invectiver [ ɛ̃vɛktive ] v. <conjug. : 1>
• 1542; de invective
♦ Littér.
1 ♦ V. intr. Vieilli Lancer des invectives. ⇒ crier, fulminer, pester. Invectiver contre qqn, contre le vice.
2 ♦ V. tr. Couvrir d'invectives. ⇒ injurier. L'ivrogne invective les passants.
● invectiver verbe transitif Couvrir quelqu'un d'invectives : Se faire invectiver par un chauffard. ● invectiver (synonymes) verbe transitif Couvrir quelqu'un d' invectives
Synonymes :
- agonir de sottises
- engueuler (populaire)
- injurier
- insulter
● invectiver
verbe transitif indirect
Se répandre en invectives contre quelqu'un, quelque chose : Invectiver contre la cherté de la vie.
● invectiver (difficultés)
verbe transitif indirect
Construction
Invectiver qqn, contre qqn. Les deux constructions sont admises. Invectiver qqn est plus courant, invectiver contre qqn plus soutenu.
Remarque La construction directe, invectiver qqn, naguère critiquée, est aujourd'hui passée dans l'usage.
Emploi
Invectiver contre qqn se dit surtout lorsque l'invective est prononcée en l'absence de la personne qu'elle vise. Invectiver qqn implique habituellement que l'invective est adressée à une personne présente ; c'est un équivalent de « agonir de paroles violentes ».
● invectiver (synonymes)
verbe transitif indirect
Se répandre en invectives contre quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- crier
- fulminer
- pester
- tempêter
- tonner
invectiver
v.
d1./d v. tr. Lancer des invectives contre. Invectiver les passants.
d2./d v. intr. Litt. Proférer des invectives. Invectiver contre le luxe.
⇒INVECTIVER, verbe trans.
Lancer, proférer des invectives.
A. — [Correspond à invective A] La première réunion des Tribuns fut pour lui une superbe occasion d'invectiver (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1035).
♦ Invectiver contre qqn, qqc. J.-J. Rousseau (...) invective contre notre mollesse et notre égoïsme (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 201). Invectiver quelqu'un n'est pas françois. Ne dites donc pas il m' a invectivé; (...) dites, invectiver contre quelqu'un (J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 77). Alors Michaul se mit à invectiver contre sa femme et contre son fils, la folie dans les yeux (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p. 30).
♦ Invectiver qqn, qqc. Sa fonction, maintenant, consistait à bafouer les monarques de tous les pays. Brasseur anglais, il invectivait Charles 1er; étudiant de Salamanque, maudissait Philippe II; ou, père sensible, s'indignait contre la Pompadour (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 222). Les mornes bataillons du centre invectivaient rageusement la maladresse des droitiers (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 198).
B. — [Correspond à invective B] Invectiver qqn. Comme elle ne s'entendit plus injurier, elle n'eut plus tentation d'invectiver, ni de chagriner personne (SAND, Pte Fad., 1849, p. 207). Elle se mit à m'invectiver, à s'arracher les cheveux, à se lacérer les joues (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 39).
♦ Emploi pronom. réciproque. C'étaient deux jeunes paysans qui se chamaillaient à propos d'un héritage, et s'invectivaient en termes grossiers (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 293).
— Emploi abs. Les bruits en Angleterre sont toujours les simples bruits mécaniques inévitables auxquels ne se superposent jamais les bruits humains. Ceci si frappant dans la circulation à Londres (...) je n'ai pas entendu un conducteur de taxi invectiver (DU BOS, Journal, 1923, p. 268).
REM. Invectiveur, subst. masc. Celui qui invective. Je n'ai aucune sympathie pour les ratés, les invectiveurs, les déclamateurs, les rancis, les marinés dans le fétichisme de soi-même (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 57).
Prononc. et Orth. : [], (il) invective []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1542 invectiver contre « lancer des invectives contre quelqu'un » (P. DE CHANGY, Inst. de la femme chrestienne, 48 v° ds DELB. Notes mss); 1636 invectiver qqn (MONET). Dér. de invective; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 76. Bbg. GOHIN 1903, p. 303.
invectiver [ɛ̃vɛktive] v.
ÉTYM. 1542; de invective.
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♦ Littéraire.
1 V. intr. Dire, lancer des invectives. ⇒ Crier, déclamer, fulminer, pester (contre qqn). || Invectiver contre qqn, contre l'hypocrisie, le vice.
1 (…) des hommes de robe (…) qui invectivent contre le libertinage de la cour (…)
Bourdaloue, Sermons Carême, IIIe semaine, Sur le zèle, I.
2 Ils invectivent contre les chanteuses qui, ravies de leur succès, reprennent en chœur une strophe nouvelle de la chanson.
M. Barrès, la Colline inspirée, VIII.
♦ (Sans compl.). || Il gueule (cit. 4), il invective.
2.1 La colère des voyous, des voleurs, montait vers cet enfant. Ils invectivaient. Ils râlaient contre lui. Les rauques insultes des hommes méchants ressemblaient à des scènes d'amour faites publiquement à un amant cruel.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 123.
2 V. tr. (1636). Couvrir d'invectives. || Invectiver qqn (Académie). → fam. Assaisonner. — Pron. (Récipr.). || « Ils se sont invectivés » (Hatzfeld). ⇒ Injurier.
3 Lorsqu'il invectivera un homme connu et révéré de toute l'Europe (…)
Diderot, Essai sur les règnes de Claude et Néron, II, 109.
4 Quand j'invectiverais les hommes avec un peu trop d'aigreur (…)
Mirabeau, Lettre à Sophie, 1777.
4.1 Mais Cœur-de-fer qui ne paraissait pas d'humeur à m'en accorder davantage ni à suspendre ses désirs, m'invectiva en me frappant d'une manière si brutale, que je vis bien que l'obéissance était mon dernier lot.
Sade, Justine…, t. I, p. 40-41.
5 Brusquement lui revint le souvenir de Manuel Roy, et il se mit à invectiver le jeune médecin (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 236.
REM. Cette construction, considérée comme fautive par Littré, est entrée dans le bon usage (cf. les ex. de Flaubert, France, etc., in Durrieu, Parlons correctement, p. 225, et ceux de Hugo, Flaubert, Lemaître, A. Hermant, Proust, Maurois, etc., in Grevisse, 599, rem. 11). Pascal avait déjà écrit : « invectiver plusieurs malédictions » (cf. Brunot, H. L. F., t. VI, p. 1747).
REM. Le dér. invectiveur est attesté.
Encyclopédie Universelle. 2012.