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laideur

laideur [ lɛdɶr ] n. f.
ledeur 1265; de laid
1Caractère, état de ce qui est laid (au physique). difformité, disgrâce, hideur. Être d'une laideur affreuse, monstrueuse. La laideur de Socrate, de Mirabeau, de Quasimodo. La laideur d'un monument, d'un objet.
2Au moral bassesse, turpitude, vilenie. La laideur d'une action. Le Tartuffe de Molière montre « l'hypocrisie dans toute sa laideur » (Voltaire). horreur.
⊗ CONTR. Beauté.

laideur nom féminin Caractère de quelqu'un ou de quelque chose qui est laid : La laideur d'une maison. Caractère de ce qui est bas, vil : La laideur de ses sentiments. Chose laide ; horreur : Les laideurs de la guerre.laideur (citations) nom féminin Robert Mallet 1915 Rien de plus émouvant que la beauté qui s'ignore, sinon la laideur qui se sait. Apostilles Gallimard Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Tous les maris sont laids. Mes pensées Alexis Piron Dijon 1689-Paris 1773 Les personnes d'esprit sont-elles jamais laides ? La Métromanie, II, 8, Damis Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 La beauté, en art, n'est souvent que de la laideur matée. Pensées d'un biologiste Stock Heinrich Heine Düsseldorf 1797-Paris 1856 En fait de vertu, la laideur, c'est déjà la moitié du chemin. Häßlichkeit bei einem Weise ist schon der halbe Weg zur Tugend. Penséeslaideur (synonymes) nom féminin Caractère de quelqu'un ou de quelque chose qui est laid
Synonymes :
- hideur (littéraire)
- horreur
Contraires :
- beauté
- charme
- grâce
- harmonie
- joliesse
Caractère de ce qui est bas, vil
Synonymes :
- abjection
- bassesse
- ignominie
- infamie
Contraires :
- dignité
- noblesse
Chose laide ; horreur
Synonymes :
- horreur
- turpitude
- vice
- vilenie

laideur
n. f. Caractère de ce qui est laid (au phys. ou au moral).

⇒LAIDEUR, subst. fém.
I. — Caractère, état de ce qui est laid.
A. — [Correspond à laid I A; l'appréciation est à dominance esthétique] Laideur des bâtiments militaires, des villes; laideur de singe; banale laideur d'un mobilier; affligeante, horrible, monstrueuse laideur; laideur physique; d'une laideur repoussante. La seconde [des truandes], vieille, noire, ridée, hideuse, d'une laideur à faire tache dans la Cour des Miracles, tourna autour de Gringoire (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 111). Aux constructions européennes, elle [Alexandrie] a emprunté la laideur et l'uniformité, sans prendre le confortable (DU CAMP, Nil, 1854, p. 8). Vent neigeux, aspect sinistre et louche du ciel, laideur grelottante du paysage (AMIEL, Journal, 1866, p. 197) :
1. Michel était un homme jeune, vigoureux et laid. Sa laideur venait d'abord d'un défaut de proportions. Il était de taille moyenne, mais les jambes étaient longues, et le buste était court et la tête massive. Aucune régularité, non plus, aucune harmonie, dans ce visage qu'on eût dit sculpté par la main réaliste et puissante d'un ouvrier du Moyen Âge : un front bas sous des cheveux châtains, durs, qui faisaient éperon au milieu, sur la peau mate; des yeux bleus, enfoncés et légèrement inégaux; un nez large; de longues lèvres...
R. BAZIN, Blé, 1907, p. 5.
[En parlant d'un animal] Je dis que si les serins avaient la bêtise, la prétention, la laideur et la puanteur des vautours, tu serais un serin (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, II, 4, p. 112).
P. anal. [En parlant d'un son] La laideur des sons qu'il tire de son instrument ajoute à la tristesse et à la bizarrerie de cette scène (GREEN, Journal, 1945, p. 198).
B. — [Correspond à laid I B; l'appréciation est à dominance morale] Vice, mal dans toute sa laideur; laideur de la méfiance, du péché; laideur des réalités; laideur morale; laideur de ce qu'on lui propose. Tant pis pour elle, si elle ne voit pas la sottise, la laideur, de cette démarche forcée (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 273). En somme son désir d'être enchaîné, d'être frappé, trahissait, dans sa laideur, un rêve aussi poétique que, chez d'autres, le désir d'aller à Venise ou d'entretenir des danseuses (PROUST, Temps retr., 1922, p. 840).
II. — P. méton., au plur. ou avec un art. ou un adj. indéf.
A. — [Correspond à laid I A] Chose laide. On faisait bon marché des négligences de détail, des laideurs, des fausses notes même, sous prétexte que seul l'ensemble de l'œuvre, la pensée importait (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 438).
[Surtout en parlant du physique d'une pers.] Les laideurs cutanées de ma narine gauche et de ma joue droite me font éviter mes connaissances (AMIEL, Journal, 1866, p. 152) :
2. Que de choses en effet au grand avantage de la face humaine disparaissent sous la barbe : les joues appauvries, le menton fuyant, les lèvres fanées, les narines mal ouvertes, la distance du nez à la bouche, la bouche qui n'a plus de dents, le sourire qui n'a pas d'esprit. À toutes ces laideurs, dont quelques-unes sont des misères et quelques autres des ridicules, substituez une végétation épaisse et superbe qui encadre et complète le visage en continuant la chevelure, et jugez l'effet!
HUGO, Corresp., 1845, p. 622.
B. — [Correspond à laid I B]
1. Action laide, comportement laid. Triste délateur de toutes les misères, de toutes les laideurs humaines (SAND, Lélia, 1833, p. 281). L'audace de celui-ci est toute particulière, et combinée avec une telle ruse, qu'il ne recule devant aucune laideur et aucune bizarrerie (BAUDEL., Salon, 1846, p. 152).
2. Trait, caractère laid; chose laide. Les laideurs du vice, de l'esclavage :
3. Et comment ne croirait-il pas à la vérité de ces dieux, puisqu'ils correspondent intimement à un désir si mutilé, mais si indestructible de l'âme moderne, celui de contempler le travail de la vie sous une forme de beauté? Notre âge vieilli n'a-t-il pas fait de chaque fonction de ce travail une laideur en même temps qu'un esclavage?
BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 109.
Prononc. et Orth. : [], [le-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. a laidor « d'une façon laide, vilaine » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret4, 1074 : a laidor ert); 2. 1275-80 Ledeur, personnification de la disgrâce, de la hideur (JEAN DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 8944). Dér. de laid, laide; suff. -eur1. L'anc. lang. atteste également, et avec les mêmes sens, les subst. laidece (1re moitié du XIIe-2e moitié du XIIIe s. ds T.-L.); laideté (XIIIe s., ibid.) et laidure (début XIIIe-mil. du XVIIe s., ibid.; v. aussi FEW t. 16, p. 440b). Fréq. abs. littér. : 891. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 842, b) 1 452; XXe s. : a) 1 745, b) 1 242. Bbg. FIALOVA (M.). Sur le probl. des ch. conceptuels anton. Sborník Prací Filos. Fak. brn. Univ. 1970, t. 19, n° 18, pp. 83-85. - (J.). Les Rapp. anton. des ch. conceptuels de la beauté et de la laideur en fr. mod. Ét. rom. Brno. 1975, t. 8, p. 65.

laideur [lɛdœʀ] n. f.
ÉTYM. 1265, ledeur (personnage du Roman de la Rose); a laidor « laidement », v. 1160; en concurrence avec laidece (XIIe), laideté (XIIIe), laidure (XIIIe); de laid, et -eur.
Caractère, état de ce qui est laid.
1 (Au physique). Difformité, disgrâce (3.), hideur. || Être d'une laideur affreuse, effroyable, horrible, monstrueuse, repoussante. || Femmes dégoûtantes de laideur (→ Idiot, cit. 11). || La laideur de qqn, de son visage. || Sa laideur lui interdit (cit. 4) les succès amoureux. || Pour l'homme qui aime, la laideur est beauté (cit. 27, Stendhal). || Déguiser, montrer sa laideur. || Sa laideur la désole (→ Beauté, cit. 28). || Elle rit de sa laideur (→ Haquenée, cit. 2). || La laideur n'exclut pas les grâces (→ Laideron, cit. 2, Rousseau). || Laideur vivante, pittoresque, intelligente, spirituelle, grandiose (→ Étrange, cit. 11; faiblesse, cit. 43; fulgurant, cit. 5; goguenard, cit. 4). || La laideur d'Ésope, de Socrate, de Scarron, de Mirabeau, de Quasimodo. || Avoir de la laideur et de l'esprit (→ Bourgeon, cit. 4).|| « L'or même à la laideur donne un teint de beauté » (Boileau). → Affreux, cit. 8.
1 Une laideur et une vieillesse avouée est moins vieille et moins laide à mon gré qu'une autre peinte et lissée.
Montaigne, Essais, III, V.
2 (…) la laideur qui produit le dégoût est le plus grand des malheurs; ce sentiment, loin de s'effacer, augmente sans cesse et se tourne en haine.
Rousseau, Émile, V.
3 (…) quoiqu'il n'y en eût aucune de jolie, la gentillesse de quelques-unes faisait oublier leur laideur.
Rousseau, Rêveries…, 9e promenade.
4 Quand cette espèce de cyclope parut (…) à la perfection de sa laideur, la populace le reconnut sur-le-champ, et s'écria d'une voix : — C'est Quasimodo (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, V.
5 Sachez tirer parti de la laideur elle-même (…) Pour certains esprits plus curieux et plus blasés, la jouissance de la laideur provient d'un sentiment encore plus mystérieux, qui est la soif de l'inconnu, et le goût de l'horrible.
Baudelaire, Essais, Notes et Fragments, I.
6 Pour un homme tel que lui, épris plus que personne de la beauté physique, la laideur était une honte.
R. Rolland, Vie de Michel-Ange, I, II.
(Choses). || La laideur d'un spectacle, d'un mouvement, d'une œuvre… || Ce pays, cette ville est d'une laideur épouvantable. || Aimer une chose pour sa laideur (→ Éclectisme, cit. 2).
7 (…) je trouvai que la civilisation avait son bon côté, je n'ai pas dit son beau côté, car tout ce qu'elle produit est malheureusement entaché de laideur (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 260.
8 Il s'appelle Maurice. Juliette a horreur de ce prénom, qui a dû lui déplaire toujours (…) mais dont elle ne sent bien la laideur que depuis qu'elle est mariée.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, I, p. 6.
2 (Au moral). Bassesse, turpitude (→ Effiler, cit. 4; innocent, cit. 3). || La laideur du vice, du péché. || La laideur d'une action. || La laideur de Judas. || On voit le vice s'y étaler dans toute sa laideur.
9 (…) Dieu, malgré le péché et son énorme et infinie laideur, en tire le bien qu'il veut.
Bossuet, Élévation sur le mystère, XII, X.
10 (…) la comédie du Tartuffe (…) a fait beaucoup de bien aux hommes, en montrant l'hypocrisie dans toute sa laideur (…)
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 37, déc. 1740.
3 (XVIe). || Une, des laideurs. Chose ou action laide. (En gén. au plur., et impliquant un jugement sur le plan intellectuel ou moral : un objet laid, une personne laide [→ Laideur, 1.], ne sont jamais appelés des laideurs). Horreur, misère, saleté, verrue, vice, vilenie. || Les laideurs et les infirmités de la vie (→ Humour, cit. 2). || La guerre engendre bien des laideurs (→ Inciter, cit. 4). || Les laideurs de la vie moderne (→ Haut, cit. 23).
11 (…) une chambre (d'enfant) adoucie et comme ennoblie par le soir qui enveloppe ses banalités et ses laideurs.
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, XIX.
CONTR. Beauté, 2. charme, grâce, harmonie.

Encyclopédie Universelle. 2012.