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piger

1. piger [ piʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1807 dial.; « fouler, piétiner » 1555; lat. pop. °pinsiare, class. pinsare
Mesurer avec une pige (1.). piger 2. piger [ piʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1807; lat. pop. °pedicus « qui prend les pieds, qui prend au piège »
Fam.
1Vx Prendre, attraper. « Vous ne voulez donc pas nous dire où vous pigez tant de monnaie ? » (Balzac).
2(1835) Mod. Saisir, comprendre. 2. entraver. « Ils ont tout tenté pour comprendre... et ils n'y ont rien pigé » (Carco). Absolt Tu piges ?

piger verbe transitif (latin populaire pinsiare, écraser) Mesurer l'épaisseur d'une peau, de tout matériau en feuille, avec une pige. ● piger (homonymes) verbe transitif (latin populaire pinsiare, écraser)piger verbe transitif (latin populaire pedicus, qui prend au piège) Populaire Comprendre quelque chose, le saisir rapidement : Je ne pige rien à cette histoire. Au Canada, tirer, piocher : Piger un numéro.piger (difficultés) verbe transitif (latin populaire pedicus, qui prend au piège) Populaire Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je pige, nous pigeons ; il pigea. Registre Le verbe piger, comprendre, est familier. Le verbe piger, mesurer, appartient au vocabulaire technique. ● piger (expressions) verbe transitif (latin populaire pedicus, qui prend au piège) Populaire Pige quelque chose, quelqu'un, regarde-le (seulement impératif) : Pige-moi ce tableau, tu comprends quelque chose ?piger (homonymes) verbe transitif (latin populaire pedicus, qui prend au piège) Populaire

piger
v. tr.
d1./d Fam. Comprendre. Tu piges la combine?
d2./d (Québec) Prendre au hasard, tirer au sort. Piger un nom. Piger un bulletin-réponse.

I.
⇒PIGER1, verbe trans.
A. —Mesurer à l'aide d'une pige. Enlever le bouchon du réservoir, regarder, ou piger avec une baguette; en cas d'insuccès balancer la voiture et apprécier le niveau d'après le clapotis entendu. Sinon, recourir à l'outillage (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.337).
JEU DE BOULES. Mesurer l'écartement de deux boules par rapport au but (d'apr. PETIOT 1982).
B. — 1. JOURN. [En parlant d'un journaliste pigiste] Payer, rétribuer. Le rôle du rédacteur-correspondant devient secondaire, mais il sera tenu compte de l'aide apportée par le collaborateur local à son grand confrère. C'est ainsi que le premier article publié par ce dernier sera pigé au correspondant, c'est-à-dire porté à son crédit (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p.130).
2. TYPOGR. On vérifie les écartements des croix de repérage, respectivement sur les épreuves et sur la plaque imprimante. C'est ce qu'on appelle «piger» un report (CHELET, Lithogr., 1933, p.275).
Prononc. et Orth.:[], (il) pige []. Homon. et homogr. piger2. Étymol. et Hist. 1. 1808 jeux «contester entre soi l'avantage au jeu, prétendre être le plus près du but» (HAUTEL); 2. a) 1845 id. «mesurer quel est le palet le plus près du bouchon» (BESCH.); en partic. b) 1881 typogr. il faut que je pige pour la justification (RIGAUD, Dict. arg. mod., p.292); d'où déb. XXes. «payer, rétribuer à la pige» (d'apr. Lar. Lang. fr.); 1952 se faire piger (COSTON, op. cit., p.197). Empr. aux parlers de la Bourgogne (prob. par l'intermédiaire de la lang. des écoliers) où il a le sens de «fouler, piétiner» (v.FEW, t. 8, p. 539b) la mesure des distances s'effectuant en comptant les pas, ainsi dès 1555 chez un écrivain autunois: LA BOUTHIÈRE, Des Prodiges, 116 ds Romania t.33, p.593: Petits arbustes estans tous freschement versez et pigez aux piez); du b. lat. pinsiare «piler, broyer», dér. du lat. class. pinsere «id.». Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p.277, 329. —PAULI 1921, p.22.
II.
⇒PIGER2, verbe trans.
A. —1. Arg. et pop. Synon. piquer (v. mot I B 1 a ).
a) Vx. Prendre, voler. Vous ne voulez donc pas nous dire où vous pigez tant de monnaie? (...) demanda Tonsard, nous irions aussi, nous autres! (BALZAC, Paysans, 1844, p.62).
Au fig., vieilli. Prendre (un passage en vue de le citer). Je te pige dans ton quatrième volume quelques beaux textes que j'intercalerai dans mon bouquin (FLAUB., Corresp., 1879, p.277). Les extraits que je publie ci-dessous sont pigés dans une brochure que publia Liebknecht en 1869 pour expliquer au populo que compter sur le suffrage universel, c'était se fiche le doigt dans l'oeil (E. POUGET, Le Père Peinard, 1889, p.170 ds CELLARD-REY 1980).
b) Vieilli. Attraper.
Prendre sur le fait (un voleur). Toute la maison était en l'air. Oh! une histoire impayable! Poisson avait pigé sa femme avec Lantier. On ne savait pas au juste les choses, parce que chacun racontait ça à sa manière (ZOLA, Assommoir, 1877, p.794).
Au fig.
♦[Le compl. désigne une punition, un châtiment] Piger une consigne (ESN. 1966). Ils étaient deux, tu sais, à faire le coup. L'autre a pigé deux ans de prison (BARBUSSE, Feu, 1916, p.144).
Vieilli. Attraper (un rhume, une maladie). Tenez-vous tellement à le voir maintenant, le juge? (...) à vous parler franchement, il a pigé une grippe, une fameuse grippe (BERNANOS, Crime, 1935, p.837).
2. Région. (Canada). Tirer une carte au hasard. Piger dans le sac. C'est à mon tour de piger sur le tas (BÉL. 1974). C'est à mon tour de ,,prendre une carte sur le tas`` (BÉL. 1974).
B.Au fig. Saisir par le regard ou par l'intelligence.
1. Pop. Voir, regarder attentivement, admirer. Chuchin: Ah! çà, qu'est-ce qu'il veut faire avec sa gaule? la pêche n'est pourtant pas ouverte... Alexandre: T'as donc pas vu qu'il a une bouteille attachée au bout? Il fait sa provision d'eau de Seine... pige-le, s'il est rigolo (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p.225). Il voyait à peine les paysages. Il n'y donnait un coup d'oeil que lorsque Broudier ou Lesueur avait dit: —Pige-moi cet horizon, si c'est bath! (ROMAINS, Copains, 1913, p.151).
2. Pop., fam. Comprendre. Il n'a pas eu besoin de causer, c'est le tremblement de sa main sur mon bras qui m'a réveillé. J'ai tout de suite pigé! Quand j'en ai vu ramper de ces sagouins, j'ai compris que ça devenait vilain (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.242). Si elle m'a planté là, c'est pour une femme, tu saisis, J.H., tu piges, n'est-ce pas étonnant? Ah, mon petit, ce sont là des choses qui n'arrivent qu'aux poètes (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.85):
♦ J'avais compris dès le début qu'avec lui, ce qu'il ne fallait justement pas faire, c'était d'accuser le coup. Et ce qu'il avait, je crois, tout de suite apprécié en moi, c'était, sur ce point «d'avoir pigé».
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.237.
Arg. Ne piger (que) couic/pouic, que dalle. Ne rien comprendre du tout. Synon. (fam.) ne comprendre que dalle, (pop. et arg.) entraver couic (v. entraver2), que dalle. En fait, il n'y pigeait que pouic, selon une expression qu'il avait accoutumé d'employer malgré la désuétude dans laquelle elle était déjà tombée à cette époque (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p.192). V. couic B 1 b ex. de Cendrars.
Prononc. et Orth.:[], (il) pige []. Homon. et homogr. piger1. Étymol. et Hist. 1. 1835 pop. trans. «connaître» ([RASPAIL], Réf. pénit., p.2: Piger, Connaître un truc); d'où 1890 absol. «comprendre» piges-tu? (arg. des lycéens d'apr. ESN. 1966); cf. 1892 trans. il avait très bien pigé cela (GONCOURT, Journal, p.225); 2. 1841 id. trans. «regarder» pige-moi ça [ce chic] (d'apr. ESN. 1966); cf. 1858 id. (LARCH., p.656 qui cite La Bédollière); 3. a) 1842 id. «voler, dérober» (arg. des canotiers, Seine d'apr. ESN. 1966); b) 1844 «prendre» (BALZAC, loc. cit.); c) 1844 «prendre sur le fait» (coll. d'apr. ESN. 1966); 1846 être pigé (Intérieur prisons, p.64); 4. 1879 intrans. «rivaliser, se mesurer avec quelqu'un» (A. DAUDET, Rois en exil, p.181, 182). Dér. d'un adj. du lat. pop. pedicus «qui prend les pieds, qui prend au piège» (dér. du lat. class. pes, pedis, v. pied) répandu dans les parlers gallo-rom. Fréq. abs. littér.:52.

1. piger [piʒe] v. tr.
ÉTYM. 1869; « contester entre soi l'avantage du jeu », 1808; de 1. pige.
Technique.
1 Mesurer avec une pige (1. Pige, 1.).
2 Payer (un travail) à la pige (1. Pige, 2.). || « Des lignes qui lui étaient pigées à bas prix » (Carco, in G. L. L. F.).
HOM. 2. Piger.
————————
2. piger [piʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1807; probablt de pedicare, de pedicus, rac. pes, pedis « pied ». → Piège, de pedica.
Argot anc., familier.
1 Vx. Prendre; attraper. || J'la pige : je l'emporte, je gagne.(1846, argot). Spécialt. Prendre sur le fait, attraper. || Piger un voleur.
1 — D'où ça vous vient-il ? demanda la fille à son père, en coulant la pièce dans sa poche (…) — Vous ne voulez donc pas nous dire où vous pigez tant de monnaie ? … demanda Tonsard (…)
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 58.
2 (1890). Attraper. || Piger un bon rhume.
(1835). Saisir (par la perception); regarder, voir. || Pige un peu la petite femme là-bas.
1.1 Puis, d'un geste violent, arrachant les boutons de son corsage, elle fit jaillir hors d'une ceinture légère, qui la protégeait, sans avoir besoin de la soutenir, une gorge impeccable.
Elle ajouta railleuse, en vraie faubourienne :
— Pige un peu, la princesse !
Goron, l'Amour à Paris, t. II, p. 661.
3 Mod. Saisir (par l'intelligence). Comprendre, (fam.) 2. entraver. || Je n'y pige rien. || Je pige pas. || J'y pige rien. Fam. Baiser, biter. || Il y pige que dalle. || Tu as pigé ? (→ Main, cit. 48).
2 Moi aussi, naturellement, je suis orgueilleux; mais je ne le dis pas, je ne le laisse pas voir, sauf à vous, qui êtes un vieil ami et qui pigez le fin du fin.
G. Duhamel, l'Archange de l'aventure, V.
4 V. intr. (1882). Vx. Rivaliser (avec qqn).
DÉR. 2. Pige.
HOM. 1. Piger.

Encyclopédie Universelle. 2012.