jean-foutre [ ʒɑ̃futr ] n. m. inv. ♦ Pop.
1 ♦ Vx Ladre, gredin.
2 ♦ Mod. et fam. Individu incapable, pas sérieux, sur lequel on ne peut compter. ⇒ je-m'en-foutiste. Une bande de jean-foutre.
● jean-foutre nom masculin invariable Populaire. Individu méprisable ou incapable. ● jean-foutre (synonymes) nom masculin invariable Populaire. Individu méprisable ou incapable.
Synonymes :
- morveux
- propre-à-rien (familier)
⇒JEAN-FOUTRE, subst. masc. inv.
Vulg., péj. [Avec une valeur injurieuse; marque le mépris envers qqn qui est présenté comme incapable, indigne ou moralement condamnable] Synon. foutriquet (rare), propre-à-rien. Bardoux décidément m'a l'air d'un jean-foutre. Pas de réponse à mes billets. Pas de dîners. Si je n'ai de lui aucune nouvelle avant mon départ, j'irai lui reprendre le manuscrit de la féerie, lui cracherai son fait au nez, et puis, bonsoir (FLAUB., Corresp., 1878, p. 66). — Ah bien! dit Loubet, il est raté, leur feu d'artifice! — Pour sûr qu'ils ont pissé dessus! ajouta Chouteau, en ricanant. Le lieutenant Rochas lui-même s'en mêla. — Quand je vous disais que ces jean-foutre ne sont pas même capables de pointer un canon! (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 240) :
• — « Eh bien », jeta Studler, farouche, « vous êtes peut-être de grands pontifes, mais, pour moi, vous n'êtes que des jean-foutre! » Il recula d'un pas, et la lumière du plafonnier éclaira soudain son visage. On y lisait (...) non seulement un mépris révolté, mais une sorte de défi, presque une menace...
MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1118.
Prononc. et Orth. : []. Var. soudée ds Lar. Lang. fr. Plur. invar. mais des jean-foutres (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1094). Étymol. et Hist. [1661 janfoutre, Lettre du 23 août, Arch. de la Côte-d'Or E. 2854, minutes notariales ds DAUZAT 1938]; 1750 terme injurieux (FOUGERET DE MONBRON, Margot la Ravaudeuse, éd. J.J. Pauvert, p. 62). Composé de jean- et de foutre. Fréq. abs. littér. : 47.
DÉR. Jean-foutrerie, subst. fém. Action ou attitude caractéristique des jean-foutre. D'un côté je voudrais me ménager une protection pour obtenir dans un temps donné une chaire à Irkoutsk; de l'autre je crains de faire une jean-foutrerie (MÉRIMÉE, Lettres F. Michel, 1852, p. 62). Il a l'air aussi d'offrir à Mirbeau le choix entre la jean-foutrerie et le crétinisme pour avoir parlé de moi comme il l'a fait (BLOY, Journal, 1897, p. 252). — []. — 1re attest. 1790 (Jean Bart, n° 21, 5 ds QUEM. DDL t. 19); de jean-foutre, suff. -erie.
BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 328. - QUEM. DDL t. 17; 19 (et s.v. jeanfoutrerie).
jean-foutre [ʒɑ̃futʀ] n. m. invar.
ÉTYM. 1657, in D. D. L.; d'un emploi injurieux de Jean, et 2. foutre.
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1 Pop., vx. Ladre, gredin.
1 « Je voudrais bien savoir quel est le Jean-f… (il lâcha le mot tout au long) qui dit n'avoir jamais eu peur !… »
Barbey d' Aurevilly, les Diaboliques, p. 35.
2 Buteau est un jean-foutre ! cria Fouan, subitement furieux, et sans lui donner le temps d'achever.
Zola, la Terre, II, IV.
3 Vous croyez que ce n'est pas à les tuer ? Ah ! les deux Jean-foutre ! Ah ! les rosses !
Courteline, le Train de 8 h 47, III, I.
2 Mod., fam. Individu incapable, sur lequel on ne peut compter. ⇒ Je-m'en-foutisme.
4 Les jean-foutre et les gens probes
Médis'nt du vent furibond
Qui rebrouss' les bois,
Détrouss' les toits,
Retrouss' les robes (…)
Georges Brassens, le Vent.
5 Voyez-vous, cette niaise, conclut-il tout haut, la voyez-vous qui croit sur parole un jean-foutre de renégat, un marchand de phrases, la pire espèce d'arlequin !
Bernanos, Sous le soleil de Satan, Œ. roman., Pl., p. 90.
REM. On trouve chez Giono (in Œ., Pl., t. I, p. 735) la forme régionale faire le jean-femme. On trouve chez Stendhal la variante euphémistique Jean-sucre, n. m.
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DÉR. Jean-foutrerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.