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oser

oser [ oze ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1150; lat. pop. °ausare, class. audere, d'apr. le p. p. ausus
1Littér. OSER QQCH. : entreprendre, tenter avec assurance, audace (une chose considérée comme difficile, insolite ou périlleuse). ⇒ risquer. « Et, dans une sourde volonté de se donner mieux et plus que jamais, elle osa ce qu'elle n'eût pas cru possible d'oser » (France). « Présence d'esprit; qui donc osa le premier cet heureux mariage de mots ? » (A. Gide).
2 ♦ OSER (et inf.) :avoir l'audace, le courage, la hardiesse de. « Il faut oser regarder en face ce que l'on hait » (F. Mauriac). « La terrible question qu'il n'osait même pas se formuler » (Barrès). Je n'ose plus rien dire. (Négatif, sans pas, avec un sens plus faible) « Pauline n'osait l'appeler par son prénom » (Chardonne). Il n'osait faire un mouvement.
(En mauvaise part) Avoir le front, la hardiesse, l'impudence de. Il a osé me faire des reproches, lever la main sur moi. se permettre. S'il ose recommencer. s'aviser (de). « Qui donc ose parler lorsque j'ai dit : silence ! » (Hugo). (Menace, défi) Ose répéter ce que tu viens de dire. Approchez, si vous l'osez.
Par ext. (précaution oratoire) se permettre. J'ose penser que vous n'en êtes pas mécontent. Si j'ose dire, m'exprimer ainsi (cf. Passez-moi l'expression). (Comme souhait) J'ose l'espérer. J'ose croire qu'il ira mieux. aimer (à), 1. vouloir.
3Absolt Se montrer audacieux, téméraire, prendre des risques (cf. Prendre son courage à deux mains). Si j'osais, j'irais la chercher. Il faut oser ! « Rien ne se fait par le calme : on n'ose qu'en révolution » (Renan). « Agir c'est oser. Penser c'est oser » (Alain).
⊗ CONTR. Craindre. Hésiter.

oser verbe transitif (bas latin ausare, du latin classique audere) Avoir la hardiesse, le courage, l'audace de faire quelque chose : Je n'ose pas lui dire la vérité. Avoir le front, l'impudence de faire quelque chose : Vous osez prétendre que je dis des sottises. Littéraire. Tenter hardiment quelque chose, risquer : Oser un sourire pendant un discours. En Suisse, avoir la permission de : Est-ce que j'ose me lever de table ?oser (citations) verbe transitif (bas latin ausare, du latin classique audere) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Nul n'a osé plus que lui dans le sens de l'absurde possible. Curiosités esthétiques Goya Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Un monarque a souvent des lois à s'imposer ; Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser. Tite et Bérénice, IV, 5, Tite Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Qu'on dise : il osa trop, mais l'audace était belle Et de moins grands depuis eurent plus de bonheur. Tableau de la poésie française au XVIe siècle Ronsard Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Qui sait tout souffrir peut tout oser. Réflexions et Maximes William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 J'ose tout ce qui sied à un homme ; qui ose plus n'en est pas un. I dare do all that may become a man ; Who dares do more, is none. Macbeth, I, 7, Macbeth William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Tout ce que l'homme peut oser, je l'ose. What man dare, I dare. Macbeth, III, 4, Macbethoser (difficultés) verbe transitif (bas latin ausare, du latin classique audere) Emploi et registre Oser, suivi d'un infinitif, peut être employé sans pas dans une phrase négative :je n'ose le dire ou, moins soutenu, je n'ose pas le dire. ● oser (expressions) verbe transitif (bas latin ausare, du latin classique audere) J'ose penser, croire, etc., formule pour introduire un souhait. N'oser en croire ses oreilles, ses yeux, être extrêmement étonné. Si j'ose (le) dire, si j'ose m'exprimer ainsi, formules pour adoucir sa pensée ou l'expression de cette pensée. ● oser (homonymes) verbe transitif (bas latin ausare, du latin classique audere)oser (synonymes) verbe transitif (bas latin ausare, du latin classique audere) Avoir la hardiesse, le courage, l'audace de faire quelque chose
Synonymes :
- s'aventurer à
- se hasarder
- se permettre
Contraires :
- craindre
- hésiter
Avoir le front, l'impudence de faire quelque chose
Synonymes :
- s'aviser de
- se risquer à

oser
v. tr.
d1./d Entreprendre hardiment. Homme à tout oser. Syn. risquer, tenter.
d2./d (Suivi d'un inf.) Avoir l'audace, le courage de. Oseriez-vous l'affirmer?
(Sens atténué.) Personne n'ose lui apprendre la nouvelle.
|| Se permettre de. Si j'ose dire.
|| (Suisse) Fam. Avoir la permission, le droit de. Est-ce que j'ose entrer?: me permettez-vous d'entrer? On n'ose pas entrer: on n'a pas le droit d'entrer.

I.
⇒OSER, verbe trans.
A. —[Suivi d'un inf. sans prép.] Entreprendre (de faire, de dire quelque chose) avec audace. Il n'y en aura pas trois qui oseront risquer des rubans verts, c'est trop difficile à porter (COLETTE, Cl. école, 1900, p.255):
1. Seigneur, je reconnais que l'homme est en délire,
S'il ose murmurer;
Je cesse d'accuser, je cesse de maudire,
Mais laissez-moi pleurer!
HUGO, Contempl., t.2, 1856, p.408.
[Dans des tours négatifs, pour exprimer la crainte, la réserve, la timidité] En présence de Jacqueline je n'ai jamais levé les yeux. Pas même en songe, je n'oserais l'aimer (MUSSET, Chandelier, 1840, I, 2, p.28). Jamais il n'est question de mariage entre nous (...) la vie avec elle m'apparaît tellement belle que je n'ose pas... comprends-tu cela? que je n'ose pas lui en parler (GIDE, Porte étr., 1909, p.519).
Littér. [La seconde partie de la négation étant souvent omise] Aucune de ces femmes à la mode, auxquelles son passé est connu, n'ose la traiter en égale (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.898).
[Dans des tours exclam. ou interr., pour exprimer sa réprobation ou un défi] Tu as boulotté l'argent de l'escouade, ose donc dire le contraire, bougre de fricoteur! (ZOLA, Débâcle, 1892, p.230). Vous connaissiez mon adresse. Osez me dire en face que vous ne la connaissiez pas (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.243):
2. Parent, stupéfait, balbutia: «Ton... ton... enfant?... Tu oses parler de ton enfant?... Tu oses... tu oses demander ton enfant... après... après... Oh! oh! oh! c'est trop fort! Tu oses? Mais va-t'en donc, gueuse!... Va-t'en!...»
MAUPASS., Contes et nouv., t.2, M. Parent, 1886, p.608.
[Dans des tours euphémiques, par précaution oratoire, surtout à la 1re pers.] Si j'ose ainsi parler, le dire, user d'un pareil terme. J'ose croire, répliqua la reine, qu'il vous accordera tout ce que vous lui avez demandé (COTTIN, Mathilde, t.2, 1805, p.190). Cette vieille chipie de Blanche de Castille, si j'ose m'exprimer ainsi (PROUST, Swann, 1913, p.252):
3. Vial, qui ne me connaît que depuis deux ou trois étés, doit me chercher encore à travers deux ou trois de mes romans, —si je les ose nommer romans.
COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.32.
Littér. [La prop. hypothétique est substantivée] Je vous épargnerai de la sorte les «peut-être», les «si j'ose dire» (...) et autres mantilles du langage (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p.294).
B. —[Suivi d'un subst. ou d'un nom.] Entreprendre (quelque chose) avec (trop d')audace. Il faut tout oser pour tout avoir (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.717). Quand une femme (...) qui n'aime pas son mari (...) rencontre un homme qui lui plaît et se donne à lui, (...) elle ose un acte hardi, un acte intrépide (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Étrennes, 1887, p.1071):
4. —Hein! dit-il, tu as bien cru que tu ne passerais pas! Je touche mes reins. J'ose ce geste de simulateur. Car ce n'est pas vrai: je ne sais comment il se fait, mais je n'ai pas senti mes reins blessés. —N'oublie pas que j'ai huit éclats d'obus dans les reins...
MONTHERL., Olymp., 1924, p.269.
C.Absol. Être audacieux. L'ange dit au jeune Oddoul: —Je t'aime parce que tu oses (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.131). Cette musique résonne en elle-même et se renforce d'elle-même, invitant le chanteur à se livrer, à oser (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.114). Mais reste, et osons donc! J'aime mieux des risques de reine que d'exilée et de mendiante (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p.195).
Littér. Ah!... je n'ose... c'est si terrible de demander... Surtout lorsque, ainsi que moi, l'on n'a aucun droit! (SCRIBE, Bertrand, 1833, I, 7, p.135). Elle était pâle, et pourtant rose, Petite avec de grands cheveux. Elle disait souvent: je n'ose, Et ne disait jamais: je veux (HUGO, Contempl., t.2, 1856, p.366).
En partic. Être entreprenant, audacieux auprès des femmes. C'est une bizarrerie absurde (...) de penser trop précisément d'une dame qu'elle est une femme (...). Alors, au lieu de conter de jolies choses et d'oser adroitement, on se montre triste, timide (A. FRANCE, Pt bonh., 1898, p.3).
Prononc. et Orth.:[oze], (il) ose [o:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Oser 1. a) fin Xe s. oser + verbe «avoir l'audace, le courage de» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 269: Il no l'auseren deramar); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1782: ki l'osast querre); b) 1480 constr. abs. «se montrer audacieux» (COQUILLART, Droits nouveaux, 1292 ds OEuvres, éd. M. J. Freeman, p.196: Je n'oseroye); 1555-56 [éd. 1568] (DU BELLAY, Poésies diverses, XIX, 75 ds OEuvres poét., éd. H. Chamard, t.5, p.365: Escry, ose, et fay tant...); c) 1561 oser + subst. «entreprendre, tenter avec audace» (J. GREVIN, Brief discours ds Théâtre complet, éd. L. Pinvert, p.7); 2. a) début XIIe s. «avoir le front, la hardiesse, l'impudence de» (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1253); b) 1er quart XIIIe s. en apostrophe de défi ou de menace (Lancelot, éd. A. Micha, t.7, p.438: vous ne m'oseriés pas suirre); 3. ca 1485 «se permettre de» (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 43028: Je ose dire, sans me venter); 4. 1962 loc. n'oser en croire ses yeux (ROB.). B. Osé part. passé adj. 1. ca 1155 «qui montre de la hardiesse, de l'audace» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9945: chevaliers osez); 2. a) 1823 «fait avec audace, risqué» (LAS CASES, Mémor., t.1, p.706); b) 1856 «à la limite de la bienséance» (BARB. D'AUREV., Memor. 3, p.69); 1885 (MAUPASS., Bel-Ami, p.84: parole [...] osée). Du b. lat. ausare (VIIe s. ds Mittellat. W.; TLL), dér. de ausus part. passé du lat. audere «oser, avoir l'audace de». Fréq. abs. littér.:12025. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 19464, b) 15185; XXe s.: a) 17959, b) 15591.
DÉR. Oseur, -euse, adj. et subst. Audacieux. Sa rêverie prolixe et son imagination oseuse (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.8). En partic., dans le domaine de la création artist. Il [Delacroix] est, dans son art, l'innovateur et l'oseur par excellence (SAND, Hist. vie, t.4, 1855, p.238). Ses confrères impressionnistes (...) plus heureux et mieux doués que le pauvre Chintreuil qui fut un oseur à son époque et qui est mort à la peine, sans être parvenu à exprimer ces effets ensoleillés et pluvieux qu'il s'acharnait si désespérément à rendre (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.293). [], [-ø:z]. Att. ds Ac. 1935 (avec fém. -euse). 1res attest. 1er quart XIIIe s. oseors subst., cas régime plur. (Lancelot, éd. A. Micha, t.7, p.439), 1488 oseurs (Lancelot du Lac, 1re p., ch. XXXI, éd. 1488 ds GDF.), formes isolées, à nouv. en 1792 [? cf. Lar. 19e, s.v. émigrette] (BEAUMARCHAIS, Lettre aux rédacteurs de la Chronique ds le t.1 des mss dits de Londres, cité ds E. LINTILHAC, Beaumarchais et ses oeuvres, Paris, 1887, p.436: mon droit d'oseur [...] qui dit auteur dit oseur), 1834 adj. (Th. GAUTIER, Grotesques, p.119 ds MAT. Louis-Philippe, p.321); de oser, suff. -eur2.
II.
⇒voir OS3.

oser [oze] v. tr.
ÉTYM. V. 1080 (suivi d'un infinitif); auser, v. 980; du lat. pop. ausare, class. audere, d'après le p. p. ausus.
1 (Fin XVIe). Littér. || Oser qqch. : entreprendre, tenter avec assurance, audace (une chose considérée comme difficile, insolite ou périlleuse). Risquer. || Oser une démarche très grave (1. Grave, cit. 23). || Oser une alliance de mots (→ Esprit, cit. 109). || Oser de grandes actions (→ Aspirer, cit. 8).
1 Qui sait tout souffrir peut tout oser.
Vauvenargues, Maximes et réflexions, 189.
2 Je sais qu'on n'oserait jamais rien de grand et qu'on ne ferait jamais de choses immortelles si on ne risquait à un moment le tout pour le tout (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 3 déc. 1849.
3 Et, dans une rage instinctive, dans une sourde volonté de se donner mieux et plus que jamais, elle osa ce qu'elle n'eût pas cru possible d'oser.
France, le Lys rouge, XXIII.
4 Je cherche en lui la clef de ses chefs-d'œuvre. Sa vie n'a pas osé tout ce que ses œuvres accomplissent.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », IV.
2 Oser (et inf.) : avoir l'audace, le courage, la hardiesse (cit. 6) de, ne pas craindre de… || « Il faut oser regarder en face ce que l'on hait » (cit. 28, Mauriac). || Le parti que j'ai osé prendre (→ Heurter, cit. 13). || Je n'ose plus rien dire.Prendre la liberté de… Aviser (s'), permettre (se). || Il avait osé lui baiser la main (→ Glacer, cit. 25). || Jeune homme trop timide pour oser affronter une femme (→ Inventer, cit. 19). || Aimer sans l'oser dire (→ Douceur, cit. 8, Pascal).
5 Ce ne sera qu'après cette expiation préliminaire, que j'oserai déposer à vos pieds l'humiliant aveu de mes longs égarements (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXX.
6 Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Chanson de Fortunio ».
7 Il se sentit gauche et resta quelques instants sans oser lever les yeux sur la belle et sur sa cour.
G. Sand, la Mare au diable, XII.
8 C'est une grande sagesse que d'oser paraître imbécile; mais il y faut un certain courage que je n'ai pas toujours eu.
Gide, Journal, 14 janv. 1912.
9 Il faut donc vouloir, il faut oser être soi-même. Quiconque doute de soi n'est pas digne de se faire croire.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », II.
(Avec ellipse de l'infinitif complément). || J'oserai plus (→ Garant, cit. 10). || Ah ! si j'osais !… || Il fallait oser (le faire). → Il fallait le faire (fam.).
(En mauvaise part; v. 1175). Avoir le front (cit. 23), la hardiesse (cit. 19), l'impudence (cit. 2 et 4) de… || Oser insulter (cit. 1) qqn; oser se mêler des affaires d'autrui (→ Indiscrétion, cit. 6). || Vous osez dire que… (→ Arracher, cit. 55). || Comment osez-vous m'adresser ce reproche. Permettre (se) (→ Négliger, cit. 8). || Il n'osera tout de même pas lever la main sur vous ? Venir (en venir à).
(Avec ellipse de l'infinitif complément). || Quelques-uns ont osé davantage et l'ont insulté à l'envi (cit. 4).
10 Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire (…)
La Fontaine, Fables, II, 6.
11 Qui donc ose parler lorsque j'ai dit : Silence !
Hugo, les Burgraves, I, 6.
(Avec une intention de menace ou de défi). || Ose répéter ce que tu viens de dire (→ Marmonner, cit. 4). || Approchez, si vous l'osez (→ Arracher, cit. 25). — ☑ Allus. littér. || « Devine si tu peux et choisis si tu l'oses » (Corneille, Héraclius, IV, 5).
12 Ose te plaindre à présent, continua-t-elle, si tu n'as pas pu me parler d'amour, et ose te taire, quand je viens de te dire de telles choses.
A. de Vigny, Cinq-Mars, XV.
(V. 1112). Absolt. Se montrer audacieux, téméraire, prendre des risques. || Il rêvait d'un homme à poigne qui osât pour lui (→ Coudre, cit. 5). || Il balança (hésita) une seconde avant d'oser (→ Griser, cit. 17; et, fam., Prendre son courage à deux mains).
13 (…) quelqu'un qui eût été en état d'oser eût pu oser beaucoup et à coup sûr l'on eût été reconnaissant de ses témérités (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, XII.
14 Rien ne se fait par le calme : on n'ose qu'en révolution.
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., t. III, XVII, p. 990.
15 Agir c'est oser. Penser c'est oser.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 60.
3 Oser, avec une négation : s'abstenir, se retenir (de dire ou de faire quelque chose) par crainte, par respect, par timidité… Craindre (de).
a Avec ne employé seul. || Elle n'osait faire (cit. 40) un mouvement. || Il restait étendu, n'osant bouger (→ Fiançailles, cit. 4). || Je n'ose parler de peur de la distraire (cit. 9). || Il n'osait fumer par égard pour ma mère (→ Fumerie, cit. 2). || Elle n'osait appeler son cousin (cit. 3) par son prénom.
16 Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire :
Il n'osait voyager, craintif au dernier point.
La Fontaine, Fables, VIII, 9.
17 — Seigneur, c'est trop ! Vraiment je n'ose. Aimer qui ? Vous ?
Ô ! non ! Je tremble et n'ose. Ô ! vous aimer, je n'ose,
Je ne veux pas ! Je suis indigne (…)
Verlaine, Sagesse, II, IV, IV.
18 Il la regarda un instant et fut tenté de lever la main sur elle, mais n'osa, tant il y avait de force dans l'immobilité de cette femme.
J. Green, Léviathan, II, XIV.
b (Avec ne… pas, ne… point, etc.). || Ne pas oser regarder les gens en face (→ Moindre, cit. 10). || Il n'osa pas lui conter l'affaire tout de go (cit. 1). || Elle n'osait pas crier (cit. 1) de peur du scandale. || Devoir (cit. 14) auquel on n'ose pas faillir. || Une terrible question qu'il n'osait pas se formuler (cit. 11).Je n'oserai jamais.
19 Elle était si belle
Que tu n'aurais pas osé l'aimer.
Apollinaire, Alcools, p. 149.
20 J'avais gardé le nez au-dessus de mon assiette, n'osant même pas sortir mon mouchoir de ma poche pour m'éponger.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 111.
4 (Dans des formules de courtoisie, en manière de précaution oratoire). Permettre (se). || J'ose vous prier de m'accorder l'honneur de… (→ Exploit, cit. 7). || J'ose presque dire (→ Animal, cit. 7), presque assurer (cit. 24) que… || Oserait-on dire même… (→ Juste, cit. 25). Vouloir; et aussi aimer (à). || J'ose croire que… (→ Insensible, cit. 13) : je me flatte que… || J'ose l'espérer (→ 2. Augure, cit. 6).
21 Oserai-je, Seigneur, dire ce que je pense ?
Racine, Andromaque, I, 2.
22 Sous ce point de vue, j'oserai dire que souvent l'histoire est un mauvais roman; et que le roman, comme tu l'as fait, est une bonne histoire.
Diderot, Éloge de Richardson, p. 1098.
Pouvoir se permettre de… || Si j'osais ajouter (cit. 5) un mot, dire ma pensée (→ 2. Montre, cit. 4) : s'il m'était permis de… || Si j'ose le dire (→ Auteur, cit. 36), me citer (→ Dessous, cit. 19)… || Si j'ose ainsi parler (→ Immensurable, cit. 1), m'exprimer ainsi, parler un tel langage (→ 1. Foutre, cit. 9).
23 Mais je vous vois, Seigneur; et si j'ose dire,
Un destin plus heureux vous conduit en Épire (…)
Racine, Andromaque, I, 1.
5 (Avec une valeur proche de celle du semi-auxiliaire « pouvoir »). || Qui oserait penser que le progrès va ruiner l'humanité ? : qui pourrait penser…, qui penserait… ? (→ Abuser, cit. 15). || Lequel osera prétendre que… ? (→ Fauteur, cit. 2). || Il n'ose en croire ses yeux. || « Ce que l'imagination humaine ose à peine se représenter à nu » (→ Méchant, cit. 17, Sainte-Beuve). || « Ah ! si mon cœur osait encore se renflammer ! » (→ Aimer, cit. 40, La Fontaine).
24 Isabelle l'aura (la lettre), j'ose vous le promettre.
Racine, les Plaideurs, II, 1.
25 Car qui oserait préférer à la gloire d'aller pour la patrie souffrir de la faim, souffrir de la soif, s'enliser dans les boues, mourir, la perspective de rester loin du combat dans la nourriture et la tranquillité.
Giraudoux, Amphitryon 38, I, 2.
CONTR. Craindre. — Hésiter.
DÉR. Osé, oseur.

Encyclopédie Universelle. 2012.