jadis [ ʒadis ] adv.
• 1175; contract. de ja a dis « il y a déjà des jours »; de ja, lat. jam « déjà » et di, lat. dies « jour »
♦ Dans le temps passé, il y a longtemps. ⇒ autrefois. « La terre a vu jadis errer des paladins » (Hugo). Il « était resté Hubert pour ses compagnons de jadis » (Aragon). Les coutumes de jadis. ⇒ antan (d'). « Jadis et naguère », poèmes de Verlaine. — Adj. « Ballade des dames du temps jadis », de Villon.
⊗ CONTR. Aujourd'hui, maintenant; demain.
● jadis adverbe (ancien français ja a dis, il y a de cela des jours) Dans le temps passé, il y a longtemps : Il y avait ici jadis un château. ● jadis (difficultés) adverbe (ancien français ja a dis, il y a de cela des jours) Sens Ne pas confondre ces deux adverbes de sens bien différents. 1. Jadis = autrefois, dans le passé, il y a bien longtemps. Jadis, quand les papes régnaient sur Avignon. Registre soutenu ou poétique. Remarque 1. Jadis représente la contraction de ja a dis, probablement issu de molt a ja dis, il y a déjà beaucoup de jours. 2. Jadis est adjectif dans l’expression le temps jadis. 2. Naguère = il y a peu de temps, dans un passé relativement proche. Naguère, quand les locomotives marchaient à la vapeur, le voyage de Paris à Marseille prenait une dizaine d’heures. Registre soutenu. Remarque Naguère représente la contraction de n’a guère, il n’y a guère (de temps). ● jadis (expressions) adverbe (ancien français ja a dis, il y a de cela des jours) Le temps jadis, une époque lointaine, très reculée, dans un temps mythique.
jadis
adv. Autrefois. Jadis vivait un roi.
|| adj. Le temps jadis.
⇒JADIS, adv., adj. et subst. masc.
I. — Adv. Dans un passé plus ou moins lointain; il y a longtemps. Synon. plus cour. autrefois. Vêtements jadis à la mode; aujourd'hui comme jadis. Jadis les Troyens défendirent leurs murailles contre la fureur conjugale de Ménélas (MUSSET, ds Le Temps, 1831, p. 47). La distance à laquelle nous nous sentons aujourd'hui du petit enfant, qui jadis était nous-même (CARREL, L'Homme, 1935, p. 210). Expliquer comment, jadis, la vie sortit de la non-vie (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 197) :
• 1. Ce qui me terrorisait jadis ne me touche plus. J'envisage de mourir sans trembler, alors qu'autrefois la pensée de disparaître me faisait une impression si pénible que je n'osais pas diriger mon esprit de ce côté-là.
GREEN, Journal, 1935, p. 38.
— [Le cont. fournit des renseignements sur l'époque considérée] Nous voulons nous retrouver tous les trois, comme jadis, quand (...) nous étions petits (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Veillée, 1882, p. 796). Les humbles toits du village, lacustre jadis, on le suppose, en des temps extrêmement anciens (BLOY, Journal, 1906, p. 308) :
• 2. Tu avais jadis, lorsque je t'ai prise,
Il y a trois ans,
Des timidités, des pudeurs exquises.
GÉRALDY, Toi et moi, 1913, p. 128.
— [Déterm. de subst.] De jadis. Qui se situe dans un passé plus ou moins lointain; qui appartient à un passé plus ou moins lointain. Synon. d'antan. Chansons, mœurs de jadis; retrouver des amis de jadis. Évoquer (...) dans une causerie des visages, des anecdotes de jadis (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 53). Ce décor ancien du Paris de jadis (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 89). V. acétylène ex. 5, affranchir1 ex. 2 :
• 3. ... au fond de moi, je revoyais le grand Meaulnes de jadis, gauche et sauvage, qui se faisait toujours punir plutôt que de s'excuser...
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 312.
II. — Adj. Le temps jadis. Le passé (lointain). Au temps jadis, dans le temps jadis; contes, dames du temps jadis. Elle songeait aux contes dont on avait bercé son enfance, à ces herscheuses du temps jadis qui brûlaient sous le Tartaret, en punition de choses qu'on n'osait pas répéter (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1397). De vieux airs gascons, venus des bergeries du temps jadis, quand on filait la laine des habits (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 122).
Rem. Emploi fam. pour Ac. 1835, 1878.
III. — Subst. masc. Passé (lointain). La mémoire adulatrice Qui va teinter d'azur les plus mornes jadis Et masque les enfers anciens en paradis (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 216). L'ailleurs et le jadis sont plus forts que le hic et nunc (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 188) :
• 4. Le présent vibre dans les volants qui tournoient,
Vibre dans les cerveaux qui pensent à la hâte.
Et, du jadis, bientôt, il ne reste, jetée à longs plis sur les toits,
Que la vaste mélancolie d'avoir été.
ROMAINS, Vie unan., 1908, p. 92.
Rem. Cet emploi ne se rencontre que dans la lang. soutenue ou poétique.
Prononc. et Orth. : [] ou [-a-]. LITTRÉ, BARBEAU-RODHE 1930 [-di] (BARBEAU-RODHE 1930, à titre de var.). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Début XIIe s. (BENEDEIT, St. Brendan, 522 ds T.-L.); 1120-50 (Grant mal fist Adam, I, 50, ibid.). Issu de ja a dis « il y a déjà des jours » : a. fr. a, 3e pers. ind. prés. de avoir, forme impers. « il y a »; a. fr. di (du lat. diem) « jour » (842, Serments ds HENRY Chrestomathie, p. 2, 4). Fréq. abs. littér. : 5 354. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 538, b) 6 096; XXe s. : a) 8 114, b) 9 044. Bbg. GRÖBER (G.). Etymologien. In : [Mél. Caix (N.), Canello (U.A.)]. Firenze, 1886, p. 44.
jadis [ʒadi; ʒadis] adv.
ÉTYM. V. 1112; contraction de ja a dis « il y a déjà des jours »; ja, du lat. jam (→ Jà), a (3e pers. de l'indic. prés. de avoir) « il y a », et di « jour », du lat. dies.
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1 Dans le temps passé, il y a longtemps. ⇒ Anciennement (cit. 2), autrefois. || Jadis vivait un célèbre assassin (cit. 9, Boileau; → Animer, cit. 6; garnir, cit. 1; géant, cit. 1; heaume, cit. 1). || Il était jadis un prince… ⇒ Fois (une). || Ne faites pas comme moi jadis (→ Incendiaire, cit. 6). || Le luxe que déployaient jadis les grands seigneurs (→ Folie, cit. 27). || Le quai d'où partaient jadis des bateaux (→ Gabare, cit. 2). || Comme jadis dans son enfance (→ Élan, cit. 10; fermer, cit. 22). || Des impressions (cit. 27) éprouvées jadis. || Une odeur respirée jadis (→ Essence, cit. 5). — (Devant un adj.). || Un rabat jadis blanc (→ Antique, cit. 5). || Une femme jadis belle (→ 1. Bien, cit. 58). || Du cuir jadis noir, roussi par l'usure (→ Houseau, cit. 2). — Enjouée jadis, elle est devenue d'humeur (cit. 12) difficile. — Les saints personnages, la foi naïve de jadis. ⇒ Antan (→ Grammaire, cit. 7; hagiographie, cit. 2). — Jadis et Naguère (1884), poèmes de Verlaine (⇒ Naguère).
1 (…) N'est-ce pas cette même Agrippine
Que mon père épousa jadis pour ma ruine (…)
Racine, Britannicus, I, 4.
2 Jadis, aux premiers temps féodaux, dans la camaraderie et la simplicité du camp et du château fort, les nobles servaient le roi de leurs mains (…)
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. I, p. 134.
3 (…) certaines modes en dissimulant aux yeux des hommes le corps tout entier des femmes donnaient jadis du prix à une robe effleurée (…)
A. Maurois, Climats, I, IV.
4 M. de Loménie était resté Hubert pour ses compagnons de jadis. Leurs femmes le tutoyaient presque toutes (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XV.
2 Adj. || Au temps jadis (→ Associé, cit. 2). — Littér. || Ballade des dames du temps jadis, de Villon.
3 N. m. Littér. || Le jadis, les jadis : le temps, les temps passés. || « L'ailleurs et le jadis » (Bachelard, in T. L. F.).
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CONTR. Aujourd'hui, avenir (dans l'), demain.
Encyclopédie Universelle. 2012.