protestant, ante [ prɔtɛstɑ̃, ɑ̃t ] n. et adj. ♦ Chrétien appartenant à l'un des groupements (Églises, sectes) issus, directement ou non, de la Réforme et qui rejettent l'autorité du pape (⇒ anglican, baptiste , calviniste, évangélique, évangéliste, luthérien, mennonite, méthodiste, piétiste, presbytérien, puritain, quaker, réformé... et aussihist. huguenot, religionnaire; plaisant. parpaillot). Les protestants appelaient les catholiques « papistes ». Protestants français réfugiés en Hollande, en Suisse, après la révocation de l'édit de Nantes. « L'Assemblée a traité les nobles comme Louis XIV a traité les protestants. Dans les deux cas, les opprimés étaient une élite » (Taine). Persécutions contre les protestants français, sous Louis XIV. ⇒ dragonnade.
♢ Adj. Religion protestante. Culte, temple protestant. Le pasteur, ministre du culte protestant. Églises protestantes d'organisation épiscopale (anglicans, méthodistes), synodale (⇒ synode; consistoire) , congrégationalistes (⇒ congrégation) . Missions protestantes. L'Armée du Salut, organisation protestante. — Fédération protestante de France. Être protestant. Recevoir une éducation protestante.
● protestant, protestante nom (de protester, avec l'influence de l'allemand Protestant) Nom donné aux adeptes de la Réforme qui se séparèrent et se maintiennent séparés de l'Église romaine. ● protestant, protestante (citations) nom (de protester, avec l'influence de l'allemand Protestant) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Tout protestant fut pape, une Bible à la main. Satires ● protestant, protestante adjectif Relatif au protestantisme : Le culte protestant.
protestant, ante
n. et adj. Personne qui appartient à l'une des églises réformées.
|| adj. Culte protestant.
⇒PROTESTANT, -ANTE, subst. et adj.
RELIGION
I.— Subst. Adepte d'une des confessions (luthéranisme, calvinisme, anglicanisme) qui se sont séparées de l'Église catholique romaine au XVIe s. ou de celles qui se sont constituées ensuite (baptisme, méthodisme, etc.) rejetant également l'autorité du Pape. Protestant calviniste, luthérien. Il a épousé une protestante (Ac. 1835). Cent quatre-vingts protestants ont été massacrés dans le département du Gard, sans qu'un seul homme ait subi la mort en punition de ces crimes (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 399). Le prélat lui fait alors savoir qu'il est catholique romain. « Ah? dit le protestant que cela intéresse beaucoup (...) » (GREEN, Journal, 1949, p. 289) :
• ... parce qu'ils ont au cœur la haine des juifs et des protestants (...), nos catholiques patriotes veulent absolument reprendre contre les Français (...) la suite des meurtres religieux de Montluc.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 317.
II.— Adjectif
A.— 1. Qui adhère à l'une des confessions réformées (ou à une église ou une secte qui en est issue). Chrétien, prince protestant. La variété des termes employés pour désigner Dieu par les différents missionnaires protestants devint telle qu'il fallut recourir à un concile (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 178). Sous sa direction, la fille de cousins protestants de Mme Sazerat s'était convertie au catholicisme, et la famille avait été parfaite pour lui (PROUST, Prisonn., 1922, p. 15). Sans manifester le même enthousiasme que Balimont, les banquiers protestants ne contredisaient pas Vincent (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 131).
2. [P. méton.] Ligue protestante; pays protestant. Les subsides envoyés à l'union protestante par Jacques I d'Angleterre, rendaient de nouveau la situation de Ferdinand très-critique (CONSTANT, Wallstein, 1809, notes hist., p. 185). Les gouvernements protestants de l'Amérique n'ont point suivi la marche du catholicisme (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 312). Obernai est la ville la plus odieuse aux Allemands. C'est une ville catholique. Les villes protestantes ont plus rapidement accepté le fait acquis (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1897, p. 178).
B.— De protestants, qui est propre aux protestants. J'ai passé mon après-midi à l'enterrement d'Amédée Achard, funérailles protestantes aussi bêtes que si elles eussent été catholiques (FLAUB., Corresp., 1875, p. 235). Je lui ai vu dans les mains une traduction protestante de la Bible qu'il juge supérieure (BLOY, Journal, 1903, p. 190). Les clergymen seront poursuivis si leurs vêtements sacerdotaux ou l'éclat de leurs autels offensent des yeux protestants (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 272).
C.— Qui appartient à, relève ou est caractéristique de l'une des confessions réformées ou des institutions qui s'y rattachent. École, église, université protestante. La Hollande était un pays (...) nullement bonhomme, car la religion protestante y sévissait, avec ses rigides hypocrisies et ses solennelles raideurs (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 182). Il prétend que l'éducation protestante a laissé beaucoup de traces chez Gide (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 95). Claudel a bien fait de m'instruire, par l'étonnante lettre qu'il m'écrivit au sujet de ma Porte étroite, dénonçant l'hérésie protestante dans ce fait d'aimer le bien indépendamment de la récompense promise (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1228).
REM. Protestantisant, -ante, adj., rare. Qui est favorable aux idées protestantes. Alexandre était non pas protestant, mais protestantisant (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1914, p. 50).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1542 adj. « celui, celle qui embrasse la religion dite réformée » les seigneurs protestans (JEAN FATHON DE COLOMBIER à Christ. Fabri à Thonon ds A. L. HERMINJARD, Corresp. des réformateurs dans les pays de lang. fr., Genève, t. VIII, p. 200); 1542 subst. tous les Protestans s'assemblent (ID., ibid., p. 251); 2. 1618 adj. « relatif aux Chrétiens des Églises issues de la Réforme et à leur foi » ceste Religion protestante (Petit Anti-Huguenot, p. 18 ds RICHARD Kirchenterminologie, p. 59). Part. passé adj. et subst. de protester d'apr. l'all. Protestant (lui-même empr. au lat. protestans, -antis, part. prés. de protestari, v. protester) nom qu'on donnait aux partisans de Luther, parce que en 1529, à l'issue de la Diète de Spire (19 avr.) ils protestèrent publiquement d'appeler du décret de l'Empereur, à un Concile général : « so protestieren und bezeugen wir hier mit öffentlich vor Got..., dass » (RICHARD, op. cit., p. 56); en fr. le mot a d'abord été appliqué aux protestants d'Allemagne et de Suisse (v. ex. supra et ds RICHARD, op. cit., p. 58), c'est en 1546 qu'on le relève pour la 1re fois utilisé en parlant des protestants de France (MART. DU BELLAY, Lett. ds Bullet. histor. et philos., 1895, p. 28 ds GDF. Compl.), mais il reste rare jusqu'au XVIIe s., v. GUEZ DE BALZAC, Lettre de 1651 : « Je voudrais bien que protestant fût aussi bien usité en France qu'en Allemagne, et je m'en servirois très volontiers si le peuple l'entendoit » (FEW t. 9, p. 477a, note 10). Fréq. abs. littér. :1 454. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 157, b) 1 675; XXe s. : a) 2 184, b) 2 131.
DÉR. Protestantiser, verbe trans. Rendre quelque chose, quelqu'un protestant, considérer quelqu'un comme protestant. Dans ce temps-là, Renouvier, l'ami de Ménard, voulait protestantiser la France (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 18). C'est Nietzsche, c'est Browning, c'est Blake, c'est Dostoïevsky enfin qu'il « protestantise » pour mieux se le soumettre (MASSIS, Jugements, 1924, p. 70). — [], (il) protestantise [-ti:z]. — 1re attest. 1827 (ECKSTEIN, Le Catholique, n° 24, déc., p. 721 ds QUEM. DDL t. 15); de protestant, suff. -iser.
BBG. — RICHARD Kirchenterminologie 1959, pp. 56-59; p. 60, 247.
protestant, ante [pʀɔtɛstɑ̃, ɑ̃t] n. et adj.
ÉTYM. 1546, adj.; 1585, subst. en parlant des États luthériens d'Allemagne qui protestaient contre les décisions de la diète de Spire; de protester.
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♦ Chrétien appartenant à l'un des groupements (églises, sectes) qui constituent la religion réformée, et rejettent l'autorité du pape (⇒ Anglican ou conformiste, baptiste, calviniste, évangélique, évangéliste, luthérien, méthodiste, piétiste, presbytérien, puritain, quaker…, et aussi [hist.] huguenot [cit. 3], momier, parpaillot [péj.], réfugié, religionnaire). || Pour Rome, les protestants sont des hérétiques. || Les protestants appelaient les catholiques « papistes ». || Persécutions (cit. 5) contre les protestants, du XVIe au XVIIIe siècle. → Dragonnade, cit. 1; fonction, cit. 7; cf. aussi l'Édit de Nantes et sa révocation, le massacre de la Saint-Barthélemy… || Places (cit. 8) de sûreté des protestants. || Protestants français réfugiés en Hollande, en Suisse. — Allus. littér. (→ Bible, cit. 1, Boileau).
1 Il me semble que la religion protestante n'est inventée ni par Luther ni par Zuingle. Il me semble qu'elle se rapproche plus de sa source que la religion romaine, qu'elle n'adopte que ce qui se trouve expressément dans l'Évangile des chrétiens (…) Il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour voir que le législateur des chrétiens n'institua point de fêtes, n'ordonna point qu'on adorât des images (…) Les protestants réprouvent toutes ces nouveautés scandaleuses et funestes; ils sont partout soumis aux magistrats (…) Si les protestants se trompent comme les autres dans le principe, ils ont moins d'erreurs dans les conséquences (…)
Voltaire, Dialogues et entretiens philosophiques, XIX.
♦ Adj. || Religion protestante (→ Feudiste, cit.). || Culte, temple protestant. || Ministre (cit. 2), pasteur protestant. ⇒ Pasteur (→ aussi Doubler, cit. 12, Gide). || Évêque protestant. || Diaconesses protestantes. || Églises protestantes d'organisation épiscopale (anglicans, méthodistes), synodale (⇒ Synode; et aussi consistoire), congrégationalistes (⇒ Congrégation). — Missions, missionnaires protestants. || L'Armée du Salut, organisation protestante. — Fédération protestante de France. || Institutions œcuméniques protestantes. ⇒ Catholique. Littér. || Histoire des variations des églises protestantes, de Bossuet.
2 Quand la religion chrétienne souffrit, il y a deux siècles, ce malheureux partage qui la divisa en catholique et en protestante, les peuples du Nord embrassèrent la protestante, et ceux du Midi gardèrent la catholique.
C'est que les peuples du Nord ont et auront toujours un esprit d'indépendance et de liberté (…) et qu'une religion qui n'a point de chef visible convient mieux à l'indépendance du climat (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXIV, V.
♦ Être protestant. || Une famille protestante. || Les milieux protestants de France. || Recevoir une éducation chrétienne et protestante.
3 Péguy n'était pas protestant, certes, mais il était plus que protestant : il était l'homme qui proteste.
A. Thibaudet, la République des professeurs, p. 93.
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DÉR. Protestantiser, protestantisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.