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moule

1. moule [ mul ] n. m.
• 1450; modle 1190; puis molle; du lat. modulus
1Corps solide creusé et façonné, dans lequel on verse une substance liquide ou pâteuse qui, solidifiée, conserve la forme qu'elle a prise dans la cavité. (XIIIe) Objet plein sur lequel on applique une substance plastique pour qu'elle en prenne la forme. forme, matrice, modèle; surmoule. Moule en sable, en terre. Moule à cire perdue : modèle en cire sur lequel on applique de l'argile, qui forme un moule en creux dans lequel on verse le métal en fusion, la cire fondant au contact du métal en fusion. Moule d'une forme typographique. empreinte. Moule utilisé en poterie. 1. mère. Moule de sculpteur. Moule à pisé ( banche) , à briques. Verser du métal en fusion dans un moule. couler. « Sur le moule il versait du plâtre liquide » (Stendhal). Retirer un objet du moule. démouler. Moule à tarte, à manqué, à charlotte, à brioche, à gaufre ( gaufrier) , à glaces. Chemisier un moule. Loc. fig. Vieilli Être fait au moule, bien fait, de formes harmonieuses (corps). Mod. Le moule est cassé : la personne est unique en son genre.
Pièce creuse servant à faire des pâtés de sable.
2Techn. Forme d'un bouton destiné à être recouvert de tissu.
Cuve où les maroquiniers mettent les peaux. Mesure de bois de chauffage.
3Fig. Modèle, type. Être fait sur le même moule. « Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté » (Rousseau). Forme imposée de l'extérieur (à la personnalité, au caractère, à une œuvre).
moule 2. moule [ mul ] n. f.
• 1240 moulles; lat. musculus « petite souris » muscle
1Mollusque bivalve (lamellibranches) comestible, aux valves oblongues et renflées, d'un bleu ardoisé, sans charnière, qui vit fixé sur les rochers, sur les corps immergés. Écailles, byssus des moules. Pêche aux moules. Culture, élevage des moules. mytiliculture. Parc à moules. bouchot, moulière. Acheter un litre de moules. Moules marinière, à la crème mouclade . Assiette de moules avec des frites. Moule d'eau douce. anodonte, mulette.
2(infl. de mou, mollusque) Fam. Personne molle; mollasson. Imbécile, sot. Quelle moule ! nouille.

moule nom féminin (latin musculus) Mollusque lamellibranche comestible à coquille bivalve, de couleur noirâtre ou violacée, qui vit fixé sur des corps immergés et qui fait l'objet d'un élevage en mer, la mytiliculture. Familier. Personne sans énergie, maladroite ; nouille, mollasson. ● moule (homonymes) nom féminin (latin musculus) moule nom masculinmoule (synonymes) nom féminin (latin musculus) Familier. Personne sans énergie, maladroite ; nouille, mollasson.
Synonymes :
- chiffe (familier)
- lavette (familier)
- mollusque (familier)
- nouille (familier)
moule nom masculin (latin modulus) Objet présentant une empreinte creuse dans laquelle on introduit une matière pâteuse, liquide ou pulvérulente, qui prend, en se solidifiant, en durcissant ou en s'agglomérant, la forme de cette empreinte. Modèle plein, sur lequel on applique une matière malléable pour qu'elle en prenne les contours. Récipient de formes diverses servant au moulage de certaines préparations culinaires. Noyau de matière dure destiné à être recouvert de passementerie. Modèle imposé selon lequel on façonne quelqu'un, sa personnalité, son caractère : Le moule de l'école primaire. Type, forme selon lesquels est construit, fait quelque chose : Tous ces livres sont faits sur le même moule.moule (expressions) nom masculin (latin modulus) Être fait au moule, être très bien fait. Le moule en est perdu, brisé, c'est quelqu'un, quelque chose d'unique en son genre. ● moule (homonymes) nom masculin (latin modulus) moule nom fémininmoule (synonymes) nom masculin (latin modulus) Objet présentant une empreinte creuse dans laquelle on introduit une...
Synonymes :
- forme
- matrice
Type, forme selon lesquels est construit, fait quelque chose
Synonymes :
- archétype
- canon
- patron

moule
n. f.
d1./d Mollusque lamellibranche marin, comestible, pourvu d'une coquille à deux valves oblongues articulées, qui vit en groupes, fixé par son byssus aux corps immergés (rochers, pieux, etc.), dans la zone de balancement des marées.
|| Moules-frites: plat de moules servi avec des frites, spécialité de Belgique et du nord de la France.
d2./d Fam. Personne molle, sans caractère.
————————
moule
n. m.
d1./d Corps solide creux et façonné, destiné à recevoir une matière pâteuse plus ou moins fluide pour lui donner une forme qu'elle conservera en se solidifiant. Verser, couler du plâtre, du métal en fusion, dans un moule.
CUIS Moule à gaufre, à tarte.
d2./d Pièce pleine sur laquelle on applique une matière malléable pour lui donner une forme.
d3./d Fig. Type, modèle qui imprime sa marque (sur le caractère, le comportement, etc.). Homme d'affaires formé au moule (ou dans le moule) des écoles américaines.
d4./d Loc. être fait au moule, parfaitement fait.
d5./d Loc. Fam. (Belgique) Mettre à moule: démolir; mettre hors d'usage.
être à moule, cassé, hors d'usage. Le four est à moule.

I.
⇒MOULE1, subst. masc.
A. — 1. Objet solide, façonné en creux, destiné à être rempli d'une substance plus ou moins fluide qui, en se solidifiant, prend la forme exacte de ce creux. V. coquille B 2. Tel qui resterait insensible au travail du pouce dans la glaise, jouit de précipiter dans le moule l'étain et le cuivre en fusion (FAURE, Espr. formes, 1927, p.166):
1. On pétrit de la terre délayée, on la verse dans des moules, on la fait sécher au soleil, et l'on fabrique ainsi des briques crues qui peuvent durer quatre ou cinq mille ans.
ABOUT, Grèce, 1854, p.229.
SYNT. Moule d'une seule pièce, de plusieurs pièces; moule à balles (v. balle2 e.. 11), à béton, à briques, à cartouches, à caractères d'imprimerie; moule en métal, en sable, en terre; moule de canon, de cloche, de statue; moule de fonderie; chappe, frette, noyau d'un moule (de fonderie); jeter en moule (une figure); couler, jeter, verser (une matière) dans un moule; briser un moule.
Moule à cire perdue (v. cire A 1 c). Moule à creux perdu (qui ne donne qu'une épreuve et que l'on brise après utilisation). Moule à bon creux, à bon fond. Le moule à bon creux fait de pièces détachées, qui peut fournir un nombre illimité d'épreuves (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971).
Loc. verb. fig., fam.
(Être) fait au moule. [Le suj. désigne une pers. ou une partie du corps] (Être) beau, bien fait, d'une forme parfaite, harmonieuse. Synon. (être) fait au tour (fam.), fait à ravir, bien balancé (pop.), bien modelé, bien galbé. Jambe, taille faite au moule. Son corps (...) fait au moule, que la mouillure du costume plaquait de partout (A. DAUDET, Sapho, 1884, p.253).
Être coulé, jeté dans le/un même moule (vieilli), sortir du même moule, être fait sur le même moule. [Le suj. désigne deux/plusieurs pers. ou choses] Se ressembler de façon frappante. Le cocher portait, en toute saison, un bouquet énorme!... On ne voit plus rien de semblable à Paris: toutes les figures, tous les costumes, tous les caractères, y semblent jetés dans le même moule (JOUY, Hermite, t.1, 1811, p.219).
Cela ne se jette pas en moule (vx). C'est une oeuvre qui demande beaucoup de soin et de temps. (Ds Ac. 1798-1878).
Le moule (en) est brisé, cassé, perdu, rompu, usé (pop.). C'est une personne/une chose remarquable et unique en son genre, comme on n'en trouve plus. Le filet! Voilà l'épreuve du journaliste! Avec quelle mélancolie Accard rappelle ceux du Français: il y a encore un an!... «Le moule en est perdu...» gémit-il (BOURGET, Physiol. am. mod., 1890, p.11). Mais on ne fait plus des hommes comme moi. Le moule en est brisé (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p.41).
En partic.
a) CONFIS., ART CULIN., PÂTISS. Ustensile creux, avec ou sans fond, servant à la confection ou à la cuisson de diverses préparations. Moule à pâtisserie, à gâteaux; moule à charlotte, à gaufre(s), à madeleines, à manqué, à pâté, à tarte; moule lisse, à côtes, à cannelures; bords, fond d'un moule; beurrer, fariner, foncer, garnir un moule. Mettez de la pâte à flan Dans le flanc De moules à tartelette; D'un doigt preste, abricotez Les côtés (ROSTAND, Cyrano, 1898, II, 4, p.73). M. Bellaigue de Rabanesse (...) moyennant finances avait obtenu (...) un moule à faire les hosties (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1906, p.310). J'espère bien que vous ne m'en commanderez [des glaces] que prises dans ces moules démodés qui ont toutes les formes d'architecture possible (PROUST, Prisonn., 1922, p.129).
Au fig., loc. interj. [Servant d'injure] Moule à gaufre(s), moule à tarte. Imbécile. Démokos: (...) il prête aux épithètes, ventru et bancal comme il est . Abnéos: Dis donc, moule à tarte! (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, II, 4, p.110).
b) IMPR., TYPOGR. (vx). Lettre de moule. Caractère d'imprimerie. Synon. lettre moulée. Le Nanne revint fort en peine de ce que pouvait contenir le mot d'écrit, car il ne savait lire un peu que la lettre de moule (POURRAT, Gaspard, 1922, p.27).
c) JEUX. Jouet d'enfant, en métal ou en plastique ou d'une autre matière, servant à faire des pâtés de sable. Louise avait rangé dans son cabas ma pelle et mes moules (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.16).
d) ARTS PLASTIQUES. Empreinte en plâtre d'un objet, du corps ou d'une partie du corps, servant à obtenir des moulages. Après avoir disposé la tête de la morte dans une attitude favorable, Jacques commença à couler le plâtre par couches successives jusqu'à ce que le moule eût atteint l'épaisseur nécessaire (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.215).
2. Modèle solide plein, servant à la fabrication et à la reproduction d'un objet par coulée d'une substance plus ou moins liquide qui, en se solidifiant, prenne les contours exacts de ce modèle (utilisé notamment en sculpture et dans diverses industries):
2. Sur le moule il versait du plâtre liquide fait à l'instant, et sur-le-champ du plâtre moins fin et plus fort, de façon à donner quatre lignes d'épaisseur à la médaille en plâtre.
STENDHAL, H. Brulard, t.1, 1836, p.225.
P. anal., p. plaisant., pop. ou arg., vx
Moule du bonnet. Tête, crâne. Un furieux coup de plat d'épée sur la tête lui fracassa le moule du bonnet (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.216).
Moule du pourpoint. Corps; p. méton. peau, vie. Les deux cousins de Mme de Lagrené ont laissé chacun une jambe en Valachie. L'un d'eux (...) pourra bien y laisser même le moule du pourpoint, car il a reçu un boulet au-dessus du genou, très mauvaise blessure (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t.2, 1854, p.16).
B.Au fig.
1. Ce qui forme quelqu'un ou modèle quelque chose. Synon. modèle, patron, type. Moule scolaire, universitaire; couler dans le moule de; se former sur le moule de qqn. Les amis (...) croyaient retrouver là l'esprit des Guermantes. Et certes c'était le même moule, la même intonation, le même sourire qui avaient ravi Bergotte (PROUST, Temps retr., 1922, p.1005). La plupart des grands hommes ont été élevés presque isolément, ou bien ils ont refusé d'entrer dans le moule de l'école (CARREL, L'Homme, 1935, p.326):
3. Qu'un homme répande des larmes sans objet, qu'il pleure sur l'universelle douleur, qu'il rie d'un rire long et mystérieux, on l'enferme à Bicêtre, parce qu'il ne garde pas sa pensée dans nos moules habituels.
RENAN, Avenir sc., 1890, p.426.
2. ARTS PLASTIQUES, LITT. Forme fixe dans laquelle l'auteur, l'artiste doit faire entrer sa pensée, son génie artistique. Moule de l'alexandrin, du sonnet, d'une phrase, d'un vers; couler ses pensées, jeter ses idées dans le moule de + subst. Une nouvelle forme de vers a été créée, et ses successeurs ont été affranchis du moule étroit et symétrique de Malherbe et de Boileau (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p.287). V. architectonique ex. 10:
4. ... il voulut couler ces idées dans les formes musicales ordinaires; il fit la découverte qu'aucun des moules anciens ne pouvait leur convenir...
ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1423.
C.P. anal.
1. MAR., PÊCHE. Moule (d'un filet sardinier). Petit morceau de bois de forme cylindrique servant à la confection ou à la réparation des mailles de filet (d'apr. BONN.-PARIS 1859). ,,Grandeur de la maille exprimée en fonction de la taille des sardines qui sont susceptibles de s'y mailler (...)`` (GRUSS. 1952).,,La capture [des sardines] au filet (...) exige le choix d'un moule rigoureusement approprié; d'où la nécessité pour les pêcheurs de se munir d'un jeu de filets de moules différents`` (GRUSS. 1952).
2. Vx ou région. (Lyonnais, Ouest, Suisse romande). Cadre en bois servant à mesurer un volume déterminé de bois de chauffage; p. méton., mesure de bois ainsi obtenue. Bois de moule (synon. moulée). Un hiver comme il y a trois ans, en 80, que le bois coûtait huit sols le moule (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.86). De là livraison à Voltaire par ledit Charlot de quatorze moules de bois, mesure du pays (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.7, 1852, p.116):
5. Les faissonats sont façonnés dans des «moules», appareils rudimentaires composés de deux traverses accouplées (...). Les branches sont couchées là-dessus (...) jusqu'à ce qu'elles atteignent le volume demandé.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p.7.
3. COUT. Moule (de bouton). Partie solide d'un bouton en bois, en os ou d'une autre matière et qui est recouverte d'un tissu. Une redingote filandreuse à boutons sans moule, dont les capsules béantes et recroquevillées étaient en parfaite harmonie avec des poches usées (BALZAC, Rabouill., 1842, p.350).
Prononc. et Orth.:[mul]. Att. ds Ac. dep. 1694. Pas d'accent circonflexe pour sb musculus. Étymol. et Hist. 1. Fin XIe s. Modle «modèle» (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 714, p.99); ca 1170 modles (Rois, p.244 ds T.-L.); 1926 «forme fixe en littérature» (le moule de l'alexandrin (ARNOUX, Chiffre, p.178); 2. a) ca 1165 molle «corps creusé dans lequel on verse une substance liquide ou pâteuse qui en se solidifiant garde la forme prise dans la cavité» (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 16730); 1678 jetées dans le même moule «qui se ressemblent de façon frappante» (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.5, p.468); av. 1709 faite au moule «bien faite (d'une femme)» (REGNARD, Voyage de Normandie ds Œuvres, t.1, p.123); 1718 le moule en est rompu (Ac.); b) 1737 «ustensile creux employé en cuisine, en pâtisserie» (Nouvelle instruction pour les confitures, p.178); 3. a) 1260 «modèle plein sur lequel on applique une matière malléable pour qu'elle en prenne la forme» (E. BOILEAU, Métiers, éd. Depping, 1re part., LXXVIII, p.209); b) id. molles (le Roy) «modèle légal fixé pour les mailles du filet» (ID., ibid., éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, XCIX, 5); c) 1316 «mesure pour le bois de chauffage» (Orden. de l'ost le roy, A.N. JJ 57, f°57 v° ds GDF. Compl.); d) 1664 «forme qu'on recouvre de tissu pour en faire un bouton» (Tarif, 18 sept. ds LITTRÉ). Empr. au lat. modulus «mesure».
DÉR. Mouleau, subst. masc. a) Appareil de stéarinerie servant au coulage des acides gras. Chacun des mouleaux est percé sur l'un de ses petits côtés et à peu de distance au dessous du bord supérieur d'une ouverture longitudinale (WURTZ, Dict. chim., t.2, 2e vol., 1876, p.1657). b) Moule servant à la fabrication industrielle de la glace par congélation de l'eau potable. Le condenseur, est introduit (...) dans le pot de réfrigération; au centre du condenseur se trouve un espace creux cylindrique, que l'on remplit d'eau (...) cette eau (...) se congèle et (...) fournit, au bout d'un temps total de 3 heures environ, un cylindre de glace. Le mouleau à glace peut être remplacé par une sorbetière si l'on veut obtenir des crèmes glacées (Lar. mén. 1926, p.630). P. méton. Bloc de glace ainsi obtenu. La machine servant à fabriquer des mouleaux de glace (POURIAU, Laiterie, 1895, p.454). [mulo]. 1res attest. a) 1876 «petit pain d'une substance qu'on met en moule» (Gaz. des Trib., 3 déc., p.1171, 4e col. ds LITTRÉ Suppl.), b) 1890 «moule pour fabriquer la glace» (SER, Phys. industr., pp.634-635); de moule1, suff. -eau.
BBG. — DUCH. Beauté 1960, p.155. — QUEM. DDL t.7. — Sculpt. 1978, pp.562-563.
II.
⇒MOULE2, subst. fém.
A. — 1. MALACOL. Mollusque lamellibranche (de la famille des Mytilidés), à coquille bivalve foncée et renflée, comprenant soixante-dix espèces qui vivent dans toutes les mers du globe. C'est sur les rivages des mers que l'homme trouva la riche teinture de la pourpre, la soie de la moule pinnée (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.197).
2. En partic.
a) Mollusque bivalve d'un bleu ardoisé, de forme oblongue et renflée, vivant à proximité des côtes sur les rochers et les corps submergés, et faisant l'objet d'un élevage (la mytiliculture). Byssus, coquille de moule; parc à moules; moules de bouchot; un litre de moules. Les sacs, mouillés, avaient une odeur fraîche d'algues marines; un d'eux, crevé par un bout, laissait couler un tas noir de grosses moules (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.622). La Pointe-du-Nez, jaune de lichens, barrée de violet par la plinthe de moules que découvrent les basses marées (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p.277):
♦ Comme nous arrivions devant les marchandes et que les moules étaient fraîches et tentantes, je dis: (...) je pourrais t'offrir une douzaine de moules. Ses yeux noirs brillaient de désir et nous nous mîmes, tous deux, à manger des moules. La marchande nous les ouvrait et nous dégustions.
G. LEROUX, Parfum, 1908, p.24.
P. méton. Chair comestible de ce mollusque. Moules (à la) marinière(s), farcies, frites.
b) Moule rouge de Toulon (Provence), moule barbue (Normandie). Synon. région. de modiole.
c) P. anal. Moule d'étang. Anodonte. V. ce mot ex. Moule (de rivière). Mulette. Une coquille de moule tombée sur le gazon frappa son regard. Il la ramassa. C'était une de ces moules de la Vologne qui contiennent des perles grosses comme des pois (HUGO, Rhin, 1842, p.204).
3. Arg. Sexe de la femme (ds LE BRETON 1975).
B.P. anal., péj., fam. Personne molle, sans énergie; personne sotte, maladroite, niaise. Synon. imbécile, gourde (fam.), nouille (fam.). Quelle moule! On craignait la partie nulle. On criait: — Vas-y! Vas-y, fainéant! Tape, hé! grande moule! (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p.121). Si je vous écoutais, je ferais de ce garçon une moule, un incapable (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p.101).
Emploi adj. Être moule; air moule. À dîner... le soir où j'étais à côté de vous... ce que j'ai dû vous paraître moule! (GYP, Mar. Chiffon, 1894, p.56).
Prononc. et Orth. V. moule1. Étymol. et Hist. 1. 1240-80 moulles «mollusque lamellibranche comestible» (BAUDOUIN DE CONDÉ, Dits et contes, 159, 180 ds T.-L.); 1690 moules d'eau douce dans les rivières et les étangs (FUR.); 2. 1878-79 «personne peu dégourdie» (La Petite lune, n°27, p.4). Du lat. musculus «même sens».
DÉR. Moulière, subst. fém. Bassin naturel de moules ou installation d'élevage des moules. Synon. parc à moules. Moulière artificielle; bouchots d'une moulière. La Corée du Sud possède aussi quelques moulières naturelles importantes dont les apports forment la presque totalité de sa production (A. BOYER, Les Coquillages comestibles, Paris, P.U.F., 1968, p.53). []. 1re attest. 1681 subst. fém. «lieu où l'on élève les moules» (Ordonn., août ds LITTRÉ); de moule2, suff. -ière.
STAT.Moule1 et 2. Fréq. abs. littér.:575. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 832, b) 920; XXe s.: a) 855, b) 727.
BBG. — QUEM. DDL t.9.

1. moule [mul] n. m.
ÉTYM. 1450; modle, puis molle, 1190; empr. anc. au lat. modulus.
A
1 Corps solide creusé et façonné, dans lequel on verse une substance liquide ou pâteuse qui conserve, une fois solidifiée, la forme qu'elle a prise dans la cavité.(XIIIe). Objet plein sur lequel on applique une substance plastique pour qu'elle en prenne la forme. Forme, matrice, modèle. || Obtenir un objet au moyen d'un moule. Moulage, mouler. || Moule d'une seule pièce, de deux ou plusieurs pièces. || Jeter une matière en fusion dans un moule. Coulée, couler. || Retirer un objet du moule. Démouler. || Emboire un moule. || Enterrage d'un moule. || Moule pris sur un objet moulé. Surmoule. || Utilisation des moules dans la fonte du métal. Fonderie; et aussi chape, évent, gueuse, lingotière, potée. || Bavures, balèvres laissées par le moule sur l'objet moulé. || Moule en sable, en terre (→ Aspérité, cit. 1). || Moule à cire perdue : modèle en ronde-bosse, en cire, sur lequel on applique de l'argile qui forme un moule en creux, la cire fondant à la coulée au contact du métal en fusion.Moule pour faire des objets en matière plastique, en verre. || Moule qui sert à frapper les monnaies. Virole. || Moule d'une forme typographique. Empreinte. || Moule utilisé en poterie. Mère. || Moule à pisé ( Banche), à briques. || Moule à chandelles.
1 Le père Ducros s'était procuré, je ne sais comment, une quantité de médailles en plâtre. Il les imbibait d'huile et sur cette huile coulait du soufre mêlé avec de l'ardoise bien sèche et pulvérisée (…) Sur le moule il versait du plâtre liquide fait à l'instant (…)
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 20.
2 À force de travaux et de veilles, maître Adoniram avait achevé ses modèles, et creusé dans le sable les moules de ses figures colossales.
Nerval, Voyage en Orient, « Nuits du Ramazan », III, V.
Spécialt. || Moule utilisé dans la fabrication du chocolat, du fromage ( Caserel).(1737; en cuisine, en pâtisserie). || Moule à tarte, à brioche, à madeleine, à gaufre ( Gaufrier). || Moule à manqué, à bords surélevés. || Moule à glaces (cit. 15).Spécialt. Jouet d'enfant, récipient qui sert à faire des pâtés de sable.
Par ext. || Moule à cigares, à cigarettes.
2 (XVIIe). Techn. a Forme de bois, de métal, etc., d'un bouton recouvert de tissu.
b Cuve où les maroquiniers mettent les peaux.
3 (XIIIe, molle). Vx. Mesure de bois de chauffage. Bois (supra cit. 35).
4 Mar. || Moule d'un filet sardinier : « grandeur de la maille exprimée en fonction de la taille des sardines qui sont susceptibles de s'y mailler » (Gruss).
5 (1868). Calibre utilisé par le tailleur de pierre pour la taille du profil des moulures.
B Par métaphore, fig.
1 Déb. XVIIIe. (Sens concret). Être fait au moule (cf. fam. Bien roulé). || Des jambes faites au moule.
2 Fig. Modèle, type (→ Hébraïque, cit. 3).Ils sont coulés dans le même moule, faits sur le même moule : ils sont absolument semblables.Le moule en est brisé, (1764) cassé, (1808) perdu : c'est une personne, une chose unique en son genre, qqch., qqn, « comme on n'en fait plus ».
3 Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.
Rousseau, les Confessions, I.
3 Forme imposée de l'extérieur, à la personnalité, au caractère (→ Arme, cit. 15).
4 Comme c'est l'éducation, la variété des objets d'étude qui font la variété des esprits, tout ce qui tend à faire passer tous les esprits par un moule officiel est préjudiciable au progrès de l'esprit humain.
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., t. III, XIX, p. 1054.
5 Comme on le sait depuis longtemps, la plupart des grands hommes ont été élevés presque isolément, ou bien ils ont refusé d'entrer dans le moule de l'école.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, VII, X.
4 Spécialt. Forme fixe, consacrée (de la littérature ou des arts) qui s'impose à l'écrivain, à l'artiste. || Le moule du mètre, de l'acte, de la sonate… Forme (cit. 47). || Un moule trop étroit, trop rigide pour son génie.
6 On obtiendra un mot comique en insérant une idée absurde dans un moule de phrase consacré.
H. Bergson, le Rire, p. 86.
DÉR. Mouleau, mouler, mouliste.
COMP. Contre-moule, surmoule.
HOM. 2. Moule; formes du v. mouler.
————————
2. moule [mul] n. f.
ÉTYM. XIVe; muscle, mousle, XIIIe; du lat. musculus « moule », proprt « petite souris ». → Muscle.
1 Mollusque bivalve de l'ordre des Anisomyaires, aux valves oblongues et renflées d'un bleu ardoisé, sans charnière, qui vit fixé sur les rochers ou sur les corps immergés (→ 1. Frais, cit. 25; marée, cit. 11). || La moule est un coquillage. || Écailles, byssus des moules. || La moule commune (Mytilus edulis) vit surtout sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique. || Moule d'eau douce. Mulette. || Moule d'étang. Anodonte. || Culture ou élevage des moules. Mytiliculture, mytiliculteur; et aussi acon, bouchot, bouchoteur, 1. moulière, parc (à moules). || Acheter un litre de moules. || Moules à la marinière, moules marinières, moules à la poulette, au vert. || Soupe aux moules. || Timbale de moules. || Moules et frites, plat populaire en Belgique. (Aussi, en appos., moules frites).Régional (Belgique). || Moules parquées (de parc), servies crues.Intoxication par les moules. Mytilotoxine (→ Anaphylaxie, cit. 1).
1 (…) les sacs, mouillés, avaient une odeur fraîche d'algues marines; un d'eux, crevé par un bout, laissait couler un tas noir de grosses moules.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, I, p. 34.
2 Quelques barques s'en furent aux moules à la marée basse (…)
Henri Michaux, La nuit remue, p. 147.
2 N. f. et adj. (1878). Fam. Personne molle; mollasson (par attraction de mou ou de mollusque, fig., et du sens 3).Par ext. Imbécile, sot (→ Homme, cit. 108). || Quelle moule !
3 Vulg. Sexe de la femme.
DÉR. Moulaire, moulière.
HOM. 1. Moule; formes du v. mouler.

Encyclopédie Universelle. 2012.