poireau [ pwaro ] n. m.
• 1268; altér. de porreau, d'apr. poire; lat. porrum
1 ♦ Plante (liliacées), variété d'ail bisannuelle, à bulbe peu développé, cultivée pour son pied; ce pied que l'on consomme comme légume. Botte de poireaux. Blanc (le pied), vert de poireau. Soupe aux poireaux. Tourte aux poireaux. ⇒ flamiche. Poireaux (en) vinaigrette. « les poireaux sont les asperges du pauvre » (France).
2 ♦ Fam. et vieilli Verrue.
3 ♦ Loc. fam. (1877) Rester planté comme un poireau, faire le poireau : attendre (cf. Faire le planton). ⇒ poireauter. — Par ext. Un poireau : une personne qui attend.
● poireau nom masculin (ancien français porel, du latin porrum, avec l'influence de poire) Plante cultivée (liliacée), consommée comme légume, constituée de feuilles engainantes, formant à leur base un cylindre dont la partie enterrée, blanche et tendre, est la plus appréciée. Familier et vieux. Verrue. Familier. Décoration du Mérite agricole. ● poireau (expressions) nom masculin (ancien français porel, du latin porrum, avec l'influence de poire) Familier. Faire le poireau, attendre longtemps quelque part.
poireau
n. m. Plante potagère (Allium porrum, Fam. liliacées) à bulbe blanc et à longues feuilles vertes.
⇒POIREAU, subst. masc.
A. —BOT. Plante potagère monocotylédone bisannuelle à bulbe, à feuilles longues, aux propriétés diurétiques, de la famille des Liliacées, cultivée pour son pied qui entre dans de nombreuses préparations culinaires. Botte, plant de poireau; blanc de poireau; bouillon, hachis, salade, soupe de/aux poireau(x). Ses asperges, c'est des poireaux. Le poireau, c'est l'asperge du pauvre (A. FRANCE, Crainquebille, 1905, 1er tabl., 3). L'odeur insidieuse du poireau se répandait, soudain plus hardie, dans les chambres et l'escalier, et cet appel muet rallia la famille (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.9):
• ♦ J'attends avec impatience la saison des poireaux. Elle vient entre Noël et le jour de l'an. À Cannes les poireaux sont plus gros que le bras. Je compte en envoyer au maréchal Vaillant pour ses étrennes...
MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Boigne, 1862, p.169.
♦Fam. (Décoration du) poireau. Le mérite agricole. Un p'tit brimborion d'décoration pour mon épouse, n'importe quoi: la Légion, le poireau, les palmes, l'mérite (SAN-ANTONIO, Laissez pousser les asperges, 1985, p.216).
B. —Loc. fam.
♦Être planté comme un poireau, faire le poireau. Attendre longuement. Cependant, on n'attendait plus que Mes-Bottes, qui n'avait pas encore paru (...) —Dites donc, il doit rire, s'il est toujours à faire le poireau sur la route de Saint-Denis! (ZOLA, Assommoir, 1877, p.451). Après avoir fait le poireau sous un tournesol merveilleusement épanoui je me greffai sur une citrouille en route vers le champ Perret (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p.157).
♦Être comme le poireau: la tête blanche et la queue verte (vx, trivial). Qualification métaphorique du vert galant (d'apr. REY-CHANTR. Expr. 1979).
C. —P. anal.
1. Pop. Verrue. Grand'tante Agnès (...) a, par exemple, la barbe grise, un bouquet de poils ici, une petite mèche qui frisotte par là, et de tous côtés des poireaux comme des groseilles, qui ont l'air de bouillir sur sa figure (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p.14).
2. ART VÉTÉR. Excroissance charnue apparaissant sur diverses parties du corps de certains animaux. Un petit chien qui a des poireaux aux joues (Ac. 1798-1935).
3. Arg. et pop.
a) P. anal. (avec A supra). Membre viril. ,,Planter son poireau (...) coïter`` (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p.221).
— Locutions
♦Se chatouiller le poireau. Se masturber. En les voyant arriver avec leurs gros bâtons, ils arrêteraient «de se chatouiller le poireau» (M. DUBROMELLE, in Libération, 15 avr. 1977, p.6 ds CELLARD-REY 1980).
♦Souffler, se faire souffler dans le poireau. Pratiquer la fellation, être l'objet d'une fellation. Mais pourquoi cesses-tu de me souffler dans le poireau? (...). Ça allait bien (L. DE NEUVILLE, Les Jeux de l'Amour et du Bazar, in Th. Érot., 1864, p.102, ds CELLARD-REY 1980).
b) [P. réf. à la loc. faire le poireau B supra]
— Attente. Tu trouves que ça n'est rien, un poireau d'une heure? (G. HERBERT ds BRUANT 1901).
— ,,Sergent de ville en station`` (MACÉ ds LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl., 1883, p.125).
REM. 1. Poireautage, subst. masc., fam., région. (Canada). Fait de poireauter (infra dér.). Naturellement, Madame Bessière était en retard. Si nous nous voyons régulièrement, il va falloir que je lui fasse passer cette habitude, car le poireautage n'est pas mon fort (G. BESSETTE, La Commensale, 1975, p.33 ds Richesses Québec 1982, p.1855). Après une heure de poireautage, les gens changent de couleur (Libération, 16 nov. 1981, p.29 ds ROB. 1985). 2. Porreau, subst., var. vieillie ou région. a) [Corresp. à supra A] Les papiers peints me font amèrement regretter les anciennes images d'Épinal naïves et gaies parfois, avec leurs larges plaques de bleu de prusse, de vert-porreau (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.232). b) [Corresp. à supra C] Ces fléaux, les plus humilians et les plus destructeurs de l'espèce humaine, se font remarquer, chez ces insulaires, par les symptômes suivans; savoir: les bubons, les cicatrices défectueuses qui résultent de leur suppuration, les porreaux (Voy. La Pérouse, t.4, 1797, p.15).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694: porreau ou poireau; 1718-1878: poireau ou porreau; 1935: poireau; LITTRÉ: porreau ou poireau; ROB.: poireau; Lar. Lang. fr.: poireau ,,La forme porreau (...) est aujourd'hui régionale et populaire``. Étymol. et Hist.1. Bot. fin du XIes. porels (?) plur. bot. (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, n° 846); 1260 [ms. fin XIIIes.] poiriauz plur. (ETIENNE BOILEAU, Métiers, 334 ds T.-L.); ca 1393 [ms du XVes.] poireaulx plur. (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, 180, 4; aussi poreaulx blancs, 178, 4); 2. a) XVes. [ms.] «verrue aux pieds des oiseaux» (Cy devise commant on doit affaitier oyseaux de proye et de leurs maladies, ms. BM Lyon 765, f° 180 ds G. TILANDER, Glanures lexicogr., p.202: les poireaux qui viennent à l'oisel); b) 1487 porreau «verrue» (Vocab. lat.-fr., Genève, L. Garbin d'apr. FEW t.9, p.196b); 3. p.métaph. a) 1866 planter son poireau «attendre» (DELVAU, p.305); b) 1877 faire le poireau (ZOLA, loc. cit.); 4. 1864 arg. souffler dans le poireau (L. DE NEUVILLE, loc. cit.). Dér. de l'a. subst. por «poireau» (ca 1225, PEAN GATINEAU, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 2210), du lat. porrum «id.», suff. -eau. L'altér. de porreau en poireau s'est produite d'abord dans la région parisienne, prob. sous l'infl. de poire; mais porreau survit encore dans les parlers provinciaux (v. FEW t.9, pp.194b-195a). Fréq. abs. littér.:97.
DÉR. Poireauter, poiroter, verbe intrans., fam. Attendre sans changer de place, faire le poireau. Sans parler de Jusserand que le marquis a commencé par faire poireauter dix minutes (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.41). Vingt minutes que j'ai poireauté en bas, sur le quai. Vingt minutes, tocante en main (ARNOUX, Double chance, 1958, p.198). —[], [--], (il) poireaute, poirote [], [--]. — 1re attest. 1883 (LARCHEY, loc. cit., avec citat. d'aut.: Macé); dér., à l'aide d'un -t- épenthétique (v. DAUZAT, Ling. fr., p.30), de [faire le] poireau, dés. -er.
poireau [pwaʀo] n. m.
ÉTYM. V. 1530; poiriaux, v. 1268; altér. de porel, fin XIe, poriau, 1273, poreau, porreau, 1487 (encore in Littré, en 1869), par attraction de poire; dér. du lat. porrum.
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1 Plante monocotylédone (Liliacées), variété d'ail (allium porrum) bisannuelle, à bulbe peu développé, cultivée pour son pied (→ Légume, cit. 3). || Poireau gros, court. || Poireau long. || Botte de poireaux. || Blanc de poireau (le pied). || Vert de poireau. || Odeur des poireaux (→ Insidieux, cit. 4). || Planter, faire pousser des poireaux. || Plant de poireaux, dans un potager. || Poireaux d'un pot-au-feu. || Soupe aux poireaux. || Le poireau est appelé l'asperge du pauvre.
1 (…) comme l'on servait un plat de légumes et que Durtal choisissait un poireau, des Hermies dit, en riant : — Prends garde, Porta, un thaumaturge de la fin du seizième siècle nous apprend que ce légume, longtemps considéré tel qu'un emblème de la virilité, perturbe la quiétude des plus chastes !
Huysmans, Là-bas, XX.
2 (…) les poireaux sont les asperges du pauvre.
France, Crainquebille, II.
REM. La forme porreau, qui se rencontre couramment jusqu'au XVIIe s., est aujourd'hui dialectale et populaire. || « Adieu chicorée et porreaux » (La Fontaine, Fables, IV., 4.).
➪ tableau Noms de légumes.
2 (XXe). Fam. || Décoration du poireau : le mérite agricole. || Avoir le poireau.
3 (1530; porreau, 1487). Fam., vieilli. Verrue. — Vétér. || Poireaux du cheval, du chien.
3 On lui voit aux mains des poireaux (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, D'un vilain homme.
4 ☑ (1877; selon Guiraud, la métaphore sur « planté » serait seconde; comme cor au pied, point de côté désignant, en argot anc., des surveillants, c'est poireau « verrue » qui désignait plaisamment le surveillant. → Porion.) Loc. Fam. Rester planté comme un poireau, faire le poireau : attendre. ⇒ Poireauter. — Une heure de poireau, d'attente. — Par ext. || Un poireau : une personne qui attend, et, spécialt, un agent de police qui est de planton.
4 (…) il reprit son va-et-vient (…) battant son quart, observé derrière les marchandises des montres par de jeunes femmes qui se chuchotaient à l'oreille, dans un éclat de rire : encore un poireau !
Huysmans, En ménage, IX.
5 (…) ça fait un moment que, à mon insu, ma main m'astique le poireau, de plus en plus frénétique, me retenir davantage, impossible.
Cavanna, les Ritals, p. 198.
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DÉR. Poireauter.
Encyclopédie Universelle. 2012.