CRESSON
CRESS
Les Anciens appréciaient beaucoup les crucifères à la saveur piquante, dont le cresson (Nasturtium officinale R. Br.; crucifères). Hippocrate mettait le cresson (au sens large) au rang des plantes expectorantes. Dioscoride (Ier s.) distingue bien notre cresson et le dit aphrodisiaque. C’était, au Moyen Âge, une plante potagère très courante, où l’on voyait de surcroît un spécifique de l’alopécie et un antidote des philtres.
Le cresson renferme un hétéroside sulfuré, le gluconasturtioside qui, sous l’action d’un ferment et au contact de l’eau, donne le sénevol, essence à la saveur et à la senteur piquantes caractéristiques. Il contient en outre une quantité importante de vitamine C, les vitamines A et D, de l’iode et du fer.
Plante stimulante, diurétique, antiscorbutique, expectorante de valeur, il guérit les carences en vitamine C (emplois empiriques anciens contre le scorbut). Il est très utile aussi dans l’anémie, l’atonie des voies digestives, les suites de maladies infectieuses, diverses affections chroniques (diabète, tuberculose). Le suc frais, obtenu par broyage et expression (environ 100 g par botte) et administré à raison de 60 à 150 g par jour dans du lait ou du bouillon froid, est seul riche en principe actif, mais l’emploi de la plante non cuite doit être déconseillé dans tous les cas où sa culture aurait lieu sans précautions suffisantes, car elle risque alors de transmettre un dangereux parasite, la douve du foie. Elle provoque parfois des phénomènes d’intolérance: douleurs à la vessie, mictions pénibles. Résolutif et détersif en usage externe (cataplasmes de plante broyée), le suc, en frictions, serait efficace contre la chute des cheveux.
cresson [ kresɔ̃; krəsɔ̃ ] n. m.
• 1130; frq. °kresso;cf. all. Kresse, avec infl. de croître
1 ♦ Plante herbacée vivace, à tige rampante et à feuilles découpées en lobes arrondis (cruciféracées), cultivée pour ses parties vertes comestibles à goût piquant. Cresson de fontaine, qui pousse dans les mares et les ruisseaux. Culture du cresson de fontaine dans des cressonnières. Salade de cresson. Soupe au cresson.
2 ♦ Par anal. Cresson alénois. ⇒ nasitort, passerage. — Cresson des prés (ou cressonnette n. f. ). ⇒ cardamine.
● cresson nom masculin (francique kresso) Herbe crucifère des lieux humides, aux feuilles à folioles rondes et inégales, comestibles crues ou cuites, riches en vitamine C, aux petites fleurs blanches à pétales ronds, que l'on cultive dans des cressonnières. (On dit aussi cresson d'eau ou de fontaine.) Populaire. Cheveux. ● cresson (difficultés) nom masculin (francique kresso) Prononciation [&ph95;ʀɛ&ph103;̃], avec e prononcé ai comme dans caisson, ou [&ph95;ʀə&ph103;̃], avec e prononcé comme dans levons.Remarque La seconde prononciation est celle généralement adoptée à Paris et dans la plus grande partie de la France du Nord. ● cresson (expressions) nom masculin (francique kresso) Cresson alénois, autre nom d'une passerage servant de condiment, le nasitort. Cresson de jardin ou cresson de terre, crucifère à saveur plus piquante que le cresson alénois. Cresson des prés ou cressonnette, cardamine. Cresson du Pérou, grande capucine.
cresson
n. m. Crucifère aquatique comestible à fleurs blanches.
⇒CRESSON, subst. masc.
A.— [Plante]
1. Plante des lieux humides, à tige rampante et à feuilles découpées en lobes qui ont une saveur piquante et se consomment en salade ou en garniture. Cresson de fontaine; botte, touffe de cresson. Sur un tapis de cresson d'un vert tendre et velouté (SAND, Lélia, 1833, p. 300). Le cresson trempait au fil de l'eau ses tiges vertes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 176). Pour ma bouche cette poignée de cresson (CLAUDEL, Poésies div., 1952, p. 702) :
• Et je délibérais si je n'enverrais pas Hyacinthe chercher du beurre frais et du pain bis, pour manger des cressons au bord d'une fontaine, sous une cépée d'aulnes.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 204.
2. [P. anal. avec la saveur des feuilles] Cresson alénois. Plante cultivée, employée comme assaisonnement (cf. supra t. II, p. 477b, s.v. alénois). Cresson des prés, cardamine. Cresson de Para ou du Brésil. Cresson de cheval ou de chien, variété de véronique (d'apr. BAILLON t. 2 1886).
B.— Au fig., arg.
1. Chevelure, cheveux. Il n'a plus de cresson sur le caillou ou sur la fontaine : il est chauve (M[acé]) (LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl., 1883, p. 47).
2. Crâneur, arrogant. Une rombière tout ce qu'il y a de cresson (STOLLÉ, Contes, 1947, p. 1). Malfrins! cressons! De quoi que vous êtes pas contents? (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 530).
Rem. Qq. dict. attestent cressiculteur, subst. masc. Personne qui travaille dans une cressonnière. Cressonnette, subst. fém. Cresson des prés.
Prononc. et Orth. :[], [], []. [] ouvert ds LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, BESCH. 1845, FÉL. 1851, LITTRÉ, DG et Pt Lar. 1968; cf. aussi à côté d'autres var. ds BARBEAU-RHODE 1930, DUB. et WARN. 1968. Cette prononc. qui serait mérid. aurait été imposée dans les classes du nord de la France par les instituteurs soucieux de respecter la règle selon laquelle e se prononce [] ouvert devant consonne double; bien que cette règle ne soit pas valable devant -ss- comme le prouvent des mots région. du type de besson (jumeau en berr.) et qui se prononce avec [] muet. La prononc. par [] est enregistrée seule ds PASSY 1914, à titre de 1re var. ds BARBEAU-RODHE 1930, de 2e var. ds DUB., DG et LITTRÉ qui la juge fautive. Cette prononc. par [] serait la prononc. anc. et serait encore la prononc. empl. à Paris et en partie dans le Nord. [e] fermé est donné déjà ds FÉR. Crit. t. 1 1787 mais surtout par des dict. mod. tel que Pt ROB. dont c'est la seule transcr. du mot, et tel que WARN. 1968 dont c'est la 1re var. Pour toutes ces rem. cf. MART. Comment prononce 1913, p. 171; ROUSS.-LACL. 1927, p. 110 et DUPRÉ 1972, p. 564. Le mot est attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1170 kerson (G. DE BERNEVILLE, Vie de St Gilles, 939 ds T.-L.) De l'a. b. frq. kresso « cresson » (correspondant à l'all. Kresse) lat. des gloses crissinus IXe s. ds TLL s.v., v. aussi BAMBECK, n° 30. Fréq. abs. littér. : 88. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 180. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 53. — MEYER-LÜBKE (W.). Fr. Etymologien. Z. rom. Philol. 1909, t. 33, pp. 431-440. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 368. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 150.
cresson [kʀesɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1130; du francique kresso (cf. all. Kresse), avec infl. de croître (du lat. crescere).
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1 Plante herbacée, à tige rampante et à feuilles découpées en lobes arrondis, cultivée pour ses parties vertes comestibles. || Cresson de fontaine (cresson charnu, cresson à feuilles minces, cresson gaufré), qui croît dans les mares et les ruisseaux. || Le cresson (n. sc. : Naturtium, famille des Cruciféracées) est une plante annuelle, bisannuelle ou vivace. || Culture du cresson. ⇒ Cressiculture; cressonnière. || Salade de cresson. || Cresson cuit.
0 C'est un carré de filet de bœuf rôti saignant, garni de pommes soufflées et de cresson.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VI, p. 44.
➪ tableau Noms de légumes.
♦ Par anal. (Qualifié, désignant d'autres végétaux). || Cresson alénois. ⇒ Passerage; nasitort. — Cresson des jardins : passerage cultivé. — Cresson des prés, cresson amer, cresson des murailles. ⇒ Cardamine, cressonnette. || Cresson de Para ou cresson du Brésil. — Cresson de cheval, de chien. ⇒ Véronique. — Cresson d'Inde, du Pérou : la grande capucine. — Cresson doré : dorine.
2 Fig., fam. (en loc.). Chevelure. ☑ N'avoir plus de cresson sur la fontaine, sur le caillou : être chauve.
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DÉR. et COMP. Cressonnette, cressonnière. V. Cressiculteur, cressiculture.
Encyclopédie Universelle. 2012.