jacter [ ʒakte ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1821; déform. de jaqueter → jacasser
♦ Fam. Parler, bavarder. ⇒ jacasser, jaspiner. « elle a mis un doigt contre ses lèvres pour me dire de ne pas jacter » (Mac Orlan).
● jacter verbe intransitif et verbe transitif (de jacquette, pie) Populaire. Parler : Jacter l'anglais.
⇒JACTER, verbe
Arg. et pop.
A. — Emploi intrans. Bavarder, parler sans cesse et avec volubilité. À la table de Stahl il y a foule maintenant (...). On jacte ferme (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 198) :
• Il grimpe sur le tabouret, il crache un bon coup d'abord... Il se met à jacter... De la façon qu'il gesticule, qu'il se frappe le torse, qu'il fait l'extase, je vois que ça doit être un sermon... Les mots, il les fait gémir, il les torture d'une manière qu'il est difficile à supporter...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 253.
— En partic. Cancaner, médire. Synon. jaser. On jacte sur toi (RIV.-CAR. 1969).
B. — Emploi trans. Raconter. Il ne s'en cache pas pour jacter partout que, dans l'quartier, la retraite fera du pétard (CARCO, Équipe, 1919, p. 158). Le gros, le court, on comprend rien à ce qu'il jacte; des emberlificotages, des amphis, quoi! (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 119).
— Jacter + subst. non actualisé. Avoir pour sujet de conversation. Les lèvres de Madame Sabotier, voisine de Marthe, s'agitaient assidûment : ça devait jacter fiançailles (QUENEAU, Loin Rueil, 1944p. 112).
Rem. 1. Pour cette tournure cf. causer II A 2. 2. Arg. ds Logos et DUPRÉ 1972 qui le qualifie de ,,pur argot``; pop. ds Pt ROB., Lar. Lang. fr. et Lexis 1975; arg. ou pop. ds ROB.
Prononc. : [], (il) jacte []. Étymol. et Hist. 1562 jaqueter « jacasser (de la pie) » (DU PINET, trad. de PLINE, X, 42 ds GDF.) — 1611, COTGR.; 1710 id. « parler » (à Grenoble ds ESN.); 1821 jacter (ANSIAUME, Arg. bagne de Brest, fol. 14 r°, § 409); 1846 « dire » (Intérieur des prisons [anonyme] ds ESN.). Dér., à l'aide de la dés. -er, de jaquette « pie » (COTGR.), cf. jacque « geai »; v. aussi jacasser. Fréq. abs. littér. : 10.
DÉR. Jacteur, -euse, adj. et subst., arg. et pop., rare. (Personne) qui jacte ou qui a une propension à jacter. Synon. bavard, causeur. (Arg. fam. ds ROB. Suppl. 1970; pop. ds Lar. Lang. fr. et Lexis 1975). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1881 « bavard » (RIGAUD, Dict. arg. mod., p. 215); du rad. de jacter, suff. -eur2.
BBG. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 228.
jacter [ʒakte] v. intr.
ÉTYM. 1821; jaqueter « parler », 1611, « jacasser (de la pie) », 1562; de 2. jaquette, mot dial. « pie ». → aussi Jacasser. REM. L'homonyme se jacter « se vanter », attesté en anc. franç. (1520, in D. D. L.), est un verbe distinct, du lat. jactare. → 1. Jactance.
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♦ Fam. (d'abord argot). Parler, bavarder (→ Fourneau, cit. 6). || Elles arrêtaient pas de jacter. || Les flics l'on fait jacter.
1 (…) elle a mis un doigt contre ses lèvres pour me dire de ne pas jacter. J'ai rien dit, naturellement.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VIII.
2 Le capitaine Bordeille parut ravi d'avoir jacté avec autant de distinction.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 32.
3 Mais attends demain la promenade, Bon Dieu ! Toi, ou tu jactes pas, ou tu jactes, tu jactes qu'on peut plus t'arrêter. Je réponds qu'on est entre amies et qu'il n'est pas défendu de causer.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 68.
♦ (En emploi transitif) :
4 Les lèvres de madame Sabotier, voisine de Marthe, s'agitaient assidûment : ça devait jacter fiançailles.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 112.
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DÉR. 2. Jactance, jacteur. — V. aussi Jacasser.
Encyclopédie Universelle. 2012.