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miserere

miserere [ mizerere ] n. m. inv. VAR. miséréré
XVIe; colique de miserere (vx) « occlusion intestinale » 1546; lat. miserere « aie pitié », déb. d'un psaume
Liturg. cathol. Le psaume « Miserere mei, Deus ». Des miserere, des misérérés.
Mus. Air sur lequel le miserere se chante; ce chant.

miserere nom masculin invariable (latin miserere, aie pitié)

⇒MISERERE, MISÉRÉRÉ, subst. masc.
A. — 1. LITURG. CATH. Psaume cinquantième qui commence dans la traduction latine de la Vulgate par Miserere mei, Deus, et p. méton., musique qui accompagne le psaume. Dire un/des miserere. Le miserere, c'est-à-dire ayez pitié de nous, est un psaume composé de versets qui se chantent alternativement d'une manière très-différente (STAËL, Corinne, t.2, 1807, p.144). C'est le vendredi que vous vous fustigez, en récitant le miserere, avec la discipline? (HUYSMANS, Oblat, t.1, 1903, p.220).
Loc. fig. [P. allus. au premier et au dernier mot du miserere] De miserere à vitulos. D'un bout à l'autre. Le seigneur l'écouta bouche bée, de miserere à vitulos sans bouger seulement la prunelle de l'œil (E. PÉROCHON, Milon, Paris, Plon, 1936, p.32 ds R. Ling. rom. t.42, 1978, p.110).
2. Temps très court (correspondant à la durée d'un miserere). Ils [les moissonneurs] se jettent à terre au soleil même, dorment un miserere et se relèvent aussitôt (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p.42).
B. MÉD., vx. Coliques de miserere, p. ell., miserere. (Douleurs provoquées par) l'occlusion intestinale. Synon. iléus. Il est mort d'un miséréré (Ac. 1798-1878). Si je reste comme ça, sur le ventre, je vais attraper le miserere (GIONO, Regain, 1930, p.123).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694 et 1718: misereré; 1740-1878: miséréré; 1935: miserere; LITTRÉ, DG: miséréré; ROB.: miserere ou miséréré; Lar. Lang. fr.: miserere: ,,l'orthographe avec accent, miséréré, est fréquente``. Au plur. des miserere, des misérérés. Étymol. et Hist. 1. a) Début XIIe s. miserere subst. fém. «psaume cinquantième» (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 709); b) av. 1550 miserere subst. masc. «id.» (P. DORÉ, L'adresse de l'esgaré pecheur, 2a ds Fr. mod. t.6, p.64); 1840 «chant composé sur les paroles du psaume miséréré» (Ac. Compl. 1842); c) 1546 avoir du Miserere jusques à Vitulos «être bien étrillé, bien battu» (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXIII, 79); d) 1662 «espace de temps qu'il faut pour dire un miséréré» (RACINE, Lettre du 13 juin ds Œuvres, éd. P. Mesnard, t.6, p.479); 2.1538 miserere mei «colique violente, dangereuse, due à l'occlusion intestinale» (EST., s.v. ileos); 1546 miserere (Ch. ESTIENNE, Dissection des parties du corps, p.183); 1687 colique de miserere (RACINE, Lettre du 8 août ds Œuvres, éd. citée, p.574). Mot lat. signifiant «aie pitié», 2e pers. du sing. de l'impér. prés. de misereri «avoir compassion, pitié de», qui commence le psaume cinquantième, miserere mei, Deus «aie pitié de moi, mon Dieu». 1 c p. allus. aux moines qui se donnent la discipline en disant le psaume miserere dont le dernier mot est vitulos; cf. au sens de «litanie», l'a. fr. miserele (XIIe s. ds GDF. et T.-L.). Fréq. abs. littér.:86.

miserere ou miséréré [mizeʀeʀe] n. m.
ÉTYM. V. 1112; 1546, Ch. Estienne, en méd.; lat. miserere « aie pitié », début d'un psaume de la pénitence.
1 (V. 1112). Liturgie cathol. Le psaume « Miserere mei, Deus ». || Des miserere (Académie).
Mus. Air sur lequel le miserere se chante. || Le miserere d'Allegri; le chant du Miserere.
2 (1662). Le temps de dire, de réciter un miserere.
3 (1546). Vx. || Coliques de (ou) du miserere, et, absolt, miserere : occlusion intestinale.
1 M. de Saint-Laurent est mort d'une colique de miserere.
Racine, Lettres, 70, 8 août 1687.
2 Dis, papa, j'ai bien le numéro 9 depuis Jean Rezeau, l'huissier royal pieusement décédé en 1760 d'une colique de miserere ? (…) Il faudra prévoir une rallonge : Marie a mis le 10 en train.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 150.

Encyclopédie Universelle. 2012.