pré [ pre ] n. m.
• pred 1080; lat. pratum
1 ♦ Terrain produisant de l'herbe qui sert à la nourriture du bétail. ⇒ prairie. Mener les vaches au pré. ⇒ pâturage. Mettre un cheval au pré, au vert. « Il l'attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré » (A. Daudet). Faucher un pré. ⇒ 1. foin.
♢ Étendue d'herbe à la campagne (cf. les n. pr. Pré-Catelan, Pré-Saint-Gervais, Saint-Germain-des-Prés). Plantes des prés et des bois. Trèfle des prés. Fléole des prés. « le pré semblait s'être fleuri soudain de nappes neigeuses de pâquerettes » (Zola). Reine-des-prés (voir ce mot).
♢ Pré carré : possession, domaine d'influence. « Retour en force du chef de l'État dans son “pré carré” institutionnel » (Le Monde, 1987).
● pré nom masculin (latin pratum) Prairie permanente, qui n'entre pas dans l'assolement. ● pré (citations) nom masculin (latin pratum) Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Fermez les ruisseaux, esclaves ; les prés ont assez bu. Claudite jam rivos, pueri ; sat prata biberunt. Les Bucoliques, III, 111 ● pré (expressions) nom masculin (latin pratum) Littéraire. Aller sur le pré, se battre en duel. Pré carré, domaine réservé de quelqu'un, d'un groupe, sur lequel il veille avec un soin jaloux, qu'il protège des empiètements des autres ; le territoire de la France délimité par des frontières sûres. (L'expression remonte à Vauban qui désigne ainsi la frontière fortifiée du nord de la France, de Dunkerque à Landau.) Pré de fauche, prairie exploitée pour la production de foin. Pré salé, prairie de bord de mer, où le sol et les embruns enrichissent l'herbe en sels marins, qui communiquent un goût apprécié à la chair du mouton. ● pré (homonymes) nom masculin (latin pratum) près adverbe prêt adjectif prêt nom masculin
pré
n. m. Petite prairie, terrain où l'on récolte du fourrage ou qui sert au pâturage.
⇒PRÉ, subst. masc.
A. —1. Terrain, généralement clos, où pousse de l'herbe qui peut être pâturée sur place ou fauchée (et éventuellement séchée) pour la nourriture du bétail; p.ext., à la campagne, toute surface herbue. Beau, grand, petit pré; pré communal; pré fleuri, humide, immense, vert; fleurs, herbes, verdure des prés; arpent, coin de pré; au bord du pré; le long, au milieu des prés; dans les prés. Je pris un sentier qui rejoignait la route au delà du village, et je dépassai l'âne de la cure, qui paissait dans un pré (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.43). Il fit le tour du pré; la barrière était à demi ouverte, à demi renversée (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.66). Il se trouve seul avec celle-ci à retourner le foin dans un pré isolé, en bordure d'un bois (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.202):
• 1. Cette fois le printemps était revenu. L'herbe des prés était d'un vert lourd, luisant, tout neuf. Des touffes de primevères le nuançaient par places de jaune pâle et, dans les creux humides, des pieds de cochléaria avaient poussé, étalaient sur les eaux leurs grappes couleur de lilas.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.96.
♦Pré d'embauche, d'embouche. Pré de fauche. Reine-des-prés; rosé-des-prés.
2. En partic. Pré-salé.
B. —P. anal.
1. Vieilli. [P. allus. au Pré-aux-Clercs, près de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où avaient lieu, au Moyen Âge, beaucoup de duels] Endroit où se déroule un duel:
• 2. ... une des plus fines lames de l'époque, (...) capable de se mesurer avec les épées les plus célèbres. Peut-être n'avait-il pas l'élégance insolente, la pose délibérée, la forfanterie provocatrice de tel ou tel gentilhomme renommé pour ses prouesses sur le pré, mais bien habile eût été le fer capable de pénétrer dans le petit cercle où sa garde l'enfermait.
GAUTIER, Fracasse, 1863, p.225.
— P. méton. Aller sur le pré. Se battre en duel. Il faudrait pourtant aller sur le pré, il faudrait que je me misse vis-à-vis du premier venu, il faudrait jouer ma vie contre la sienne (MUSSET, Conf. enf. s., 1836, p.341). J'observe en outre que M. Rochefort (...) est fort muscadin, fort misanthrope et fort impie. Il se laisse appeler «M. le comte» lorsqu'il va sur le pré (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p.78).
2. Arg., vieilli
b) Bagne. J'en ai eu pour quinze années de pré (SUE, Myst. Paris, t.1, 1842, p.93). Aujourd'hui (...), pour un oui, pour un non, on vous flanque en prison et on vous envoie au pré pour le restant de vos jours (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.446).
3. Expressions
♦Faire son pré carré (vieilli ou littér.). Augmenter la surface de ses terres, de son domaine. Richelieu espérait qu'à la faveur de ces événements il avancerait jusqu'au Rhin et réaliserait ce qu'il appelait son «pré carré» (BAINVILLE, Hist. Fr., t.1, 1924, p.210). Nos paysans, proches parents des paysans bretons, se contentent d'élargir leur pré carré quand ils le peuvent. Les plus riches d'entre eux iront jusqu'à se payer une étable de bonne pierre, matériau rare dans la région (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.14).
♦Être mieux en terre qu'en pré. Être mieux mort que vivant. Il se consume à courir comme s'il avait de la santé à vendre. Il a ben du courage tout de même, de ne pas se plaindre! Mais, vraiment, il serait mieux en terre qu'en pré, car il souffre la passion de Dieu! (BALZAC, Peau chagr., 1831, p.285). «On serait mieux en terre qu'en pré», soupirait-il. Il se plaignait de rhumatismes volants (POURRAT, Gaspard, 1931, p.193).
Rem. V. prairie rem.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1100 pred «petite étendue de terre produisant de l'herbe» (Roland, éd. J. Bédier, 1334); ca 1135 pré (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 1014); b) 1160-74 le Pré de la Bataille (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1516); 1617 pré «terrain sur lequel on se bat en duel» (A. D'AUBIGNÉ, Les Aventures du baron de Faeneste, livre I, chap.1 ds OEuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t.2, p.385); 2. 1821 arg. voyager pour le pré «être mené au bagne» (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, f° 15 v°, § 475). Du lat. pratum «pré». Fréq. abs. littér.:1693. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1803, b) 2635; XXes.: a) 3018, b) 2433.
pré [pʀe] n. m.
ÉTYM. V. 1130; pred, 1080, Chanson de Roland; lat. pratum.
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1 Terrain produisant de l'herbe (cit. 14) destinée à la nourriture du bétail. ⇒ Prairie (plus techn.). — Un grand, un beau pré. || Herbe, foin produits par un pré. || Mener les vaches au pré. ⇒ Pâturage. || Mettre un cheval au pré. ⇒ Vert. || Âne qui paît dans un pré (→ Chardon, cit. 1). || « L'agneau (cit. 2) paît les prés verts » (Hugo). || Pré d'embouche (⇒ Herbage). || Pré salé, au bord de la mer. || Moutons de pré salé. — Faucher (cit. 2) un pré à la faucheuse (cit. 3) mécanique. || Prés embaumant les foins (1. Foin, cit. 2) coupés. || Récolter le regain d'un pré.
1 M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d'aubépines. C'est là qu'il mit sa nouvelle pensionnaire. Il l'attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « La chèvre de M. Seguin ».
♦ Des prés, se dit de plantes à fourrage. || Crételle des prés. || Fléole des prés. || Trèfle des prés.
♦ Par ext. Étendue d'herbe à la campagne (sans considération de destination pratique quelconque. Cf. dans les noms propres de lieux : Pré-Catelan, Pré-Saint-Gervais, Saint-Germain-des-Prés…). || Le gazon des prés. || Prés verdoyants, diaprés (cit. 4), émaillés (cit. 7) de fleurs. || Une promenade à travers prés (→ Évoquer, cit. 9). || Ruisseau qui coule à travers prés (→ Arène, cit. 3; 2. courant, cit. 3). || Pré gorgé d'eau. ⇒ Mouillère (→ aussi Battre, cit. 15). || Nymphes des prés. ⇒ Napée. || Toile des Vosges blanchie sur pré.
2 (…) des fontaines, coulant avec un doux murmure sur des prés semés d'amarantes et de violettes (…)
Fénelon, Télémaque, I.
3 Quand il (l'artiste) sort pour rêver, et qu'il erre incertain,
Soit dans les prés lustrés au gazon de satin,
Soit dans un bois (…)
Hugo, les Feuilles d'automne, XXXVI.
4 Toute la lessive était là, étalée très blanche parmi l'herbe verte, sentant bon l'odeur des plantes; et le pré semblait s'être fleuri soudain de nappes neigeuses de pâquerettes.
Zola, le Rêve, V.
5 Le bonheur est dans le pré.
Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré.
Cours-y vite. Il va filer.
Paul Fort, le Bonheur, in Poètes d'aujourd'hui, p. 135.
2 (XVIe-XVIIe, d'Aubigné; du nom du Pré-aux-clercs, ancienne plaine qui s'étendait au moyen âge sur l'emplacement actuel du quartier de Saint-Germain-des-Prés et où se rencontraient les étudiants de l'Université de Paris pour se divertir ou pour vider leurs querelles par les armes). || Sur le pré : sur le terrain du duel. || Coucher son adversaire mort sur le pré (→ Parade, cit. 10). — ☑ (XVIIIe). Fig. Aller sur le pré, vider une affaire sur le pré (→ Estocade, cit. 1) : se battre en duel. || Revenir du pré sans une égratignure (cit. 2).
6 (…) n'ayez pas l'air de railler : vous pourriez vous faire fustiger d'importance ! Je suis maintes fois allé sur le pré, comme tout le monde (…)
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 423.
♦ ☑ Loc. (Vx.). Faucher le grand pré : ramer aux galères.
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DÉR. et COMP. Préau. — Pré-bois, pré-gazon, pré-salé. — Reine-des-prés, rosé-des-prés. — (Du même rad.) Prairie.
Encyclopédie Universelle. 2012.