treize ans (Le Monde, 31 mai 1980, p. 41).
2. DR. CIVIL. Interpeller de + inf. Mettre (quelqu'un) en demeure de. M. Dubois de Crancé est interpellé d'administrer la preuve de ce fait (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 359).
3. DR. CONSTIT. Interpeller (sur qqc.). Sommer (le gouvernement, un ministre) de s'expliquer (sur une action, une conduite politiques). Dans quelle bataille je vis! Pendant que Millerand interpelle le ministre Bourgeois à propos de l'interdiction de La Fille Élisa, moi, je travaille à ma préface à l'encontre de Renan (GONCOURT, Journal, 1891, p. 23). En 1867, le droit d'interpeller les ministres remplaça celui de voter une adresse (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 29).
Rem. V. interpellation rem.
Prononc. et Orth. : [], [--], ou [-pe-], (il) interpelle [-]. FÉR. Crit. t. 2 1787, GATTEL 1841, NOD. 1844, BESCH. 1845 [-]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1798-1878 : ,,on prononce les deux l``). Étymol. et Hist. 1. 1364-73 interpeller aide « invoquer » (BERSUIRE, T.-Liv., ms. Ste-Gen., f° 84b ds GDF.), attest. isolée; 2. 1534 « couper la parole à quelqu'un, interrompre » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saunier, IX bis, p. 64, 218); 3. fin XVIe s. « sommer quelqu'un, le mettre en demeure de s'expliquer sur les faits » (Visions advenues au sultan Amurat ds Variétés histor. et litt., éd. E. Fournier, III, 209); plus gén. 1780 « poser une question » interpellé du fait (MIRABEAU, Lettres, t. 4, p. 222); 4. 1790 pol. (Mme ROLAND, Let., t. II, p. 363 ds BRUNOT t. 9, p. 778, note 1). Empr. au lat. class. interpellare « interrompre quelqu'un, déranger, troubler », l'emploi jur. s'est développé à partir de l'époque impériale (v. TLL s.v. 2242, 32 sqq.). Fréq. abs. littér. : 518. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 247, b) 650; XXe s. : a) 1 023, b) 1 024. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 326. - JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, pp. 149-150. - QUEM. DDL t. 17. - RAYMONDIS (L.M.), LE GUERN (M.). Le Lang. de la just. pénale. Paris, 1976, p. 86.
interpeller [ɛ̃tɛʀpəle; ɛ̃tɛʀpele] v. tr.
ÉTYM. 1352, « invoquer, solliciter »; « interrompre », 1534, Rabelais; lat. interpellare « interrompre, sommer ».
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1 a (1694). Adresser la parole à (qqn) d'une façon plus ou moins brusque pour demander quelque chose, interroger, questionner, insulter. || Action d'interpeller ⇒ Interpellation. || Un inconnu l'interpella, se mit à l'interpeller. ⇒ Apostropher, appeler. || Interpeller qqn au sujet, à propos de qqch. || Camelot qui interpelle les passants. || Il l'interpella d'aussi loin qu'il le vit. ⇒ Héler. || Interpeller qqn pour (et inf.). || Interpeller qqn vivement, cordialement, brutalement. — En incise. || « Viens ! » l'interpella-t-il. — Absolt. || Interjections servant à interpeller. ⇒ Eh, hé, hep, holà, ohé.
1 Sur l'invitation de Benassis, qui les interpella chacun à son tour pour éviter les politesses de préséance, les cinq convives du médecin passèrent dans la salle à manger et s'y attablèrent (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 432.
2 Javert interpella le portier du ton qui convient au gouvernement, en présence du portier d'un factieux.
Hugo, les Misérables, V, III, X.
3 Je l'interpellai, rien que pour lui faire tourner la tête de mon côté (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 439.
4 Par les ruelles, les jeunes gens commençaient la traîne, interpellant les filles qui allaient par bandes.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXV.
♦ Pron. (à sens réciproque). || Brouhaha (cit. 3) de gens qui se bousculent (cit. 4) en s'interpellant à grands cris. || Automobilistes qui s'interpellent grossièrement.
5 J'ai remarqué à ce moment que tout le monde se rencontrait, s'interpellait et conversait, comme dans un club où l'on est heureux de se retrouver entre gens du même monde.
Camus, l'Étranger, p. 120.
b Littér. (Compl. n. de chose personnifiée). Appeler, interroger. || Interpeller le destin, la fatalité.
2 (1790). Polit. Demander à (un ministre, un gouvernement) de s'expliquer sur ses actes, sur sa politique. || Interpeller le ministre des Finances sur son projet de réforme fiscale. — (Av. 1918, in D. D. L.). Sans compl. second. || Le droit d'interpeller les ministres; absolt, le droit d'interpeller.
3 Dr. pén. Questionner (un suspect) sur son identité. ⇒ Interpellation. || L'inspecteur a interpellé un manifestant.
4 (1969, in G. L. L. F.). Sujet n. de chose, compl. n. de personne. Constituer un appel pour (qqn), avoir un intérêt psychologique vif pour (qqn). — REM. Cet emploi à la mode (après 1970) fait partie du vocabulaire pseudo-psychologique de la nouvelle préciosité (→ Interroger, questionner). || « Me casser le cul à faire une carrière, ça m'interpelle nulle part. C'est tout » ( Claire Bretécher, in le Nouvel Obs., 11 sept. 1978, p. 55; N. B. Emploi ironique; → aussi Quelque part, qui appartient au même vocabulaire).
6 Le style intellectuel (…) Exemple : « Cette somme de constats n'interpelle pas seulement la direction du PCF,… elle apostrophe la gauche tout entière » (…)
Jean Dutourd, la Gauche la plus bête du monde, p. 237.
7 (…) ils n'auraient jamais annoncé, comme tel commentateur hippique : « Le terrain lourd interpelle violemment les chevaux de courses. » Ou, comme le Premier ministre à propos de la visite d'un chef d'État polonais : « Ce voyage m'a interpellé. »
Pierre Daninos, la France prise aux mots, p. 27.
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interpellé, ée p. p. adj.
♦ || Passants interpellés. || Suspect interpellé (par la police). — N. (1902, in D. D. L.). || L'interpellé.
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DÉR. V. Interpellatif.
Encyclopédie Universelle. 2012.