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jucher

jucher [ ʒyʃe ] v. <conjug. : 1>
joschier 1155; de l'a. fr. juc, joc, frq. °juk « joug, perchoir »
1 V. intr. Se poser, se percher en un lieu élevé pour dormir, en parlant des oiseaux. Faisans qui juchent sur une branche.
2 V. tr. Cour. Placer très haut, comme sur un perchoir. Jucher un enfant sur ses épaules. Juché sur une échelle. Maison juchée sur la colline. Pronom. « Un nain a un excellent moyen d'être plus haut qu'un géant, c'est de se jucher sur ses épaules » (Hugo). Se jucher sur une branche, sur un escabeau. Par ext. Juchée sur ses hauts talons.
⊗ CONTR. Descendre.

jucher verbe intransitif (ancien français joschier, avec l'influence de percher et de l'ancien français hucher, du francique hûkôn, s'accroupir) Se mettre sur une branche, sur une perche pour dormir, en parlant des poules et de quelques oiseaux : Les faisans juchent sur les arbres. Familier et vieux. Loger très haut quelque part : Jucher au sixième étage.jucher (homonymes) verbe intransitif (ancien français joschier, avec l'influence de percher et de l'ancien français hucher, du francique hûkôn, s'accroupir) juchée nom fémininjucher verbe transitif Placer quelqu'un, quelque chose en un lieu plus élevé, à une hauteur relativement grande : Il jucha l'enfant sur une chaise.jucher (homonymes) verbe transitif juchée nom féminin

jucher
v.
d1./d v. intr. Se poser sur une perche, une branche, pour dormir, en parlant de certains oiseaux.
|| Fig. Nos amis juchent au dernier étage.
Pp. J'ai vu un homme juché sur le toit.
d2./d v. tr. Placer dans un endroit élevé. Jucher des bocaux sur un rayon élevé.
|| v. Pron. Se jucher sur une échelle.

⇒JUCHER, verbe
A. — Emploi intrans. [Le suj. désigne une volaille ou autre oiseau] Être perché sur une branche ou sur une perche :
1. ... ils remarquèrent un objet pyramidal dressé à l'horizon dans une cour de ferme. On aurait dit une grappe de raisin noir monstrueuse, piquée de points rouges çà et là. C'était, suivant l'usage normand, un long mât garni de traverses où juchaient les dindes se rengorgeant au soleil.
FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 87.
1. P. anal.
a) [Le suj. désigne un chat ou un singe] N'y ai-je point paru, pour jeter avec bénignité aux singes au-dessous de moi juchés sur les branches extrêmes des poignées de letchis secs tels que des grelots rouges! (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 96).
b) [Le suj. désigne un être humain] Être assis ou être debout sur. Jucher sur un dictionnaire, sur un tabouret, sur ses talons. Les enfants, les petites filles étaient juchées sur des bois et des tas de pierres pour mieux voir (BALZAC, Paysans, 1844-50, p. 343).
Pop. Synon. de crécher (dér. s.v. crèche). [Le rôdeur des champs :] Nul ne peut dire où je juche; Je n'ai ni lit ni hamac (RICHEPIN, Chans. gueux, 1876, p. 60).
c) [Le suj. désigne une chose inanimée qui est perchée comme l'est un oiseau] Être situé sur une hauteur. J'avais en face de moi (...) un promontoire (...) terminé du côté de la mer, par un précipice; c'est sur cette falaise qu'est juchée la ville fortifiée de Grandville (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 88). Tout le château était juché dans la tour et se tassait contre la porte inébranlable (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 136).
2. Au fig. Occuper une situation importante. Nous nous voyions [à Sainte-Barbe] tous assez bien juchés dans la vie sur une échelle comme Donatello sur son échafaudage (THARAUD, Péguy, 1926, p. 26).
B. — Emploi trans. Mettre quelque chose ou quelqu'un en un lieu surélevé, souvent au prix d'un effort. Mon cousin me prenait sous les bras et me juchait d'un coup sur le rebord de pierre [le parapet du pont]. Debout et la respiration coupée par l'effroi, je fermais les yeux et crispais les doigts (GREEN, Autre sommeil, 1931, p. 1).
Au fig. Placer quelqu'un dans une situation sociale ou morale supérieure. Les pauvres vieux avaient tout fait pour nous jucher au-dessus d'eux. Et nous nous étions abandonnés à notre enfantine supériorité. Nous nous avouions qu'ils nous choquaient, nous dépitaient, nous répugnaient, nous consternaient. Sous l'effet du chagrin, de l'âge, de la solitude, ils s'étaient laissé aller (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 281).
C. — Emploi pronom. Se mettre sur un perchoir :
2. ... puis c'est un encombrement de voitures à bras, roulées par les marchands des quatre saisons, où les animaux de la cour et de la maison, pigeons, poules et chats, perchent, se juchent, ronronnent, bruissent et remuent...
GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 385.
P. anal. Se mettre comme sur un perchoir, être placé sur une hauteur. Quelques forteresses affamées de prisonniers, se juchent sur des rocs comme de vieux vautours (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 212). Il poussait Gaulupeau, l'aidait à se jucher en selle (GENEVOIX, Boîte à pêche, 1926, p. 254) :
3. Dans le bureau de Rivière, je me juche sur une chaise et regarde par une fenêtre haut placée d'où je vois la place du Trocadéro sous la pluie. Avec son kiosque à musique et les petits arbres qui font la ronde tout autour, c'est une charmante place de province (...); j'oublie, en effet, que je la vois de l'intérieur de ce monstrueux palais marron, qui déshonore cette partie de la ville.
GREEN, Journal, 1932, p. 108.
Au fig. Se placer dans une situation élevée. M. Delcassé avait répondu sans hésitation qu'il était prêt à tout quitter, bureaux, directions, commissions, arsenaux et escadres, pour se jucher un peu plus haut sur le degré de nos fonctions publiques (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. LXXIII).
REM. Juché, -ée, part. passé adj. Cheval juché. ,,Cheval dont le boulet se porte tellement en avant qu'il marche et repose sur la pince`` (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. : [], (il) juche []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1174-77 intrans. « se poser, se percher en un lieu élevé pour dormir (en parlant d'une poule) » (Renart, éd. M. Roques, III a, 4131); 1342 pronom., au fig. « s'élever » (JACQUES BRUYANT, Pauvreté et richesse ds T.-L.); XIVe s. [ms.] au propre « se placer en un lieu élevé » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 134, 51, var. du ms. Z). Prob. issu, par croisement avec hucher2 (qui n'est attesté qu'au XVIIIe s., mais doit être plus ancien), de l'a. fr. jochier, intrans. « se percher » (XIIIe s. [ms.], WACE, Brut, 13602 ds T.-L., var. du ms. H), dér. de joc « perchoir » (1376, ibid.), issu de l'a. b. frq. , cf. le m. néerl. joc, juc « joug; pieu », a. h. all. joh, m. h. all., all. joch « joug », équivalent germ. du lat. jugum (v. joug). Fréq. abs. littér. : 205. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 107, b) 380; XXe s. : a) 317, b) 382.

jucher [ʒyʃe] v.
ÉTYM. V. 1155, joschier; jucher sous l'infl. de hucher; probablt de l'anc. franç. jochier, de joc (attesté plus tard), de juc, d'un francique juk « joug », par ext. « perchoir ».
1 V. intr. (Rare). Se poser, se percher en un lieu élevé pour dormir (en parlant des oiseaux). Percher (se). || Faisans qui juchent sur une branche. || Les poules juchent dans le poulailler.Par ext. (en parlant d'animaux grimpeurs).(Personnes). || Jucher sur un haut tabouret.REM. Le passif est plus courant (→ ci-dessous, Juché). — (1867, in Littré). Fig. (En parlant des gens qui logent très haut). || « Il est allé jucher à un septième étage » (Académie).
0.1 (…) ils remarquèrent un objet pyramidal dressé à l'horizon dans une cour de ferme. On aurait dit une grappe de raisin noir monstrueuse, piquée de points rouges çà et là. C'était, suivant l'usage normand, un long mât garni de traverses où juchaient les dindes se rengorgeant au soleil.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, in Œ., Pl., t. II, p. 899.
2 V. tr. (1588, Montaigne). Cour. Placer (qqn, qqch.) très haut. || Jucher un enfant sur ses épaules, un bibelot sur une armoire.
1 (…) les balles (de laine) énormes sur lesquelles, quand elle était plus petite, son père la juchait.
A. Maurois, le Cercle de famille, I, XI.
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se jucher v. pron.
ÉTYM. (1342, au fig.; XIVe, au sens propre). Réfl.
|| « Quand les poules se juchent » (Académie). || L'oiseau se juche sur un arbre.(Personnes). Se placer sur une hauteur, dans une position haute. || Se jucher sur un escabeau. || Se jucher sur de hauts talons.|| « Où est-il allé se jucher ? » (Académie). Loger (se).
2 Un nain a un excellent moyen d'être plus haut qu'un géant, c'est de se jucher sur ses épaules.
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, V, III.
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juché, ée p. p. adj.
Placé, posé comme sur un perchoir, en un lieu élevé. || Être juché sur une échelle, un tabouret (→ Annoncer, cit. 4), sur un âne (→ Grappiller, cit. 4).(Choses). || Maison juchée sur un tertre (→ Éventer, cit. 11). || Ville juchée sur une falaise.
3 (…) c'était au moment où les muezzins chantaient, comme juchés dans le ciel, tout au bout des gigantesques fuseaux de pierre que sont les minarets (…)
Loti, les Désenchantées, III, IX.
4 Bien que cette ancienne cuisine fût juchée au dernier étage d'un immeuble voisin de la cathédrale, et qui dominait la ville, on ne voyait ni le lac, ni les Alpes.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 9.
CONTR. Descendre.
DÉR. et COMP. Juchée, juchoir. Déjucher.
HOM. Juchée.

Encyclopédie Universelle. 2012.