Akademik

loupe

loupe [ lup ] n. f.
• 1328; o. i.; soit du rad. expr. lopp- « chose informe », soit du frq. (cf. rhénan Luppe « morceau »)
1Techn. Perle brute ou pierre précieuse présentant un défaut de cristallisation qui rend sa transparence imparfaite. Loupe d'émeraude.
2(1549) Kyste sébacé du cuir chevelu. tanne.
(1684) Défaut du bois, excroissance ligneuse qui se développe sur certains arbres. nodosité. « Divers objets d'art sculptés par un retraité dans les loupes d'arbre » ( Carco). Cette partie du bois utilisée en ébénisterie. Commode en loupe d'orme.
3(1676) Cour. Instrument d'optique, lentille convexe et grossissante qui donne des objets une image virtuelle droite et agrandie. compte-fils. Grossissement, puissance d'une loupe. Travailler, lire à la loupe. Lire son journal avec une loupe. Fig. Regarder une chose à la loupe, l'examiner de très près, avec une minutie exagérée.

loupe nom féminin (francique luppa, masse informe d'un liquide caillé, ou radical onomatopéique lopp-) Lentille convergente qui grossit les objets. Kyste sébacé du cuir chevelu. Masse ferreuse ou de fonte renfermant des scories, éliminées au cours du puddlage par cinglage. Pierre brute présentant un défaut de cristallisation. Nom donné au broussin en ébénisterie. Synonyme de exostose. ● loupe (expressions) nom féminin (francique luppa, masse informe d'un liquide caillé, ou radical onomatopéique lopp-) À la loupe, d'une manière méticuleuse et en vue de critiques : Examiner tout à la loupe.loupe (homonymes) nom féminin (francique luppa, masse informe d'un liquide caillé, ou radical onomatopéique lopp-) loupe forme conjuguée du verbe louper loupent forme conjuguée du verbe louper loupes forme conjuguée du verbe louperloupe (synonymes) nom féminin (francique luppa, masse informe d'un liquide caillé, ou radical onomatopéique lopp-)
Synonymes :
- exostose

loupe
n. f.
d1./d Défaut d'une perle ou d'une pierre précieuse.
d2./d Kyste sébacé.
|| (Guad.) Syn. de enflure (sens 1).
d3./d Excroissance ligneuse qui se développe sur certains arbres.
d4./d Lentille convergente qui donne des objets une image agrandie. Loupe de philatéliste, d'horloger.
Loc. fig. Regarder qqch à la loupe, l'examiner de près.
d5./d TECH Masse de fer incandescente que l'on martèle pour en extraire les scories.

I.
⇒LOUPE1, subst. fém.
A. MÉTALLURGIE
1. Pierre fine ou précieuse présentant un défaut de cristallisation, une transparence imparfaite. Loupe de saphir, de rubis (Ac.).
2. Excroissance de matière nacrée, située sur la face interne d'une coquille d'huître perlière. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. TECHNOL. Masse de minerai mal fondu, renfermant des scories. Le puddleur (...) roulait en tous sens la masse métallique; (...) au moment précis où elle atteignait, par son mélange avec les scories, un certain degré de résistance, il la divisait en quatre boules ou «loupes» spongieuses, qu'il livrait, une à une, aux aides marteleurs (VERNE, 500 millions, 1879, p. 74). Le métal fondait, tombait en gouttelettes ramassées en une loupe de fer (...). Lorsque cette loupe était suffisamment grosse, (...) on la battait (FILLON, Serrurier, 1942, p. 3).
C.PATHOL. Kyste sébacé, se situant généralement au niveau de la tête. Une loupe ou enflure au genou (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 89). La grosseur (...) prit en peu de mois les dimensions d'un oeuf de perdrix (...); il (...) adopta cette forme de faux cols demi-hauts dans lesquels une sorte d'alvéole réservée cachait la loupe (GIDE, Caves, 1914, p. 686). Les loupes sont des tumeurs qui siègent au cuir chevelu (ROUSSY ds Nouv. Traité Méd. fasc. 5, 2 1929, p. 334).
P. métaph. L'extirpation de cette loupe dévorante du système réglementaire et exclusif (SAY, Écon. pol., 1832, p. 185).
P. anal. Des monticules d'un aspect singulier. (...) des verrues et des loupes d'une terre molle et rose qu'on dirait par endroits gonflée et tuméfiée (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 195).
D. BOT. Excroissance ligneuse qui se forme sur le tronc ou les branches de certains arbres (synon. de broussin1); p. méton., bois de cette excroissance, utilisé en ébénisterie. Sur les troncs d'inquiétants polypes, d'horribles loupes (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 20). Les loupes d'amboine blondes et précieuses (Arts et Litt., 1935, p. 84-5). Les loupes sont des excroissances qui se rencontrent sur certains arbres; elles sont dues à diverses causes: piqûres d'insectes, blessures (...), l'orme, le noyer sont susceptibles d'avoir des loupes. Les placages en loupe sont assez récents dans l'art du meuble (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 5).
E. — 1. OPT. Lentille biconvexe qui donne des objets une image virtuelle droite et agrandie; p. méton., appareil monté avec cette lentille. Forte, grosse loupe; peindre, travailler à la loupe. Superbe loupe, avec manche en nacre, lentille St-Gobain (Catal. jouets [Louvre], 1936). La loupe du botaniste, c'est l'enfance retrouvée. Elle redonne au botaniste le regard agrandissant de l'enfant (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 146):
1. Pour la main humaine, le point qu'on en pouvait présenter sous le microscope semblait, même au verre le plus faible, un objet immense, vague, incompréhensible à force de grossièreté. Même à une loupe moyenne, qui grossit seulement douze ou quinze fois, elle paraissait un tissu jaunâtre et rosâtre, rude et sec, mal tendu, une sorte de taffetas à réseau...
MICHELET, Insecte, 1857, p. 114.
Loupe binoculaire. Microscope stéréoscopique. La confection des coupes est suivie sous la loupe binoculaire (HUSSON, GRAF, Manuel biol. gén., 1965, p. 73).
Loupe dichroscopique. V. dichroscopique dér. s.v. dichroscope.
2. P. métaph. Attention critique, examen minutieux, sévère. Quand il [Flaubert] braque sa loupe sur un personnage, il ne néglige pas une verrue, il fouille les plus petites plaies (ZOLA, Romanc. natur., Flaubert, 1881, p. 116):
2. Censeurs que le Génie énerve,
Exerçant leur sombre minerve
Sur des chefs-d'oeuvre indiscutés,
Pour, avec leur loupe risible,
Y trouver une erreur possible,
Sans s'attarder à leurs beautés...
PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 218.
Loc. verb. (Verbe +) à/avec la loupe. Avec beaucoup de minutie ou avec un goût exagéré pour le détail, et qui donne parfois une vision déformée de la réalité. Ce regard jeté à la loupe sur mes moindres détours de pensée, cette scrutation continue de mon être le plus caché (BOURGET, Disciple, 1889, p. 85). Examinant les sentiments à la loupe, grossissant les choses menues et ne voyant pas les grandes (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 709). Rohner, il est admirable quand je le regarde à la loupe et en détail (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 269).
3. P. anal., littér. Chose qui rappelle une loupe par son aspect extérieur ou son effet grossissant. Les larmes qui tendaient une loupe d'eau entre ses cils et lui montraient un univers grotesque (COCTEAU, Gd écart, 1923, p. 72). La loupe de cuivre du balancier (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 16).
Prononc. et Orth.:[lup]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1328 loupe de saphir (doc. ap. L.-Cl. DOUËT D'ARCQ, Nouv. recueil de comptes de l'argenterie, 44 ds IGLF); 2. 1358 «défaut dans une masse de métal» (doc. ds GDF. Compl.); 3. 1450 «masse de fer affinée qu'on passe au marteau» (Vente des biens de Jacques Coeur, Archives nationales, KK 328, f° 211 r°, ibid.); 4. 1549 «tumeur sous-cutanée formant une excroissance indolore» (EST.); 5. 1680 «instrument d'optique» (RICH.); 6. 1684 «excroissance ligneuse qui se développe sur certains arbres» (FURETIÈRE, Essais d'un dict. univ., s.v. bois, p. 5b). Orig. incertaine. Soit issu d'un rad. lopp-, créé en fr., désignant un morceau informe qui pend lâchement (cf. ca 1180 faire la loupe «tirer la langue à quelqu'un en signe de dérision» ds Renart, éd. M. Roques, I, 564), soit d'orig. frq., cf. le rhénan luppe «morceau» (FEW t. 5, p. 422a, 495).
DÉR. 1. Loupeur, -euse, subst. Ouvrier spécialisé dans la recherche des loupes (supra D). Après avoir tâté d'une infinité de professions inconnues et excentriques, il se faisait loupeur en Asie Mineure. (...) paresseusement occupé à découvrir des loupes: les excroissances des noyers de ce pays avec lesquels on fabrique des plaquages de meubles très appréciés (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, pp. 18-19). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1877 (LITTRÉ Suppl.); de loupe1, suff. -eur2. 2. Loupeux, -euse, adj. [En parlant d'un arbre, d'un bois] Qui présente des loupes (supra D). Ormes gerçurés et loupeux (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 12). [lupø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1798-1878. 1res attest. a) 1573 «(pierre précieuse) qui a des loupes» (doc. ds Mém. de la Société de l'hist. de Paris et de l'Île-de-France, t. 35, 1908, p. 203: un saphir fort chargé de couleur, percé, fort louppeux, cabochon), b) 1580 tumeur loupeuse (M. DE LA PORTE, Épithètes, 409v° ds HUG.), c) 1690 «(arbre) qui présente des nodosités» (FUR., s.v. fresne); de loupe1, suff. -eux.
BBG. — GOHIN 1903, pp. 358, 364. — SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 302.
II.
⇒LOUPE2, subst. fém.
Arg. et pop., vieilli. Flânerie, paresse, débauche. C'est nous qu'est les ch'valiers d' la loupe. Pour ne rien fair' nous nous hâtons (RICHEPIN, Chans. gueux, 1876, p. 133). Elle [la prostituée] est pour cet homme [le soldat], l'intérêt passionnant, la séduction captivante du lieu, et non, ainsi que pour les casquettes et les chapeaux mous, l'assaisonnement polisson d'une soirée de loupe (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 136).
Tirer une loupe. Paresser. Synon. tirer sa flemme. [Le Sublime] leur apprend [aux apprentis de son atelier] la manière de tirer une loupe; du travail, il ne leur en parle jamais (POULOT, Sublime, [1872], p. 71).
Prononc. :[lup]. Étymol. et Hist. 1. 1836 camp de la loupe «réunion de paresseux» (DECOURCELLE ds LARCHEY, Excentr. lang., 1865, p. 192); 2. 1865 tirer sa loupe (ESN.); 3. 1866 loupe «paresse, fainéantise» (DELVAU). Déverbal de louper2.
STAT.Loupe1et2. Fréq. abs. littér.:227. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 284, b) 333; XXe s.: a) 261, b) 387.

1. loupe [lup] n. f.
ÉTYM. 1836, in T. L. F.; de 1. louper.
Argot (vx). Fainéantise.Loc. (vx). Tirer sa loupe : fainéanter.
————————
2. loupe [lup] n. f.
ÉTYM. 1328; du rad. expressif lopp-, appartenant à une « structure onomatopéique » lipp-, lapp-, lopp- (P. Guiraud, sémantisme « chose boursouflée, informe »). → 1. Louper.
1 Techn. Perle brute ou pierre précieuse présentant un défaut de cristallisation qui rend sa transparence imparfaite. || Loupe d'émeraude.
(1450). Métall. Masse de fer brut obtenue dans le puddlage de la fonte et soumise au marteau-pilon qui en élimine les scories.
0.1 L'opération fut difficile. Il fallut toute la patience, toute l'ingéniosité des colons pour la mener à bien (…) mais enfin elle réussit, et le résultat définitif fut une loupe de fer, réduite à l'état d'éponge, qu'il fallut cingler et corroyer, c'est-à-dire forger, pour en chasser la gangue liquéfiée.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 201.
0.2 Armé de pied en cap de bottes et de brassards de tôle, protégé par un épais tablier de cuir, masqué de toile métallique, ce cuirassier de l'industrie prenait au bout de ses longues tenailles la loupe incandescente et la soumettait au marteau. Battue et rebattue sous le poids de cette énorme masse, elle exprimait comme une éponge toutes les matières impures dont elle s'était chargée, au milieu d'une pluie d'étincelles et d'éclaboussures.
J. Verne, les Cinq cents Millions de la Bégum, V, p. 79.
2 (1358; p.-ê. par rapprochement avec loup, B., 2.). Défaut dans une masse de métal.
3 (1549). Kyste sébacé (par accumulation de sébum dans le conduit d'une glande sébacée de la peau). || Les loupes du cuir chevelu. Talpa.
1 Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée que le vulgaire disait, non sans raison, pleine de malice.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 488.
2 En tête du volume un portrait gravé de Saint-Évremond… Il faut savoir que Saint-Évremond était gratifié d'une loupe au front, entre les deux sourcils, une sorte de cicer énorme, dont il avait pris gaiement son parti.
Gide, Nouveaux prétextes, Journal sans dates, I.
4 (1684). Défaut du bois, excroissance ligneuse qui se développe sur certains arbres. Broussin, nodosité; loupeux. || Loupes d'acajou, de noyer, d'orme, de palissandre. || Vérifier le bois en cherchant les loupes. 3. Loupeur.Techn. Cette partie du bois utilisée en ébénisterie. || Buffet en loupe d'orme.
3 (…) après avoir tâté d'une infinité de professions inconnues et excentriques, il se faisait loupeur en Asie Mineure (…) Après s'être promené plusieurs années dans le voisinage de l'ancienne Troie, paresseusement occupé à découvrir des loupes : les excroissances des noyers de ce pays avec lesquels on fabrique des placages de meubles très appréciés en Angleterre.
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, II.
Zool. Excroissance nacrée dans la coquille des huîtres perlières.
5 (1676). Cour. Instrument d'optique, lentille convexe et grossissante, qui donne des objets une image virtuelle, droite et agrandie. || Loupe simple, loupe composée (de lentilles accolées). || Grossissement, puissance d'une loupe. || Loupe de naturaliste (→ Herboriser, cit. 2), de philatéliste, de drapier ( Compte-fils). || Horloger, joaillier qui travaille à la loupe. || Lire son journal avec une loupe.
4 Armez-vous d'une loupe, vous découvrirez le duvet velouté des bardanes (…) les gouttes de rosée à la pointe des herbes, un monde de détails que vous n'aviez pas aperçu d'abord (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, A. C. de Laberge.
Par métaphore. Regarder une chose à la loupe, l'examiner de très près, avec une minutie exagérée. || Travailler à la loupe, en soignant les moindres détails de son travail.
5 (…) Lamartine s'écria : « Le style ! c'est précisément ce que j'ai soigné le plus, c'est fait à la loupe ! »
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 314.
DÉR. Loupeux.
HOM. 1. Loupe.

Encyclopédie Universelle. 2012.