monocle [ mɔnɔkl ] n. m.
• 1746; « lorgnette monoculaire » 1671; monougle « borgne » XIIIe; bas lat. monoculus « qui n'a qu'un œil »
♦ Petit verre optique que l'on fait tenir dans une des arcades sourcilières. ⇒ lorgnon ; carreau. Porter le monocle. « Le monocle du marquis de Forestelle était minuscule, n'avait aucune bordure » (Proust).
● monocle nom masculin (bas latin monoculus, borgne, du grec monos, seul, et latin oculus, œil) Verre correcteur que l'on insère dans l'arcade sourcilière.
monocle
n. m. Verre correcteur unique que l'on fait tenir entre l'aile du nez et l'arcade sourcilière.
⇒MONOCLE, subst. masc.
A. — [Désigne une chose]
1. OPT. Petit verre correcteur unique qui se place sous l'arcade sourcilière. Porter un monocle. Il tira de son gilet un monocle à ruban de moire, l'ajusta, lut posément le billet et partit d'un éclat de rire (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.83). Un exemple des mécanismes de Radiguet: il n'y voyait pas à un mètre. Trouvant que des lunettes lui donneraient l'air de suivre la mode américaine, il adopta le monocle. Ce monocle lui faisait une grimace arrogante, le ridiculisait (COCTEAU, Poés. crit. II, Monologues, 1960, p.58).
Rem. Ce verre peut n'avoir aucun rôle correcteur et n'être porté que par souci d'élégance: Il portait de grosses bagues, une grosse chaîne de montre, un monocle, par chic, car il l'enlevait pour travailler (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Hérit., 1884, p.464).
— En appos. avec valeur d'adj. Qui n'est pourvu que d'un seul oculaire. Il s'éventait les yeux quand il n'usait pas d'un lorgnon monocle cerclé et emmanché d'or, pendu à une moire (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.257).
2. CHIR. ,,Bandage croisé propre à maintenir un topique sur l'un des yeux`` (LITTRÉ).
B. — [Désigne un être vivant] ZOOL. ,,Genre de crustacés qui ont les yeux très rapprochés et presque réunis`` (LITTRÉ). Et nous n'avons point encore eu à notre disposition le grand monocle ou crabe des moluques dans un état dissécable (CUVIER, Anat. comp., t.4, 1805, p.410).
REM. Monocolard, subst. masc., p. plaisant, pop. Personne qui porte un monocle. Nous avions donc deux monocolards dans l'escouade, mais le surnom resta à Przybyszewski, car les deux monocles étaient aussi différents que peuvent l'être deux corps célestes, le soleil et la lune, par exemple (CENDRARS, Main coupée, 1946, p.205).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. Début XIIIe s. «qui n'a qu'un œil» (Castoiement d'un pere a son fils, éd. Hilka-Söderhjelm, B 948), attest. isolée; 1596 monocle «id.» (HULSIUS), att. également ds COTGR. 1611, sens relevé par qq. dict. du XIXe s.; 2. a) 1671 «petite lunette pour un seul œil» (Le P.CHÉRUBIN, Dioptr. ocul., II, 192, ds DG); b) 1746 «petit verre d'optique qui se place sous l'arcade sourcilière» (THOMIN, Introd. sur l'usage des lunettes ou conserves pour toutes sortes de vue cité ds LAMY Lunet., p.12); 3. 1805 zool. (CUVIER, loc. cit.). 1 empr. au b. lat. monoculus «qui n'a qu'un œil» (formé du gr. «seul» et du lat. oculus «œil»); 2 ext. du sens de 1. Fréq. abs. littér.:173.
DÉR. Monoclé, -ée, adj., fam. Qui porte un monocle. Des étudiants monoclés, vêtus comme des notaires, parcouraient parfois les rues en hurlant: à bas le boulangisme (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.34). Il m'a toujours semblé très étrange que l'oeuvre de Proust ait été aussi unanimement admirée des intellectuels de droite les plus constipés comme des avant-gardistes les plus farouches de la haute finance littéraire comme des conservateurs monoclés et académisants (AYMÉ, Confort, 1949, p.162). — []. — 1re attest. 1902 (COLETTE, Cl. ménage, p.134); de monocle, suff. -é.
monocle [mɔnɔkl] n. m.
ÉTYM. 1827; cf. monougle « borgne », XIIIe; « lorgnette monoculaire », 1671; bas lat. monoculus « qui n'a qu'un œil ».
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1 Petit verre optique que l'on fait tenir dans une des arcades (cit. 3) sourcilières. ⇒ Lorgnon; (fam.) carreau (→ Figer, cit. 7; inscrire, cit. 9; lunatique, cit. 4). || Porter le monocle ou porter monocle. || Vogue du monocle (→ Grimacer, cit. 1).
1 Le monocle du marquis de Forestelle était minuscule, n'avait aucune bordure et, obligeant à une crispation incessante et douloureuse de l'œil où il s'incrustait comme un cartilage superflu (…) il donnait au visage du marquis une délicatesse mélancolique, et le faisait juger par les femmes comme capable de grands chagrins d'amour.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 148-149.
1.1 (…) dès que Bloch apparaissait, la signification de sa physionomie était changée par un redoutable monocle. La part de machinisme que ce monocle introduisait dans la figure de Bloch la dispensait de tous ces devoirs difficiles auxquels une figure humaine est soumise, devoir d'être belle, d'exprimer l'esprit, la bienveillance, l'effort. La seule présence de ce monocle dans la figure de Bloch dispensait d'abord de se demander si elle était jolie ou non, comme devant ces objets anglais dont un garçon dit, dans un magasin, que « c'est le grand chic », après quoi on n'ose plus se demander si cela vous plaît.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 953.
2 (…) il ne voyait que d'un œil, à travers un monocle épais comme une lentille.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 275.
2 (1834). Rare. Bandage recouvrant l'œil.
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DÉR. Monoclé, monoculaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.