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marquis

marquis [ marki ] n. m.
• 1226; marchis 1080; du rad. de 1. marche
1Hist. Gouverneur militaire d'une marche franque.
2(1651) Titre seigneurial attaché à la possession d'une terre érigée en marquisat; le seigneur qui portait ce titre.
Mod. Titre de noblesse qui prend rang après le duc et avant le comte; celui qui porte ce titre. Monsieur le Marquis. Le marquis de Bassompierre. Le divin marquis : Sade.

marquis nom masculin (ancien français marchis, seigneur d'une marche territoriale) Titre de noblesse intermédiaire entre ceux de duc et de comte. À l'époque carolingienne, personnage de rang comtal préposé à la garde d'une marche territoriale. ● marquis (citations) nom masculin (ancien français marchis, seigneur d'une marche territoriale) Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 […] Allons, saute, marquis ! Le Jeu de l'amour et du hasard, III, 9

marquis
n. m. Titre de noblesse entre celui de duc et celui de comte.

⇒MARQUIS, subst. masc.
I.HISTOIRE
A.HAUT MOY. ÂGE. Gouverneur militaire de l'époque franque préposé à la garde des provinces ou des villes frontières appelées marches ou marquisats. Vous qui m'avez suivi jusqu'à cette montagne, Normands, Lorrains, marquis des marches d'Allemagne (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p.197).
B.MOY. ÂGE et HIST. MOD. Titre seigneurial accompagnant la possession d'un marquisat; personne portant ce titre. Mon grand-père (...) était gouverneur de Saint-Domingue, général de brigade, et marquis de l'Isle-Adam, près Paris (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1873, p.179). Le Pléchéous fut donné en fief à un croisé venu du Nord, le marquis de B., dont les enfants sont encore les seigneurs du lieu (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.100):
1. Les nobles prirent des titres selon la qualité de leurs fiefs; (ces titres, à l'exception de ceux de baron et de marquis, étoient d'origine romaine); ils furent ducs, barons, marquis, comtes, vicomtes, vidames, chevaliers, quand ils possédèrent des duchés, des marquisats, des comtés, des vicomtés, des baronnies.
CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p.369.
C.HIST. MOD. et CONTEMP. Titre de noblesse situé dans la hiérarchie après le titre de duc et avant celui de comte; personne qui porte ce titre. Monsieur le marquis; couronne de marquis; un ci-devant marquis. Personne ne mettait en doute que le roi ne fît, à propos de cette alliance, la faveur de rendre à Lucien le titre de marquis (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p.84). Du fond de la province le marquis, c'était son titre, n'avait pas rompu ses relations avec les bons faiseurs et les bonnes faiseuses (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.66):
2. Quand on n'est pas du grand monde, on aime bien savoir tout de même ce qui s'y passe. M. Ohnet, qui le sait, nous renseigne abondamment sur la haute vie et nous révèle les mystères de l'élégance mondaine. Les trois quarts de ses personnages appartiennent à la meilleure société, sont ducs, marquis ou comtes.
LEMAITRE, Contemp., 1885, p.351.
Par antiphrase. Le Divin Marquis. Le marquis de Sade. En 1789, celui qui a bien mérité d'être appelé par dérision le Divin Marquis appelait de la Bastille le peuple au secours des prisonniers (ÉLUARD, Donner, 1939, p.82).
P. plaisant. Mon cher Ponpon, duc de lithographie, marquis du dessin, comte du bois gravé, baron de charge et chevalier des caricatures et autres lieux (BALZAC, Corresp., 1841, p.281). Quand est-ce que le duc de Nogent, prince de la prétention, archiduc des convenances, marquis du piquage, arrive? (FLAUB., Corresp., 1843, p.38).
HABILL., vx. [P. réf. à la coiffure portée par les marquis aux XVIIe et XVIIIe s.] Petit chapeau à trois pointes et à bords roulés (cf. NINGLER, Mode, 1939). Synon. tricorne.
II.P. anal.
A. — Personnage de comédie censé appartenir à la noblesse élégante et à la mode, et qui est souvent dépeint sous des traits prétentieux et ridicules (notamment par Molière). Je n'ai pas vu en Allemagne de bons acteurs du haut comique, des marquis, des fats, etc. (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, 218). Le savant répliqua (...) que les Orléanistes outraient sur le marquis de Mascarille, (lequel voulait, comme chacun sait, mettre l'histoire romaine en madrigaux) (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.175):
3. Pour avoir la paix et se donner en même temps un air de grandeur et de générosité, M. Levrault tira sa bourse et la jeta à Timoléon avec la grâce et le laisser-aller d'un marquis de l'ancienne comédie.
SANDEAU, Sacs, 1851, p.62.
B.P. iron. Petit marquis. Personnage aux manières affectées, désinvoltes, d'une élégance étudiée. Toujours correct, soigné, frisé au fer, ayant des mines de petit marquis du XVIIIe siècle (LOTI, Rom. enf., 1890, p.76). De la main, une main blanche et grasse, aux ongles roses de petit marquis, il faisait tournoyer dans le vide un énorme gourdin (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., III, p.249).
[P. allus. au conte de Perrault Le Chat Botté] Marquis de Carabas. Homme qui possède ou se vante de posséder de nombreux biens. S'il est encore par-ci par-là quelques marquis de Carabas, entichés de leurs titres (...), nous sommes les premiers à nous railler de leurs travers (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p.9). Le soir, dîner à Montmorency (...) dans une des villas possédées par le père Félix, le marquis de Carabas de l'endroit (GONCOURT, Journal, 1860, p.768).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1225 titre de noblesse ital. (PÉAN GATINEAU, Vie de St Martin, éd. W. Söderhjelm, 9006 et 9011 [à propos du marquis ital. Boniface de Montferrat, en Piémont]); ca 1460 en gén., ici titre de fantaisie (MARTIAL D'AUVERGNE, Arrêts d'amours, 9e arrest, éd. J. Rychner, p.38: Par devant le marquis des Fleurs et des Violettes d'Amours); 1536 (R. DE COLLERYE, Œuvres, p.206 ds IGLF: Les grans trésors n'ay en ce monde acquis Ainsi comme ont Ducs, Contes et Marquis, Aultres assez leur estat soustenant). Empr. à l'ital. marchese, titre de noblesse héréditaire attribué à un seigneur qui gouvernait une région comprenant plusieurs comtés (dep. le XIIIe s., CHIARO DAVANZATI ds BATT.), d'abord «seigneur chargé de gouverner une région frontalière dite marche» (id., Anonyme génois, ibid.; dér. de marca «marche», v. marche1), avec adaptation du suff. d'apr. l'a. fr. marchis «gouverneur d'une marche» (att. de ca 1100, Roland, éd. J.Bédier, 630, à 1524, P. GRINGOIRE, Le Blazon des Heretiques ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p.296; dér. de marche1, suff. -is), qu'il a supplanté. Fréq. abs. littér.:4 942. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 11 142, b) 13 376; XXe s.: a) 4 198, b) 1 816. Bbg. HOPE 1971, p.43.

marquis [maʀki] n. m.
ÉTYM. 1226; marchis, 1080; du rad. de 1. marche.
1 Hist. À l'époque franque, Gouverneur militaire d'une marche.
1 Le nom de Carol (…) était le nom glorieux d'un des plus puissants chefs venus jadis du Nord pour conquérir et féodaliser les Gaules. Jamais les Carol n'avaient plié la tête (…) Chargés autrefois de défendre une Marche française, leur titre de marquis était à la fois un devoir, un honneur, et non le simulacre d'une charge supposée (…)
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 335.
2 (1651). Titre seigneurial attaché à la possession d'une terre érigée en marquisat; (1668) le seigneur qui portait ce titre.
2 Enfin, il se tint à la fille d'un marquis de je ne sais quel marquisat; car c'est la chose du monde dont je voudrais le moins jurer, en un temps où tout le monde se marquise de soi-même (…)
Scarron, le Roman comique, I, IX.
Titre de noblesse qui, dans la hiérarchie nobiliaire, prend rang après le duc et avant le comte; celui qui porte ce titre. || Monsieur le Marquis. || Le marquis de Bassompierre. || Le divin marquis : Sade. || Couronne (cit. 6) de marquis.
3 En attendant Saint-Loup, je demandai au patron du restaurant de me faire donner du pain. « Tout de suite, monsieur le baron. — Je ne suis pas baron, lui répondis-je avec un air de tristesse pour rire. — Oh ! pardon, monsieur le comte ! » Je n'eus pas le temps de faire entendre une seconde protestation, après laquelle je fusse sûrement devenu « monsieur le marquis » (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 40.
(XVIIe). Spécialt et péj. Personnage de comédie, généralement fat et ridicule, appartenant ou prétendant appartenir à la noblesse. || Les marquis de Molière (→ Effaroucher, cit. 6).
4 Le marquis aujourd'hui est le plaisant de la comédie; et comme dans toutes les comédies anciennes on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même, dans toutes nos pièces de maintenant, il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie.
Molière, l'Impromptu de Versailles, I.
3 Fig., vx. Au XVIIIe siècle, Homme élégant, raffiné, désinvolte dans sa mise, ses manières… || Vous êtes vêtu comme un marquis (→ Chatouiller, cit. 8). || Des grâces de petit marquis. || Les marquis de Watteau. || Marquis et marquises du XVIIIe siècle (→ Futilité, cit. 5).
5 Nos petits marquis rengorgés.
Voltaire, Temple du goût.
Allus. littér. Un marquis de Carabas : un homme qui se vante faussement de posséder de grands biens (par allus. au conte de Perrault, le Chat botté; → Hacher, cit. 5).
Allons ! saute ! Marquis !, exclamation de contentement mise par Regnard dans la bouche d'un faux marquis s'applaudissant de ses succès et qualités (le Joueur, IV, 10).
DÉR. Marquisat, marquise.

Encyclopédie Universelle. 2012.