nantir [ nɑ̃tir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Vx, dr. Fin. Mettre (un créancier) en possession d'un gage pour sûreté de la dette. — Pronom. Se nantir des effets d'une succession, en prendre possession avant liquidation de la succession.
2 ♦ (XVIe) Mettre (qqn) en possession de qqch. ⇒ munir, pourvoir. — (Souvent péj.) On l'a nanti d'un titre. ⇒ doter. — « les peuples nantis de quelque supériorité » (Benda). « Il file à l'anglaise, nanti de quelques gâteaux dans ses poches » (Butor). ⇒aussi nanti.
⊗ CONTR. Démunir, priver.
● nantir verbe transitif (ancien français nant, de nam, gage, de l'ancien scandinave nām) Affecter un bien à la garantie d'une dette. Munir quelqu'un de quelque chose, le pourvoir par précaution : Voyageur que l'on nantit d'un panier-repas. ● nantir (synonymes) verbe transitif (ancien français nant, de nam, gage, de l'ancien scandinave nām) Munir quelqu'un de quelque chose, le pourvoir par précaution
Synonymes :
- doter
- munir
- octroyer
- pourvoir
- procurer
Contraires :
- démunir
- priver
nantir
v. tr. DR
d1./d Pourvoir (un créancier) de gages pour la garantie d'une dette, d'un prêt.
— v. Pron. Se nantir des effets d'une succession, s'en saisir comme y ayant droit, avant liquidation.
d2./d Pourvoir, mettre en possession de (qqn). Nanti par l'Assemblée de pouvoirs exceptionnels.
⇒NANTIR, verbe trans.
A. — DR., vieilli. Donner un gage (à un créancier) en garantie de sa dette. Cet homme ne prête point si on ne le nantit auparavant (Ac.).
— Nantir qqn en qqc. M. Paturot, (...) il vous faut 20000fr; je les ai à votre service. (...) Vous me nantirez comme vous l'entendrez, en filoselle, en flanelle, en châles de cachemire, en perles de Golconde, en lingots d'or! C'est absolument à votre discrétion (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.424).
♦Emploi pronom. Se nantir des effets d'une succession. S'en saisir par précaution avant liquidation de la succession (d'apr. Ac.).
B. — P. ext. Nantir qqn de qqc. [Parfois avec une valeur ironique] Pourvoir, mettre quelqu'un en possession de quelque chose. Synon. munir (qqn de qqc.). Après ma présentation à Louis XVI, mon frère songea à augmenter ma fortune de cadet en me nantissant de quelques-uns de ces bénéfices appelés bénéfices simples (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.19). La sentimentale Kerloff, nantie déjà de quatre cocktails, et qui s'entêtait à poursuivre son enquête sur l'amour (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.93). Je découvris (...) une extraordinaire réserve de feuilles, désormais inutilisables, et des cachets, et des tampons, de quoi nantir de fausses identités toute une armée (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p.1234).
— [Avec ell. du compl. prép.] Nantir qqn. Ma femme avait raison (...). Elle n'a pas voulu abandonner ses biens. C'est moi qui ai nanti son neveu personnel (LA VARENDE, Dern. fête, 1953, p.23).
— Emploi pronom. réfl. Se munir de quelque chose, s'approprier, s'octroyer quelque chose:
• ♦ ... chacun accourt pour se nantir des places délaissées: qui se fit secrétaire général, qui chef de division, qui se donna la comptabilité, qui se nomma au personnel et distribua ce personnel entre ses amis...
CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.607.
Prononc. et Orth.:[], (il) nantit [-ti]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1255 nantir (les pleges) «saisir (les garants)» (doc. ds MORLET, p.78); 2. 1283 nantir (les letres) «déposer (les lettres) auprès de quelqu'un» (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, §1078); 3. 1495 nantir (un créancier) «mettre (un créancier) en possession d'un gage pour sûreté de sa dette» (Coutumes de Ponthieu, art.154 ds Nouv. coutumier gén., éd. C. A. Bourdot de Richebourg, t.1, p.99: si aucun créditeur est nanty par son debteur d'aucun gage); 4. a) 1572 nanti de qqc «pourvu de quelque chose» (AMYOT, De la vertu morale, I ds LITTRÉ); b) 1694 se nantir de qqc. «se munir, se pourvoir de quelque chose, par précaution» (Ac.); c) 1823 trans. (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, p.489); 5. a) 1785 nanti adj. «riche» (BEAUMARCHAIS, Mariage de Figaro, vaudeville, p.370); b) 1922 subst. «personne riche» (L. DAUDET, Sylla, p.212). Dér. de l'a. fr. nant «gage», refait sur nans, plur. de nam (ca 1150, Lois Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 44), empr. à l'a. nord. nam «prise de possession» (FEW t.16, pp.596-597).
nantir [nɑ̃tiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1255 « saisir (les garants) »; de l'anc. franç. nant, nans « gage, caution », anc. scandinave nam « prise de possession ».
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1 (1495). Dr. Vx. Mettre (un créancier) en possession d'un gage pour sûreté de la dette. ⇒ Nantissement. || Cet homme ne prête point si on ne le nantit auparavant (Académie). — Pron. || Se nantir des effets d'une succession, en prendre possession, par précaution, avant liquidation de la succession.
2 (XVIe). Rare. Mettre (qqn) en possession de qqch. par précaution. ⇒ Donner (à), munir, pourvoir, procurer (à). || Nantir un voyageur de provisions. || Nantir d'un titre. ⇒ Gratifier. — (1694). Pron. || Se nantir d'un parapluie. — Absolt. || Se nantir : amasser du bien, se faire une situation confortable — REM. Ces emplois peu courants sont parfois plaisants ou ironiques.
♦ Cour. || (Être) nanti de…, en possession de…
1 Un jour de l'année 1916, je parcourais les routes de la Champagne, en société d'un pédant avantageux, nanti de moins de lettres que de toupet.
G. Duhamel, Discours aux nuages, I.
2 Tout le monde admet que les peuples nantis de quelque supériorité morale ou intellectuelle s'emploient à la faire pénétrer chez ceux qui en sont dénués (…)
Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 31.
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nanti, ie p. p. adj. et n.
ÉTYM. (XIVe).
1 Vx. Qui a reçu des gages. || Créancier nanti. — Mod. Muni de qqch. — Absolt. || « Me voici nanti » (Gide, in T. L. F.).
2 (1785). Spécialt. Riche, qui a des moyens financiers, une situation confortable. || Une héritière nantie.
♦ (1922, L. Daudet). N. || Les nantis : les privilégiés. || La colère des non-nantis (Duhamel; → Dam, cit. 1).
3 Tout de suite, le général Bonaparte fut le premier (Consul), le seul. Il gouverna, rassurant les révolutionnaires nantis et la masse paisible de la population.
J. Bainville, Hist. de France, XVII, p. 391.
4 Ils étaient vêtus comme peuvent l'être, de tout temps, des étudiants pauvres ou des employés mal nantis.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, I.
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CONTR. Démunir, dénantir. — (Du p. p.) Dénué, dépourvu, exempt.
DÉR. et COMP. Nantissement. — Dénantir.
Encyclopédie Universelle. 2012.