inviter [ ɛ̃vite ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1356; lat. invitare
1 ♦ Prier (qqn) de se rendre, de se trouver à quelque endroit, d'assister à qqch. ⇒ convier. Inviter à une cérémonie, un mariage. Inviter des amis à dîner. ⇒ recevoir. Inviter qqn à danser. Elle n'a jamais été invitée chez eux. Absolt Aujourd'hui, c'est moi qui invite, qui offre (le repas, la boisson). — Pronom. « Je ne l'ai pas invité [...] Il s'est invité tout seul » (Duhamel).
2 ♦ Inciter, engager en employant la persuasion, la douceur. ⇒ exhorter, inciter, prier, proposer. Inviter qqn à faire qqch. Il « m'invite de la main à m'asseoir près de lui » (A. Daudet).
3 ♦ (Choses) ⇒ 1. porter, pousser (à). Voilà qui invite à la réflexion, à croire que... « L'ombre tiède du parc invitait à la flânerie » (Martin du Gard).
● inviter verbe transitif (latin invitare) Prier quelqu'un de venir, de se trouver à un endroit donné, à participer à quelque chose : Inviter une jeune fille à danser. Inviter un ami au restaurant. Payer le repas, la sortie, la consommation, etc. : Bois autant que tu veux, c'est Paul qui invite. Demander à quelqu'un de faire quelque chose en usant de la persuasion, de la douceur : Il m'invita à le suivre dans son bureau. Inciter quelqu'un à (faire) quelque chose, l'y porter : Voilà qui invite à la méfiance. ● inviter (synonymes) verbe transitif (latin invitare) Prier quelqu'un de venir, de se trouver à un endroit...
Synonymes :
- convier
- prier à, de
Demander à quelqu'un de faire quelque chose en usant de la...
Synonymes :
- engager
- entraîner
- exhorter
- intimer l'ordre de
- ordonner
- presser
- sommer
Inciter quelqu'un à (faire) quelque chose, l'y porter
Synonymes :
- porter
- pousser
● inviter
verbe intransitif
Aux cartes, faire une invite.
inviter
v. tr.
d1./d Prier d'assister à, convier à. Inviter à une soirée, à dîner.
|| v. Pron. (Réfl.) Des voisins qui s'invitent à dîner.
d2./d Engager, inciter à. Je vous invite à réfléchir.
|| (Choses) Le temps nous invite à sortir.
⇒INVITER, verbe
I. — Emploi trans.
A. — Prier de venir (en un lieu), d'assister ou de prendre part (à). Synon. convier. Inviter qqn à un bal, une cérémonie religieuse, une fête, un mariage, un repas; inviter qqn à sa table, chez soi, au restaurant.
1. Qqn invite qqn à
— Qqn invite qqn à + subst. Je l'inviterais bien au cinéma, mais pour qu'elle voie des films pleins de gigolos nus, merci! (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1033). Les jeunes gens des auberges de la jeunesse m'avaient invité à leur congrès, à Toulouse (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 139) :
• 1. Je venais vous inviter à la bénédiction de mon lit de mariée, demain, après-midi, à trois heures; à la bénédiction, et au coup de vin, avec M. le curé.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 3.
— Qqn invite qqn à + inf. Ce sera une autre qu'il invitera à danser — mais je saurai que c'est moi qu'il aime (ANOUILH, Répét., 1950, II, p. 41).
2. Qqn invite qqn. Ma femme m'a offert d'inviter M. de Clayet. Vous avez passé la soirée avec lui chez moi (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 38). Des danseurs invitent des danseuses en leur prenant par derrière les rubans de leur bonnet (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1228).
— Emploi pronom. réciproque :
• 2. ... le grand jour de la fête, (...) les parents, fournisseurs de la cour, fonctionnaires supérieurs, grands bourgeois, officiers, faisaient maintenant bande à part, s'invitant mutuellement et passant le dimanche dans telle ou telle propriété de famille des environs...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 126.
3. Qqn invite. Synon. recevoir. Je ne vous ai pas présentée, disait la maîtresse de maison à Odette, parce qu'on n'aime pas beaucoup aller chez elle et elle invite énormément (PROUST, Sodome, 1922, p. 748).
4. En partic., emploi pronom. réfl. Assister ou prendre part (à quelque chose) sans en avoir été prié. Il s'invite sans façon à déjeuner chez nous pour le lendemain (GONCOURT, Journal, 1865, p. 195).
B. — P. ext.
1. a) Engager, inciter quelqu'un (à). Synon. entraîner, exhorter, porter, presser.
— Qqn invite qqn à
♦ Qqn invite qqn à + subst. — Puisque vous m'invitez à la franchise, j'avoue que j'ai eu un mouvement d'humeur (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 122) :
• 3. Quand Dostoïevsky ose opposer sa triste église orthodoxe (qui d'ailleurs tient si grande place dans son œuvre) à l'église de Dieu, il invite tout de même à des comparaisons écrasantes.
CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1923, p. 239.
♦ Qqn invite qqn à + inf. L'évêque, mitre en tête, invita l'assistance à prier pour obtenir le secours divin que la persévérance exige (BILLY, Introïbo, 1939, p. 136). Le gouvernement français sera invité à faciliter à ces soldats démobilisés leur passage dans la vie civile (GIDE, Journal, 1943, p. 173).
— Qqn invite qqn. Faire des avances à. La servante ne prenait plus la peine de dissimuler son manège et l'invitait d'un sourire aguichant (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 28).
b) En partic. Prier instamment quelqu'un. Synon. enjoindre, ordonner, sommer. Madame de Gueldre avait dit durement et crûment à Juvisy ce qu'elle pensait de cette façon de faire, l'invitant à venir chez elle le moins possible (GYP, Passionn., 1891, p. 106). Mon enfant, vous voyez, je suis très calme. Je pourrais doubler votre punition. Je vous invite seulement à ne pas ajouter un mot (MAURIAC, Asmodée, 1938, I, 2, p. 19) :
• 4. En vue d'éviter qu'il y ait collision entre les forces britanniques et les forces françaises, nous vous invitons à donner aux troupes françaises l'ordre immédiat de cesser le feu et de se retirer dans leurs cantonnements.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 192.
2. Au fig.
a) Inciter, porter à, pousser à.
— Qqc. invite qqn à
♦ Qqc. invite qqn à + subst. Le brouillard fond, les sentiers au loin s'éclairent, la terre nue est criblée de rayons. L'ombre d'une aile m'invite au voyage (ALAIN, Propos, 1931, p. 1006).
♦ Qqc. invite qqn à + inf. Une témérité (...) dangereuse (...) nous invite à trop présumer de nous-mêmes (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 8) :
• 5. ... les textes admirables que j'ai tenu à citer abondamment paraissent à quelques-uns (...) des signes très graves de quelque chose qui est parfois nommé poésie et que notre temps, par cent moyens démoniaques, nous invite sans cesse à oublier.
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. XVII.
— [P. ell. du compl. d'obj. dir.] Qqc. invite à
♦ Qqc. invite à + subst. L'ombre tiède du parc invitait à la flânerie (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 901). La vieillesse invite à l'égoïsme (GIDE, Journal, 1927, p. 863).
♦ Qqc. invite à + inf. C'était là vraiment une demeure confortable qui invitait à rester (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bar., 1887, p. 1304). Voilà certes de beaux documents [des estampes] et qui invitent à rêver (THARAUD, Tragédie de Ravaillac, 1913, p. VII).
b) Littér. Attirer :
• 6. Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime;
Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
LAMART., Médit., 1820, p. 81.
II. — Emploi intrans., JEUX. Jouer une carte au whist de manière à faire connaître son jeu à son partenaire pour l'engager à l'appuyer. Inviter au roi. (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. Invitatif, -ive, adj., rare. Qui invite. Synon. engageant, inviteur. Il leva le bras d'un mouvement invitatif et bon enfant (R. BAZIN ds Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. : [], (il) invite []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1356 « prier quelqu'un de se rendre, de se trouver à quelque endroit, d'assister ou de prendre part à quelque chose » (cité ds Rec. gén. des anc. lois fr., par MM. Decrusy, Isambert, Jourdan, t. 4, p. 781); 1585 pronom. (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, XVII ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, II, 78); d'où 1786 un invité part. passé subst. (STAËL, Lettres jeun., p. 73 : la moitié des invités est déjà partie); 2. 1607 « (d'une chose) attirer, exciter, inciter à faire quelque chose » (MALHERBE, Poésies, XIX, 176 ds Œuvres, éd. L. Lalanne, I, 82 : Soit qu'aux bois la chasse l'invite); d'où 1856 invitant part. prés. adj. « qui est attirant » (MICHELET, Oiseau, p. 68 : L'entrée n'est pas fort invitante); 3. 1769 « prier avec quelque autorité » (VOLTAIRE d'apr. Lar. Lang. fr.); 1790 (MARAT, Pamphlets, p. 100); 4. 1867 jeux inviter au roi (LITTRÉ). Empr. au lat. class. invitare « inviter », en partic. « inviter à table »; « inviter, engager, convier ». Fréq. abs. littér. : 3 109. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 393, b) 3 913; XXe s. : a) 4 191, b) 5 709.
inviter [ɛ̃vite] v. tr.
ÉTYM. 1356; lat. invitare « inviter, convier ». → Envi.
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1 Prier (qqn) de se rendre, de se trouver dans un lieu avec soi, d'assister ou de prendre part à une activité, généralement une activité sociale, mondaine, organisée, la personne qui invite assumant les frais matériels. ⇒ Convier; invitation. || Inviter qqn à une cérémonie, une fête, un festin, un gala (cit. 2 et 5), une garden-party (cit.). || Inviter des enfants à goûter (→ Gage, cit. 7). || Il vous invite à ses noces (→ Honorer, cit. 11). || Inviter qqn au convoi (cit. 5), service et funérailles de… || Inviter qqn à dîner. ⇒ Payer (à…), prier (vieilli), retenir; → Histoire, cit. 59; inférieur, cit. 10. || Inviter qqn à sa table. ⇒ Asseoir (faire). → Conter, cit. 7. || Inviter qqn chez soi. || Ils nous invitent chez eux à la campagne, à habiter chez eux quelque temps. — Au p. p. || Étant invité chez qqn. — Sans compl. ind. || Inviter qqn, selon les contextes : inviter à une réception, à un repas, à loger… || Il nous a invités pendant huit jours; ça nous a fait des économies d'hôtel. || Il se fait souvent inviter. || Je ne l'ai plus jamais invité.
1 Qu'invité chez la Reine, il ait soin de s'y rendre.
Racine, Esther, II, 7.
2 — Qu'on me serve à goûter ! (…) Casilda, je t'invite.
Hugo, Ruy Blas, II, 1.
3 Les soupers de George avaient une célébrité d'élégance joyeuse et de sensualité délicate qui faisait regarder comme une bonne fortune d'y être invité (…)
Th. Gautier, Fortunio, I, p. 5.
♦ Absolt. || Elle invite beaucoup. ⇒ Recevoir. || Tu peux boire ce que tu veux, aujourd'hui c'est moi qui invite. ⇒ Régaler (fam.).
4 Je ne vous ai pas présentée, disait la maîtresse de maison à Odette, parce qu'on n'aime pas beaucoup aller chez elle et elle invite énormément.
Proust, Sodome et Gomorrhe, p. 748, in T. L. F.
♦ Proposer (à qqn) de partager une activité avec soi. || Inviter une jeune fille à danser, à la danse (→ Écart, cit. 12). || Elle attend qu'on l'invite à danser (→ Faire tapisserie). || Elle n'a jamais été invitée chez cette femme (→ Impertinence, cit. 9). || Toutes les dames de la ville furent invitées à ce bal (cit. 6). ⇒ Convoquer.
5 (…) la petite jeune fille qui s'est bien pomponnée pour son premier bal. Un danseur l'invite. Elle se met à pleurnicher.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, I, p. 7.
6 — Je ne l'ai pas invité, fit Salavin avec un hochement de tête. Il s'est invité tout seul.
G. Duhamel, Salavin, V, III.
2 (1640). Littér. || Inviter qqn à (et n. ou inf.) : inciter, engager (qqn) en employant la persuasion, la douceur. ⇒ Engager, exciter, exhorter, inciter, induire, solliciter. || Inviter qqn à faire qqch. (→ 1. Faux, cit. 57; 2. hydrophile, cit. 1; idéaliste, cit. 1). || Inviter les riches à donner aux pauvres (→ Gagner, cit. 28). || Inviter à la concorde. ⇒ Appeler; → Huile, cit. 30.
♦ (1769). Inciter, avec autorité. ⇒ Prier (de). || On l'invita à faire cesser (cit. 31) lui-même ce scandale. || Je vous invite à vous taire. || Il l'invita sèchement à se retirer (⇒ Congédier). — (Déb. XVIIe). Fig. Littér. (sujet n. de choses; → ci-dessous cit. 8, 10, 14 et 15.). ⇒ Porter, pousser. || Voilà qui invite à la réflexion, à croire que… (→ Évolution, cit. 15). || Ces maximes nous invitent à la sagesse. ⇒ Conseiller. || Ses promesses m'invitent à redoubler de zèle (⇒ Stimuler). || Calme (cit. 6) qui invite au sommeil; fauteuil (cit. 1) qui invite au repos. || Le beau temps nous invite à faire le chemin à pied (→ Gîter, cit. 2). || Un sentier où tout invite à la maraude (→ Grappiller, cit. 1). || Tentations qui invitent au plaisir. ⇒ Attirer, tenter.
7 (…) et c'est trop inviter
Par son impunité quelque autre à l'imiter.
Corneille, Cinna, II, 2.
8 Suivez les doux transports où l'amour vous invite.
Racine, Bérénice, III, 2.
9 Quiconque est soupçonneux invite à le trahir.
Voltaire, Zaïre, I, 5.
10 (…) son abord serein semble m'inviter à l'enjouement (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Lettre XX.
11 (…) elle tendit son verre avant de boire, pour inviter ses hôtes à trinquer.
A. de Musset, Nouvelles, « Margot », VI.
12 (Il) m'invite de la main à m'asseoir près de lui sur un grand coussin de soie jaune (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « À Milianah. »
13 Un gendarme qui vous invite à le suivre, et une dame qui vous invite à dîner, n'ont pas les mêmes intonations.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 557.
14 Ainsi l'on m'avait appris à réciter à peu près décemment les vers, ce à quoi déjà m'invitait un goût naturel (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 110.
15 L'ombre tiède du parc invitait à la flânerie.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 182.
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II V. intr. (1867). Jeu de cartes. Faire une invite. || Inviter au roi.
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s'inviter v. pron. (réfl.).
♦ || S'inviter (soi-même) : se présenter quelque part ou offrir d'y venir sans en être prié. || Pique-assiette qui s'invite partout (→ ci-dessus, cit. 6). — (Récipr.). || Les X… et les Y… s'invitent souvent à faire un bridge (cf. s'entr'inviter).
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invité, ée p. p. adj.
♦ || Les personnes invitées. — N. (Déb. XIXe). || Un invité, une invitée, les invités (→ Barrer, cit. 6; épurer, cit. 13). || Invités qui arrivent pour passer la soirée (→ Commensal, cit. 2). || Maître de maison qui accueille ses invités. ⇒ Amphitryon, convive, hôte. || Vous êtes mon invitée. || Un invité de marque. || Invités jaloux de leurs hôtes (cit. 1).
16 Lorsque, d'invité perpétuel, Pons arriva, par sa décadence comme artiste, à l'état de pique-assiette (…)
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 534.
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COMP. Réinviter.
DÉR. Invitant, invite, inviteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.