invulnérable [ ɛ̃vylnerabl ] adj.
• 1509; lat. invulnerabilis
1 ♦ Qui n'est pas vulnérable, qui ne peut être blessé. « celui qui se croirait invulnérable n'aurait peur de rien » (Rousseau). Invulnérable aux coups. Par métaph. « Mon cœur à tous ses traits demeure invulnérable » (P. Corneille). — Ville, place forte invulnérable. ⇒ imprenable, invincible.
2 ♦ Fig. et littér. Qui est moralement au-dessus de toute atteinte. Être invulnérable au malheur, aux tentations. — Que l'on ne peut atteindre dans sa position hiérarchique, sociale. ⇒ indéboulonnable, intouchable. Un homme politique invulnérable.
⊗ CONTR. Fragile, vulnérable.
● invulnérable adjectif (latin invulnerabilis, de vulnerare, blesser) Littéraire. Qui ne peut être blessé : Achille était invulnérable, sauf au talon. Qui résiste à toute atteinte morale : Être invulnérable aux coups du sort. Que l'on ne peut atteindre dans sa situation sociale : Du fait de ses relations, ce ministre est invulnérable. ● invulnérable (synonymes) adjectif (latin invulnerabilis, de vulnerare, blesser) Qui résiste à toute atteinte morale
Synonymes :
Contraires :
- fragile
- sensible
Que l'on ne peut atteindre dans sa situation sociale
Synonymes :
Contraires :
- vulnérable
invulnérable
adj.
d1./d Non vulnérable, qui ne peut être blessé. Achille, héros invulnérable.
d2./d Fig. Qu'on ne peut moralement toucher. être invulnérable aux médisances.
⇒INVULNÉRABLE, adj.
Qui n'est pas vulnérable.
A. — 1. [En parlant d'un animé] Qui ne peut être physiquement blessé. Mon coup de pistolet n'avait fait qu'une écorchure! Le monstre invulnérable (...) me dit : « Pourquoi tentez-vous l'impossible, jeune homme? Je vous ai prévenu que j'avais la tête à l'épreuve des balles... » (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 235). Quant aux canards, ils demeurent à peu près invulnérables lorsqu'on tire sur eux de face; les plumes forment carapace sur laquelle le petit plomb glisse (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 912).
♦ Invulnérable à + subst. (rare). Ô princes, (...) vous frottez vos bras, vos reins et vos échines (...) D'huile magique à rendre invulnérable aux coups (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 103).
— Emploi subst., rare. Ce jeune homme, qui seul n'avait pas une blessure, superbe, sanglant, charmant, indifférent comme un invulnérable (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 499).
2. P. anal. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) Invulnérable à + subst. Qui ne peut être atteint, endommagé par. Les solides constructions du cloître, dont les toits sont couverts de larges dalles qui les rendent invulnérables aux coups de vent, aux orages et à l'action du soleil (BALZAC, Langeais, 1834, p. 194).
b) Domaine milit. Qui ne peut être pris, vaincu. Garnison, ville invulnérable. L'endroit de la muraille le plus invulnérable, et à cause de cela même, dégarni de sentinelles (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 97). De telles unités [des sous-marins] sont pratiquement invulnérables et leur chance de survie en cas de conflit atomique est très grande (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 180).
B. — Au fig.
1. [En parlant d'une pers. ou p. méton. d'un trait de son comportement]
a) Qui est moralement au-dessus de toute atteinte. Synon. invincible. Cristobal Colon, personnage (...) d'une volonté magnifique et d'un courage invulnérable (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 163) :
• La musique! J'ai cru longtemps qu'elle me protégerait de tout. Je vivais dans la musique et j'étais comme dans une citadelle, au plus épais des nuages. Je vis toujours dans la musique, mais je sens bien que je ne suis plus invulnérable. Tout me fait mal.
DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 218.
— Invulnérable à + subst. Qui ne peut être atteint par. Invulnérable à la fatigue, l'injure. Vous, une longue vie passée dans la sainteté vous a rendus invulnérables aux tentations (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p. 135). Elzelina (...) invulnérable à la distraction et maîtresse de soi jusqu'au sein des abandons (ARNOUX, Roi, 1956, p. 230).
b) Que l'on ne peut atteindre dans sa position hiérarchique, sociale. Synon. intouchable (fam.). Un homme politique invulnérable. À ce poste, il se croyait invulnérable (Lar. Lang. fr.). Le grand homme irréprochable incorruptible invulnérable infaillible (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 157).
2. [En parlant d'une chose abstr.] Qui est au-dessus de toute atteinte, qu'on ne peut discuter. Je n'ai pas acheté la natte de votre mère, ni les lunettes pour Decaudin. J'ai une raison honteuse, secrète, mais invulnérable. Je n'ai pas un sou (SAND, Corresp., t. 1, 1831, p. 196). Ils [les officiers] continuent, chaque soir, après les débats, à vivre dans le milieu où la trahison de l'accusé [Dreyfus] est un axiome invulnérable (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 424).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1509 « qui ne peut être blessé » ici, en parlant d'Achille (LEMAIRE DE BELGES, Illustr. des Gaules ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 1, p. 280); 1629 cœur... invulnérable (CORNEILLE, Mélite, II, 4). Empr. au lat. invulnerabilis « invulnérable » au propre et au figuré. Fréq. abs. littér. : 152.
DÉR. Invulnérabilité, subst. fém. Caractère de celui ou de ce qui est invulnérable. a) [Correspond à invulnérable A] À mesure que l'artillerie a progressé, la valeur du cuirassement [d'un navire] a été en diminuant. Il a bientôt fallu renoncer à l'invulnérabilité (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 2, 1892, p. 62). L'invulnérabilité qui prolongeait dans les villages les personnes âgées (COLETTE, Belles sais., Discours de réception, 1936, p. 210). b) [Correspond à invulnérable B] Ces demi-passions à la Française, n'avaient servi qu'à me convaincre davantage de l'invulnérabilité de mon cœur (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 4). Son égoïsme lui crée une sorte d'invulnérabilité. Il oppose à tout l'avenant un : « Qu'est-ce que cela peut bien me faire? » (GIDE, Journal, 1943, p. 167). — []. — 1res attest. 1732, oct. (Mercure de France d'apr. Trév. 1752-71), 1778 (RESTIF DE LA BRET., Vie de mon père, p. 260 d'apr. R. Arveiller ds Mél. Franck, 1957, p. 13); de invulnérable, suff. -(i)té. — Fréq. abs. littér. : 11.
BBG. — GOHIN 1903, p. 272 (s.v. invulnérabilité).
invulnérable [ɛ̃vylneʀabl] adj.
ÉTYM. V. 1500, Lemaire de Belges (éd. 1509); lat. invulnerabilis, de 1. in-, et vulnerare « blesser », de vulnus, eris « blessure ». → Vulnérable.
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♦ Littéraire ou style soutenu.
1 a (Av. 1525). Personnes. Qui n'est pas vulnérable, qui ne peut être blessé. || Achille était invulnérable, excepté au talon. — Être invulnérable aux coups.
1 (…) Achille, selon la plupart des poètes, ne peut être blessé qu'au talon, quoique Homère le fasse blesser au bras et ne le croie invulnérable en aucune partie de son corps.
Racine, Andromaque, 2e préface.
2 (…) celui qui se croirait invulnérable n'aurait peur de rien.
Rousseau, Émile, I.
3 Les motocyclistes (allemands) firent le tour du terre-plein en pétaradant (…) Mathieu était content que Clapot ait défendu de tirer : ils lui paraissaient invulnérables.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 184.
♦ (V. 1629). Par métaphore :
4 Mon cœur à tous ses traits demeure invulnérable (…)
Corneille, Mélite, II, 4.
b Choses. ⇒ Imprenable, invincible. || Ville, place forte invulnérable. || Des unités aériennes, des sous-marins quasi invulnérables, presque invulnérables, même en cas de conflit atomique.
2 (1629, cœur invulnérable). Fig. Littér. Qui est moralement au-dessus de toute atteinte (→ Blasphème, cit. 5). || Il semble invulnérable. — Invulnérable à… || Être invulnérable au malheur, aux propagandes, aux tentations. — Âme, cœur invulnérable. || Courage invulnérable.
5 Une grande âme (…) serait invulnérable, si elle ne souffrait par la compassion.
La Bruyère, les Caractères XI, 81.
6 (…) assez indifférent au cours des saisons pour se tromper de mois comme il se serait trompé d'heure, invulnérable à tant de sensations dont j'étais traversé (…)
E. Fromentin, Dominique, III.
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CONTR. Fragile, vulnérable.
DÉR. Invulnérabilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.